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les cérémonies en hommage aux Résistants des procès des 42 et des 16″

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De la maison des syndicats, au terrain du Bêle, lors de l’inauguration de l’Allée des frères Hervé, à Saint Luce puis sur le carré des républicains espagnols à Divatte sur Loire des centaines de participants se sont mobilisés pour entretenir la mémoire des Résistants.

L’allocution de Loïc Legac devant le carré des républicains espagnols à Divatte sur Loire

Madame le Maire,
Je vous remercie de nous accueillir de nouveau à La Chapelle Basse-Mer,
Mesdames et Messieurs les élu-e-s, les représentants des associations patriotiques, des associations locales, des organisations syndicales et politiques,
Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames, Messieurs,
Cher-e-s ami-e-s,
Je vous remercie, au nom du Comité départemental du Souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-inférieure, de votre présence à cette cérémonie.
Ce matin, en pensée avec leurs familles qui n’ont pu se déplacer, nous rendons hommage à Benedicto Blanco Dobarro, 25 ans, Basilio Blasco Martin, 22 ans, Alfredo Gomez Ollero, 37 ans, Ernesto Prieto Hidalgo, 24 ans Miguel Sanchez Tolosa, 22 ans, ces Républicains espagnols qui s’engagèrent dans la Résistance à l’occupation allemande sur le sol de France.
Rien ne prédestinait ces hommes à se retrouver devant un peloton d’exécution le 13 février 1943. Ils ont vécu la Retirada, chassés de leur pays au lendemain du renversement de la République espagnole pour mettre fin à l’expérience du Front populaire par le coup d’Etat fasciste fomenté par Franco et un quarteron de généraux félons. Ce coup d’Etat ne fut victorieux que grâce à l’intervention des quelques 75 000 hommes envoyés par Mussolini et Hitler et aux pilotes de la légion Condor qui en 1937 ont pilonné la ville de Guernica que Picasso immortalisera. La France et la Grande Bretagne au nom de la « non-intervention », refusèrent de venir en aide au gouvernement républicain, démo-cratiquement élu.
Heureusement, des Français – 8500 – et parmi eux 29 de notre département sauvèrent l’honneur de la France en s’engageant dans les Brigades internationales. 3 000 dont 6 de Loire-Inférieure reposent en terre d’Espagne. René Carrel, brigadiste qui s’était engagé dès août 1936 est du nombre des fusillés du 22 octobre 1941.
Et puis, le temps des solidarités est venu: meetings pour le soutien aux républicains espagnols, collectes matérielles, convois de vivres conduits par des syndicalistes de la CGT et de la CGTU: Gaston Jacquet et Gabriel Goudy en 1937, Gilles Gravoille et Pierre Gaudin en 1938 qui avaient l’Espagne au coeur et qui plus tard seront tous des résistants.
Ces exilés qui avaient entendu le mot d’ordre de La Pasionaria  » Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux » se sont engagés dans la Résistance avec le sentiment de poursuivre le même combat que sur les fronts de l’Ebre, de Teruel ou de Madrid. En effet, la chute de la République espagnole a été le prélude de la Seconde guerre mondiale. La guerre d’Espagne a été une répétition générale, un banc d’essai, un laboratoire d’expérimentation militaire pour les puissances fascistes qui les ont utilisées ensuite contre les Alliés et plus tard sur les fronts de l’Est.
Chers amis,
Dans leur exil Benedicto, Basilio, Alfredo, Ernesto et Miguel se sont retrouvés au-delà des Pyrénées, parqués dans des camps indignes de notre République à Argelès ou Bacarès, enrôlés dans les Compagnies de Travailleurs Etrangers qui ont construit le Mur de l’Atlantique dans le cadre de l’opération Todt ou comme Alfredo embauché à la construction de la gare de triage du Grand Blottereau à Nantes. L’essentiel de leur activité à Blain ou à Doulon a consisté à diffuser des tracts ou journaux clandestins du PCE en catalan ou en espagnol. Puis Alfredo Gomez Ollero a constitué des Groupo especiale avec l’objectif de commettre des sabotages, en lien avec la Résistance française et dans lesquels il a recruté jusqu’à 80 membres. Arrêtés en septembre 1942, ils ont été torturés dans les locaux du commissariat de police, rue Garde Dieu pendant deux semaines puis incarcérés à la prison Lafayette début octobre. Ils ont été condamnés à mort pour distribution de tracts et transport d’arme, exécutés et inhumés dans ce cimetière avec 12 de leurs camarades français lesquels ont ensuite rejoints le carré des fusillés de la Chauvinière à Nantes, à la demande de leurs familles. Les familles espagnoles ignorant leur passé de résistants et jusqu’au lieu de leur sépulture, ils demeurent ici.
Au nom de notre Comité, je veux remercier Madame Giraudet ainsi que les membres de l’UNC qui ont pris soin de leurs tombes pendant toutes ces années. Nos remerciements s’adressent également à Monsieur Roger Jamin, maire de la commune et Monsieur Jean-Paul Leroux, son adjoint à l’époque des premières rencontres avec notre Comité. Notre gratitude va également à Madame Annie Buraud et Messieurs Carlos Fernandez et Gérard Roulic: grâce à leurs recherches les familles de nos cinq amis ont pu être retrouvées.
Nous nous souvenons avec beaucoup d’émotion de leur venue en février 2006 autour de ce carré du cimetière où est érigé le superbe monument dû à l’artiste d’origine allemande Ekkehart Rautenstrauch.
Le travail d’histoire et le travail de mémoire réalisés de ce côté-ci des Pyrénées a trouvé un écho de l’autre côté: si la génération précédente, étouffée par la chape de plomb du franquisme, a sans doute souhaité l’oubli, aujourd’hui les petits enfants veulent savoir et comprendre et ils ont pris des initiatives pour cela.
L’engagement dans la Résistance des Républicains espagnols constitua un apport important à celle-ci car ils ont pu faire bénéficier leurs camarades FTPF de leur expérience dans le combat pour sauver la République en Espagne et des compétences militaires qu’ils y ont acquises. Alfredo Gomez Ollero avait le grade de capitaine dans l’Armée républicaine. Le grade de capitaine FFI lui a ensuite été conféré.
Notre Comité du Souvenir poursuit inlassablement son travail de mémoire en hommage aux martyrs des « procès » des 42 et des 16. Nous le faisons sur le lieu où ils ont été fusillés, au Terrain du Bêle à Nantes et depuis 2003 nous nous rassemblons également ici, dans ce cimetière de La Chapelle Basse-Mer autour des tombes de cinq d’entre eux, dans les pas des quelques 200 à 300 personnes qui avaient participé le 17 février 1946 à une première cérémonie.
C’est vrai, ces « procès » des 42 et des 16 ont longtemps été occultés par les fusillades de Châteaubriant et Nantes.
Pour autant les deux événements sont liés. Avec les 50 otages, les nazis voulaient terroriser la population, briser toute résistance. ET c’est l’inverse qui s’est produit. Ils voulaient marquer les esprits. Et effectivement le mythe de l’allemand correct en a pris un coup. Et le mythe du vainqueur de Verdun aussi. L’action des 3 jeunes FTP Gilbert Brustlein, Marcel Bourdarias et Spartaco Guisco a incontestablement eu un effet déclencheur. Elle a donné l’image d’une résistance debout!
De sorte que l’année 1942 a été marquée par une recrudescence des actes de sabotage, dont fait état l’acte d’accusation du « procès ». Les auteurs en sont des résistants aguerris, membre de l’OS – l’Organisation spéciale créée par le PCF, puis des FTP (Francs Tireurs et Partisans). Beaucoup étaient des jeunes et la plupart étaient des ouvriers. Parmi eux se trouvaient ce groupe de 5 espagnols de Doulon et de Blain autour desquels nous sommes rassemblés.
Nous sommes fiers d’avoir entrepris un travail de mémoire spécifique sur ces procès et leurs victimes. Mais le travail de mémoire doit s’appuyer sur un véritable travail d’histoire.
Avec notre « collectif du procès des 42 « , nous avons mis en lumière cet événement sous-estimé. Or, savez-vous qu’il s’agit du procès le plus important en zone occupée, par le nombre d’inculpés, le nombre de condamnations à mort et par la tenue même de ce simulacre de procès à grand spectacle, au lendemain duquel le journal collaborationniste Le Phare titrait en Une « La civilisation occidentale épure ».
Les travaux de l’historien Guy Haudebourg , ceux de Carlos Fernandez et le documentaire produit par notre Comité du souvenir avec le concours des étudiants du Lycée Léonard de Vinci de Montaigu et réalisé par Marc Grangiens sont des outils précieux pour les jeunes générations.
Ainsi est perpétuée la mémoire de ces hommes qui ont trouvé la force de se battre pour la France après avoir affronté l’horreur de leur propre guerre en Espagne.
Nous ne sommes pas partisans d’amalgamer les mémoires, notamment parce que les jeunes générations ont besoin de repères et, hélas, l’enseignement de l’histoire régresse. C’est pourquoi nous avons voulu mettre en lumière leur apport spécifique à la lutte. D’autant que les étrangers – « Etrangers et nos frères pourtant »- de toutes nationalités et les immigrés ont occupé une place décisive dans la Résistance. Le bouleversant poème d’Aragon inspiré par l’Affiche rouge a immortalisé leur combat. Beaucoup fuyaient le fascisme. Ils se sont battus pour le pays qui les avait accueillis. Ce fut aussi le cas de nombreux combattants africains et maghrébins issus des colonies, simples sujets de l’Empire français. Qui sait que la première compagnie entrée dans Paris, le 24 août 1944, veille de l’entrée de la 2ème DB est la 9ème compagnie du régiment de marche du Tchad, la Nueve composée notamment de nombreux républicains espagnols ?
Ce que révèle ces deux « procès » des 42 et des 16, c’est aussi l’étroitesse de la collaboration entre les autorités françaises, Préfet, maire, SPAC – le redoutable service de police anti-communiste et l’occupant. En leur qualité d’étrangers les espagnols ont été particulièrement traqués par la police française. Sur les quelques 300 arrestations de résistants opérées dans le département de juin à décembre 1942, 88 concernent des espagnols dont ceux que nous honorons ce matin.
Dès le 17 juillet 1940 le Préfet, qui ne perd pas une minute, transmet à ses services l’ordre allemand « de surveiller particulièrement les communistes et les extrémistes espagnols ». Le maire nommé par Vichy, Gaëtan Rondeau se vante « d’avoir organisé l’épuration de la ville, et s’inquiète de la présence de dynamiteros ». Des pages et des pages de rapports de police sont remises à l’occupant qui n’a plus d’un claquement de bottes qu’à se faire livrer les accusés, les condamner à mort et les exécuter.
Chers amis,
Alors que les rescapés des camps proclamaient « Plus jamais ça », c’est leur serment à la libération des camps! Nous constatons hélas que la période que nous vivons est lourde de dangers. « Le ventre est toujours fécond d’où est sortie la bête immonde », disait Brecht. La crise engendre des replis. La résurgence des pestes brunes, le racisme et l’antisémitisme gangrènent nos sociétés. Certains dans ce climat délétère ne trouvent rien de mieux que d’imaginer rééditer les pamphlets antisémites de Céline et de célébrer officiellement Maurras condamné à l’indignité nationale. Ailleurs leurs héritiers siègent au parlement ou au gouvernement.
Les sphères du pouvoir et de l’argent ont fusionné. On voit grandir le spectre des injustices dans ce monde où les dix premiers de cordée possèdent autant de richesses que la moitié de ses habitants, soit 3,5 milliards d’humains.
La prolifération de l’arsenal nucléaire menace d’une Troisième guerre mondiale, les conflits qui se multiplient, la misère et maintenant les dérèglements climatiques engendrent des exils et les réfugiés ne sont pas mieux accueillis aujourd’hui à Calais qu’hier à Argelès.

Chers amis,
Ne l’oublions jamais: les résistants ne combattaient pas seulement le nazisme, ils préparaient aussi la société future, celle des « Jours heureux ». Et à la Libération l’application de mesures tirées du programme du Conseil National de la Résistance a donné naissance au modèle social français. Cette avancée nous la devons aux femmes et aux hommes de courage qui au péril de leur vie, dans la période la plus sombre de notre histoire, ont combattu l’ignoble et rendu possible cette révolution sociale. A l’heure où les conquis de la Libération sont un à un méthodiquement remis en cause, selon les injonctions de M. Denis Kessler, dirigeant du MEDEF, il est important de se souvenir de ce que disait Lucie Aubrac: « Le verbe Résister doit toujours se conjuguer au présent ». Il est plus que jamais nécessaire de se lever pour affronter les nouveaux défis, traduire en actes l’idéal d’émancipation qui animait les résistants. Nous le devons à ceux qui ont versé leur sang pour la liberté, nous le devons à nos enfants et petits enfants. Et nous devons en particulier leur passer le témoin comme l’ont fait les vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre, dans la diversité de leurs sensibilités, Lucie et Raymond Aubrac, Daniel Cordier, Stéphane Hessel, Georges Séguy, Philippe Dechartre et d’autres le 8 mars 2004, dans leur appel adressé aux jeunes générations à faire vivre et transmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale, politique et culturelle.
Je vous remercie de votre attention.

Le Site de la ville de Nantes reprend des documents à l’occasion du 75 °anniversaire
du « procès des 42 »

voir https://www.nantes.fr/home/actualites/ville-de-nantes/culture/2018/long-format-il-y-a-75-ans-le-pro.html#content

Radio France Bleu Loire Océan à consacré un reportage Nous remercions Monsieur Dénéchère pour son aimable autorisation de publier ce reportage
voir
https://www.francebleu.fr/infos/societe/il-y-a-75-ans-s-ouvrait-le-proces-des-42-au-palais-de-justice-de-nantes-1516006527

Gisèle GIRAUDEAU est décédée

Née, il y a 94 ans, Gisèle GIRAUDEAU, nous a quittée. Retrouvez dans la rubrique Loire Inférieure la page qui lui était consacrée lors de la présentation de la pièce de théâtre sur sa déportation.

N° matricule : 38854 à Ravensbrück

Date et lieu de Naissance :
Fille de Joseph Fraud, couvreur-zingueur devenu employé des chemins de fer (compagnie de l’État) et de Irma Pétard, couturière travaillant comme employée de maison qui arrête toute activité dès son mariage, Gisèle Fraud est née le 5 juillet 1923 à Saint-Vincent-des-Landes.

Bio avant-guerre :
Après des études dans une école de secrétariat, elle est employée aux assurances sociales à Nantes, tout en continuant d’habiter chez ses parents à Treillières.

Circonstances de l’arrestation :
Elle entre en résistance après les bombardements alliés sur Nantes en septembre 1943. Son frère, Joseph, membre du Front national pour la libération de la France depuis peu, lui demande en effet de taper un stencil, ébauche d’un journal clandestin. À partir de là, le travail de frappe se multiplie. Les tracts sont imprimés ensuite chez le responsable de la diffusion, Rutigliano (père). Gisèle sert d’agent de liaison avec son frère. En mars 1944, de nombreux militants du Front national sont arrêtés et violemment interrogés par la Gestapo à son siège, place du Maréchal Foch. Le nom de Fraud ayant été donné, Gisèle est arrêtée à son travail au Service régional des assurances sociales le 3 avril. Après avoir été torturée afin qu’elle livre son frère, elle est emprisonnée à La Fayette dans une cellule où se côtoient politiques et droits communs. C’est là qu’elle rencontre Marcelle Baron qui appartient au même réseau qu’elle.

Date et lieu de l’arrestation: Elle est arrêtée le 03/04/1944 à Nantes (44)

Parcours avant déportation : Elle est écrouée à Nantes du 03/04/1944 au 29/04/1944 , transférée à Romainville du 29/04/1944 au 13/05/1945

Parcours en déportation : camps, kommandos, prisons.
Elle est déportée de Paris le 13/05/1944 (convoi I.212) à Ravensbrück où elle arrive le 16 ou 18/05/1944 ; elle est transférée le 15/06/1944 à Zwodau (matricule 51491)

Date et lieu de libération :
Elle est libérée le 07/05/1945 à Zwodau

Bio après guerre : Elle revient à Nantes le 26 mai. Elle travaille alors deux ans comme secrétaire d’Hélène André, responsable de l’UFF, puis entre à la société Matal en 1947. Elle épouse Michel Giraudeau – requis au titre du STO et interné 11 mois à Leitmeritz (Tchécoslovaquie) pour avoir aidé des prisonniers français — et devient mère de trois enfants. Elle reçoit la Légion d’honneur pour son action résistante en 1997. Membre de la FNDIRP et de l’Amicale de Ravensbück, Gisèle Giraudeau intervient longtemps auprès des élèves afin de présenter la résistance et la déportation.

Sources :

Livre-Mémorial FMD (I.) http://www.bddm.org/
Fichier FNDIRP (A.D. L-A, cote 248 J 12-13)
http://memoiredeguerre.pagesperso-orange.fr
Fichier Haudebourg
Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire Inférieure (1940-1945) : déportés politiques, déportés résistants. SAUVAGE (Jean-Pierre) ; TROCHU (Xavier)
Gisèle Fraud-Giraudeau. La résistance et la déportation à 20 ans. Opéra ed., 2016
Témoignage video

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Henri DUGUY est Décédé

Les obsèques d’Henri Duguy, ancien interné du camp de Choisel à Châteaubriant, notre Président d’honneur est décédé ses obsèques se dérouleront le samedi 14 octobre à 11h30 au cimetière de Saint Joseph de Porterie à Nantes.

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l’Allocution de Joël Busson aux obsèques d’Henri DUGUY

Mesdames, Messieurs, Chers amis.

Je voudrais tout d’abord renouveler à la famille de notre cher Henri, les condoléances attristées de ses amis et camarades du comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire inférieure, pour lequel il a tant œuvré et de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt.

Voilà un peu plus d’une année dans des circonstances beaucoup plus heureuses, au nom de notre comité, de ses camarades de la Résistance, de la CGT, du PCF et de tous ses amis, nous lui rendions, à l’occasion de son centenaire, l’hommage dû à un militant de sa trempe.

Cet hommage nous ne pouvons que le renouveler aujourd’hui. Henri a traversé, depuis la Grande Guerre, ce siècle en s’engageant très jeune dans les combats pour le progrès social, la défense des libertés, l’avènement d’une société au service de l’homme. Jusqu’à son dernier souffle, il resta fidèle à ses idéaux de jeunesse.

Henri, en adhérant à la CGT puis au parti communiste français, tu as contribué aux luttes émancipatrices pour lesquels tes camarades t’ont confié à maintes reprises des responsabilités importantes, tant au niveau syndical que politique et au lendemain de la Libération, celles aussi de défendre la mémoire de tes camarades et de transmettre celle-ci aux jeunes générations. Tu assumas entre autre, la présidence de la ADDIRP et celle du comité départemental du souvenir.

Dans tes combats, tu connus des heures de liesse aux moments du Front populaire, marqué par les grèves victorieuses de 1936, puis à la Libération, par les avancées sociales
et démocratiques du programme du CNR.

Mais aussi hélas, tu connus des heures plus noires, celles de l’internement marqué par le départ de tes camarades du camp de Choisel, parmi lesquels tes copains de La Jeunesse communiste, Maximilien Bastard, Émile David, Guy Moquet… pour la Sablière.

Henri, je ne peux aujourd’hui retracer, comme j’ai eu l’honneur de le faire lors de ton centenaire, ton itinéraire assez exceptionnel, nous le ferons prochainement, à plusieurs voix, dans un lieu symbolique de tes combats.

Une nouvelle fois, tu permettras ainsi d’unir celles et ceux qui ont partagé tes valeurs et celles et ceux auxquels tu as tendu la main, toi qui n’as eu de cesse de rassembler, de construire des passerelles afin d’ouvrir le plus largement les possibilités et les chemins de l’action, menant aux succès partagés par le plus grand nombre.

Merci, Henri pour ton exemple, pour tout ce que tu nous lègues, pour cette mémoire que nous devons à notre tour transmettre.

Tu vivras dans nos cœurs, dans nos luttes, dans nos espoirs que tu partageais si généreusement. Ton souvenir, nous accompagnera dans huit jours lors des cérémonies en hommage aux fusillés d’octobre 1941 et de ceux du camp de choisel, exécutés au terrain du Bêle ou morts en déportation.

Salut Henri, repose en paix auprès de Suzanne que tu t’empresses de rejoindre, nous privant de ton amitié, de tes enseignements.

Comme, le chante Grand corps malade « on se rassure au cœur de l’action, dans nos victoires ou nos enfers, on imagine de temps en temps que nos absents nous voient faire. »

Allocution de Joël Busson,

Président du Comité départemental du Souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire Inférieure.

Vice-Président de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt

Le 14 octobre 2017 au cimetière de Saint Joseph de Porterie à Nantes

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Jules DUMONT « La promesse de l’oubli »

Jules Dumont, l’oublié

Pourquoi Jules Dumont, croyant pratiquant, militant anticolonialiste, dirigeant communiste, combattant internationaliste en Espagne, résistant de la première heure et fusillé par les nazis, figure-t-il trop discrètement dans les mémoires? Même sa famille a gardé le silence sur ce personnage avant que sa petite-fille, Françoise Demougin-Dumont trouve une lettre de Jules écrite avant son exécution et qui contenait un secret de famille, un «  accident » dans la vie d’un couple.
L’auteure a «  remonté » la vie de son grand-père qu’on lui avait cachée. Jules Dumont, fils d’une famille modeste du Nord de la France, fidèle à Maria jusqu’à la fin de sa vie malgré l’ « accident », ouvrier puis journaliste au «  Journal de Roubaix affiche un riche parcours : la dite «  Grande Guerre », sa condamnation puis son expulsion du Maroc, son combat contre la colonisation en Ethiopie, la guerre d’Espagne (colonel Dumont dans les Brigades internationales) et enfin la Résistance jusqu’à son exécution au Mont-Valerien et sa dernière lettre : «  Je sais au moins pourquoi j’ai souffert et pourquoi je vais mourir, tant d’autres souffrent et meurent sans savoir pourquoi. »

« En un sens, la vie de Jules fut une tragédie », écrit sa petite fille. « L’accident » familial, ses luttes, sa mort ? Certainement, mais cela ne suffit pas. Le PCF lui confia en 1940 les éditions communistes clandestines. Il participa à une rencontre avec Otto Abetz représentant de l’armée d’occupation. C’est certainement cette entrevue dont il n’était pas directement responsable qui lui a valu un temps d’être soupçonné.
Après six mois de « vérification », Jules Dumont repris des responsabilités dans la Résistance, notamment dans le Nord. Arrêté, torturé, avant d’être fusillé, il écrivit à sa famille : « Je vais tomber comme un soldat, sans peur et sans reproche, que cela au moins vous réconforte. Vive la France. »
Françoise Demougin-Dumont s’interroge : «  Pourquoi le PCF ne fit-il pas de Jules un de ses martyrs ? » Elle évoque plusieurs raisons: le passé catholique, voire colonial, son rôle dans la demande de reparution de «  Ce Soir », la chute d’une cache d’armes. Les deux dernières hypothèses semblent plausibles. Pas les deux premières, l’auteure ne connaissant peut-être pas suffisamment l’action des communistes en direction des catholiques et contre le colonialisme.
Jules Dumont reste une figure du combat libérateur. Grâce à sa petite-fille, justice est rendue.

José Fort

« La promesse de l’oubli, mon grand-père Jules Dumont ». Editions Tirésias-Michel Reynaud. 127 pages. 13 euros.

La Résistance en Loire Inférieure

C’est à partir d’un document, écrit par mon père le 7 juin 1944 et collationné probablement par un membre du Comité d’histoire de la Libération le 3 décembre 1946, que j’ai pu retracer son histoire dans la Résistance de la Loire-Inférieure.
Des noms de femmes et d’hommes qui, au plus fort de la défaite, choisiront de continuer la lutte y seront cités : Marcel Hévin, Jeanne Gilabert, Andrée Flavet, Max Veper, Marcellin Verbe, Maurice Daniel, etc. La Résistance le verra appartenir au groupe Hévin, au mouvement Libération Nord, au mouvement Front National de Lutte pour la Libération et l’Indépendance de la France, au mouvement Résistance, à l’Armée Secrète et aux Forces Françaises de l’Intérieur. Le 21 juillet 1944, il sera arrêté et déporté avec le dernier convoi qui quittera Angers le 6 août en direction du camp de concentration de Neuengamme kommando de Wilhelmshaven, où il décédera le 28 novembre 1944.

Jean-Claude Terrière vit en Loire-Atlantique. Il est né en 1938 à Nantes.