Avant la guerre, étudiant à Strasbourg, Jean de Neyman adhère au PCF. Dans l’Allemagne toute proche, le fascisme règne en maître. C’est « le temps du mépris » de Hitler et des Krupp. Jean connaît le hideux visage du fascisme : l’incendie du Reischtag, les autodafés de livres, les pogromes contre les juifs, les assassinats de communistes, les premiers camps de concentration où sont jetés les militants ouvriers.
Aussi, quand en 1940, les armées nazies campent sur notre sol, Jean, sans hésitation, entre dans la résistance, participe pleinement à « ce combat inégal et périlleux » dont il a mesuré tous les risques. Avec courage et audace, il multiplie les actions contre l’occupant.
Arrêté, alors qu’il s’élance au secours d’un déserteur allemand qu’il héberge et qui est pris par une patrouille, il est interné à Heinlex (Saint-Nazaire). Jugé, il est condamné à mort.
Pendant quelques jours qu’il lui reste à vivre, il rédige un mémoire de 55 pages de réflexions scientifiques et pédagogiques ainsi que la dernière lettre si noble et émouvante à ses parents.
Il va mourir. Les raisins mûrissent à l’approche des vendanges.
Il va mourir. Le nazisme agonise sous les coups des alliés. La victoire est proche ; cette victoire dont il a été un des artisans et que, ironie du sort, il ne connaîtra pas.
Le dos au mur du jeu de boules, à Heinlex, le 2 septembre 1944, il regarde, lui le dernier fusillé de la poche, calme, avec le sourire du vainqueur, les vaincus qui, inutilement, vont le fusiller.