Fils d’Anita Jamet, Guy Jamet fut marié à Francine Durigneux ; ils avaient un enfant. Il habitait Bouguenais (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique).
Membre du Front national dès le mois de janvier 1942, groupe Château-Bougon SNCASO, il participa à la distribution de tracts. Il participa ensuite au vol de dynamite et à plusieurs attentats à la bombe. À la fin de l’année 1942, il entra dans le groupe des Francs-tireurs et partisans (FTP) nantais de Jean Fraix. Est-ce lui qui, sous le pseudonyme de Guy, fut responsable de la jeunesse de l’interrégion communiste Ouest (huit départements) ?
Arrêté le 26 janvier 1943 par la police française et le Service de police anticommuniste (SPAC) d’Angers pour « actes de franc-tireur et attentats contre les troupes d’occupation », il fut jugé par le tribunal allemand de Nantes (FK 518) le 13 août 1943 (« Procès des 16 ») et fusillé au terrain militaire du Bêle le 25 août.
Il a été reconnu Mort pour la France 19 février 1945.
Une place de Bouguenais porte le nom de Louis-Bâle-et-Guy-Jamet.
Une cellule du PCF de Loire-Atlantique a pris son nom.
Guy Jamet fait partie des 90 syndicalistes CGT de Nantes figurant à la Maison des syndicats de Nantes sur une plaque : « Les syndicats confédérés de Nantes en Hommage à ses Martyrs, victimes de la barbarie nazie. »
|Dernière lettre
« Nantes le 25 août
Ma petite femme adorée.
C’est fini, quand tu recevras cette lettre je ne serai plus en vie.
Je vais mourir assassiné par les allemands, car j’ai été condamné
injustement.
Dans le verdict du procès, il n’y avait rien de nos déclarations faîtes à la
police. Au cours du procès, nous avons tous été braves, pas un n’a flanché et
nous sommes quinze condamnés à mort sur seize.
Ils ont soif de sang, mais notre mort aura servi à quelque chose car bientôt
ils ne seront plus là et les français seront heureux à nouveau.
Tu n’auras pas à rougir de moi, ainsi que ma fille, mais au contraire soyez
fières et vengez moi si vous pouvez.. Je n’ai qu’un regret, c’est de ne pas
pouvoir te rendre heureuse plus que tu ne l’as été jusqu’à ces jours.
Adieu les beaux projets d’avenir, je n’aurai jamais pensé que ma vie serai
si brève mais c’était la destiné, j’étais orphelin ma fille le sera.
Quand tu penseras à moi, pense bien que je t’ai aimé comme un fou
malgré mes aspects rudes parfois, et pardonnes moi si quelque fois je t’ai
rendu malheureuse. C’était inconsciemment, car je n’étais pas méchant, tu
t’en es aperçu.
Souvent dans ma cellule j’ai rêvé d’une vie tranquille avec les deux êtres
que j’ai aimé le plus au monde, mais ç’aurait été trop beau, par conséquent
irréalisable.
Avec petit Louis, on a décidé que si vous voulez, avec ma soeur, vous vous
mettrez ensemble, la vie serai moins dure pour vous.
Mais tu es jeune et tu peux refaire ta vie. Je te le conseille, mais prends un
brave garçon qui ne rendra pas ma fille malheureuse, et à rendre heureuse toi
aussi, car je te souhaite une vie hèureuse et tranquille.
Ils vont assassiner toute la famille, car les photos que tu m’as envoyées
seront traversées par les balles sur mon cœur.
C’est petit Louis qui a parlé de moi à la police, mais malheureusement
pour lui il n’a pas sauvé sa tête. Je ne lui en veux pas il ne savait pas ce qu’il
faisait.
Je n’en veux pas surtout aux allemands, quoique ce sont des assassins,
mais j’en veux surtout aux policiers français qui m’ont remis entre leurs mains.
Dis aux copains que je vais mourir en brave et qu’ils continueront à lutter
pour /e bonheur du prolétariat.
Si tu sais où l’on est enterré tu (Illisible) grâce à mon dentier
et si tu peux le faire, fais moi revenir dans la fosse.
Après la guerre tu auras droit à une pension de veuve de guerre, tu feras
les démarches pour l’avoir.
Je ne veux pas que ma petite Ginette soit baptisée, elle le fera plus tard
si elle veut.
Dès que tu sauras officiellement que j’ai été fusillé, viens rechercher mes
affaires à la prison.
Peut-être qu’avant d’y aller, je pourrai écrire une lettre d’adieu, mais tu la
recevras que dans plusieurs mois, et l’on ne peut pas mettre grand chose
dessus.
J’ai été très heureux de te voir lors (du procès s’a m’a …(Illisible)
très fugitive), mais elle est gravé dans ma mémoire et je n’ai qu’un regret
c’est que tu n’es pas amenée ma petite Ginette, j’aurai été content de la voir
pour la dernière fois, et surtout de pouvoir vous embrasser avant de mourir
, si jeune, mais je tâcherai d’être aussi brave devant les fusils que je l’ai été au
procès.
Ma petite nénette chérie, la place me manque, je suis forcé d’abréger,
mais sache bien que ma dernière pensée en mourant ira vers toi et ma fille
adorée.
Adieu mes deux amours, dis aussi adieu à Petit Pierre pour moi ainsi que
Jojo et aux amis.
J’aurai voulu pouvoir te rendre heureuse, mais je ne pouvais pas penser
souvent à m04 et fais aimer ma mémoire à ma fille.
Je vous envoie mes derniers baisers. Ton petit mari qui t’a toujours aimé
et qui regrette de ne pas avoir pensé assez à vous et avoir fait votre malheur.
Vive la France.
Mes derniers baisers à mes deux amours pensez souvent à moi.
Je t’envoie mon alliance car ils me la voleraient ».|
Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159980, notice JAMET Guy, Yvon par Guy Haudebourg, version mise en ligne le 18 juin 2014, dernière modification le 12 octobre 2021.