Recherche d’Affiches

Pour un travail historique nous recherchons ces affiches.

Si vous possédez au moins une de ces affiches . Merci, de prendre contact avec le Comité Départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire Inférieure. Tél . 02 40 12 16 12 ou comitesouvenir@orange.fr

Nantes n’oublie pas ses résistants fusillés

2ÈME GUERRE MONDIALERÉSISTANCENANTESJOËL BUSSONRENÉE LOSQAUGUSTE CHAUVINALAIN GARNIER
ALAIN GARNIER
MARDI, 11 FÉVRIER, 2014
L’HUMANITÉ
Le 28 janvier 1943, au palais de justice de Nantes, quarante-deux résistants considérés comme des terroristes font face à un tribunal militaire allemand. Trente-sept sont condamnés à la peine de mort par le conseil de guerre. Leur faute : avoir résisté au nazisme en combattant avec des armes et des explosifs les membres de l’armée allemande et des collaborateurs. C’est le jugement du « procès des 42 », comme l’appelle la presse vichyste et collaborationniste de l’époque, qui titre : « La civilisation occidentale épure ».

En effet, au terme des onze audiences, le verdict tombe, implacable : deux femmes et trois hommes sont déportés, les trente-sept autres résistants seront fusillés sur le terrain du Bêle près de la Beaujoire. Neuf, dès le lendemain, vingt-cinq le 13 février et trois le 7 mai.

Présentés comme des assassins et des bandits au cours de cette parodie de justice, ces ouvriers et intellectuels de la région, ainsi que cinq républicains espagnols, ont surtout rejoint, dès 1941, l’Organisation spéciale du PCF puis les FTP.

En un an et demi, ils commettent ainsi de nombreux sabotages et attentats à Nantes, contre le local du Parti populaire français de Doriot, dans des hôtels fréquentés par l’armée allemande, dans des usines tenues par les occupants nazis, contre des installations ferroviaires, des fils télégraphiques, des ponts roulants…

« II y a eu une guérilla urbaine à Nantes. II n’y a pas cinquante exemples en France de combats armés en ville. Les résistants vivaient dans une semi-clandestinité, ils risquaient leur vie en permanence. Nantes a vraiment été le lieu d’une lutte acharnée. Un hommage officiel a eu lieu pour la première fois à l’occasion du 60e anniversaire, le 13 février 2003, avec les autorités sur le terrain du Bêle », explique Joël Busson, président du comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant et de Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure.

Depuis, le collectif n’a pas relâché ses efforts, il a produit une exposition qui retrace la lutte de ces jeunes résistants et un documentaire de vingt minutes comprenant le témoignage des derniers survivants du procès, dont Renée Losq, qui a été déportée, et s’achève sur une lettre d’Auguste Chauvin, l’un des fusillés.

Durant toutes ces années, des cérémonies se sont succédé avec l’inauguration de rues, l’érection d’un monument sur le carré des républicains espagnols dans le cimetière de La Chapelle-Basse-Mer, la tenue de colloques et débats, évocations et soirées ou l’édition de publications… Le 70e anniversaire, l’année dernière, a été un grand moment pour cette mémoire, et à la rentrée 2014 un livre de l’historien Guy Haudebourg sur le « procès des 42 » et celui des « 16 » (1) sortira des presses.

Le 13 février prochain à 17 h 15 à la maison des syndicats à Nantes, devant les plaques en hommage à plus de 110 militants syndicalistes tombés dans la lutte contre l’occupant, le samedi 15 à 11 heures, au terrain du Bêle, et ensuite au cimetière de la Chauvinière, puis l’après-midi à 15 heures à Sainte-Luce-sur-Loire, et dimanche 16 dès 11 heures au cimetière de La Chapelle-Basse-Mer, le comité départemental organise avec son collectif « du procès des 42 et des 16 » de nouvelles cérémonies, celles du 71e anniversaire.

(1) Un second procès se déroule à huis clos l’été 1943, seize nouveaux FTP sont impliqués, ils seront fusillés le 13 aoûtau Bêle ou déportés et guillotinés en Allemagne.

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13 – 15 et 16 février 2014 Hommage aux FTP des procès des 42 et des 16

Le 13 février 17 h 15: Maison des syndicats hall d’accueil du bâtiment central devant les plaques mémorielles

Le 15 février 11 h: Monument de l’ex champ de tirs du Bêle .
12 h: Cimetière de La Chauvinière carré des fusillés

Le 15 février 15 h: Place Jean et Renée Losq devant la statue à J et R Losq
à Sainte Luce sur loire. Hommage à J et R Losq

Le 16 février 11 h: Cimetière de La Chapelle Basse Mer carré des
Républicains Espagnols: Hommage aux Espagnols
morts pour la France et l’Espagne Républicaine

Le 23 février 10h30 à Rezé Place J Moulin et Cimetière St Paul

Les discours et photos des différentes cérémonies.
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La Chapelle Basse-Mer le dimanche 16 février 2014

Allocution de Christine FERNANDEZ , Secrétaire du Comité du Souvenir au nom du “ Collectif du Procès des 42 ”

Hommage aux 5 républicains
espagnols fusillés à Nantes
le 13 février 1943

Monsieur Le Maire de La Chapelle Basse-Mer,

Mesdames et Messieurs les Elus

Mesdames et Messieurs les Représentants des Associations des Anciens
Combattants et Organisations Syndicales et Politiques,

Chers amis,

Voilà plus de dix ans que notre Comité du Souvenir avec son « Collectif du Procès des 42 » poursuit inlassablement ce travail de mémoire en hommage aux martyrs des « Procès des 42 et des 16 » et en l’occurrence aux cinq républicains qui reposent ici.

Leurs familles n’ont pas été en mesure, cette année, de se joindre à nous. Mais nous avons reçu des messages où elles s’associent par la pensée et le cœur à cette cérémonie. Ces familles qui, il n’y a pas si longtemps encore, ignoraient tout, du père, du frère ou de l’oncle enterré en toute discrétion, à l’abri des regards en fin de journée du samedi 13 février 1943.

Rien ne prédestinait ces hommes que nous honorons à se rencontrer un jour, encore moins à vivre ces moments ultimes et dramatiques, devant un peloton d’exécution sur le sol français, en tant que guerilleros espagnols.

Ils étaient tous issus de familles modestes.

Mais l’histoire, leur histoire bascule en 1936. Le 17 juillet une rébellion éclate au Maroc espagnol. Elle est fomentée par les Généraux Franco et Mola. Le lendemain le message suivant est diffusé sur les ondes de la péninsule “ dans toute l’Espagne, le ciel est sans nuage ”. C’est le signal adressé à tous les officiers pour le soulèvement fasciste.

Il est suivi par la majorité des cadres et cadres supérieurs de l’armée, par la bourgeoisie et le haut clergé. C’est d’un très mauvais œil qu’ils avaient vu le résultat des élections du 14 avril 1931 donnant majoritairement et démocratiquement la victoire aux partis du Front Populaire.

La république issue de ces élections est pour les humbles et les pauvres des villes et des campagnes et pour nombre d’intellectuels synonyme d’espoir, l’espoir de sortir de cette époque moyenâgeuse. Combien de villes, de villages, de contrées ne possèdent ni électricité ni eau courante. Ce sont eux qui répondent majoritairement présents pour défendre la seconde et jeune République espagnole confrontée à un conflit majeur.

Longuement préparés, avec l’aide d’Hitler et Mussolini, les rebelles gagnent rapidement du terrain.

Entre le 18 et 20 juillet 1936 toute la péninsule est embrasée.

Le 28 juillet c’est l’arrivée des premiers avions livrés par Hitler et Mussolini à Franco.

Au terme de vifs débats et dissensions au sein du gouvernement français, présidé par Léon Blum, c’est le “ pacte de non intervention ” qui est définitivement adopté le 8 août. Ce qui signifie l’embargo sur les armes à destination de l’armée régulière espagnole.

Le coup est terrible pour les républicains. Il marquera un tournant d

De leur côté les états fascistes n’ont pas d’état d’âme, ils expédient via le Portugal et le sud du pays des avions, des tanks et des canons très sophistiqués. Les Italiens envoient des troupes et les nazis expédient des milliers d’hommes hyper entraînés. C’est la terrible légion Condor. Elle va s’illustrer en bombardant un petit village, paisible, situé au Pays Basque du nom de Guernica auquel le peintre Pablo Picasso rendra hommage.

Le 20 septembre lors d’un meeting grandiose une voix ferme et pathétique s’enflamme. Celle d’une femme. Une voix qui résonne dans toute l’Espagne : “ Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux ”.

Dolores Ibarruri, La Pasionaria, lancera aussi le fameux « No Pasaran » (« Ils ne passeront pas »).

L’arrivée de brigades internationales en octobre 1936, ne suffira pas, à venir à bout de la rébellion. Ils iront mourir à Madrid, mourir pour Madrid.

Sur les 35000 brigadistes des milliers reposent en terre d’Espagne parmi eux les nantais Roger Bertho et Marcel Brossaud. Qui se souvient aujourd’hui de ces hommes ?

Ce fut aussi le temps des solidarités, celle du cœur et de la raison. Combien d’affiches et de tracts ont inondé Nantes, St Nazaire et leur banlieue en soutien aux républicains espagnols.

Cela ne suffira pas.

A la lumière des évènements qui ont suivi la chute de la république, tout le monde s’accorde, aujourd’hui, à reconnaître que la guerre d’Espagne fut le terrain d’essais et d’expérimentation militaire pour les puissances fascistes. Toutes les techniques nouvelles qui ont été soigneusement mises au point en Espagne contre l’armée républicaine ont été utilisées victorieusement contre les alliés en 1940 et plus tard sur les fronts de l’Est.

La chute de la république espagnole a bien été le prélude de la seconde guerre mondiale.

Quand Madrid puis Barcelone tombent, ce sont des centaines de milliers de réfugiés qui franchissent la frontière au sud-est de la France.

L’accueil ne fut pas à la hauteur de leurs espoirs. Ils furent parqués dans des conditions lamentables et inhumaines dans des camps d’internement construits à la hâte.

Argelès, Barcarès, St Cyprien, Gurs etc …. sont des lieux encore trop méconnus où des milliers de morts, surtout des enfants et des vieillards seront enterrés sur place.

Les cinq espagnols que nous honorons ont tous connu l’horreur de ces camps.

Pour échapper à ces misérables conditions ils se sont engagés dans les Compagnies de Travailleurs Etrangers créées pour palier au manque de main d’œuvre.

C’est par cet intermédiaire qu’ils sont arrivés dans notre département. Entre temps une autre page douloureuse de notre histoire venait de se tourner avec la capitulation, l’armistice signée par le Maréchal Pétain et l’occupation nazie.

C’est au sein du Parti Communiste Espagnol clandestin structuré au sein des F.T.P. – M.O.I. que plus de 80 guerilleros lutteront dans notre département contre l’occupant et les collaborateurs, avec cette idée force :

“ On se libère des fascistes pour mieux se libérer de Franco ”.

Mais la répression est féroce. Entre les mois de juin et décembre 1942, 89 républicains espagnols sont arrêtés. La majorité est envoyée à Paris pour y être jugés puis déportés à Dachau et Mathausen. D’autres seront enfermés dans les camps de Voves ou Rouillé et cinq d’entre eux resteront à la prison Lafayette à Nantes.

C’est ainsi qu’Alfredo Gomez-Ollero et Bénedicto Blanco-Dobarro en tant que chefs de l’Organisation Special du P.C.E., Miguel Sanchez-Tolosa, Ernesto Prieto-Hidalgo et Basilio Blasco – Martin en tant que membre du groupe clandestin que dirige Benedicto Blanco-Dobarro se retrouvent ensemble au banc des accusés du « Procès dit des 42 » en janvier 1943.

Le Tribunal de guerre nazi n’hésite pas à les envoyer à la mort au côté de 32 résistants francs tireurs et partisans français.

Mesdames et Messieurs,

Dans quelques mois nous allons célébrer le 70ème anniversaire de la libération d’une grande partie de notre territoire dont Nantes et le Sud Loire. Cette libération n’aurait jamais pu avoir lieu sans toutes ces résistances, disons cette sédimentation de tous les actes de résistance dont l’unification des différentes organisations au sein du Conseil National de la Résistance sous l’égide de Jean Moulin fut un acte majeur. Son programme toujours aussi malmené demeure, à nos yeux un repère essentiel.

Aujourd’hui,

Il nous apparaît particulièrement important d’alerter nos concitoyens sur les dangers qui à nouveau surgissent en Europe. Des groupes d’extrême droite aux idéologies racistes, xénophobes, antisémites sont de plus en plus décomplexés et gangrènent les sociétés. Ils parviennent à peser dans nombre d’institutions, de parlements et même à se hisser au pouvoir.

La crise engendre des replis, favorise les populismes avec lesquels les idées les plus nauséabondes trouvent malheureusement un terreau favorable.

Ces idées fascisantes, favorisées par les politiques qui accablent les plus vulnérables et plongent dans l’incertitude des couches de plus en plus larges, sont porteuses de graves dangers pour la démocratie.

La perte de repères, l’apologie de l’individualisme, le dénigrement systématique de l’action collective et de la solidarité nourrissent les réflexes les plus vifs. Des entreprises de négation, d’instrumentalisation et de falsification de l’Histoire concourent à masquer les causes et responsabilités qui menèrent au désastre.

Aussi, restons tous vigilants.

Je vous remercie de votre attention et votre présence.

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Odette ROUX, notre amie, est décédée

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Syndicalisme et Résistance

Elle fait ses études à l’école laïque puis à l’École normale, elle prend son premier poste d’institutrice en 1936. Elle adhère au syndicat des instituteurs où elle rencontre son futur époux Alfred Roux, instituteur, responsable des Jeunesses communistes aux Sables-d’Olonne, qui lui donnera une fille. En janvier 1941, elle adhère au Parti communiste clandestin et entre dans la Résistance avec son mari. Ils sont arrêtés en mars 1943. Alfred Roux1 meurt fin juin, après trois jours d’interrogatoire. Sa femme poursuit seule la lutte.
À la libération de la Vendée, en août 1944, Odette Roux est associée à la mise en place du Parti dans le département, elle représente aussi l’Assistance française (future Union des femmes françaises) et intègre à la demande du préfet le conseil municipal des Sables-d’Olonne.

Première femme à administrer une ville d’importance en France.

En 1945, Odette Roux figure sur la liste d’Union pour la résistance antifasciste aux élections municipales des Sables-d’Olonne, qui emporta au second tour, le 13 mai, la majorité des voix avec quinze élus (dont cinq communistes) sur vingt-sept conseillers. Odette Roux fut élue maire par le nouveau conseil municipal le 18 mai et devint la première femme à administrer une ville de cette importance en France.
Maire des Sables-d’Olonne[modifier
Pendant ses deux ans et demi de mandat de maire, Odette Roux est également :
membre du bureau des Maires de France,
suppléante au Comité central du Parti communiste (commission féminine),
responsable départementale de l’Union des femmes françaises.
Elle doit s’occuper de la reconstruction de la ville endommagée par la guerre et relancer l’activité touristique de cette station balnéaire réputée. Le budget de la ville est multiplié par six. Les services municipaux sont renforcés, les ouvriers revalorisés, les personnes âgées assistées. La ville se dote d’une ambulance et d’une autopompe, d’un centre médico-social, le premier de Vendée.
Chômeurs et prisonniers allemands sont mis au travail. Elle met en place les premières cantines, le « patronage » (ancêtre des centres de loisirs), les colonies de vacances. Elle fait aussi aménager un jardin public sur la place d’armes, au centre-ville (la Place de la Liberté). Elle fait installer un lycée public dans une ancienne abbaye (celle qui abrite aujourd’hui le Musée de l’abbaye Sainte-Croix), appartenant alors à l’armée.
Odette Roux sera battue en octobre 1947 aux élections municipales auxquelles elle s’était représentée.

Faisons aujourd’hui entrer les résistantes au Panthéon ! À qui la patrie reconnaissante ?

La décision présidentielle d’une ou de nouvelles panthéonisations est éminente. Elle devrait à mon sens reposer sur quelques principes. D’abord, dans la manière de décider. Si une consultation a été engagée, il me semblerait plus démocratique que cela soit le Parlement qui en décide et non un seul homme – fût-il élu au suffrage universel direct. Il faudrait aussi, non seulement en finir avec la masculinité caricaturale de cette institution, que l’on trouve non seulement inscrite dans sa devise « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante », mais surtout dans sa composition.

« Il n’est pas tolérable que seules deux femmes reposent aujourd’hui au Panthéon. »

Il me semble donc qu’il faudrait, cette fois-ci, faire entrer de nombreuses femmes au Panthéon. Pas une, pour se donner bonne conscience, mais plusieurs. Il n’est pas tolérable que seules deux femmes y reposent aujourd’hui, dont l’une parce qu’elle est la « femme de ».

Il est aussi nécessaire d’être attentif à la diversité sociale. Combien d’ouvriers au Panthéon ? Aucun. Combien de personnalités issues de l’immigration ? Trop peu. Le Panthéon ne peut trouver ou retrouver sa fonction démocratique qu’en étant à l’image de ce que fut et est la société française.

Si l’on accepte le principe de la panthéonisation et de l’érection d’un temple républicain, il faut y faire entrer celles et ceux qui ont servi la République et qui ont défendu ses principes démocratiques et d’égalité. Toutes les cultures et sensibilités politiques qui ont concouru à la défense de notre liberté doivent y être représentées, cela exclut évidemment les personnalités qui ont porté dans l’histoire de France des discours de haine, de racisme et d’antisémitisme, donc de l’extrême droite.

Il est enfin une période – outre celle de la Révolution française – qui peut incarner facilement, aux yeux de tous et notamment des plus jeunes, ce que furent le pire et le meilleur de la France, c’est évidemment celle de la Seconde Guerre mondiale. Et le meilleur, c’est la Résistance.

Il en découle qu’il faut faire entrer les résistantes au Panthéon ! Sans entrer en opposition avec d’autres propositions nombreuses et légitimes, plusieurs noms de personnalités circulent qui ont retenu mon attention parce qu’elles sont à la fois différentes mais ont en commun la Résistance, la déportation et une vie d’engagement. Je pense à Germaine Tillion, résistante, déportée à Ravensbrück, grande intellectuelle engagée contre la torture pendant la guerre d’Algérie. Je pense à Geneviève de Gaulle-Anthonioz, résistante, déportée à Ravensbrück, qui consacra ensuite une grande partie de sa vie, à la tête d’ATD-Quart Monde, à la lutte contre la pauvreté.

D’autres femmes, d’autres résistantes ont partagé avec elles l’enfer de Ravensbrück. Je voudrais ici montrer en quoi leur parcours mérite le Panthéon. Marie-Claude Vaillant-Couturier, jeune photographe engagée, a fait en 1933 les premiers reportages clandestins sur les camps de concentration nazis d’Oranienburg et de Dachau ; résistante, elle est déportée à Auschwitz, puis à Ravensbrück. Elle est ensuite la seule femme à témoigner au procès de Nuremberg ; élue députée communiste, elle s’engage pour la défense de nombreuses causes et est notamment la première, en 1964, à prendre, à l’Assemblée, la défense de Mandela et de ses compagnons condamnés par le régime de l’apartheid.

Enfin, Martha Desrumaux, ouvrière textile : elle s’engage très tôt dans le syndicalisme et au Parti communiste, dont elle devient une des dirigeantes ; résistante, elle fut aussi déportée à Ravensbrück. Sa présence comblerait l’absence totale des ouvriers parmi ceux qui sont honorés au Panthéon.

À elles quatre, elles incarnent la diversité des engagements et la lutte pour l’émancipation des femmes. Elles méritent d’être honorées et d’être montrées en exemple en ces temps où la bête immonde surgit à nouveau.

Contre l’antisémitisme, les principes républicains doivent triompher

Communiqué LDH
Paris, le 6 janvier 2014

Contre l’antisémitisme, les principes républicains doivent triompher

Quand une démocratie est attaquée dans ses fondements, elle se montre forte quand elle applique ses principes. Elle est faible si, face aux extrémismes, elle les abdique.

Dieudonné a réussi ce tour de force : le Front national défend la liberté d’expression, alors que le ministre de l’Intérieur a déclaré vouloir interdire a priori son spectacle et lui sera en tournée dans de très nombreuses salles, notamment les Zéniths qui sont sous contrat avec l’Etat.

Or, en France, depuis le début du XXe siècle, la loi, et c’est heureux, ne permet plus l’interdiction a priori des spectacles. Dieudonné et ses zélateurs s’indignent donc de ce que l’Etat s’apprête à violer une liberté fondamentale, la liberté d’expression.

Tour de force, donc, que de se faire passer pour une victime quand on est celui qui a fait son fonds de commerce de l’agression systématique d’un groupe de personnes à raison de leur origine ethnique, de leur religion, et des horreurs qu’elles ont subies.

Dieudonné a pourtant tort de se revendiquer de la liberté de création pour justifier, dans ses spectacles, ses insultes antisémites, son apologie du révisionnisme, ce pour quoi la LDH s’honore de l’avoir fait condamner. Reste qu’il a toujours transformé ses procès en tribunes, organisant son insolvabilité de façon à échapper aux condamnations financières, qu’elles soient des amendes pour l’Etat ou des dommages et intérêts pour les associations qui, comme la LDH, l’ont poursuivi avec un succès qui reste théorique.

Le ministre de l’Intérieur, en cherchant à obtenir des préfets qu’ils interdisent ses spectacles, prend un risque d’une autre dimension, celui de fédérer autour de Dieudonné une sympathie réactionnelle de ceux qui se considèrent, pour des raisons qui peuvent par ailleurs parfaitement se comprendre, opprimés, socialement ou politiquement. Et auprès de ce public, le jeu ambigu, voire pervers, entre humour et haine, agression et victimisation, politique et show-business, peut marquer les esprits dans un sens particulièrement dangereux.

Dieudonné, dont les sympathies avec les thèses les plus extrêmes de la droite antisémite ne sont plus un mystère pour personne, met donc en défaut la démocratie, lorsqu’elle répond à la haine par une menace de restriction de la liberté d’expression.

La LDH rappelle donc que la règle qui doit prévaloir est la liberté, et que tout abus de celle-ci doit être condamné de façon ferme et efficace. La LDH et ses militants seront très vigilants et attentifs à ce que les propos de Dieudonné qui méritent une sanction pénale soient poursuivis, comme elle l’a fait par le passé, et elle engage vivement les pouvoirs publics à poursuivre les atteintes à la loi une fois qu’elles sont commises, plutôt qu’à se lancer dans des interdictions préalables au fondement juridique précaire et au résultat politique incertain, voire contreproductif.

Il est scandaleux que les associations parties civiles dans les procès qui ont été fait contre cet individu n’aient aucun moyen de le forcer à exécuter les condamnations, que les magistrats n’aient pas à ce sujet de plus amples pouvoir d’investigation, et prononcent donc des peines dont ils savent par avance qu’elle ne seront pas exécutées.

Puisque Dieudonné a fait son fonds de commerce de la haine, il faut qu’il soit condamné à chaque fois qu’il l’exprime, et que les peines prononcées soient effectives et décourageantes.

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