Maurice Gardette était le fils d’Élise Pignot, marchande des quatre saisons, et de Nicolas Gardette, ouvrier métallurgiste qui mourut en 1909 alors que Maurice n’avait que quatorze ans. Il était le quatrième d’une famille de sept enfants. Il fut reçu au certificat d’études primaires, devint apprenti métallurgiste à l’âge de douze ans et adhéra au syndicat des tourneurs en optique CGT en 1911. Cinq ans plus tard, il entra au conseil du syndicat en instruments de précision.
Nous ignorons la situation militaire de Gardette. Était-il réformé ou affecté spécial dans une usine ? En 1917, membre du Comité pour la reprise des relations internationales, il dirigea les grèves dans le XIIIème arrondissement de Paris. Il siégeait, en 1919, au Comité d’entente de la Métallurgie de la région parisienne.
Rien n’atteste son appartenance au Parti socialiste mais, au lendemain du congrès de Tours (décembre 1920), il adhéra au Parti communiste. Cependant son militantisme resta essentiellement syndical. Il fut désigné en 1925 comme secrétaire de la 11ème section CGTU des Métaux. Trois ans plus tard, Gardette s’installa artisan tourneur-repousseur dans le XIème arrondissement. Ses activités se modifièrent alors. Dirigeant des organisations de locataires, il créa la 11ème section de la Confédération du petit commerce et de l’artisanat, puis le Groupement de défense des petits commerçants, industriels et artisans du XIe arrondissement. En 1932, il contribua à la création des comités Amsterdam-Pleyel de son arrondissement, tout en soutenant le Secours rouge international. Le Parti communiste ne semble pas lui avoir confié de responsabilités importantes avant son entrée au comité régional Paris-Ville en 1938.
Candidat communiste aux élections municipales des 5 et 12 mai 1935 dans le XIème arrondissement de Paris (quartier Saint-Ambroise), il recueillit 2 023 voix sur 10 174 inscrits ; le socialiste Farbmann en obtint 939 et se désista pour lui. Il fut cependant battu par 3 390 voix contre 3 597 à Alfred Lallement. Le décès de celui-ci provoqua de nouvelles élections les 15 et 22 novembre 1936. Placé en tête dès le premier tour avec 2 960 voix sur 8 534 votants et 10 989 inscrits (Farbmann, SFIO, 1 006), il triompha au second tour avec 4 486 voix sur 8 616 votants. Gardette siégea à la 4ème commission du conseil municipal : Enseignement et Beaux-Arts. La préfecture de la Seine le déchut de son mandat pour appartenance au Parti communiste le 21 janvier 1940.
Interné administrativement le 10 décembre 1939, il séjourna au Centre de Baillet (Seine-et-Oise) puis à l’île d’Yeu, à la prison de Fontevrault-l’Abbaye (Fontevraud, Maine-et-Loire), à celle de Clairvaux (Aube) à partir du 20 janvier 1941 et enfin à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) où il arriva le 15 mai. Désigné comme otage, il fit partie des vingt-sept militants fusillés par les Allemands le 22 octobre 1941. Il aurait écrit sur une planche de la cabane des condamnés à mort : « Je meurs courageux, plein de foi révolutionnaire. » Il s’était marié le 4 septembre 1926 à Paris (XIème arr.). Une plaque commémorative a été apposée sur la façade de son immeuble, 113 rue du Chemin-Vert (XIème arr.). Son nom a été donné à un square dans le XIème arrondissement.
Il était un des six conseillers municipaux et conseillers généraux de la Seine fusillés : Jules Auffret, Corentin Cariou, René Le Gall, Léon Frot, Jean Grandel.
SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII, dossier 2. – Arch. PPo. 101. – Arch. Dép. Seine, D3 M2 no 5. – Arch. A. Marty, E VIII. – L’Humanité, 6 et 13 mars 1965. – Le Conseil municipal, nos édiles, op. cit. – Lettres des fusillés de Châteaubriant, 1954. – État civil, Paris (Xe et XIe arr.).
Jean Maitron, Claude Pennetier