DABAT Michel, André, Gilles

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Né le 9 octobre 1921 à Paris (XIVe arr.), fusillé comme otage le 22 octobre 1941 au terrain du Bêle, à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; dessinateur aux Ponts et Chaussées ; résistant gaulliste.

Fils d’Alexis Dabat, médecin militaire aux colonies puis médecin-major de Loire-Inférieure, et de Josèphe Fradin de Linière, sans profession, Michel Dabat fit ses études primaires à l’école catholique Saint-Pierre de Montrouge (Seine), puis à l’école paroissiale de Saint-Gilles-sur-Vie et ses études secondaires au collège Saint-Stanislas de Nantes. En 1936, il entra à l’École des Beaux-Arts de cette ville. Il avait le projet de se présenter à l’École militaire de Saint-Maixent mais ses problèmes de santé et le déclenchement de la guerre mirent fin à sa vocation militaire.


A l’arrivée des soldats allemands dans la ville, il projeta de gagner l’Angleterre en passant par l’Espagne, mais arrivé à Bordeaux il renonça devant la difficulté et revint à Nantes en octobre 1940. Le 11 novembre 1940, avec un camarade lycéen, Christian de Mondragon, il hissa la nuit le drapeau tricolore sur sur le paratonnerre de la cathédrale de Nantes. Les Allemands durent faire appel aux sapeurs pompiers pour le retirer ; la BBC signala cette action.
Il prit contact avec un réseau de résistance, le groupe Vandernotte auquel appartenaient également Frédéric Creusé, Jean-Pierre Glou et Jean Grolleau.
Selon A. Parraud-Charmantier, le rôle de Michel Dabat fut principalement de transporter, de monter et d’entreposer des armes envoyées d’Angleterre par sous-marins et débarquées à La Roche-Bernard (Morbihan). Il était agent de renseignement des services secrets britanniques, membre du groupe Bouvron de Nantes, du réseau Georges-France 31. Peu de temps après son acte de bravoure sur la cathédrale, il entra en qualité de dessinateur aux Ponts-et-Chaussées. Célibataire, il vivait à Lignières (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique)
Il fut arrêté par l’Abwehr le 28 mars 1941 à Nantes, pour « action en faveur de l’ennemi, espionnage et passage de lettres en zone libre ». Incarcéré à la prison Lafayette de Nantes, il fut reconnu « isolé » à son procès, le 18 août 1941, et condamné à quatre mois de prison faute de preuves. À l’expiration de sa peine, il fut maintenu en détention sur ordre de la Geheimfeldpolizei et désigné comme otage par les autorités allemandes.
Il a été fusillé le 22 octobre 1941 à Nantes, au terrain du Bêle, en représailles à l’exécution par des résistants du lieutenant-colonel Karl Hotz, responsable des troupes d’occupation en Loire-Inférieure. Le même jour et pour la même raison, vingt-sept internés furent exécutés à Châteaubriant, seize à Nantes et cinq au Mont-Valérien.
Il fut inhumé au carré militaire du cimetière de la Chauvinière.
Cité à l’Ordre de la Nation, il a reçu la mention « Mort pour la France ».
Son nom figure sur plusieurs plaques commémoratives, à Nantes (plaque des fusillés, monument des cinquante otages, lycée Saint-Stanislas), et à Saint-Julien-de-Concelles.
En 2009, les Archives départementales de Loire-Atlantique ont fait l’acquisition de ses lettres écrites pendant sa captivité, accompagnées d’articles de presse, de photographies et de croquis.

Michel Dabat à sa mère
Prison Lafayette, Nantes (Loire-
Inférieure’
22 octobre 1941
Chère petite maman,
On vient nous chercher. Nous allons vers une destination inconnue. Pour moi, il n’y a pas à se faire d’illusions. Nous sommes otages, nous allons être fusillés.
Je n’ai pas peur, ce n’est pas mon habitude.
Que pourrais-je vous dire, si ce n’est que je suis innocent et que je vous demande pardon de tout le chagrin que je vous ai cause depuis
dés années ?
J’espère que nous aurons un prêtre. Petite maman chérie, priez bien pour moi. Pensez à moi comme je pense à vous en ce moment.
J’aurais bien voulu vous embrasser encore une fois.
Maintenant c’est fait, nous savons que nous allons mourir.
Je vous demande une chose, une seule : vous irez trouver Jeannette et vous lui direz que je l’ai aimée plus que tout, plus que ma vie. Elle avait tout mon cœur et elle sera la dernière à qui je penserai avec vous. Je vous aime toutes les deux autant qu’il est possible à un coeur humain d’aimer.
Maman chérie, pardon de tout le mal que j’ai fait ou pensé dans ma vie.
Je vais mourir en vrai Français, en homme, en chrétien fervent.
Adieu, maman chérie, adieu et pardon pour tout.
Vous pourrez parler de votre Michel avec fierté. Ne me pleurez pas. Priez, priez, priez.
Je vous promets que, du haut du Ciel, je vous protégerai tous, tous, Maman, Papa, Maurice, je vous ai adorés tous. Maintenant, je vais mourir comme le Christ. Dites aussi à Suzanne Le Lostec, la jeune femme qui était avec nous en prison, que je conserverai jusqu’à la fin son souvenir ému.
Votre Michel.
Vive Dieu, vive la France !

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – Arch. dép. Loire-Atlantique. — Guy Krivopissko, La vie à en mourir, Paris, Tallandier, 2003. – A. Perraud-Charmatier, La Guerre en Bretagne. Récits et portraits, t. 1, 1947. — Dominique Bloyet, Étienne Gasche, Jeunes résistants en Loire-Atlantique, Coiffard Libraire éditeur, 2014. — Mémorial GenWeb. – État civil.

Julien Lucchini, Guy Krivopissko, Annie Pennetier

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