Choisel, le 22 octobre 1941
Ma petite chérie,
Quand cette lettre te parviendra, je ne serai plus de ce monde. Je voudrais, avant de mourir, te direencore une fois combien je t’ai aimée, combien je t’aime encore.
Surtout, élève nos enfants dans la voie où moi-même je les aurais élevés. J’aurais voulu que
Jacqueline ait son petit coffret, dernier souvenir de son papa, comme Claude son petit avion.
Malheureusement, telle n’était pas ma destinée.
Il est douloureux, quand on est plein de santé comme je le suis, à 34 ans, de voir ainsi sa vie
terminer. Je meurs pour mon idéal ; mes petits, eux, le verront. Sois persuadée, ma chérie, que je mourrai tout à l’heure, courageusement, aux cris de Vive la France, Vive le Parti Communiste.
Ne me pleure pas trop, songe à nos enfants ; élève-les bien.
Embrasse bien ma petite maman et sois bonne pour elle ; je l’aimais bien aussi.
Embrasse mon frère, ma sœur, la Suzon et tous ceux que j’aimais.
Pour les camarades, mon fraternel salut.
On te fera parvenir mon argent et mes dernières petites affaires.
Je t’aime. Courage.
Maurice.