A propos du contenu de l’exposition présentée par l’article de JP Le Maguet dans le Patriote Résistant de février
L’article du Patriote Résistant n° 849 de janvier 2011 « Une réévaluation complète de l’Histoire de l’Europe ? » alerte particulièrement dans sa deuxième partie sur une certaine réécriture de l’histoire, l’auteur Günter Morsch attirait l’attention sur la résolution du Parlement européen du 2 avril 2009, qui amalgame stalinisme et nazisme. Certains « spécialistes » comme Stéphane Courtois ou Franck Liaigre, ne manquent jamais une occasion de faire ce genre d’amalgame, dans leur crédo anticommuniste, en déformant au besoin la réalité.
Cette falsification de l’histoire est aussi le fil conducteur de la droite et l’extrême droite en France et en Europe. La FNDIRP et son journal Le Résistant Patriote ont dénoncé depuis longtemps ce type d’amalgame.
Günter Morsch, directeur de la Fondation des mémoriaux du Brandebourg et Président du mémorial de Sachsenhausen, se livre à une analyse sérieuse et sans complaisance du fascisme et du nazisme de 1933 à 1945, mais aussi du stalinisme, en citant notamment le film de Andrezj Wajda, Katyn, et en rappelant ce que fut le goulag.
Le pacte germano-soviétique du 23 août 1939 est le prétexte invoqué pour faire cet amalgame sans analyser les raisons qui ont conduit à ce pacte, certes contre nature, le refus des puissances européennes, Angleterre et France, d’engager avec l’URSS les négociations pour renforcer, notamment après les accords de Munich de 1938, la construction d’une opposition à l’Allemagne nazie, c’est donc en ignorant volontairement les causalités historiques que l’amalgame est fait. Il ne s’agit pas pour autant d’ignorer ni de sous-estimer le stalinisme et ses crimes.
Pour autant nous refusons l’amalgame entre fascisme, hitlérisme et stalinisme. À plus forte raison nous condamnons l’amalgame fascisme, hitlérisme et communisme, entre une idéologie criminelle et une idéologie humaniste.
Or quelle n’a pas été notre stupéfaction de lire dans la plaquette « S’engager pour la Liberté de la France » diffusée par le Musée de Châteaubriant:
« Lorsque la guerre éclate en septembre 1939, l’Europe connait de vives tensions géopolitiques depuis les années 1920 avec la montée de régimes dictatoriaux en Italie (le fascisme de Mussolini), en Allemagne (le nazisme de Hitler), et en URSS (le communisme stalinien) »
Ne s’agit-il pas là d’une réécriture de l’histoire, de l’effacement de ce qu’a été la montée du fascisme dès 1920 en Italie, puis en Europe, du nazisme dont il faut le rappeler, les militants communistes ont été les premières victimes, les premiers internés dans les camps de concentration nazis ou les geôles de Mussolini ?
Comment ne pas comprendre que les familles, les enfants des Résistants communistes, cégétistes, les communistes eux-mêmes, réagissent vivement devant un tel amalgame et une falsification de l’histoire ? C o m m e n t écrire que les membres du PCF sont pourchassés par Vichy, alors que dès le 26 septembre 1939, le PCF est interdit, ses députés arrêtés le 8 octobre 1939, condamnés, internés et déportés à Maison Carrée en Algérie sur ordre de Daladier, puis la clique Pétain, Laval, Pucheu, Darnand, prendra le relais pour les livrer aux nazis, fusillés à Châteaubriant, Nantes et au mont Valérien dès 1941.
Il s’agit bien là d’une réécriture de l’histoire dans une plaquette largement diffusée et sur le site des amis du musée de Châteaubriant, dans l’exposition temporaire devant circuler. Que retiendront les publics qui visitent le Musée et qui lisent cette plaquette et particulièrement la jeunesse, les scolaires qui n’ont pas la connaissance et les éléments pour comprendre cette période de notre histoire ?
Notre Comité poursuit depuis de nombreuses années son travail pour la transmission de la mémoire, inlassablement, pour faire connaitre le combat des Résistants, qu’ils soient communistes, socialistes, gaullistes, croyants ou non croyants, immigrés comme les républicains espagnols en Loire Inférieure, dont cinq d’entre eux furent fusillés en 1943, à la suite des plus grands « procès » contre les résistants communistes, procès dits des 42 et des 16, qui conduisirent à l’exécution de 50 d’entre eux.
Si le travail des historiens est important pour écrire et transmettre la mémoire et l’histoire, la vigilance militante des témoins, de plus en plus rare, de leurs enfants, de leurs familles, des militants de la classe ouvrière ne l’est pas moins. Cette vigilance ne doit pas faiblir, ne doit pas s’effacer, elle est un garant pour que l’histoire ne soit pas réécrite, ne disparaisse sous la pression de politiques formatées en France et en Europe.
Le Comité du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant et de Nantes et de la Résistance en Loire Inférieure. Nantes, Le 19 Février 2018