Une plaque du souvenir sur la base sous-marine de St Nazaire


Photo © Patrice MOREL

Une plaque « à la mémoire des Républicains espagnols et travailleurs de toutes nationalités contraints à la construction de la base sous-marine entre 1941 et 1943 » rappellera dorénavant aux visiteurs qu’en ce lieu des hommes ont souffert et ont Résisté.

David Samzun, maire de Saint-Nazaire, qualifie l’inauguration de cette plaque :
« Ce geste fort, nous nous devions de le faire pour nous-mêmes, par fidélité à nos valeurs, mais aussi pour nos enfants et pour les générations à venir… Déjà, nous avons fait de cette base sous-marine, lieu symbolique des pages sombres de l’histoire nazairienne, un haut lieu de culture car pour nous la culture est synonyme d’émancipation, eh bien aujourd’hui nous poursuivons cette marche en avant!  »

Malgré un froid glacial plus d’une centaine de personnes s’est rassemblée, autour des représentants du Comité Départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure et de l’ACER à l’initiative de cette manifestation.
De nombreux drapeaux aux couleurs rouge-jaune-violet de la République espagnole et bleu-blanc-rouge, entouraient le Maire David Samzun, la députée Marie-Odile Bouillé, des élus, les représentants du Comité Départemental du Souvenir des Fusillés, de l’ACER, de la CGT et du PCF, de représentants d’associations de mémoire des Républicains Espagnols venus de loin et des journalistes de la presse écrite, de radios et FR3.

Guy Texier, intervenant au nom du Comité du Souvenir des Fusillés souligne
: « L’ hommage que nous rendons aujourd’hui, dans ces lieux, à nos camarades Républicains Espagnols et à tous ceux de toutes nationalités qui ont été contraints par l’armée d’occupation allemande, avec la complicité de Vichy, n’est pas seulement un devoir de mémoire, mais aussi un avertissement pour l’avenir, tant les similitudes existent avec les années 1930. »

Manuel Duran, délégué régional de l’ACER rappelait l’itinéraire de ces travailleurs forcés « Ces travailleurs espagnols ont traversé deux périodes qui ont conditionné leur engagement personnel, social et politique: la République et la Guerre d’Espagne premier acte de la deuxième guerre mondiale.
Ces deux événements sont des composantes essentielles de leur trajectoire vers la résistance sur le sol français, la déportation, le péril de leur vie …
Oui, Résistants, car ils ne faisaient que continuer le combat commencé, quelques années plus tôt contre le fascisme et pour la liberté en Espagne Républicaine.» Il poursuivait en rendant hommage aux Brigadistes internationaux originaires de la région nazaréenne « Les constructeurs de cette base ont croisé ces hommes ! Ces internationaux, venus de tous les coins du monde pour les aider, pour combattre avec eux la bête immonde. »

Cette inauguration devait se conclure par un pot offert par la municipalité dans les salons d’Escal Atlantic. On y croisait outre les personnalités citées, des élus dont Yvon RENÉVOT adjoint et Catherine ROUGÉ, Pcf,
Joël Busson: Président du Comité du souvenir avec Carlos Fernandez, Christian Retailleau …
Gabrièle Garcia, Membre-fondatrice de l’association Mémoire de l’Exil des Républicains Espagnols dans le Finistère (MERE 29), des représentants de l’ACER venus de Nantes, de Rennes, Rouen … Fabrice David, secrétaire général de l’Union Départementale CGT avec les représentants de l’Union Locale de St Nazaire, des représentants locaux de l’ADIRP et de l’AFMD.

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Une longue marche – De la répression franquiste aux camps français

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« Une longue marche – De la répression franquiste aux camps français »
retrace le parcours d’Albino Garrido San Juan, jeune journalier de Castille, pris dans le tourbillon de la guerre d’Espagne. Agé d’à peine 17 ans il s’enrôle dans la colonne des milices populaires du colonel Julio Mangada puis dans la 34ème Brigade Mixte et lutte pour défendre la République, dans la Sierra, aux confins des provinces d’Avila et de Madrid. Démobilisé au printemps de 1937, il s’engage alors dans l’aviation. Affecté à plusieurs aérodromes à l’arrière du front, la fin de la guerre le surprend en Estrémadure. Dans des conditions particulièrement dramatiques il est fait prisonnier par les troupes franquistes et est interné dans le terrible camp de concentration de Castuera dans la province de Badajoz. Après plus de huit mois de réclusion dans un univers où l’arbitraire, les privations et la brutalité des vainqueurs règnent en maîtres, il parvient à s’évader accompagné de cinq camarades.
Commence alors, au coeur de l’hiver, une longue et périlleuse marche à travers l’Espagne. Se déplaçant de nuit, s’aidant d’un petit manuel de géographie pour tracer leur route, s’orientant lorsque le temps le permet à l’aide de l’étoile polaire, il réussit avec trois camarades à atteindre le 22 mars 1940 la frontière française à Urdos. Son périple a duré 79 jours.
Interné dans le camp de concentration de Gurs puis dans celui d’Argelès sur Mer il réussit à en sortir et travaille dans l’agriculture dans le département de l’Hérault. Après l’entrée des troupes allemandes à Paris il s’enfuit et rejoint Marseille. Commence alors une vie d’errance. Emprisonné à Aix en Provence pour défaut de papiers d’identité il rejoint les Groupements de Travailleurs Etrangers afin de régulariser sa situation. Passant d’un GTE à l’autre pour se soustraire aux réquisitions des autorités de Vichy qui veulent le mettre au service de l’organisation Todt, il quitte le midi de la France pour rejoindre Royan en juillet 1943. Il s’y trouve à la fin de la guerre. La longue nuit de la dictature franquiste anéantit tout espoir de retour en Espagne. Il fonde une famille et s’établit définitivement en France.
Ce récit a été traduit par son fils Luis qui, s’appuyant notamment sur des recherches dans différents services d’archives tant en Espagne qu’en France, l’a enrichi de nombreuses notes pour l’éclairer aussi bien sur le plan général de la guerre et de ses conséquences, que sur celui de ce parcours si particulier.