Comité Départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant de Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure

Commémorations du 82ème anniversaire

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La flamme de la Résistance ne s’est pas éteinte.

               Nous étions près de 3 000.

Il y a 82 ans, 48 otages étaient fusillés par les nazis  à Châteaubriant, Nantes et au Mont-Valérien. Chaque année, des cérémonies leur rendent hommage. Il s’agit de la plus importante manifestation commémorative de la Résistance en France. Cette année encore, la mémoire est restée intacte, l’émotion toujours aussi grande.

INDRE

Le Comité local du Souvenir d’Indre a organisé sa cérémonie en mémoire d’Eugène et Léoncie Kerivel et de 2 résistants indrais le 15 octobre. Annoncée par des articles dans Presse-Océan et Ouest-France, la cérémonie a rassemblé 60 personnes en présence du maire d’Indre Anthony Berthelot et de la maire de Couëron Carole Grelaud, avec la participation des élèves de CM2 des écoles publiques d’Indre dont certains porte-drapeaux juniors. C’est sur le Môle près du marché que le rendez-vous a été donné à 8 h 45, avec un dépôt de fleurs sur le Palis d’ardoise peint aux visages d’Eugène et de Léoncie Kérivel. À 9 h, les musiciens de la fanfare de l’école de musique ont conduit les participants jusqu’au cimetière.  Le dépôt de gerbes au monument aux Morts a été suivi de la lecture par les petits-enfants de Thierry Diquelou du poème de Paul Éluard Liberté. Nouveauté cette année : l’allocution de Jean-Luc Le Drenn, président du Comité, a été accompagnée d’une évocation artistique de Claudine Merceron et de Pascal Gilet. Jean-Luc Le Drenn a notamment déclaré que «  la transmission des valeurs de la résistance auprès des jeunes générations est nécessaire dans un monde tourmenté confronté au fanatisme religieux, aux idées fascistes racistes communautaristes » avant de souligner l’aide précieuse de la municipalité indraise : « La mairie a commandé plusieurs drapeaux juniors pour les quatre enfants porte-drapeaux et un drapeau floqué “Comité local d’Indre“». La présence d’élèves a permis de mesurer le travail de mémoire réalisé par le Comité envers la jeunesse indraise.

NANTES                                                                                                                                                             Veillée du souvenir

La Veillée du souvenir a réuni près de 200 personnes, le vendredi 20 octobre, devant le Monument aux 50 Otages et à la Résistance. Le président du Comité départemental du souvenir Christian Retailleau a accueilli le préfet des Pays de la Loire et de Loire-Atlantique Fabrice Rigoulet-Roze, l’adjoint à la maire de Nantes Olivier Chateau, le député Mounir Belhamiti et les autorités civiles et militaires.

Puis le jeune maître de cérémonie Clément Leparoux a appelé, dans l’ordre protocolaire, au dépôt des gerbes, celle du Comité du souvenir et de l’Amicale déposée par Christian Retailleau et Maryse Veny-Timbaud, de nombreuses gerbes des organisations syndicales, des associations mémorielles et du PCF*, du député, de la municipalité et du préfet. Après l’appel aux morts, La Marseillaise, la minute de silence et le Chant des partisans, Catherine Tuchais a pris la parole au nom du Comité du souvenir.

« Aucun combat pour la liberté, le progrès et la paix n’est jamais vain »

Elle a retracé le contexte des fusillades d’otages du 22 octobre 1941 et présenté ces 48 hommes « épris de liberté, qui avaient choisi le combat contre l’oppression nazie » expliquant comment ce massacre « a marqué un tournant dans la résistance ». « Il faut sans cesse transmettre les valeurs de la Résistance aux jeunes générations, résister aux sirènes du repli sur soi et continuer à lutter encore et toujours contre la destruction des conquêtes sociales de la Libération » a-t-elle ajouté en évoquant la mobilisation récente contre la réforme des retraites. Elle a ensuite évoqué « le contexte international où règne la division et la terreur », mentionnant les guerres en Ukraine et au Proche-Orient avant de rendre hommage à Dominique Bernard l’enseignant d’Arras, « victime du fanatisme et du refus de l’émancipation par le savoir. »

L’évocation artistique était intitulée, 80e anniversaire oblige, Dans les coulisses du CNR. Ecrite par Claudine Merceron du Théâtre d’ici ou d’ailleurs et interprétée avec brio par Pascal Gillet, Michel Hermouet et les jeunes Lili et Manolo et l’autrice. Le texte était composé des dernières lettres de Jean-Pierre Timbaud et Michel Dabat, d’extraits du journal de Pierre Rigaud, retraçant la journée tragique dans le camp de Choisel, la mise en exergue de l’action des jeunes Michel Dabat et Christian de Mondragon le 11 novembre 1940 et celle des anciens combattants qui avaient mis en place des réseaux d’évasion des prisonniers de guerre. Autant de « graines de l’espoir » qui commencèrent à germer avec la création du CNR le 27 mai 1943, nouvel indice après Stalingrad en février que « Hitler n’est plus invincible ».

Lors de la réception à l’Hôtel de ville, Olivier Chateau a rappelé l’intérêt que porte la municipalité à l’activité du Comité du souvenir et à l’importance du travail de transmission de cette Histoire auprès des nouveaux Nantais et des jeunes générations. Christian Retailleau, dans ses remerciements, a assuré la municipalité de la détermination du Comité.

*Outre les gerbes déposées par le préfet, le député et celle de la municipalité, citons celles de la CGT : UD (Fabrice David),UL (Nelly Goyet), Fédération des industries chimiques (Christophe Janot), Municipaux ( Anita Gadet), FAPT, Cheminots ( Stéphane Godart), Airbus (Laurence Danet), Retraités 44 (Yannick colin), Retraités Nantes (Michel Charrier) ; FSU(Marie Raynaud), PCF 44 (Aymeric Seassau et Pédro Maia), PCF Nantes (Pascal Divay et Clotilde Mathieu), Mouvement de la JC ( Gabriel Augeat), ADIRP (Yveline Larzul-Durand et Noël Leprime)

Cérémonies officielles  

Le samedi 22 se sont déroulées à Nantes les cérémonies officielles. Au monument des 50 otages d’abord, la cérémonie – le protocole étant assuré par Xavier Trochu – était présidée par la sous-préfète Marie Argouarc’h et Bassem Asseh, premier adjoint représentant la maire de Nantes Johanna Rolland en présence des autorités civiles et militaires et des représentants des associations mémorielles. Une deuxième étape a conduit les participants au champ de tir du Bêle, lieu de l’exécution des 16 otages nantais. L’appel des fusillés a été confié aux comédiennes Claudine Merceron et Martine Ritz. La dernière lettre de Jean-Pierre Glou a été lue. Comme la veille, l’anniversaire de la création du CNR a été évoqué. L’intervention s’est conclue sur la chanson d’Henri Franceschi Merci Monsieur Croizat. A noter la présence du commandant Joel Beckner, attaché militaire de l’ambassade des Etats-Unis, qui a déposé une gerbe. Ce moment officiel s’est conclu, sous une pluie battante, au cimetière de La Chauvinière où reposent un certain nombre des fusillés. La municipalité nantaise fleurit le 1er novembre les tombes de ceux qui sont inhumés dans d’autres cimetières.

CHÂTEAUBRIANT

A Choisel puis au Château. Les cérémonies castelbriantaises ont commencé, sous la pluie et un vent violent, le samedi 21 octobre par un hommage à l’ensemble des internés sur le lieu même où se trouvait le camp de Choisel. Un monument et un panneau explicatif identifient aujourd’hui ce lieu de mémoire. Une centaine de personnes étaient présentes. En présence de Catherine Ciron, représentant le maire Xavier Hunault, qui a pris la parole, Carine Picard-Nilès, présidente de l’Amicale, Sylvie Rogé, secrétaire générale et Serge Adry, président du Comité local du souvenir, des maires du Castelbriantais, et de l’attaché parlementaire du député Jean-Claude Raux,  un émouvant hommage a été rendu par Jean-Jacques Catreux à Odette Nilès, la dernière survivante du camp qui nous a quittés le 27 mai dernier. Puis une deuxième étape du parcours mémoriel a conduit les commémorants dans la cour du château médiéval, là où dans la soirée du 22 octobre sanglant, les corps des martyrs avaient été déposés  dans l’attente de la fabrication par les entreprises de menuiserie Nourrisson et Maussion de 27 cercueils – sans noms – avant leur inhumation le lendemain dans 9 cimetières de la région.

Au musée. A 17h, une centaine de personnes ont répondu, malgré la pluie et le froid, à l’invitation au vernissage de la nouvelle exposition temporaire consacrée au thème du Concours national de la Résistance et de la Déportation : «  Résister contre la Déporttation », dont la qualité a été saluée par tous. Le sous-préfet  Marc Makhlouf, Catherine Ciron, adjointe au maire et conseillère départementale ont pris la parole. Les Inspecteurs pédagogiques régionaux Michel Durif et Valérie Lejeune étaient présents. Gilles Bontemps, président des Amis du musée a rendu hommage à Jean-Paul Le Maguet, ancien conservateur du musée.

A La Blisière. Après le 22 octobre, « la liste tragique n’est pas close pour autant » comme l’avait écrit à sa femme Adrien Agnès. Le 15 décembre 1941, lui-même et huit autres internés ont été extraits de la baraque des otages. Cette fois les camions n’ont pas traversé la ville mais ont pris la direction de Soudan puis de Juigné-les-Moutiers. La fusillade a eu lieu en pleine forêt, au lieu-dit La Blisière. Claude Gaudin au nom du Comité départemental du souvenir a rappelé le contexte de cette exécution, et de celles qui se sont déroulées simultanément au Mont-Valérien (69 fusillés dont Gabriel Péri), à Caen (13 dont Lucien Sampaix), Fontrevaud (4). Après avoir évoqué chacun des fusillés, il a ajouté : « notre présence témoigne de notre volonté de préserver notre démocratie en péril. Honorer la mémoire des fusillés de La Blisière qui ont combattu la barbarie nazie au péril de leur vie, c’est permettre à tous de réfléchir et de tirer des enseignements de leur engagement et des valeurs qu’ils défendaient. »

Hommage à Odette Nilès. En fin de matinée, une réception à l’Hôtel de Ville a été l’occasion pour le maire Xavier Hunault de rendre un hommage émouvant à Odette Nilès.

Dans la carrière de la Sablière. Forte participation populaire pour ce 82ème anniversaire. Le soleil était au rendez-vous, il faisait aussi beau que le 22 octobre 1941. 2 500 personnes – beaucoup de jeunes – ont participé à cet hommage. Le cortège, parti du rond-point Fernand Grenier auquel Gwen Herbin a rendu hommage pour l’Amicale, a été emmené vers la carrière par l’harmonie municipale Les Baladins musiciens, au son du Chant des partisans, accompagnée d’une trentaine de  porte-drapeaux et de nombreux porteurs de gerbes. En ouverture de la cérémonie officielle, présidée par le préfet des Pays de la Loire et de Loire-Atlantique M. Fabrice Rigoulet-Roze, des jeunes scolaires ont procédé au dépôt de terres prélevées sur des lieux de résistance dans 5 des 183 alvéoles du sous-bassement du monument créé par Antoine Rohal en 1950.

Ce projet pédagogique piloté par Romain Barre a fait intervenir cette année les établissements suivants :              
– terre du Frontstalag 181 de Saumur collectée par le lycée Sadi Carnot – Jean Bertin de Saumur
– terre du Camp Tsigane de Montreuil-Bellay collectée par le lycée Sadi Carnot – Jean Bertin de Saumur
– terre de Brême en Allemagne collectée par le Berufsbildende Schulen de Verden (Lycée professionnel)
– terre de Terezin (République Tchèque) collectée par le collège Gaston Couté de Voves
– terre de Saint Etienne de Montluc (Loire – Atlantique) collectée par le collège Paul Gauguin de Cordemais
– terre du pont de Thouars (Deux-Sèvres) collectée par le lycée Henri Dunant d’Angers
– terre des Grands-Bas à Villevêque, lieu d’atterrissage (Maine et Loire) collectée par le lycée David d’Angers d’Angers                 

Après l’appel des noms des fusillés suivi du Chant des partisans, interprété par l’Harmonie, la voix d’Odette Nilès a résonné dans la carrière. Dans cet extrait d’un entretien d’Odette Nilès avec le journaliste Daniel Mermet en 2016, elle évoque, avec beaucoup d’émotion, sa réaction et celle des internés en ce début d’après-midi du 22 octobre 1941 au moment où les otages ont été extraits du camp.

De nombreuses personnalités étaient présentes*, invitées par le maître de cérémonie Claude Nilès à déposer des gerbes au pied des 27 poteaux supportant les portraits des fusillés. En plus de ces 27 gerbes de nombreuses autres ont été déposées au pied des stèles. La Marseillaise a retentit, suivie d’une minute de silence puis du Chant des marais tandis que les personnalités saluaient les 37 porte-drapeaux présents. Des extraits des dernières lettres de fusillés ont été diffusées pendant ce salut. Carine Picard-Nilès a ensuite pris la parole.La présidente de l’Amicale de Châteaubriant a déclaré à propos d’Odette Nilès: « Oui, nous continuerons à porter son œuvre de mémoire et celle de toutes ces femmes et de ces hommes morts pour que nous vivions libres, mais sans la déformer, sans la réécrire, sans la minorer ». Faisant écho au Chant des partisans, elle poursuit : «  Ami, entends-u les bruits sourds des peuples qui ouffent de la guerre à nos portes, en Ukraine, au Haut-Karabah en arménie, sur le continent africain, en Isrraël et Palestine sous le joug de dirigeants fascistes ou fanatiques ? » * Puis le secrétaire général du PCF, dont la plupart des fusillés étaient membres, s’est exprimé à son tour : « Le 22 octobre 1941, dans cette clairière, 27 hommes tombaient sous les balles allemandes. Ving-sept noms inscrits à jamais au Panthéon de la mémoire nationale. Vingt-sept vies volées par la barbarie et qui donnèrent à la Résistance française une irrésistible force populaire. Châteaubriant est un symbole. Symbole d’un crime devant l’Histoire,symbole d’un puple travailleur qui refusa l’occupation, animé ar sa soif de justice sociale et d’émancipation.(…) Se montrer dignes de [leur] héritage, c’est contribuer à le défendre et le faire vivre partout où il se trouve menacé ; c’est mettre l’être humain au cœur de tous nos choix, c’est continuer à défendre la paix(…) 82 ans après cette commémoration demeure d’une cruelle actualité,  l’heure où les fanatismes, les extrémismes, la barbarie s’en prennent aveuglément à des civils. »

©GwennHerbin

Le Théâtre d’ici et d’ailleurs, accompagné de comédiennes et comédiens amateurs et d’élèves de CM1/CM2 de l’école Jean Monnet d’Issé dirigés par Kristine Maerel et leurs enseignant.e.s Pascaline Labbé et David Vieau (commune dont était originaire Alexandre Fourny, otage fusillé à Nantes) ont alors pris possession du plateau et interprété Les graines de l’espoir, une création de Claudine Merceron. Cette lecture théâtralisée, lue, jouée et chantée a évoqué les événements de 1941 et de la création en 1943 du Conseil national de la Résistance. Interprétée avec talent, elle s’est achevée par la chanson fétiche de ce rendez-vous annuel dans la carrière des fusillés : L’Age d’or (Léo Ferré) interprétée avec fougue et émotion par la vingtaine d’artistes et reprise en chœur par la foule qui vibre toujours à cette chanson.

©Pascal Fournet



Il restait aux nombreux cars venus de différentes régions, aux centaines de voitures stationnées sur l’esplanade Ambroise Croizat à reprendre la route et rentrer à bon port, aux bénévoles à retrousser les manches pour ranger les 2 000 chaises, démonter les stands, comme à l’équipe des cégétistes de Mines-énergie qui ont assuré la restauration rapide sur le site.

Parmi les personnalités présentes, citons le Préfet des Pays de la Loire et de Loire-Atlantique M. Rigoulet-Roze, le sous-préfet de Châteaubriant M. Marc Makhlouf, M. Xavier Hunault, maire de Châteaubriant, son adjointe Mme Catherine Ciron, conseillère départementale et plusieurs maires du castelbriantais, Aymeric Seassau, représentant la maire de Nantes, xxx représntant la mairie de Paris, Lydie Mahé, adjointe au maire de Saint-Nazaire, le député Jean-Claude Raux, la sénatrice Karine Daniel, les sénateurs Gérard Lahellec et Philippe Grosvalet, Carine Picard-Nilès, présidente de l’Amicale, et Sylvie Rogé, secrétaire générale, Christian Retailleau, président du comité départemental du souvenir accompagné de Serge Adry du comité de Châteaubriant, Jean-Luc Le Drenn, du comité d’Indre, Fabien Roussel, secrétaire général du PCF, Fabrice David, secrétaire de l’UD CGT, Myriam Lebkiri, représentant Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, Robin Salecroix et Véronique Mahé, co-secrétaires départementaux du PCF 44, Anita Charrieau et Julien Delaporte PCF 85, Assan Lakehoul, secrétaire national du Mouvement de la jeunesse communiste et Léna Raud, secrétaire nationale de l’UEC, plusieurs secrétaires généraux de Fédérations de la CGT : FILPAC, Mine-Energie, Services publics, FAPT etc. , des secrétaires régionaux Pays de Loire, Picardie, Normandie, les représentants d’organisations mémorielles ARAC, ANACR, FNDIRP, Comité parisien de Libération, Familles de fusillés, du Mont Valérien, de Souge, Familles de fusillés et massacrés de la Résistance, AFMD, Lucienne Nayet, présidente du Musée de la Résistance nationale et Gilles Bontemps, musée de Châteaubriand, Nous avons noté parmi la foule la présence de Philippe Martinez et celle Chantal Trubert, dessinatrice des portraits des 48 fusillés (également présente à Nantes à la Veillée du souvenir)

POUR EN SAVOIR PLUS

https://resistance-44.fr/wp-content/uploads/2023/12/hommage-a-Odette-Niles-stele-camp-de-choisel-le-samedi-21-octobre-2023.pdf

https://resistance-44.fr/wp-content/uploads/2023/12/Carine-PIcard-Niles-Chateaubriant-22-10-23-5.pdf

https://resistance-44.fr/wp-content/uploads/2023/12/Fabien-Roussel_Discours_Chateaubriant_2023-1.pdf

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