Fils d’un manœuvre, Jules Auffret se fit embaucher à treize ans comme « mousse » dans les laminoirs de l’Usine métallurgique de la Basse-Loire. Il travailla ensuite aux forges de Montoir-de-Bretagne (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) et aux chantiers de constructions navales de Penhoët en 1921, avant de revenir à l’usine de la Basse-Loire jusqu’à son départ au régiment. Il déclara avoir adhéré au syndicat de la métallurgie dès l’âge de treize ans. Fondateur de la Jeunesse syndicaliste de Trignac, Jules Auffret entra à la section socialiste en 1920, à l’âge de dix-huit ans. Après la scission de Tours, il fut un des fondateurs de la section communiste locale. Une telle activité l’avait signalé aux milieux patronaux de la métallurgie. De retour du service militaire, il se vit refuser du travail et dut partir pour la région parisienne.
Une note établie par le secrétariat d’André Marty précise qu’il habita Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis) avant de s’installer à Bondy « où il travailla à la compagnie du gaz ». Il s’était marié le 23 juin 1924 à Trignac avec Laure, Aimée, Marie Pichon. Ils eurent quatre enfants.
En 1928, il assurait le secrétariat du rayon communiste de Bobigny. La police l’interpella le 24 mars 1929 à la conférence régionale du Parti communiste, salle Reflut à Clichy. Le rapport indiquait qu’il habitait alors 5 rue du Foyer à Bondy et travaillait à la compagnie ECFM, inspection de Pantin. Il se présenta sans succès sur la liste Bloc ouvrier et paysan de Bondy, aux élections municipales de mai 1929. La police l’arrêta à nouveau le 25 janvier 1930 aux abords de la Fonderie Hesse, à Bondy, « pour entraves à la liberté du travail ».
La liste communiste devança celle des socialistes affaiblis par la rupture du maire Isidore Pontchy, lors des élections municipales du 5 mai 1935. La liste antifasciste élue au second tour comprenait treize socialistes SFIO et quatorze communistes. Le 17 mai 1935, l’assemblée municipale élut comme maire Henri Varagnat, secondé par le socialiste Émile Masson et le communiste Jules Auffret (deuxième adjoint). Candidat au conseil général dans la deuxième circonscription du canton de Noisy-le-Sec (communes de Bondy et Pavillons-sous-Bois), il recueillit, le 25 juin 1935, 2 747 voix contre 2 982 à Fischer (maire socialiste indépendant de Pavillons-sous-Bois), 1 018 au socialiste SFIO Hérouet, 210 à Laur (indépendant), sur 10 227 inscrits et 7 011 votants. Il conquit le siège au second tour, le 2 juin, par 3 748 voix contre 3 549 à Fischer et 57 à Laur (7 431 votants). Il fut alors mis en disponibilité de l’ECFM. Jules Auffret appartint à la 7e commission (préfecture de police, prison) et participa, en 1937, aux délégations de l’assemblée départementale en URSS et en Pologne.
Tout en animant au niveau local les sections du Secours populaire et du mouvement Paix et Liberté, il assura, du 9 janvier 1937 à 1939, le secrétariat général de la région communiste Paris-Est (partie est de la Seine, canton du Raincy en Seine-et-Oise, département de Seine-et-Marne). En 1939 la région groupait 46 sections (514 cellules locales, 166 cellules d’entreprises) représentant 15 700 adhérents.
Arrêté le 18 décembre 1939, Jules Auffret fut interné administrativement au centre de Baillet (Seine-et-Oise) jusqu’au 29 avril 1940. Il avait été déchu de ses mandats électoraux le 21 janvier 1940. Transféré à l’Île d’Yeu (Vendée), il écrivit au préfet de la Seine le 13 mai 1940 pour se mettre au service de l’unité nationale :
« Je tiens à vous indiquer, par la présente, de la même façon que je l’ai fait à Monsieur le Président de la Commission de vérification, que rien de répréhensible, dans mes actes et mes paroles ne peut m’être reproché et moralement, je ne me suis jamais considéré séparé de la communauté nationale. Dès la première heure, j’ai manifesté mes sentiments antihitlériens et dénoncé les desseins criminels de l’hitlérisme contre les peuples libres […]. Je suis toujours convaincu que la lutte contre l’ennemi de notre pays et l’établissement d’une paix durable nécessitent l’union de toutes les forces de la nation […]. J’affirme, au moment où l’agression s’étend sur le pays voisin de la France et menace son territoire, que le peuple français, pour maintenir son indépendance et ses libertés, doit être uni devant le danger et les devoirs qu’il impose… C’est la raison pour laquelle, je suis décidé, si on me le permet, de servir cette unité nationale, dans la mesure de mes moyens. » Cette demande était en contradiction avec l’éditorial de l’Humanité clandestine du 15 mai 1940 faisant le procès des « impérialistes de Londres et de Paris ».
Jules Auffret fut envoyé à Baillet, à l’Île d’Yeu puis au centre d’Aincourt (Seine-et-Oise) le 11 octobre 1940, à la prison de Fontevrault-l’Abbaye (Fontevraud, Maine-et-Loire) le 4 décembre 1940, puis à la prison de Clairvaux (Aube) le 20 janvier 1941, et enfin, au camp de Châteaubriant où il arriva le 15 mai 1941. Il avait été relevé de ses fonctions à l’ECFM en mars 1941. Selon Fernand Grenier, ce fut Auffret qui demanda que les premières évasions soient celles des membres du comité central. Après l’exécution du Feldkommandant allemand à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), Karl Hotz, le 20 octobre 1941, les occupants fusillèrent comme otages, le 22 octobre, vingt-sept détenus de Châteaubriant dont Jules Auffret.
Il fut un des six conseillers municipaux et généraux de la Seine à être fusillés : Corentin Cariou, Léon Frot, Maurice Gardette, Jean Grandel.
Une manifestation commémorative eut lieu le 22 octobre 1942 devant son domicile avec accrochage d’un drapeau français.
Son épouse mourut en 1943 en laissant trois orphelines. Jules et Laure Auffret furent inhumés au Père-Lachaise, 97e division, 1re ligne (57 AD-1945).
SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII (Notes Thomas Pouty). – Arch. Nat., F7/13091, F7/13119. – Arch. PPo. 101. – Arch. Dép. Seine, DM3 et Versement 10441/64/2, no 24. – Arch. André Marty, E VIII, E I. – Le Conseil municipal : Nos édiles (1935-1941), Annuaire illustré, 1914-1941. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Afin que nul n’oublie…, CCAS, 1980, 32 p. – J.-M. Berlière, F. Liaigre, Le Sang des communistes, op. cit. – DBMOF, notice par Jean Maitron, Claude Pennetier.
Iconographie
ICONOGRAPHIE : Le Conseil municipal : Nos édiles (1935-1941) op. cit., p. 355.
Claude Pennetier