Léon Mauvais, le cousin de Paris

Le cousin de Paris

Nantes, Cité Halvêque 49e rue N°6 – fin juin 1941: Un inconnu a ouvert une fenêtre qui donne sur le jardin à l’arrière de la maison et fait des exercices de gymnastique.
Cela provoque l’étonnement des voisins, et on en parle. Marie Maisonneuve est veuve et habite là avec ses deux fils, Marcel et Robert. Depuis l’armistice elle vit avec Auguste Chauvin, un ouvrier chaudronnier de l’usine. Les cités sont des maisons en bois entourées d’un jardin, qui appartiennent à l’usine et sont louées aux ouvriers. Tout le monde se connait et les commères sont à l’affût du moindre événement. Marie répond donc qu’il s’agit d’un cousin de Paris. Il est en convalescence et l’air de la Halvêque est meilleur pour sa santé que celui de la capitale. Le cousin ne restera que
quelques jours.

Il s’appelle Léon MAUVAIS et s’est évadé du camp de Choisel à Châteaubriant le 19 juin 1941 avec Eugène HENAFF, suivant Fernand GRENIER et Henri RAYNAUD, évadés le 18.
Léon Mauvais ne sait pas faire de bicyclette et il a pris le train à Châteaubriant pour Nantes. Il serait trop dangereux d’aller jusqu’à la Gare Centrale, très surveillée, et il descend donc à la gare de Saint-Joseph de Porterie, juste à coté de l’usine des Batignolles. Marie l’attendait et l’a accueilli quelques jours.

Fernand Grenier a été accueilli d’abord chez TROVALET (boulanger à Treffieux) , et “un jeune gars”, vraisemblablement Raymond HERVE, l’a amené à Nantes à vélo chez le père GAUTIER. Plus tard, il séjournera chez Marcelle BARON, où il rencontrera Venise GOSNAT et Claude MILLOT. Tous font partie de la Résistance Communiste de Loire Inférieure, qui sera démantelée durant l’été 1942.

Auguste Chauvin et Raymond Hervé seront arrêtés ensemble le 13 août 1942 par la police française, Claude Millot quelques jours plus tard. Ils seront condamnés à mort par le tribunal militaire allemand le 28 janvier 1943 au cours du “Procès de 42” et fusillés au stand de tir du Bèle à Nantes, Raymond le 29 janvier et Auguste le 13 février.

Marie sera jugée à Rennes par la cour spéciale et relaxée faute de preuves. Elle continuera ses activités de Résistante et sera membre du CDL à la Libération.

Nous avons revu Léon Mauvais tous les ans à Chateaubriant lors de la commémoration de la fusillade des otages du 22 Octobre. Léon n’est jamais revenu à Nantes – sauf le 21 octobre 1961 où je l’ai ramené cité Halvêque et au cimetière de St. Joseph.
Marie était décédée le 19.

(Témoignage de Jean CHAUVIN – octobre 2006)
– Bibliographie:- Fernand GRENIER “C’était ainsi”
– Auguste CHAUVIN “Lettres d’un héros ordinaire”*

Monument de la Sablière à Châteaubriant
Lieux de mémoire

Monument de la Sablière à Châteaubriant
Monument de la Sablière à Châteaubriant
Le monument des 50 Otages à Nantes
Le monument des 50 Otages à Nantes
Champ de tir du Bèle à Nantes
Champ de tir du Bèle à Nantes

16 otages (parmi les « 50 Otages ») et les résistants de Nantes (Procès des 42, procès des 16, …)
ont été fusillés sur ce site, le stand de tir du Bêle, dont il ne reste que la partie terminale.
La plaque portant le nom des fusillés est visible sur le mur de gauche.

Entre 1941 et 1944 se sont environ 100 Résistants qui furent assassinés en ce lieu dont des hommes de différentes nationalités; des Républicains Espagnols, des anti-fascistes Allemands et Polonais qui organisèrent la Résistance dans la Wermarcht, des anti-fascistes Italiens, un Roumain … ( Prochainement sur ce site de nouvelles informations à ce propos )

Honoré d’Estienne d’Orves
Honoré d’Estienne d’Orves

Parti sur le Marie-Louise, bateau de pêche armé par des pêcheurs bretons, il débarqua le 22 décembre 1940 aux environs de la pointe du Raz, avec le radio Marty, et devint Jean-Pierre dans la Résistance. Leur mission était de constituer un réseau de renseignements dans la région ouest. Elle fut de courte durée. Installé à Nantes chez les époux Clément, le capitaine de corvette d’Estienne d’Orves effectua plusieurs voyages à Paris et en Bretagne (notamment à Lorient où il obtint des renseignements intéressants sur les forces allemandes dans la région). Il est arrêté à Nantes au retour d’un de ses voyages à Paris le 20 janvier 1941, ainsi que ses hôtes, par la Gestapo.

Marty l’avait trahi. Le réseau était démantelé. Des pièges furent tendus à ses membres et à l’équipage de la Marie-Louise. Conduit avec ses deux lieutenants en Allemagne, puis ramené à Paris à la prison du Cherche-Midi, le commandant d’Estienne d’Orves, fervent chrétien, conserva malgré de très dures conditions de détention (en cachot), un excellent moral qu’il sut faire partager à ses codétenus.

Il est fusillé le 29 août 1941.

Honoré d’Estienne d’Orves
Honoré d’Estienne d’Orves
Louis le Paih
Louis le Paih

Louis Le Paih fut, avant-guerre, l’un des responsables nantais du syndicat CGT du bâtiment, dominé par le courant anarcho-syndicaliste (Gabriel Goudy) mais dont le communiste André Forget était aussi un secrétaire permanent.

Louis Le Paih fut l’un des dirigeants de la grève nantaise du bâtiment en 1938. A partir de 1939, il travaille à l’entreprise des Batignolles qui fabrique des locomotives. Cette entreprise où les militants communistes sont nombreux et très actifs passe sous contrôle allemand à partir de l’été 1940.

Dès 1941, la police nantaise est chargée d’arrêter Louis Le Paih en tant que militant communiste. Il passe alors dans l’illégalité et devient rapidement l’adjoint de Jean Vignau-Balous, interrégional militaire de l’OS pour tout l’Ouest de la France. Avec ses camarades des Batignolles (Auguste Chauvin, Raymond Hervé, Gaston Turpin), il participe directement à divers sabotages (pylônes électrique, pont roulant des Batignolles).

Louis le Paih
Louis le Paih
Faux-papiers
Faux-papiers

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Marcel Brégeon
Marcel Bregeon
Marcel Brégeon devient responsable régional (départemental) de l’Organisation spéciale au début de l’année 1942, Jean Vignau-Balous passant au niveau interrégional (Ouest). Lors de la grande vague d’arrestation en juillet-août 1942, il est envoyé à Rennes où il devient interrégional de l’OS devenue organisation des Francs-tireurs et partisans. Marcel Brégeon
(à droite) et Marcel Thomazeau, responsable politique de Loire-Inférieure de la Jeunesse communiste, en mai 1942.
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