CEREMONIE COMMEMORATIVE
DU 22 OCTOBRE 2022
- VILLEPOT –
 LA GRANDE HISTOIRE S’EST ARRÊTEE LA, OU NOUS
 SOMMES AUJOURD’HUI, UN JOUR D’OCTOBRE 1941.
 CETTE GRANDE HISTOIRE, QUI NOUS POURSUIT.
 CELLE QUI NOUS HANTE ET NOUS HABITE, CELLE-LA
 AUSSI, DONT ON VOUDRAIT QU’ELLE N’EUT JAMAIS
 EXISTE…
 CETTE GRANDE HISTOIRE ENFIN, DRAPEE DANS LES
 HABITS DE NOS MODERNITES, ET QUI NOUS FAIT
 CRAINDRE, PARFOIS, L’ACTUALITE DU MONDE…
 CAR OUI, SUR LE CHEMIN TRAGIQUE DES
 ESPERANCES FAUCHEES, L’HISTOIRE A FAIT, C’ETAIT
 HIER, UNE HALTE SANGLANTE DANS NOTRE BELLE
 COMMUNE.
 OUI AVEC CETTE EXIGENCE INEFFACABLE DE LA
 MEMOIRE, NOUS EPROUVONS ENCORE
 AUJOURD’HUI LE BESOIN DE SAVOIR, DE
 COMPRENDRE CES ACTES AUSSI INDIGNES
 QU’INNOMMABLES, MEME SI LONGTEMPS APRES.
 NOUS SOMMES AU TOUT DÉBUT DU MOIS DE
 SEPTEMBRE 2022. J’AI QUELQUES HEURES DEVANT
 MOI POUR REMONTER LE COURS DU TEMPS.
 AU SERVICE DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES DE
 NANTES, JE ME SUIS FAIT OUVRIR L’EPAIS DOSSIER
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 DES « FUSILLES DE CHATEAUBRIANT», ENSEVELI
 SOUS LA POUSSIERE DES ANNEES SOMBRES.
 DANS SA BRUTALITE INFAME, L’HISTOIRE ME SAUTE
 A LA FIGURE !
 20 OCTOBRE 1941 LE COMMISSAIRE DE POLICE DE
 NANTES REND COMPTE DE CE QUI VIENT DE SE
 PRODUIRE. IL ECRIT : « LE 20 OCTOBRE, VERS 7H45,
 ALORS QU’IL S’ENGAGEAIT DANS LA RUE DU ROI
 ALBERT, FACE AU NUMERO 1 DE LADITE RUE, PRES
 DU MAGASIN « ART ET MIROIR », LE LIEUTENANT
 COLONEL HOTZ, FELDKOMMANDANT DE NANTES,
 ACCOMPAGNE D’UN OFFICIER DE L’ARMEE
 ALLEMANDE, ETAIT FRAPPÉ MORTELLEMENT DE
 DEUX COUPS DE REVOLVER TIRÉS PAR UN INDIVIDU
 MARCHANT DERRIERE LUI. LES DEUX PROJECTILES
 L’ONT ATTEINT DANS LE DOS, DANS LA REGION DU
 CŒUR.»
 CE MEME JOUR, LE PREFET FERA PLACARDER SUR
 LES MURS, CET APPEL IMPITOYABLE A LA
 POPULATION : « UN ATTENTAT CRIMINEL QUE RIEN
 NE JUSTIFIE VIENT D’ETRE COMMIS CE JOUR CONTRE
 LE REPRESENTANT DES AUTORITES ALLEMANDES
 DANS LE DEPARTEMENT.
 AU NOM DU GOUVERNEMENT FRANÇAIS, LE PREFET
 DE LOIRE INFERIEURE TIENT A RENDRE UN
 HOMMAGE SOLENNEL A SA MEMOIRE, A EXPRIMER
 SON INDIGNATION ET A DECLARER QUE PAR TOUS
 LES MOYENS DONT IL DISPOSE, LES COUPABLES
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 QUELS QU’ILS SOIENT SERONT RECHERCHES ET
 IMPLACABLEMENT FRAPPÉS. »
 ON CONNAIT MALHEUREUSEMENT LA SUITE !
 JE NE RETIENDRAI RIEN DE PLUS DE CETTE
 LITTÉRATURE QUI AURA TREMPE SA PLUME
 AVEUGLEE DANS L’ENCRE HONTEUSE DES
 COLLABORATIONS MORTELLES.
 NON, RIEN DE PLUS !
 CAR EN MIROIR, IL ME REVIENT CET APRES MIDI LES
 MOTS EMOUVANTS QUE LE POETE LOUIS ARAGON
 ECRIRA A PROPOS DES 27 DE CHATEAUBRIANT.
 DANS DES PAGES BOULEVERSANTES, PUBLIÉES DÈS
 FÉVRIER 1942, IL RACONTERA POUR LES
 GÉNÉRATIONS FUTURES, CE QUI S’EST PASSÉ CE 22
 OCTOBRE 1941.
 JE NE SAIS QUI LIRA CE QUI VA SUIVRE, NOUS DIT IL.
 JE M’ADRESSE À TOUS LES FRANÇAIS ET AUSSI
 SIMPLEMENT À TOUS CEUX QUI, AU DELÀ DES
 LIMITES DE LA FRANCE, ONT QUELQUES
 SENTIMENTS HUMAINS DANS LE CŒUR, QUELLES
 QUE SOIENT LEURS CROYANCES, LEUR IDÉOLOGIE,
 LEUR NATION.
 LES FAITS SONT SIMPLES. LE 22 OCTOBRE 1941, 27
 HOMMES ONT ÉTÉ EXÉCUTÉS PAR LES ALLEMANDS
 À CÔTÉ DU CAMP DE CHÂTEAUBRIANT.
 CES HOMMES ÉTAIENT PRISONNIERS POUR LEURS
 IDÉES, ILS AVAIENT DÉFENDU LEURS CROYANCES
 AU MÉPRIS DE LEUR LIBERTÉ.
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 IL POURSUIT :
 LES VINGT-SEPT CONDAMNÉS ONT VOULU ALLER À
 LA MORT LES YEUX NON BANDÉS ET LES MAINS
 LIBRES. CES HOMMES, EN TOMBANT, ONT ÉTONNÉ
 LEURS BOURREAUX. ILS ONT CHANTÉ JUSQU’À LA
 DERNIÈRE MINUTE.
 LES CORPS ONT PASSÉ LA SOIRÉE AU CHÂTEAU DE
 LA VILLE. ON LES DISPERSERA LE LENDEMAIN DANS
 DIVERS CIMETIÈRES DE LA RÉGION. LES FAMILLES
 POURRONT Y ALLER, MAIS ELLES NE SAURONT PAS
 QUELLE TOMBE EST LA LEUR, CAR LES CERCUEILS
 NE PORTERONT PAS DE NOMS, MAIS UN NUMÉRO
 CORRESPONDANT À UN REGISTRE, POUR PLUS
 TARD… ET C’EST TOUT. A LA CARRIÈRE, LES GENS
 DU PAYS SE SONT RENDUS NOMBREUX, EN
 PÈLERINAGE. ON VOYAIT ENCORE LES POTEAUX, LE
 SANG SUR LE SABLE.
 LE DIMANCHE SUIVANT, PLUS DE 5.000 PERSONNES
 ONT DÉFILÉ DANS LA CARRIÈRE ET DÉPOSÉ DES
 FLEURS.
 PARMI LES 27 SE TROUVAIENT :
- EDMOND LEFEBVRE
- HENRI POURCHASSE
- JEAN POULMARC’H
 CE SONT EUX QUI LE 23 OCTOBRE 1941 ONT ETE
 INHUMES DANS LE CIMETIERE DE NOTRE COMMUNE,
 ET C’EST EN LEUR MEMOIRE QUE DANS UN INSTANT,
 NOUS DEVOILERONS UNE PLAQUE EN HOMMAGE A
 LEUR SACRIFICE.
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 MAIS, PARCE QUE LA VIE SERA TOUJOURS PLUS
 FORTE QUE TOUS LES OBSCURANTISMES, NOUS
 AVONS VOULU ALLER ENCORE UN PEU PLUS LOIN
 DANS LA MEMOIRE.
 A COMPTER D’AUJOURD’HUI, L’ENDROIT OU NOUS
 NOUS TROUVONS S’APPELLERA DESORMAIS LE
 « PARC DU SOUVENIR ». ET NOUS AVONS FAIT LE
 CHOIX D’Y PLANTER TROIS ARBRES.
 ENRACINES DANS LA TERRE NOURRICIERE, ILS SE
 DRESSERONT DEMAIN VERS LE CIEL, DROITS ET
 FIERS : UN NOYER, UN CHENE, UN CHATAIGNER.
 CEUX LA NE PLIERONT PAS, EUX NON PLUS !
 ILS INCARNENT DEJA LES ESPERANCES
 INEBRANLABLES DE CETTE VIE, NOTRE VIE,
 TOUJOURS RECOMMENCEE.
 QUAND VOUS PASSEREZ DEVANT DEMAIN, VOUS
 PENSEREZ AUX TROIS DE VILLEPOT, VOUS PENSEREZ
 AUX 27 DE CHATEAUBRIANT, A LEURS FAMILLES,
 MAIS AUSSI, A TOUS LESMORTS POUR LA FRANCE DE
 NOTRE COMMUNE, ET D’AILLEURS.
 VOUS PENSEREZ AU PRIX DE NOTRE LIBERTE.
 N’OUBLIONS JAMAIS !
 JE VOUS REMERCIE.
 
				