Désiré Granet
GRANET Désiré

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Né dans une famille de blanchisseurs établie dans la commune depuis la guerre de 1870, Désiré Granet perdit son père en 1905. Sa mère se remaria en 1909 avec François Derbise, vernisseur, et lui donna six enfants qui s’ajoutèrent aux deux qu’elle avait déjà de son premier mariage.

Désiré Granet dut travailler très tôt. Employé chez Verzieux en 1921, manœuvre chez Pierrot Gourmand en 1926, mécanicien-chauffeur lorsqu’il épousa le 21 janvier 1928, à Ivry, Yvonne Lange, cartonnière, il fut en même temps un militant politique. Adhérent de bonne heure aux Jeunesses communistes, il en devint rapidement un des dirigeants locaux : il était en 1927 secrétaire du 7ème rayon. En 1930, il entra au Parti communiste. Il habitait alors dans la famille de sa femme à Vitry-sur-Seine.
C’est un peu plus tard, vers 1935, que commença son activité syndicale. Il dirigea, en 1936, les grèves d’usines vitryotes comme Breton, Stienbach, Néochrome et d’autres et devint secrétaire de la Fédération CGT du Papier-Carton jusqu’à la guerre. Il siégea à la commission administrative de la CGT en 1938-1939. Il fut membre du Conseil national économique de 1938 à 1940 (14ème, devenue 16ème section professionnelle – industrie du papier, du livre, de la presse et des arts graphiques).

Mobilisé le 8 septembre 1939 dans la DCA, il fut démobilisé le 11 août 1940 et fit preuve d’une grande activité clandestine notamment dans la constitution des Comités populaires. Il fut arrêté le 4 octobre à Vitry et connut les camps d’internement et prisons d’Aincourt, Fontevraud, Clairvaux le 21 janvier 1941, selon le registre d’écrou et enfin le camp de Choisel, Châteaubriant où il fut transféré le 15 mai 1941. Désigné comme otage, il refusa toute intervention en sa faveur de l’ex-syndicaliste Chassagne, devenu chef de cabinet de Pucheu, et fit partie du groupe des « vingt-sept fusillés » de Châteaubriant, exécutés le 22 octobre 1941.

Le conseil municipal de Vitry-sur-Seine, par une délibération du 10 octobre 1945, attribua son nom à la rue Mansart, dans laquelle il habitait au n° 15.
Son frère aîné, Eugène, né à Ivry en 1901, employé de commerce, militant communiste de sa commune natale, fut dans la Résistance agent de liaison radio du Parti communiste. Il fut arrêté, déporté en Allemagne où il mourut le 28 octobre 1944 à Dora-Mittelbau.
Désiré Granet avait un fils Raymond, âgé de onze ans au moment de son exécution.
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Dernières lettres

Désiré Granet à sa femme, à son fils
Châteaubriant, camp de Choisel

22 octobre 1941

Ma chère Yvonne,

Quand cette lettre te parviendra tu auras appris l’horrible nouvelle.
Dans un instant, je serai parti rejoindre ceux qui déjà sont déjà tombés.
Comme tu me l’as demandé, je suis courageux, je n’ai pas peur de la mort.

Ma chère Yvonne, pardonne-moi les petites choses que durant ma vie trop courte je t’ai fait fait subir, aime bien notre petit comme je l’aimais, fais-en un homme courageux et honnête, sois fidèle à ma mémoire.

Je pars en emportant la certitude que tu ne seras pas seule, mes amis et mes parents t’aideront à supporter la douleur qui te frappe. Ma pauvre chérie, je t’ai toujours aimée et dans quelques minutes un point final sera mis à mon existence.
Ma dernière pensée s’en va vers vous.

Je ne tremble pas, cette lettre est mal écrite parce que je l’écris le long d’un mur.

Allez ma petite Yvonne, sois courageuse comme je le suis, du courage et de la confiance en l’avenir. Nous sommes ici 27 qui dans un instant seront exécutés, leur courage à tous est magnifique.

Allez, ma petite Yvonne, embrasse une dernière fois tes parents pour moi, ainsi que les miens. Je t’embrasse une dernière fois.

Ton Dédé jusque la mort.

Une dernière pensée à tous les amis.

Mercredi 22 octobre 1941

Mon cher petit Raymond,

C’est fini, tu ne verras plus ton papa que tu aimais tant. Quelle cruelle douleur pour ton petit cœur d’enfant. Je sais que mon souvenir restera impérissable dans ta mémoire.

Avant de te quitter pour la dernière fois, je te demanderai de tenir la promesse que tu m’avais faite, apprends bien à l’école, aime bien ta mère qui m’a tant aimé et qui t’aime tant. Sois bien sage, c’est là ma dernière recommandation.

Tu es bien jeune, 11 ans, et tu n’as plus ton papa, console ta maman et dans la vie sois bien courageux et honnête.

Allez, mon gars, une dernière fois je t’embrasse bien. Embrasse une dernière fois ta mère pour moi, te voilà grand, tu remplaceras ma mémoire auprès de ta mère.

Adieu mon gars.

Bons baisers de ton papa qui s’en va en t’envoyant sa dernière pensée.

D. Granet.
SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII dossier 2. — Arch. Paris, listes électorales de Vitry. – Arch. com. Ivry, listes électorales et nominatives. – Arch. com. Vitry, 1BIB025. – Arch. A. Marty, E 1. – Alfred Gernoux, Châteaubriant et ses martyrs, Nantes, Éd. du Fleuve, 1946, 132 p. – Lettres des fusillés de Châteaubriant, édité par l’Amicale des anciens internés patriotes de Châteaubriant-Voves, 1954, Fernand Grenier, Ceux de Châteaubriant, préface de Jean Marcenac, 3e éd., Paris, Éd. Sociales, 1967. – Ivry, fidèle à la classe ouvrière et à la France, édité par la municipalité d’Ivry-sur-Seine en 1970. – Claude Angeli et Paul Gillet, Debout, partisans !, op. cit., p. 337. – Jacques Duclos, Mémoires, t. 3, 2e partie, p. 62. – Guy Krivopissko, La Vie à en mourir. Lettres de fusillés 1941-1944, Tallandier, 2003. — État civil, Ivry-sur-Seine et Vitry-sur-Seine.
Michèle Rault, Nathalie Viet-Depaule
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CARREL René

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Domicilié à Nantes, René Carrel était un ancien des Brigades internationales en Espagne. Secrétaire d’un syndicat, René Carrel fut surpris lors d’un collage d’affiches, interné le 12 mars 1941. Le tribunal allemand FK 518 de Nantes le condamna le 15 avril 1941 à un an de prison.
Détenu à la prison Lafayette, il a été fusillé comme otage à Nantes- champ de tir du Bêle le 22 octobre 1941, le même jour que les fusillés de Châteaubriant, en représailles à l’exécution de l’officier allemand Hotz.
La mention « Mort pour la France » lui fut attribuée le 14 février 1945. Il fut inhumé au carré des fusillés du cimetière de la Chauvinière à Nantes où son nom a été gravé sur le monument des cinquante otages.

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII 2. – Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure, fusillés et exécutés, 2001.
Annie Pennetier, Jean-Pierre Besse
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