Fils d’un aiguilleur aux chemins de fer qui avait quatre enfants, Raymond Laforge, élève du cours complémentaire de Malesherbes, entra à l’École normale d’instituteurs d’Orléans en 1914. En décembre 1916, il s’engagea dans l’artillerie. Démobilisé en 1919, il fut nommé instituteur à l’école Pasteur à Montargis (Loiret). Peu de temps après, il adhéra au Parti communiste dont il fut un militant actif. Il se maria le 4 juin 1923 à Châtillon-Coligny (Loiret) avec une institutrice, résidant comme lui à Montargis. Le couple eut un enfant.
Mobilisé en 1939, Laforge stationna en Alsace et à Orléans (Loiret) avant l’armistice. Il reprit son métier à Montargis. Il était passionné par les sciences naturelles, avait créé et naturalisé une collection d’oiseaux de plus de 80 espèces et réalisé des planches de champignons sculptés au couteau. Il fut arrêté, le 8 février 1941, par la police française, pour propagande antinazie, sur l’ordre du préfet. Après plusieurs prisons, il fut envoyé au camp de Choisel à Châteaubriant où il arriva le 13 juin 1941. Interné, il proposa de faire la classe aux enfants.
Raymond Laforge a été fusillé, le 22 octobre 1941, avec vingt-six autres otages, pour la plupart membres du Parti communiste, à l’exception de Victor Renelle, Marc Bourhis, Pierre Guéguin.
Le registre d’état civil de Châteaubriant l’indiquait en quinzième position des fusillés mais son lieu de naissance, Pithiviers, était erroné. Comme pour les autres fusillés, la mention « Mort pour la France » fut ajoutée le 26 novembre 1945.
Dans sa dernière lettre, adressée à sa femme et sa fille, il écrivit : « Nous allons « collaborer’’ une dernière fois, comme le chasseur et le gibier ! »
SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII, dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – RGASPI, 517 2 27. – Note Jean-Pierre Besse et Jacques Girault. – Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure, 1940-1945, 2001.