Elsa Triolet, première femme lauréate du Prix Goncourt en 1945 (au titre de l’année 1944) pour Le premier accroc coûte 200 francs publie dans le journal LES LETTRES françaises des 7 et 14 juin 1946, un article intitulé La Valse des juges, reportage-témoignage sur le procès de Nuremberg auquel elle a assisté comme journaliste en mai 1946. Elle y rend compte de l’interrogatoire les 23, 24 et 27 mai de Baldur von Schirach, chef des Jeunesses hitlériennes, mais sort aussi du cadre du tribunal, faisant le récit des réjouissances nocturnes (d’où le titre de l’article) mais laissant aussi le hasard guider ses pas dans Nuremberg en ruines, elle éclaire les séances du procès par ce qui se passe à l’extérieur. Le reportage exprime, à chaud, le pessimisme de l’autrice, partagé par bon nombre de résistants. Le procès se déroule à un moment-charnière, où les racines du nazisme perdurent et où commence la « guerre froide », ce qui apparaît en filigrane dans le texte d’Elsa Triolet.
En 1965 l’autrice a inséré ce texte dans le tome 9 des Œuvres romanesques croisées d’Elsa Triolet et Louis Aragon, dans sa préface au roman Anne-Marie. Le texte est disponible dans LES LETTRES françaises - Anthologie, récemment publiée aux éditions Hermann.