Spécialiste de biologie marine, Thomas Ginsburger-Vogel avait exercé à l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud avant de rejoindre Nantes en qualité de Professeur des Universités. Il y avait élu par ses pairs Doyen de la Faculté des Sciences.
Notre coopération s’est développée dans le champ de notre détermination commune à faire connaître les combats et les valeurs de la Résistance et notamment celles du CNR au sein duquel son père, Roger Ginsburger – Pierre Villon, dans la Résistance – a joué un rôle déterminant.
Thomas s’est fortement engagé dans la transmission de la mémoire de la Déportation avec les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, dont la fondatrice et première présidente nationale fut sa mère, Marie-Claude Vaillant-Couturier (née Vogel). Il était également membre de la FNDIRP.
Si cet héritage l’obligeait, Thomas était un héritier modeste et discret.
Sans ménager son temps, il a organisé de nombreuses rencontres avec des témoins dans les établissements scolaires et diverses initiatives : expositions, voyages. Il a également, par sa participation à la commission Histoire des Amis du Musée de Châteaubriant, non seulement contribué à faire vivre la mémoire des 27, (voir ci-dessous) mais aussi sensibilisé les collégiens et lycéens participant au Concours de la Résistance et de la Déportation. Enfin il s’est engagé dans l’élaboration du Mémorial virtuel de la Déportation de Loire-Inférieure.
Nous lui avions donné carte blanche pour rédiger l’éditorial de notre bulletin Un automne 41, consacré la mémoire de la déportation, à l’occasion du 75ème anniversaire de la libération des camps. (voir ci-dessous)
Le Comité du souvenir des fusillés de Châteaubriant, Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure présente ses condoléances à son épouse Yvette, à ses enfants, petits-enfants et à tous ses proches. Notre Comité répondra présent à l’hommage qui lui sera rendu à l’initiative de la Délégation 44 de l’AFMD.
VIDEOS – La carrière des Fusillés à Châteaubriant : un lieu chargé d’émotion
Vendredi 15 novembre 2019 à 15:24 – Par Mikaël Roparz, France Bleu Loire Océan
->https://www.francebleu.fr/infos/societe/videos-la-carriere-des-fusilles-a-chateaubriant-un-lieu-charge-d-emotion-1573825218]
Il y a 75 ans la libération des camps de la mort
mars 2020
Auschwitz, Maïdanek, Buchenwald, Neuengamme, Dora et tant d’autres…
Nous célébrons cette année la libération des camps de la mort, 27 janvier 1945, libération d’Auschwitz, journée de la mémoire des victimes de la Shoah et de la prévention des crimes contre l’humanité, 27 avril, journée du souvenir des victimes de la déportation.
Les survivants des camps ont témoigné de ce qu’ils avaient vécu. Ils s’étaient chargés de porter la voix de ceux qui n’étaient pas revenus.
La découverte du génocide des juifs et des tziganes, la découverte des massacres et des charniers, la découverte de la violence et de la terreur absolues subies par les déportés de toutes les nations européennes, a conduit à la naissance d’une conscience universelle et à la proclamation que les crimes contre l’humanité et les génocides étaient imprescriptibles et au jugement de leurs auteurs.
A leur libération, ils s’étaient jurés de construire un monde de paix et de liberté, un monde fondé sur les principes de la démocratie, des droits humains et de la dignité des individus. C’est le sens des serments de Buchenwald et de Mauthausen.
Nous avons vécu dans l’illusion que ces crimes n’étaient plus possibles, que le monde en aurait tiré les leçons, que naîtrait une conscience universelle.
Or nous sommes obligés de constater que les tentations autoritaires sont de retour, y compris dans les états qui se proclament démocratiques. Le racisme et l’antisémitisme fleurissent à nouveau, des états se permettent d’annexer des territoires au mépris des lois internationales.
Nous sommes à une période charnière de la mémoire des camps, bientôt, il n’y aura plus aucun témoin direct des horreurs nazies et du combat des résistants pour la liberté.
Après l’ère des témoins, comment perpétuer leur mémoire ?
C’est la question à laquelle nous devrons répondre dans le futur, car force est de constater que l’antisémitisme et toutes les formes d’intolérance et de racisme se donnent à nouveau libre cours et que l’on peut dans notre pays tuer des gens simplement parce qu’ils existent.
S’il est nécessaire que des historiens continuent à écrire l’histoire des camps, car on est loin de tout connaître, c’est à nous de porter leur mémoire et de trouver de nouvelles formes d’expression. Nous devons inlassablement expliquer que les injustices sociales, politiques ou économiques conduisent la plupart du temps, peut-être sous des formes différentes de celles du passé, à l’installation de régimes autocratiques ou dictatoriaux, qui peuvent aboutir aux pires violences et à l’inhumanité.
Afin que dans 75 ans nos descendants regardent en arrière et puissent dire :
« Ils ont continué la marche ».
Rappelons-nous la phrase de Raphaël Lemkin, le juriste qui a « inventé » le mot génocide :
« Si nous croyons que nous ne sommes pas capables de faire cela, c’est nous qui sommes dangereux. »
Par Thomas Ginsburger-Vogel
Président de l’AFMD 44*
* Amis de l a Fondation de la Mémoire de la Déportation