Léon IGNASIAK

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Fils de Martin Ignasiak et de Catherine Nadolna, décédés, Léon Ignasiak, veuf d’Antonina Sklepik, s’était marié en secondes noces avec Stanislawa Flok, cultivatrice. Il était chauffeur de four aux Forges de Basse-Indre et vivait à Saint-Herblain (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique).
Militant communiste, et syndicaliste CGT, il fut arrêté pour ce motif à Saint-Herblain par la police française, et incarcéré à la prison de Nantes. Les autorités allemandes le désignèrent alors comme otage, et le fusillèrent comme tel le 22 octobre 1941, en représailles au meurtre de Karl Hotz.
Son nom figure sur la plaque commémorative des fusillés de Nantes.
Sa tombe figure au cimetière militaire de la Chauvinière à Nantes. Son nom a été attribué à une rue de Saint-Herblain.
La mention « Mort pour la France » lui a été attribuée le 6 janvier 2011.
SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – Mémorial GenWeb. – État civil.

Maurice Gardette
Maurice GARDETTE

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Maurice Gardette était le fils d’Élise Pignot, marchande des quatre saisons, et de Nicolas Gardette, ouvrier métallurgiste qui mourut en 1909 alors que Maurice n’avait que quatorze ans. Il était le quatrième d’une famille de sept enfants. Il fut reçu au certificat d’études primaires, devint apprenti métallurgiste à l’âge de douze ans et adhéra au syndicat des tourneurs en optique CGT en 1911. Cinq ans plus tard, il entra au conseil du syndicat en instruments de précision.
Nous ignorons la situation militaire de Gardette. Était-il réformé ou affecté spécial dans une usine ? En 1917, membre du Comité pour la reprise des relations internationales, il dirigea les grèves dans le XIIIème arrondissement de Paris. Il siégeait, en 1919, au Comité d’entente de la Métallurgie de la région parisienne.
Rien n’atteste son appartenance au Parti socialiste mais, au lendemain du congrès de Tours (décembre 1920), il adhéra au Parti communiste. Cependant son militantisme resta essentiellement syndical. Il fut désigné en 1925 comme secrétaire de la 11ème section CGTU des Métaux. Trois ans plus tard, Gardette s’installa artisan tourneur-repousseur dans le XIème arrondissement. Ses activités se modifièrent alors. Dirigeant des organisations de locataires, il créa la 11ème section de la Confédération du petit commerce et de l’artisanat, puis le Groupement de défense des petits commerçants, industriels et artisans du XIe arrondissement. En 1932, il contribua à la création des comités Amsterdam-Pleyel de son arrondissement, tout en soutenant le Secours rouge international. Le Parti communiste ne semble pas lui avoir confié de responsabilités importantes avant son entrée au comité régional Paris-Ville en 1938.
Candidat communiste aux élections municipales des 5 et 12 mai 1935 dans le XIème arrondissement de Paris (quartier Saint-Ambroise), il recueillit 2 023 voix sur 10 174 inscrits ; le socialiste Farbmann en obtint 939 et se désista pour lui. Il fut cependant battu par 3 390 voix contre 3 597 à Alfred Lallement. Le décès de celui-ci provoqua de nouvelles élections les 15 et 22 novembre 1936. Placé en tête dès le premier tour avec 2 960 voix sur 8 534 votants et 10 989 inscrits (Farbmann, SFIO, 1 006), il triompha au second tour avec 4 486 voix sur 8 616 votants. Gardette siégea à la 4ème commission du conseil municipal : Enseignement et Beaux-Arts. La préfecture de la Seine le déchut de son mandat pour appartenance au Parti communiste le 21 janvier 1940.

Interné administrativement le 10 décembre 1939, il séjourna au Centre de Baillet (Seine-et-Oise) puis à l’île d’Yeu, à la prison de Fontevrault-l’Abbaye (Fontevraud, Maine-et-Loire), à celle de Clairvaux (Aube) à partir du 20 janvier 1941 et enfin à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) où il arriva le 15 mai. Désigné comme otage, il fit partie des vingt-sept militants fusillés par les Allemands le 22 octobre 1941. Il aurait écrit sur une planche de la cabane des condamnés à mort : « Je meurs courageux, plein de foi révolutionnaire. » Il s’était marié le 4 septembre 1926 à Paris (XIème arr.). Une plaque commémorative a été apposée sur la façade de son immeuble, 113 rue du Chemin-Vert (XIème arr.). Son nom a été donné à un square dans le XIème arrondissement.
Il était un des six conseillers municipaux et conseillers généraux de la Seine fusillés : Jules Auffret, Corentin Cariou, René Le Gall, Léon Frot, Jean Grandel.

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SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII, dossier 2. – Arch. PPo. 101. – Arch. Dép. Seine, D3 M2 no 5. – Arch. A. Marty, E VIII. – L’Humanité, 6 et 13 mars 1965. – Le Conseil municipal, nos édiles, op. cit. – Lettres des fusillés de Châteaubriant, 1954. – État civil, Paris (Xe et XIe arr.).
Jean Maitron, Claude Pennetier
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IL Y A 80 ANS Le Front National de lutte pour l’indépendance de la France

A cette époque, le mouvement communiste est dans une situation difficile. Le PCF a été interdit le 26 septembre 1939, la direction est dispersée, Thorez et Marty sont à Moscou, le régime de Pétain multiplie les arrestations. Les communistes sont prisonniers des consignes de l’Internationale et leurs actions portent surtout sur le terrain social. La base, hostile à l’occupation et au nazisme, est impatiente. Quelques appels isolés (Havez à Nantes, Tillon à Bordeaux, Guingouin dans le Limousin) cachent mal le désarroi. Fin 40, le philosophe Georges Politzer lance un appel clandestin « Aux intellectuels français » et exhorte à la création de « comités de résistance ». Ce n’est que début 41 que la propagande du Parti cesse peu à peu les parallèles entre Vichy et de Gaulle et, à partir de mars, l’antifascisme et l’objectif de libération nationale prennent le pas sur le combat de classe.
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L’inflexion importante vient de Moscou. Thorez et Marty sont invités le 26 avril à « unir les masses dans un véritable Front populaire de la lutte pour leurs intérêts, leurs droits, leur liberté et pour l’indépendance nationale ». D’où la diffusion en France, le 27 mai, d’un manifeste « Pour la formation d’un Front national de l’indépendance de la France » qui appelle à réunir « tous les hommes dont les efforts seront orientés dans le sens d’une lutte véritable contre l’oppression nationale ». Cet appel propose un programme de lutte qui par certains aspects annonce déjà celui du futur CNR (nationalisation des banques, assurances, chemins de fer, grandes sociétés, rétablissement des libertés démocratiques…). Mais au départ ce Front national se limite à être un collectif unitaire, une simple superstructure destinée à chapeauter diverses émanations de la Résistance et du mouvement ouvrier.

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L’invasion de l’URSS le 22 juin donne son élan à la phase de la lutte armée contre l’envahisseur. Celle-ci rend plus difficile le lien entre le Front national et les combattants de l’O.S. et des FTP). En 1942 la Résistance s’élargit. Le Front national universitaire est décapité par l’arrestation (et l’exécution) de ses animateurs, Georges Politzer, Jacques Solomon et Jacques Decour. Le F.N. des écrivains aide à la diffusion des Lettres françaises. Mais il faut attendre février-mars 1943 pour que le F.N. se structure sur des bases plus affermies. Même s’il porte surtout l’empreinte du PCF et que Pierre Villon (Roger Ginsburger) en est le principal animateur, il est rejoint par des personnalités extérieures au Parti, comme le journaliste Georges Bidault (alors rédacteur en chef de Combat). Celui-ci dirige avec Madeleine Braun le F.N. dans la zone Sud à Lyon, tandis que Pierre Villon et Frédéric Joliot-Curie sont chargés de la zone Nord. Localement, les collectifs Front national regroupent des personnalités issues d’une vingtaine de mouvements de Résistance et de partis, certains très éloignés de l’idéal communiste. Son influence s’élargit, bien au-delà de la classe ouvrière. Se créent des Front national chez les écrivains, les étudiants, les médecins, les musiciens, dans le monde du cinéma, des arts. De nombreux journaux en émanent, 79 publications ont été recensées du printemps 1943 à la Libération. En lien avec la CGT (réunifiée le 17 avril), il mène des actions de sabotage contre le STO.

Après avoir pris une position intermédiaire dans la rivalité de Gaulle-Giraud, il rencontre des représentants de la France combattante (ex France libre) les 18 et 25 mars. Pierre Brossolette fait alors part du souhait du général de Gaulle d’associer le F.N. à un organe politique unitaire, un Conseil national de la Résistance. Celui-ci tient son assemblée constitutive le 27 mai 1943 sous la présidence de Jean Moulin. André Mercier y représente le PCF, Pierre Villon le F.N. Après l’arrestation et l’assassinat de Jean Moulin, c’est Georges Bidault qui prend la présidence du CNR. Cependant, le FN refuse en juillet 43 de s’associer à à un Comité central des mouvements de la Résistance, privilégiant la voie plus politique ouverte par le CNR. Tandis que les FTPF se fondent dans les FFI en décembre 1943, le FN refuse une nouvelle fois de se dissoudre dans un rassemblement contrôlé par Alger, le MLN (Mouvement de Libération Nationale). Le FN apparaît alors comme un mouvement patriotique et civique, pendant de gauche du MLN, fort de 600 000 adhérents en 1944. Le FN a permis au PCF de prendre une place influente dans l’organisation des nouveaux pouvoirs à la Libération. Même si de Gaulle cherche à limiter la place des communistes au sein du pouvoir central, grâce au FN, il tient une grande place dans les comités départementaux de libération (il représente 31 % des membres) et de nombreux maires élus en 1945 sont issus de ses rangs, à l’image de Jean Philippot à Nantes. Fort à son apogée de 735 000 membres, le F.N. voit son espace se rétracter très vite, plus que 390 000 adhérents en 1946. Plusieurs des personnalités qui l’avaient rejoint (François Mauriac, Jacques Debû-Bridel, le révérend-père Philippe, …) s’en éloignent ou sont écartés. Dès les premières élections, il subit une sorte de déconstruction, à laquelle le P.C.F. lui-même contribue. Il entre en déshérence en 1949, n’apparaissant plus que comme un prolongement du parti, c’est alors que d’autres organisations de la galaxie communiste, dont beaucoup sont issues du F.N., prennent le relais et connaissent, elles, un essor considérable.
Alain BERGERAT
HISTORIEN.

VILLON Pierre, Résistant de la première heure. Entretien avec Claude Willard, Editions sociales,
VIRIEUX Daniel, Le Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France: un mouvement de résistance. Thèse Université Paris VIII, 1996.