Hommage
Germaine Hénaff, une grande dame disparaît
Communiste combattante et militante de la CGT, c’est elle qui mena la fameuse grève des midinettes de 1935. Elle participa ensuite à la Résistance avec son mari, Eugène Hénaff.
Germaine Hénaff vient de mourir le 15 février 2011, quelques mois avant son quatre-vingt-dix-neuvième anniversaire (1).
Née le 30 avril 1912 à Malakoff (Hauts-de-Seine) dans une famille de huit enfants, ce petit bout de femme aura été une communiste combattante et militante de la CGT durant la période la plus sombre de l’histoire contemporaine française et ce jusqu’à nos jours. Sa discrétion a probablement joué sur une certaine absence de reconnaissance ou de médiatisation, contrairement à d’autres grandes figures de la Résistance. Rendons-lui justice aujourd’hui.
En 1935, dans les locaux de la bourse du travail de la rue Charlot, du 3e arrondissement de Paris, Germaine Chaplain et Eugène Hénaff se rencontrent. De ce lien naîtra une épopée militante hors norme. Elle vient d’adhérer au PCF et entreprend la création d’un syndicat CGT au cœur de la maison Lanvin. Lui, militant CGT et communiste de premier ordre – qui deviendra beaucoup plus tard secrétaire général de l’union CGT des syndicats de la Seine et membre du comité central du PCF –, aidera Germaine à faire vivre la fameuse grève des midinettes de mai 1935. Germaine est à l’initiative.
La grève des midinettes, mai 1935
La grève, partie de chez Lanvin, se propage aux maisons Chanel, Worth, Paquin, Molyneux ou encore Nina Ricci jusqu’à un accord signé après plusieurs semaines de lutte avec la chambre patronale de la haute couture. Garantie des salaires, reconnaissance des sections syndicales, une semaine de congé payé et l’élection de déléguées d’atelier auront été au nombre des revendications gagnées. En janvier 1936, Germaine et Eugène se marient, ils auront trois enfants.
Pendant la guerre 1939-45, Germaine est aux côtés de son mari. Elle contribue à faire évader Eugène Hénaff, Léon Mauvais, Raymond Semat, Julien Raynaud et Fernand Grenier du camp de Choisel, près de Châteaubriant, où leurs 23 camarades de captivité seront fusillés par les soldats allemands.
Malgré une santé fragile, dès le lendemain de la guerre, Germaine assume la responsabilité des rubriques féminines et pratique au sein de la rédaction de la Vie ouvrière. Cette fonction de journaliste, elle l’avait déjà approchée en 1937, elle la poursuivra jusqu’en 1975, année de son départ en retraite.
Germaine Hénaff fut également membre actif de l’Association des anciens combattants de la Résistance (Anacr). Elle était vice-présidente de l’Amicale de Châteaubriant-Voves. Elle a vécu lucide sur le monde qui l’entourait et a toujours gardé une volonté militante pour une société plus juste. Nous pleurons aujourd’hui la disparition de cette grande dame qui n’avait pas son pareil pour s’indigner et démarrer une manifestation.
(1) Germaine Hénaff sera inhumée au côté de son mari, dans le carré du Parti communiste français au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Un hommage solennel lui sera rendu ultérieurement par le PCF.
Olivier Perriraz (lu dans l’Humanité du 18.02.2011)