Le 15 janvier 1943, le « Procès des 42 » s’ouvre au Palais de Justice
de Nantes. En fait, le Conseil de Guerre de l’armée allemande juge 43
hommes et 2 femmes.
Du 15 au 28 janvier 1943, les 45 inculpés sont amenés, enchaînés devant la cour martiale allemande présidée par le Dr Hanschmann, le procureur étant le Dr Gottloeb. Seuls peuvent assister aux séances les avocats (Guineaudeau, Lerat, Lauriot, Mouquin et Pascal, aidés du traducteur Duméril), quelques officiels et des journalistes asservis à l’occupant.
Une grande partie des entretiens se fait en allemand et le réquisitoire n’est pas traduit aux accusés qui n’ont pu s’entretenir avec les avocats avant le procès.
Membres de l’Organisation spéciale (OS), créée par le parti communiste, ils vont devoir répondre, pendant deux semaines, de 49
chefs d’accusation allant d’attentats contre l’occupant à l’exécution de
« collaborateurs » ou au vol de tickets d’alimentation. Ils savent que leur vie est en jeu.
Le contexte, en effet, n’est guère favorable à la mansuétude des autorités allemandes.
Depuis un an, les actes de sabotage se sont multipliés dans la
Basse‑Loire, la plupart à porter au crédit de l’OS et le souvenir de
l’exécution du Feldkommandant Holz, le 20 octobre 1941 par de jeunes
communistes, est encore très présent dans les mémoires. De plus, en dépit des nouvelles rassurantes véhiculées par la presse collaborationniste, tel «Le Phare», les combats qui font rage à Stalingrad remettent en cause la suprématie des armées du Reich en Europe.
Enfin, les exactions allemandes de toutes sortes, les réquisitions de
plus en plus nombreuses de jeunes pour l’Allemagne, commencent à
faire basculer les esprits dans un sens favorable à toutes les formes de
résistance.
D’évidence, les autorités allemandes veulent l’exécution de tous les
accusés. Quelque soit le motif initial d’inculpation, 37 accusés sont
considérés comme des « francs-tireurs » et condamnés à mort. Trois
inculpés de vol sont condamnés à diverses peines de prison. Trois autres sont acquittés faute de preuves bien que le tribunal ne les juge pas innocents. Deux d’entre eux sont d’ailleurs déportés (Roger Guédon et Ernest Le Goff).
Aussi, Allemands et collaborateurs de tout poil cherchent-ils à
criminaliser les résistants.
La presse collaborationniste exulte.
Les faits, mal éclaircis pour les deux femmes Renée Losq et Marie Michel, sont renvoyés à un complément d’enquête. Celles-ci sont
déportées.
Le 28 janvier 1943, le ministère public allemand est satisfait. Le tribunal a suivi son réquisitoire.
Les demandes de grâce signées du Préfet, du Maire de Nantes, de
l’Évêque et du Pasteur n’entament pas la détermination des Allemands.
En dépit du délai de grâce qui va jusqu’au 2 février, dès le 29 janvier,
9 condamnés sont fusillés au terrain militaire du Bêle à Nantes.
25 autres le seront le 13 février 1943.
Les trois derniers sont exécutés le 7 mai 1943.
De nouvelles arrestations surviennent; en août un nouveau simulacre de procès dit des 16 se déroule et se conclue par encore 13 exécutions.