Plusieurs commémorations des procès dits des 42 et des 16 se sont tenues en ces mois de janvier et février 2023. Le samedi 28 janvier, 200 personnes se sont rassemblées devant le Monument des fusillés, vestige du stand de tir du Bêle où ont été mis à mort les condamnés à l’issue de ces procès.
La commémoration organisée par le Comité départemental du souvenir et la ville de Nantes a réuni l’adjoint à la maire Olivier Chateau qui présidait la cérémonie, l’ambassadeur d’Espagne Victorio Redondo Baldrich, le sous-préfet Pascal Otheguy, Andy Kerbrat, député, le président du Conseil départemental Michel Ménard, le conseiller régional Julien Bainvel, Christelle Braud, maire de Divatte-sur-Loire, Anthony Descloziers, maire de Sainte-Luce. On notait également la présence du capitaine de vaisseau Petitdidier, délégué militaire départemental, du colonel Jean-Philippe Depriester, représentant le général de gendarmerie Zamora, de Benoît Luc, directeur de l’ONAC-VG. De nombreuses organisations mémorielles, politiques ou syndicales étaient représentées et ont déposé des gerbes : Comité du souvenir, Familles de fusillés, Familles des Républicains espagnols, FNDIRP, UD CGT, UL CGT Carquefou, FSU 44, PCF 44, PCF Nantes et Mouvement de la jeunesse communiste.

Dans son allocution, Christian Retailleau, président du Comité du souvenir a salué la municipalité qui depuis vingt ans « permet de donner à cette page d’histoire la place qui lui revient dans la mémoire collective ». Il en a rappelé les grands traits. Après une parodie de procès, le 28 janvier 1943, la cour martiale allemande condamne à mort 37 résistants FTP, 4 autres sont déportés, bilan qui s’alourdit en août, à l’issue du procès des 16, avec 13 condamnations à mort et 3 déportations. « 50 résistants sont fusillés au Bêle à la suite de ces 2 procès, le plus jeune André Rouault avait 17 ans. Depuis l’automne 41 ces résistants ont multiplié les actes de résistance, menant une véritable guérilla urbaine contre l’Occupant et les collaborationnistes jusqu’au vaste coup de filet de l‘été 1942 qui conduit à 143 arrestations». Après avoir rappelé le contexte : capitulation de la Wehrmacht à Stalingrad le 2 février 1943, création du CNR le 27 mai, il conclut : « Ce jour -là les résistances deviennent la Résistance », le président du Comité conclura surle travail de mémoire et d’histoire,raison d’être du Comité « pour que l’engagement des résistants inspire plus que jamais les jeunes générations pour bâtir un monde solidaire, démocratique, écologique et en paix. »
Olivier Chateau, représentant la municipalité lui succède et rappelle les événements qui se sont produits en ce lieu en janvier, février, mai et août 1943. Il apporte le soutien de la municipalité aux initiatives pour le travail de mémoire indispensable et souligne qu’elle entend bien y contribuer, notamment à travers l’exposition réalisée par les Archives municipales, présentée place Royale pendant un mois, accessible ainsi à un large public.

L’appel des morts est confié aux comédiennes Claudine Merceron et Martine Ritz du Théâtre d’ici ou d’ailleurs qui accompagnent la terrible énumération de Fraternité, un poème de Lily Unden, déportée à Ravensbrück et d’une chanson de Guy Béart La guerre va chanter. Des extraits des dernières lettres poignantes d’Auguste Chauvin, Maurice Lacazette, Pierre Greleau, André Rouault et Maurice Lagathu sont lus par des élèves du collège Simone Veil.
Inauguration de la rue Alfredo Gomez Ollero
Les commémorants se dirigent alors vers la rue Alfredo Gomez Ollero, pour son inauguration et le dévoilement de la plaque au nom de ce Républicain espagnol fusillé en ce lieu. Olivier Chateau, l’ambassadeur d’Espagne accompagné de la consule Françoise Dubosquet et Miguel Gomez, le petit-fils d’Alfredo ont pris la parole avant que collégiennes et comédiennes n’entament le chant de lutte espagnol Ay Carmela. Le verre de l’amitié est ensuite offert par la municipalité dans le hall du gymnase Jean Vincent, rue Marie et Marcel Michel, du nom de deux autres victimes de ces procès iniques.

Après une réception des familles des fusillés à la mairie de Nantes, une commémoration s’est déroulée à Sainte-Luce-sur-Loire.
Sainte-Luce-sur-Loire a honoré Renée et Jean Losq
Le rassemblement s’est déroulé devant la stèle à Jean et Renée Losq. Le dépôt des gerbes a été suivi des allocutions de Christian Retailleau, pour le Comité départemental du souvenir et l’ARAC, d’Anthony Descloziers, maire et de Sarah El Haïry, secrétaire d’Etat. Les élèves du collège de La Reinetière ont lu des extraits de textes avant l’interprétation par l’Harmonie du Chant des partisans et du Chant des marais. Les membres de la famille Losq ont tenu à déposer des fleurs et se recueillir devant la stèle. Marie-France Le Strat a présenté une réédition, par l’association Au bord du fleuve, de la plaquette Mémoire de Résistance en pays nantais qui relate l’engagement des époux Losq.
Cet hommage sera prolongé par la présentation, ultérieurement, de l’exposition réalisée par les Archives municipales de Nantes et la projection du film documentaire de Marc Grangiens Le procès des 42.

Commémoration à La Chapelle-Basse-Mer
Le lendemain, le dimanche 29 janvier, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées autour du Carré des Espagnols dans le cimetière de La Chapelle-Basse-Mer à Divatte-sur-Loire. Voir le reportage photographique de Patrice Morel.
