6 juin 2024

Hommage aux 181 syndicalistes

victimes de la barbarie nazie

Par une heureuse coïncidence, l’hommage rendu chaque année aux syndicalistes victimes de la barbarie nazie a été fixé cette année au 6 juin. Une cinquantaine de militants se sont rassemblés à midi à Nantes dans le hall de la Maison des syndicats, dans l’ancienne gare de l’Etat, face aux plaques mémorielles.

© DR

Etaient également présents Stéphane Carreca, secrétaire de l’UL CGT, organisatrice, Céline Pella, co-secrétaire départementale de la FSU, Christian Retailleau, président du Comité départemental du souvenir – Résistance 44 et  Robin Salecroix, élu représentant la maire de Nantes. Les porte-drapeaux du Comité du souvenir, Christophe André et de l’ADIRP, Yves Bourbigot encadraient les plaques au pied desquelles des gerbes ont été déposées au nom de la FSU (par Annabel Cattoni), du Comité du souvenir, de la CGT (Nelly Goyet et Chrystelle Savatier), et de la municipalité.  Jacqueline Gouillard et Fabien Laidin ont rendu à deux voix un émouvant hommage aux 181 syndicalistes dont les noms sont gravés dans le marbre en présence des petits-fils de  Philippe Huchet et Vincent Mazan.

© DR – De gauche à droite Yves Bourbigot, Christian Retailleau, Robin Salecroix, Nelly Goyet, Céline Pella, Christophe André (caché par le drapeau)

La date imposait le rappel qu’ « il y a  80 ans jour pour jour, les forces alliées débarquaient sur les plages de Normandie entamant la libération de l’Europe de l’ouest. Quelques semaines plus tard, le 22 juin sur le front de l’Est, l’armée soviétique engageait l’opération Bagration qui devait conduire l’Armée rouge jusqu’à Berlin, entraînant la capitulation de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945. » Les hommes dont les noms figurent sur ces plaques ont fait le choix du refus de l’occupation, de l’asservissement, celui « de lutter pour l’émancipation du genre humain et pour un avenir meilleur. »

Cette année, le choix a été fait de mettre en lumière l’un des 181 : Alex Auvinet, jeune ajusteur-fraiseur à la SNCAO de Château-Bougon (ancêtre de l’Aérospatiale). Appartenant au groupe de Francs-Tireurs et Partisans (FTP) dirigé par Jean Fraix, il a participé à de nombreuses actions contre l’occupant. Refusant d’aller travailler en Allemagne et contraint d’entrer dans la clandestinité, dénoncé, il est arrêté et exécuté le 1er juin 1943 au Mans avec 10 autres FTP. Il avait 22 ans. Jacqueline Gouillard a lu sa dernière lettre avec beaucoup de force et de sensibilité.(lire ci-après).

Les racines de l’engagement dans la Résistance de ces syndicalistes, souvent très jeunes, ont été rappelées. Elles plongent dans les luttes sociales des Batignolles, de Château-Bougon, de l’arsenal d’Indret, des chantiers navals et usines de Chantenay, de Rezé. « Ils étaient engagés lors des grèves de 1936 alors que les patrons criaient « Mieux vaut Hitler que le Front populaire ». Engagement aussi dans les luttes antifascistes. «L’engagement dans la Résistance fut précoce : le cheminot Marin Poirier, dont le nom figure sur ces plaques, fut le premier fusillé nantais le 30 août 1941. »

©DR Jacqueline Gouillard (près de Fabien Laidin) pendant son intervention

Après avoir rappelé l’aide active apportée par la Collaboration et le gouvernement de Pétain à la répression contre les Résistants, Jacqueline Gouillard s’écrie :   « N’oublions jamais que l’extrême droite a bel et bien été au pouvoir en France entre 1940 et 1944. Ne laissons pas l’histoire se répéter. » Fabien Laidin évoque alors le combat des FTP et la terrible répression de 1943 à la suite des procès des 42 et des 16 « Avec 331 fusillés et près de 900 déportés politiques, la Loire-Atlantique a payé un lourd tribut. » Pour autant, poursuit-il «  leur lutte et leur sacrifice n’ont pas été vains » citant la création du CNR, l’adoption de son programme, les conquêtes de la  Libération. Jacqueline Gouillard fustige la destruction méthodique de ces conquis sociaux  et élargit la focale aux conflits dans le monde et aux luttes des peuples de l’Ukraine à la Palestine et ailleurs. La Marseillaise et Le Chant des partisans – dans la puissante interprétation des Stentors – concluent cette émouvante cérémonie.

Annexe

Dernière lettre d’Alex AUVINET

Chère maman,

Je viens ici te causer une grande peine en t’annonçant que je vais être fusillé demain, mais si tu peux, au contraire, être fier de ton fils qui tombe sous les balles allemandes, les balles fascistes, c’est-à-dire sous les balles des capitalistes … Ceci ne me fait pas de peine de mourir et, console-toi, maman chérie, en te disant que c’est pour la bonne cause, pour délivrer le genre humain que notre sang va couler.              Je serai probablement enterré dans la région du mans. Si, après guerre, il est possible de me faire transporter à Montaigu, sans occasionner trop de frais, cela me ferait bien plaisir.                                                                                                                                 

Voilà la nuit qui entre dans ma cellule et je n’y vois plus. Il n’est pourtant que 7 h. Dans 12 heures, je ne serai probablement plus de ce monde, mais je ne regrette rien de la vie. Si ce n’est vous tous que j’aime, et que j’embrasse bien fort, ma petite sœur, Robert, Michelle, et toi maman chérie.

Je meurs pour que vive la France. Vive le Parti communiste. Vive l’URSS.

Alex