Comité Départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant de Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure

Cérémonie Moisdon-la-Rivière – 27 avril 2019

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p1010811.jpgToutes les photographies sont l’œuvre de Monsieur Michel Charrier
p1010839-2.jpgPrise de parole de Christian Retailleau – 27 avril 2019 Moisdon-la-Rivière

Monsieur le Sous-Préfet
Monsieur le 1er Ministre Jean-Marc Ayrault
Monsieur le Maire de Moisdon-la-Rivière
Mesdames et Messieurs les représentants de l’ADGVC 44 et de l’ANGVC
Monsieur le Député
Mesdames et Messieurs les élus
Monsieur le président de la Commission consultative des Gens du Voyage
Mesdames et Messieurs
Chers amis, Cher Christophe Sauvé

Le 13 avril 2008, nous avions participé activement à cette émouvante cérémonie, ici même, en hommage aux Républicains Espagnols et aux Gens du Voyage internés dans ce triste camp dit de « La Forge ».
C’est donc tout naturellement que notre Comité du Souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure a répondu favorablement à l’invitation de l’Association Départementale des Gens du Voyage pour rappeler l’internement des Tsiganes et des Républicains Espagnols.

Si vous le permettez, je voudrais m’attarder sur ces derniers et pour bien comprendre ce qui est arrivé, nous devons remonter jusqu’en 1936.
Que s’est-il passé en cette année 1936 et plus précisément le 17 Juillet ? C’est le jour où la rébellion militaire part du Maroc espagnol sous l’impulsion de Général Franco pour gagner la péninsule le 18 juillet.
Ce coup d’état fasciste vise le renversement de la république. Il a été préparé minutieusement en accord avec Hitler et Mussolini qui voient là une opportunité pour tester à grande échelle leurs nouvelles technologies militaires.
Il se dira, non sans raison, que la Seconde Guerre mondiale a débuté en juillet 1936 et non en septembre 1939.

Très rapidement, des centaines puis des milliers de femmes, enfants et vieillards fuient les zones de combats ou de bombardements, comme la tristement célèbre ville de Guernica, et franchissent la frontière franco-espagnole.
Tous les grands ports de la façade atlantique deviennent des centres d’accueil et de transit pour une population désœuvrée et meurtrie.
Un centre d’hébergement est ouvert à Ancenis.
Le gouvernement du Front Populaire en organise l’accueil épaulé par les syndicats, les partis de gauche, le secours populaire et le secours catholique.
12 centres de vacances sont ouverts entre Pornic et Batz-sur-Mer.
Au total, ce sont 1547 hommes, femmes et enfants qui sont accueillis.
Le mot solidarité prend tout son sens. Ils seront plus de 30 000 à transiter par notre département entre 1936 et 1939.

Cependant, avec l’arrivée au pouvoir du gouvernement Daladier en Avril 1938, les choses changent. L’une des premières mesures de ce gouvernement concerne les étrangers et les réfugiés.
Progressivement, l’étranger devient suspect puis indésirable. Un décret est promulgué pour que ces étrangers « indésirables » soient internés dans des centres spéciaux.

C’est pour cette raison que sera ouvert, à la va-vite et sans réelle préparation, le camp d’internement de la Forge à Moisdon-la-Rivière le 27 mai 1939.
620 paillasses sont installées ici même, 600 kilos de paille assurent le couchage. L’eau potable manque ainsi que le chauffage dans ces lieux humides et frais.
Au début, il y a 239 enfants et 192 adultes. Le chiffre culminant est atteint le 21 Juillet 1939 avec 875 internés, Parmi eux, 452 enfants,385 femmes et 38 vieillards. Dans l’autre camp situé à Juigné-des-Moutiers, les effectifs sont moindres.

C’est début novembre 1939 qu’il est décidé d’expulser tous ces réfugiés en direction de l’Espagne. Ils seront reconduits, sous escorte de la gendarmerie, jusqu’à la frontière à Irun où les attend de pied ferme la « guardia civile. »
C’est un nouveau drame qui se jouera alors pour de nombreuses femmes militantes ou dirigeantes du Frente Popular.
Je pense à Soledad Réal condamnée à 30 ans de prison et qui sortira en 1957 en liberté conditionnelle.
Je pense à Maria Salvo Iborra, dirigeante des jeunesses socialistes de Catalogne, emprisonnée et qui sera libérée en 1957 et tant d’autres qui connaitront du régime franquiste la torture, la prison et l’humiliation.

Le poète nous avertit : »si l’écho de leurs voix s’éteint, nous périrons ». L’actualité nous apporte, hélas, régulièrement des exemples de privations de liberté, d’exactions, d’oppressions, de massacres, de crimes racistes, fruits de l’intolérance, de la domination de la loi de l’argent sur les principes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité.

C’est pour combattre l’amnésie de certains de nos contemporains que le Comité du Souvenir continue d’entretenir sans relâche la mémoire des internés du camp de la Forge, en organisant la visite du site par des jeunes scolaires comme cela a été fait le 4 mars dernier.

Le sort indigne fait, il y a 80 ans en France, aux Républicains Espagnols et aux Tsiganes ne doit plus jamais se reproduire.

Plus jamais « d’indésirables » dans notre pays.

Je vous remercie.
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Prise de parole de Serge Adry

Chers camarades,

Nous sommes réunis aujourd’hui autour de cette tombe pour honorer notre camarade Raymond Laforge, né le 3 avril 1898 à Malesherbes dans le Loiret.

Engagé volontaire en 1916 dans l’artillerie, il devient instituteur une fois la paix revenue.
Il adhère très tôt au Parti communiste, dont il devient un militant très actif.

Après avoir été mobilisé en 1939, il s’installe au début de l’occupation à Montargis dans le Loiret
Il y est arrêté le 8 février 1941 et placé en internement administratif du fait de ses engagements politiques, à la suite de la découverte de papillons communistes sur les murs de la ville.

Il arrive au camp de Choisel à Châteaubriant le 13 juin 1941.

Dans le camp, il participe à l’instruction des autres prisonniers.

Ici, dans ce lieu deux autres camarades ont été inhumés.

Charles Delavaquerie, né le 22 janvier 1922 et Eugène Kérivel, né le 4 septembre 1891.

Ces trois camarades faisaient partis des 27 fusillés de châteaubriant.

Sur les 27 fusillés, Raymond Laforge est le seul, parce qu’il l’avait demandé, à être encore inhumé à Moisdon-la-Rivière, dans l’un des neuf cimetières où les nazis ont enterré nos camarades.

Nous honorons aujourd’hui sa mémoire dans le cadre de notre déplacement au camp de Moisdon-la-Rivière, où un hommage sera rendu aux Républicains espagnols et aux familles Tsiganes qui y ont été internés.

Dans les prochains mois, nous aurons l’occasion de revenir sur ce lieu pour inaugurer une plaque avec les portraits et les biographies de nos trois camarades, dans le cadre des 80 ans des fusillades de châteaubriant.

Je terminerai cette brève intervention.

Vous qui avez laissé votre vie,
Soyons dignes de vous, pour une vie meilleure, pleine d’espoir, de justice et de paix !

Ayons une pensée aujourd’hui pour nos deux camarades qui viennent de nous quitter :
Dominique Crossouard, membre du Conseil d’Administration du Comité départemental du Souvenir ;
Paulette Capliez, membre du bureau de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt.

Merci.
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