Emile DAVID
Fils d’Émile David, chaudronnier à la Compagnie des chemins de fer d’Orléans, militant communiste de longue date du département de Loire-Inférieure (Loire-Atlantique) et dirigeant du Parti communiste à la veille de la déclaration de guerre, et de Nathalie Gaugain, sans profession, Émile David était, en 1939, trésorier régional des Jeunesses communistes, secrétaire de l’organisation nantaise et l’un des plus actifs militants du cercle de Doulon. Il avait été interné à l’île d’Yeu en décembre 1939.
Le soupçonnant d’être à l’origine de distributions de tracts dans son quartier, le préfet ordonna une perquisition à son domicile le 15 février 1941. Seuls quelques documents périmés furent découverts mais Émile David fut arrêté par la police municipale nantaise le 17 février et interné au centre de séjour surveillé du Croisic avant d’être envoyé, le 2 mai 1941, au camp de Choisel à Châteaubriant.
Il fit partie des internés désignés comme otages à la suite de l’exécution par Gilbert Brustlein du lieutenant-colonel Hotz, commandant de la place de Nantes. Sa lettre à ses parents terminée, il écrivit sur l’une des parois de sa baraque : « Les vingt-sept qui vont mourir gardent leur courage et leur espoir en la lutte finale et la victoire de l’URSS, libératrice des peuples opprimés. » Une cellule communiste nantaise porte son nom. De même qu’un rond-point dans le quartier Doulon à Nantes.
Il laissa une dernière lettre :
» Ma chère petite maman adorée,
Et mon petit frère René, ainsi que mon cher papa,
A l’heure où tu recevras ces quelques mots, je serai loin de vous et pour toujours. En effet, il est 1h30 et les Allemands viennent nous chercher pour être transportés vers une destination inconnue.
Je vais vous dire tout de suite que je dois être fusillé, ainsi que 26 autres camarades. Nous mourrons avec l’espoir que ceux qui resteront aurons la liberté et et le bien-être.
Mes dernières pensées sont celles-ci : j’ai fait une paire de sabots à trèfle à quatre feuilles pour toi chère maman ; et l’hydravion pour mon cher petit frère. Je n’ai rien pour Suzanne. Je demanderai qu’une partie de mes photos lui soit remise. Bien triste souvenir que cette lettre, mais mourir à présent ou plus tard, cela n’a pas d’importance.
Ne t’en fais pas, maman, et garde ta force et ton courage, car songe qu’il y a mon frère, mon cher petit René à élever. Toutes mes affaires te seront transmises et tout mon matériel.
Adieu, ma chère petite maman, et adieu aussi à toi mon cher René.
Je n’écris pas à papa, car cela le chagrinera assez vite. Adieu, une dernière fois et songez que tous mes camarades pensent à vous.
Adieu, mon bon papa ; je vous ai toujours aimés malgré que je vous aie fait beaucoup de peine.*
Adieu, adieu à tous. »
SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII, dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Loire-Atlantique, 270W485, 270W501, 270W499.- Fernand Grenier, Ceux de Châteaubriant, Éd. Sociales, 1961. – Guy Haudebourg, Le PCF en Loire-Inférieure à la Libération (1944-1947), mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Nantes, 1987. – Le Sang de l’étranger, op. cit. — État civil.
Guy Haudebourg