A l’occasion du 84ème anniversaire des fusillades des otages par les occupants nazis le 22 octobre 1941, une veillée a été organisée à Nantes devant le monument aux 50 Otages et à la Résistance, le 17 octobre.
Cette cérémonie commémorative était organisée par le Comité départemental du souvenir et la ville de Nantes. Deux cents personnes étaient présentes.
La cérémonie s’est déroulée en deux temps : tout d’abord la partie protocolaire puis une évocation historique et artistique. De nombreuses personnalités étaient présentes : Mme Dominique Yani , sous-préfète accompagnée des responsables militaires et policiers, M. Olivier Chateau, adjoint à la maire de Nantes, Mme Karine Daniel, sénatrice, Mrs. Fabrice Roussel et Karim Benbrahim, députés, M. Julien Bainvel, représentant le Conseil régional, Mme Fabienne Padovani, représentant le Conseil départemental Mme Karin Broermann, consule d’Allemagne.
Le maître de cérémonie Christophe André a appelé le président du Comité départemental Christian Retailleau, accompagné de Maryse Veny-Timbaud a déposé la gerbe du comité, suivi par les représentants des autres associations mémorielles ADIRP et Buchenwald-Dora. Ce fut ensuite le tour des syndicats CGT, particulièrement nombreux et de la FSU puis de la fédération du PCF. Les autorités ont ensuite procédé au dépôt de leurs gerbes. L’appel aux morts a été suivi de La Marseillaise, puis après la minute de silence par le Chant des partisans. Les autorités ont salué les porte-drapeaux, parmi lesquels Jean-René Kirion, porte-drapeau de notre Comité. La deuxième partie a été introduite par l’allocution d’Yves Quiniou, au nom du Comité départemental du souvenir. Celui-ci, petit-fils de Jules Auffret, interné et fusillé à Châteaubriant, a rappelé le contexte : « Le 20 octobre 1941, un officier allemand, le lieutenant-colonel Karl Hotz, chef de la Kommandantur de Nantes est abattu par trois jeunes résistants communistes Gilbert Brustlein, Marcel Bourdarias et Spartaco Guisco, rue du roi Albert. C’est un des premiers faits d’armes de la résistance conte l’occupant nazi. Hitler, en représailles, exige l’exécution d’otages. Ceux-ci sont désignés sur une liste préparée en relation avec e ministre de l’intérieur de Vichy, Pierre Pucheu. Le 22 octobre, sur ordre du général Otto von Stülpnagel, chef de l’armée d’occupation en France, 48 internés politiques tombent sous les balles de la Wehrmacht : 27 dans la carrière de la Sablière à Châteaubriant, 16 au champ de tir du Bêle à Nantes et 5 au Mont-Valérien, près de Paris. »

Le régime nazi pensait terroriser la population et annihiler toute manifestation de résistance. La réaction est tout autre. L’événement sera au contraire le déclenchement du signal de la lutte armée et d’actes de résistance qui s’organisent ensuite dans le pays. Des milliers de résistants y ont laissé leur vie. Les 48 fusillés d’octobre 1941 étaient des patriotes, certains, comme Guy Môquet ou André Le Moal, 17 ans, étaient à peine sortis de l’adolescence, ils étaient le reflet de la diversité de la population. Certains étaient communistes, d’autres étaient socialistes, beaucoup étaient cégétistes. Les uns croyaient au ciel, d’autres pas.
Puis l’orateur élargit son propos : « aujourd’hui dans de nombreux pays la guerre sévit, des populations innocentes vivent ces mêmes horreurs », citant l’agression de la Russie de Poutine contre l’Ukraine, la situation à Gaza où l’ONU a qualifié le massacre des Palestiniens de génocide. Il alerte sur les dangers de l’extrême droite « qui étend ses ravages avec le soutien des forces de l’argent » avant de conclureen appelant à poursuivre le combat car selon les mots de Lucie Aubrac « résister doit toujours se conjuguer au présent ».
Les artistes du Théâtre d’ici et d’ailleurs, accompagnés de 13 élèves du collège de La Colinière ont alors pris possession de la scène et présenté « On ne prépare pas l’avenir sans élaircir le présent », titre emprunté à Germaine Tillion. Le récit et le montage du spectacle étaient signés de Claudine Merceron. L’évocation a été interprétée par les artistes Pascal Gillet, Elodie Retière, Michel Hermouet, Lili Henry et Claudine Merceron avec le renfort des treize élèves de Mmes J. Blondel et A. Issaverdens.

L’évocation a été historique autant qu’artistique. Ont été évoqués tour à tour la capitulation allemande du 8 mai 1945, l’ouverture des camps et le difficile retour des déportés, des requis du STO et des prisonniers de guerre puis la préparation de l’avenir et la nécessité de panser les plaies et de reconstruire sur la base du programme du Conseil national de la Résistance. La belle figure d’Ambroise Croizat, père de la Sécurité sociale a été convoquée, anniversaire oblige. Le texte a fait appel à des extraits d’un texte de Charlotte Delbo elle-même déportée à Ravensbrück Ceux qui avaient choisi, interprété par Jeanne, Leyla et Arthur. Oscar et Ndeye ont lu avec beaucoup d’émotion la lettre de Jean-Pierre Timbaud à sa femme et à sa fille, Aloise et Gabriel celle de Désiré Granet à son fils, Valentin et Mériadec la lettre de Frédéric Creusé à ses parents, Jules et Linda celle de Léon Jost à sa femme et Adam-Sidy, Moisha, Oussoumane et Elwen la lettre de Raymond Laforge. Pour conclure, toutes et tous ont entonné la chanson de Gauvain Sers Quand tu disais grand-mère.
Lors de la réception offerte par la municipalité « sous les ors » de la salle Bellamy à l’Hôtel de Vile, L’adjoint au maire Olivier Château a chaleureusement félicité les jeunes.