Pascal Convert

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Dans le cadre de l’exposition En Guerre(s) et de sa programmation actuelle sur les deux guerres mondiales, le Cinématographe associé au Musée d’histoire de Nantes invite Pascal Convert à présenter l’ensemble de ses films sur la Résistance, la transmission mémorielle et l’engagement politique.

Ancien pensionnaire de la Villa Médicis à Rome, artiste lui-même engagé, Pascal Convert a d’abord gagné une reconnaissance hexagonale et internationale pour son travail sculptural et de plasticien utilisant des matériaux aussi divers que le verre, le cristal ou la cire. Au travers de commandes publiques, comme celle du Monument des résistants fusillés au mont Valérien, à Paris entre 1941 et 1944 ou, en 2008, celle de vitraux pour l’Abbatiale de Saint-Gildas-des-Bois en Loire-Atlantique. Mais aussi pour des œuvres sur support, commandes du Fond National d’Art Contemporain, du Musée d’Art Moderne du Luxembourg, inspirées d’icônes de presse, comme la Piéta du Kosovo, la mort de Mohammed Al Dura à Gaza, de photographies d’enfants ou de corps souffrants. Elles se présentent sérigraphiées sur verre et tain ou sous forme d’empreintes gelées dans le cristal et ont été exposées au Grand Palais dans le cadre de la Force de l’art, à la Galerie Dupont à Paris, à l’étranger, en particulier à l’ONU et à Montréal. Actuellement P. Convert finalise l’installation pérenne, en très grand format, pour la gare de Bègles, d’une phrase de Roland Barthes « Commence alors la grande lumière du Sud-Ouest ». Et il vient d’être choisi lauréat du 1% artistique du nouveau bâtiment des Archives Nationales.

Rien d’étonnant à ce choix ! Depuis une dizaine d’années, son travail est aussi orienté vers l’historiographie, l’archive et le cinéma documentaire. Il réalise, en 2002, en même temps qu’une imposante cloche sur laquelle sont gravés les noms des fusillés, un film : « Mont-Valérien, au nom des fusillés » qui sort de l’anonymat ces résistants et rend publique leur histoire. 80% était communistes, juifs ou étrangers, parfois les trois à la fois. Une manière « d’ouvrir le silence » de son mystérieux grand-père, Léon, fondateur dès 1940 du maquis des Landes. Retour ligne automatique
Ce faisant, il découvre parmi les fusillés, Joseph Epstein, juif polonais, communiste, responsable Francs-Tireurs et Partisans d’Île de France, de la MOI, héros escamoté par l’histoire officielle, tombé avec Missak Manouchian. La vie douloureuse de son fils confronté à la mémoire de son père, inspire à Pascal Convert deux statues, l’une de cire, l’autre, acquise par le Musée national d’art moderne, faite d’un bloc de verre enfermant leurs images, un film, en 2007, « Joseph Epstein, Bon pour la légende », dont le titre est emprunté à une séquence des Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard et un livre. Retour ligne automatique
Pendant trois années, Pascal Convert va alors recueillir les souvenirs de Raymond Aubrac. D’une centaine d’heures d’entretiens sont nés deux films dans lesquels le grand résistant revient sur ses engagements pendant et après la seconde guerre mondiale, « autoportraits d’un voyageur immobile dans les remous d’un passé tourmenté ». Le premier, Les années de Guerre, sur son action, le procès de Klaus Barbie, l’utopie dont il rêvait avec sa compagne Lucie et avec ses amis Emmanuel D’Astier, Serge Ravanel, Jean-Pierre Vernant, son travail d’unification de la résistance autour de Jean Moulin et du Général de Gaulle, la tragédie de Caluire. Le second a pour titre Reconstuire, car la résistance de Raymond Aubrac ne s’arrête pas en 1945. Elle prend la forme de la reconstruction, du développement des rapports est/ouest, de la décolonisation du monde. Il va servir de passeur en devenant un homme clé des négociations sur le Vietnam entre Hô-Chi-Minh, l’oncle Hô son ami, et les présidents américains Johnson et Nixon.

Comment oublie-t-on et quand on se souvient, comment se souvient-on ? Ces questions de l’oubli, des territoires mémoriels et archéologiques, sont au cœur du travail plastique, cinématographique, historique mais aussi maintenant littéraire de P. Convert. Après avoir publié deux récits historiques : Joseph Epstein, Bon pour la légende (Séguier, 2007) et Raymond Aubrac : Résister, reconstruire, transmettre (Seuil, 2011), il franchit ces jours-ci le pas de l’écriture romanesque avec La Constellation du Lion (chez Grasset).De quelle histoire est-on le dépositaire, de quels choix l’héritier ? Une mère, écrasée par l’ombre de son père, grand résistant, le Lion des Landes qui ressemble beaucoup au grand-père de Pascal Convert.

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