CHAUVIN Eugène

Né le 16 juillet 1911 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé le 29 janvier 1943 au terrain du Bêle à Nantes ; chaudronnier ; militant communiste ; résistant FTPF., Procès des 42.

Fils d’Amélie Louise Chauvin, Eugène Chauvin, travailla à la Compagnie urbaine de Nantes puis en 1934 entra comme monteur tôlier à la LBC (Batignolles) d’où il fut renvoyé le 16 février 1942 pour raisons disciplinaires. Membre du Parti communiste français depuis 1938, fit partie du groupe de FTP (Francs-tireurs et partisans) de Nantes dirigé par Raymond Hervé et Louis Le Paih ; il fut arrêté fin 1942 pour reconstitution du PCF et emprisonné à Lafayette (Nantes). Il fut présenté par Le Phare comme un spécialiste de la bombe. Jugé par le tribunal allemand de Nantes dans le cadre du « Procès des 42 », Eugène Chauvin fut condamné à mort le 28 janvier 1943 et fusillé au terrain du Bêle le 29 janvier 1943 avec huit autres résistants : Raymond Hervé, Eugène Le Bris, André Pérocheau, André Rouault, Valentin Cléro, Maurice Lagathu, André Guinoiseau et Robert Douineau. Enterré à Sautron, commune limitrophe de Nantes, il fut inhumé le 28 juillet 1945 au cimetière de la Chauvinière à Nantes, après des obsèques solennelles organisées pour trente-huit Nantais fusillés par les Allemands pour acte de résistance.
Il a été reconnu Mort pour la France le 14 février 1945.
Une cellule nantaise (Chantenay) du PCF porte son nom.
Il s’était marié en mars 1935 à Nantes avec Fernande Rallier de Rezé, couturière, le couple était domicilié rue Saint-Jacques. Elle fut membre du comité départemental de Libération en 1945 au titre de l’Assistance française et des femmes de fusillés et participa à la commission de recherche et d’étude des cas de collaboration. Au moment de la mort de son époux, elle était enceinte de son 5e enfant. Eugène Chauvin fut déclaré « Mort pour la France » en février 1945.

Pour citer cet article :

https://maitron.fr/spip.php?article19711, notice CHAUVIN Eugène, Georges, Émile par Guy Haudebourg, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 11 mars 2020.

Joséphine Baker entre au Panthéon

Ce 30 novembre 2021, la danseuse, meneuse de revues, chanteuse populaire, citoyenne antiraciste et résistante de la première heure entre au Panthéon. Elle est le symbole d’une France ouverte et métissée.
Elle est née en 1906 à Saint-Louis, dans l’état du Missouri, et a grandi dans les quartiers noirs et pauvres, au cœur de la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Le jour de ses 11 ans, 40 Noirs sont massacrés lors d’une émeute fomentée par le Ku Klux Klan. A 13 ans elle est mariée à un certain Baker, dont elle conservera le nom. Puis file à New York et joue dans Shuffle Along, la première comédie musicale écrite, mise en scène et jouée par des Noirs.
En 1925, elle est à Paris et en pleine « mode » exotique triomphe dans la Revue nègre. Elle déjoue le piège en retournant la banane qu’on lui fait porter. Elle côtoie les cubistes et surréalistes, a pour amis Picasso, Hemingway, popularise le jazz et devient la première star noire. Elle participe à des soupes populaires dans ces années de grave crise sociale et s’engage contre le racisme et l’antisémitisme dans le contexte de la montée du nazisme et du fascisme.
Durant la Seconde guerre mondiale, elle chante pour les soldats mobilisés sur la ligne Maginot pendant la « drôle de guerre ». Résistante de la première heure, elle met à profit son statut d’idole pour obtenir et transmettre des renseignements, dissimule des messages codés dans ses partitions. Elle cache des résistants chez elle et facilite des évasions. Sa référence est le général de Gaulle.
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Lieutenant de l’armée de l’Air, elle est à Buchenwald au lendemain de la libération du camp. Elle reçoit la Légion d’honneur et la croix de guerre en 1961 (ci-dessus).

Elle s’investit dans la lutte pour les droits civiques et le 28 août 1963 prend la parole à Washington devant une foule gigantesque, juste avant que le pasteur Martin Luther King ne prononce son célèbre discours « I have a dream ». Elle s’engage dans la lutte pour la paix, notamment contre la guerre du Vietnam. Militante antiraciste, elle est membre de la NAACP créée par W.E.B Du Bois aux Etats-Unis et de la LICRA en France et fait de Castelnaud-la-Chapelle en Dordogne, un village de la fraternité où elle s’installe avec sa « tribu arc-en-ciel », ses douze enfants adoptés aux quatre coins de la planète. Internationaliste et anticolonialiste, Joséphine Baker participe en 1966 à La Havane à la Conférence tricontinentale après un séjour à Cuba, à l’invitation de Fidel Castro à l’été 1965.
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Son fils Brian révèle que si sa mère a défilé en mai 1968 à l’appel du général de Gaulle, c’était « par fidélité à l’homme du 18 juin. En réalité ma mère était d’accord avec certaines idées de 68 et louchait sur les valeurs du parti communiste.» Le FBI la surveillait sous le maccarthysme, son passeport lui a été retiré.
81 personnes sont honorées dans le temple républicain qu’est le Panthéon. Joséphine Baker est la troisième personnalité noire après Félix Eboué, Alexandre Dumas et Aimé Césaire (enterré en Martinique il y dispose d’une plaque). Elle est la sixième femme à recevoir cet honneur après Marie Curie, Sophie Berthelot, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Simone Veil. Joséphine Baker restera inhumée à Monaco, mais son cénotaphe recueillera la terre de quatre lieux emblématiques où elle a vécu : Saint-Louis, Paris, Dordogne et Monaco.
Une école et une allée portent le nom de Joséphine Baker à Nantes.

FRAIX Jean, Roger, Robert [Pseudonyme dans la Résistance : Roger]

Fils de Jean Marie Fraix et d’Émelina Joséphine Murail, garde malade, Jean Fraix travaillait avant guerre comme soudeur aux Chantiers de la Loire (1936-1938) puis à la SNCAO jusqu’en novembre 1939, date à laquelle il fut mobilisé. Démobilisé, il reprit son travail à la SNCAO le 30 août 1940. Selon ses chefs, il fit preuve alors de mauvaise volonté dans son travail, s’absentant ou injuriant ses supérieurs. Membre du Parti communiste depuis 1938, militant actif, il renoua avec le Parti clandestin au début de 1941. Son domicile de Rezé (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) fut perquisitionné en février 1941. La gendarmerie n’ayant rien découvert, il ne fut pas inquiété, ce qui lui permit de participer à divers attentats avec le groupe de Franc-tireurs et partisans (FTP) nantais, tel le sabotage de la plaque tournante des machines du Grand-Blottereau à Nantes le 16 janvier 1943. Il était alors responsable militaire de la 4e région des FTP (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). Il avait le grade de sous-lieutenant FTP.
jean_fraix_et_son_epouse_en_1942.jpgIl fut arrêté le 18 janvier 1943 au soir, par le Service de police anticommuniste (SPAC) d’Angers, à son domicile où il était revenu, bien que traqué, pour voir sa famille. Il fut condamné à mort le 13 août 1943 par le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur de Nantes (FK 518) pour « actes de terrorisme » et fusillé au terrain militaire du Bêle (Nantes) le 25 août 1943.
Divorcé, il s’était remarié avec Marie Bernadette Blais, sans profession, et était père de deux enfants, nés en 1936 et 1942.
Il fut reconnu Mort pour la France le 16 février 1945.
Son nom fut donné à une rue de Rezé (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), sa ville de résidence(16 rue Sadi-Carnot) où il fut inhumé.
Une cellule rezéenne du PCF porte aussi son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23983, notice FRAIX Jean, Roger, Robert [Pseudonyme dans la Résistance : Roger] par Guy Haudebourg, version mise en ligne le 21 octobre 2015, dernière modification le 26 février 2019.

SOURCES : Arch. Dép. Loire-Atlantique, 11W485, 270W488, 305 J 3 . – DAVCC, Caen. – Guy Haudebourg, Le PCF en Loire-Inférieure à la Libération (1944-1947), mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Nantes, 1987. – Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990. – Témoignage de Lucien Lemasson, cheminot résistant. – Notes Jean-Pierre Besse et Philippe Fraix. — État civil.
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DRÉAN Jean, Alfred, Guillaume [Pseudonyme : René]

Jean Dréan était le fils de Jean Louis Dréan électricien et d’Albertine Célestine Potiron. Il était électricien et demeurait au Pouliguen (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) comme ses parents, avec son épouse, Paulette Larzul, et son enfant.
En 1942, il fut responsable à l’organisation des Jeunesses communistes de la région nazairienne. Il participa d’abord à des attentats contre l’armée allemande dans cette région avec un groupe de Francs-tireurs et partisans. Sa spécialité était la confection d’explosifs.
À la suite des nombreuses arrestations du mois de juillet 1942, il passa dans l’illégalité (sous le pseudonyme de René), s’enfuit dans la région nantaise où il rejoignit le groupe de FTP dirigé par Jean Fraix et participa, par exemple, à un attentat au Grand-Blottereau à Nantes.
Arrêté à Rezé (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) le 4 février 1943, il fut jugé par le tribunal allemand le 13 août 1943, lors du « Procès des Seize » puis fusillé au Bêle le 25 août 1943.
Il a été reconnu Mort pour la France le 16 février 1945.
Une cellule communiste de Loire-Atlantique porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159977, notice DRÉAN Jean, Alfred, Guillaume [Pseudonyme : René] par Guy Haudebourg, version mise en ligne le 18 juin 2014, dernière modification le 26 février 2019.

SOURCES : Arch. Dép. Loire-Atlantique 270W488, 1693W58, 305 J 3 – Clarté (1945-1947). – Maxime, Raconte camarade, Saint-Nazaire, 1974. – Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990. – Guy Haudebourg, Le PCF en Loire-Inférieure à la Libération (1944-1947), mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Nantes, 1987.
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COLAS Joseph, Léon, Pierre

Fils de Joseph Colas et de Marie Julienne Perrine Massot, Joseph Colas se maria à Marie Sillard. Ils n’eurent pas d’enfant. Avant guerre, il travaillait dans une usine de chaussures de Fougères.
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Joseph et de Marie Colas, étaient Fougerais d’origine. Joseph naquit le 11 janvier 1905 et Marie le 1er septembre 1906. Mobilisé en avril 1940, Joseph Colas fut démobilisé le 25 août et travailla dans la même usine jusqu’au 15 novembre 1942,
Domiciliés 13 bis rue de L’Échange, à Fougères, ils rejoignirent le groupe de Résistance du Front National, à la fin de l’année 1940. Ils diffusèrent des tracts anti-allemands et anti-vichyssois ainsi que des journaux clandestins édités par le Front National de Paris. Ils exerçaient la fonction d’agents de liaison entre le Front National de Fougères et différents groupes de Résistance de la région, notamment celui de Saint-Brice-en-Coglès.
À la date du 16 novembre 1942, Joseph Colas fut requis pour le STO (Service du Travail Obligatoire). À l’instar des 189 requis selon les Archives municipales de Fougères, Joseph Colas fut contraint d’aller travailler pour le compte de l’économie allemande. Il n’était pas le seul de son quartier, ainsi René Lamiré, de la rue de Rillé, Clément-Louis Chabot et Joseph-Louis Quinton, de la rue de la Pinterie et bien d’autres encore de la rue des Fontaines ou de la rue du Nançon. Il rencontra alors à Rennes (Ille-et-Vilaine) un ami communiste qui lui conseilla de rester, lui remit une fausse carte d’identité et lui conseilla d’aller chercher du travail à Nantes.
Arrivé dans cette ville, Joseph Colas entra en contact avec Jean Fraix qui l’intégra à son groupe de Francs-tireurs et partisans sous le pseudonyme de Georges Brats. Mais Joseph Colas rejoignit l’illégalité et le groupe FN et les FTP de la Loire-Inférieure (le secteur de Nantes), au début de décembre 1942. Dans ce cadre, il participa aux sabotages des voies ferrées, aux attentats contre l’armée d’occupation, entre autres, à l’attentat contre la plaque tournante du Grand-Blottereau.
Marie, pour sa part, mit un terme à toutes ses activités, étant surveillée par la police à Fougères.
Joseph Colas fut arrêté le 29 (d’autres disent le 26) janvier 1943 par la SPAC (Service de police anti-communiste d’Angers), puis livré aux Allemands le 16 février 1943. À partir de cette date, le détenu n’avait pas le droit d’écrire, ni le droit de recevoir des colis, simplement la possibilité d’avoir du linge le mercredi.

D’après le courrier envoyé à Germaine Guenée par Marie Colas, la prison Lafayette était toujours entourée d’Allemands avec la mitraillette prête à tirer dessus. Les détenus subissaient des tortures, afin de les faire parler. La preuve est cachée dans le linge rapporté par les familles : des lambeaux de chair et des marques de sang. Marie Colas bénéficia des services rendus par la mère d’un codétenu, instituteur, qui accepte de laver le linge de Joseph. Par elle, Marie put arracher des nouvelles, des bouts de papier à cigarettes ; de même, Marie glissa des mots dans les ourlets des gants de toilette.

À partir du 16 février 1943, Joseph Colas quitta le quartier français pour rejoindre le quartier allemand jusqu’au 25 août, date de son exécution.

Dans une de ses lettres, conservées par Germaine Guenée, Joseph ne décrit pas ses gardiens sous le plus mauvais jour : ils étaient tous les deux assez âgés et avaient fait la Première Guerre mondiale. Marie pense avoir eu les lettres ainsi que son alliance grâce à leur bonne volonté.
Joseph Colas fut jugé, à Nantes, par le tribunal allemand FK 518 de Nantes le 13 août 1943 (« Procès des Seize ») ; le procès dura trois jours. Il fut condamné à mort le 15 août 1943, puis fusillé au terrain du Bêle, à Nantes le 25 août 1943. Il fut enterré au Cellier sous le numéro 5.

…………………………………………………………..

Lettres adressées à sa femme Marie, 13 bis rue de l’Echange à Fougères (Ille et Vilaine)
Joseph et Marie COLAS

Nantes le 15 août 1943

Ma chère Marie,

Je t’envoie ce petit mot pour te dire qu’aujourd’hui jour de ta fête, je pense beaucoup à toi et je suis surtout bien content d’avoir pu t’apercevoir mercredi dernier le jour du procès si tel on peut l’appeler. Dans leur jugement sur les 16 que nous passions, il n’y a que Roger Astie qui a été acquitté, à part lui nous avons tous été condamnés à la peine de mort. Nous avons tous tous été bien courageux. Il faut que toi aussi tu restes bien courageuse car nous gardiens allemands qui, eux, sont bien gentils nous affirment que nous ne serons pas acquittés, qu’ils vont nous déporter ainsi tu vois qu’il ne faut pas t’en faire, enfin pour moi le moral est toujours bon et je t’assure que je ne m’en fais pas trop car je sais que cette guerre qui nous a fait tant de mal surtout à toi, chère petite Marie, mais sois comme moi, reste courageuse et je sais que tu le seras car je sais que tu ne m’ oublies pas et que tu m’aimes comme je t’aime moi-même, enfin qu’est- ce que tu veux c’est la vie, mais je pense que l’avenir sera plus belle car tu sais, ce n’est qu’un mauvais moment à passer mais j’espère qu’il ne sera pas long maintenant car tu sais j’ai toujours un bon moral et suis courageux ainsi que tous mes camarades . Je termine cette petite lettre en t’embrassant bien fort de tout mon cœur et surtout reste bien courageuse.

Joseph Colas

Nantes, le 21 août 1943

Ma chère petite Marie,

Je profite d’une petite occasion pour pouvoir t’écrire ce petit mot et en même temps te donner de mes nouvelles qui sont toujours bonnes et je souhaite qu’il en soit de même pour toi et surtout ne te fais pas de bile pour moi, car tu sais tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir comme on dit. Je sais que cela a dû te faire bien du mal d’apprendre le verdict mais comme je t’ai déjà écrit il y a de grandes chances que l’on restera comme cela car il faut que je te dise qu’ils se plaisent à nous faire souffrir moralement quoique nous ne nous faisons pas du tout car l’on a tous bon espoir de s’en sortir car il paraîtrait que nos dossiers sont partis en Allemagne et que cela demande encore aux environs de trois mois et j’espère bien que d’ici là tout sera fini. Enfin j’espère que tu es toujours bien courageuse comme je le suis moi-même. Comme je te l’ai déjà écrit ce n’était pas un jugement puisque c’était un tribunal militaire et par conséquent des Allemands et nous n’avons pu se défendre mais tout cela est de la mise en scène. Pour nous nous sommes aux fers c’est-à-dire attachés une chaine au pied par deux. Pour notre arrestation c’est un nommé Jacques de son vrai nom Jean Rogier qui est passé depuis dans la police qui nous a livrés à la police française. J’espère qu’il paiera cela un jour en attendant il continue son triste métier. Si tu as vu je serais fusillé chose que je ne crois pas je te donne tout ce que nous avons et si tu me laisses revenir à Fougères je ne veux pas de prêtres mais pour cela … car encore une fois je n’y crois pas. Pour les colis maintenant nous en avions trois mais il ne faut pas pour cela te prive car l’on en reçoit beaucoup et si l’on en a trois, on est obligé d’en jeter … et c’est bien dommage. Comme je te l’ai écrit j’étais bien content de te voir quelque instant le premier jour du jugement et je sais que toi aussi tu pouvais être bien heureuse enfin et bien courageuse et sache que je t’aime beaucoup ma chère petite Marie. Je t’embrasse bien fort et à bientôt j’espère.

Joseph Colas

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article20302, notice COLAS Joseph, Léon, Pierre par Guy Haudebourg, Daniel Heudré, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 16 octobre 2021.

SOURCES : Arch. Dép. Ille-et-Vilaine, 217W15. – Arch. Dép. Maine-et-Loire. – Jean Bourgeon (dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’occupation, Thonon-les-Bains, Éd. de l’Albaraon, 1990. — Témoignage et lettres de Germaine Guenée.
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BOSQUET Marcel, Pierre, Adolphe

Fils de Marcel Bosquet et d’Alexia Le Gall, Marcel Bosquet, célibataire, était chaudronnier et fut membre actif du groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP) nantais dirigé par Jean Fraix en 1942-1943.
Sous le pseudonyme d’Alphonse Fauvel ou encore Pierre dit « Petit Jo », il participa, entre autres, aux attentats contre Barbière et Bosc – impliqués dans les opérations de relève aux Batignolles et à la SNCASO – contre lequel il tira deux balles.
Arrêté le 28 janvier 1943 par la police de sûreté de Nantes, détenu à Nantes, il fut jugé par le tribunal allemand FK 518 le 13 août 1943 (« Procès des 16 ») et fusillé au Bêle (Nantes) le 25 août 1943.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159975, notice BOSQUET Marcel, Pierre, Adolphe par Guy Haudebourg, version mise en ligne le 18 juin 2014, dernière modification le 26 février 2019.

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII, Boîte 5 ; Liste S 1744. – Arch. Dép. Maine-et-Loire, 18W70. – Arch. Dép. Loire-Atlantique 305 J 3 . — Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990.
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BÂLE Louis, Auguste, Léon

Fils d’Émile Bâle et d’Augustine Lemaux, Louis Bâle était marié à Marie Anne Camille Bernery avec qui il eut trois enfants. Habitant Bouguenais (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), sous l’Occupation, il travaillait comme ajusteur à la Société nationale des constructions aéronautiques de l’Ouest (SNCAO). Il adhéra au Parti communiste en février 1942 et fut d’abord chargé de distribuer des tracts. À l’été 1942, le PCF départemental subit un grand nombre d’arrestations et l’OS (Organisation spéciale) fut totalement démantelée par les polices françaises. La réorganisation de la branche armée du PCF – devenue FTP – par Jean Fraix amena celui-ci à contacter Louis Bâle en octobre 1942 pour qu’il recherche des renseignements sur les carrières et les explosifs.
Arrêté le 21 janvier 1943 à la suite de la trahison du secrétaire régional du PCF, Louis Bâle fut jugé par le tribunal allemand de Nantes le 13 août 1943 (lors du « Procès des 16 ») et fusillé au Bêle le 25 août 1943.
Une place de Bouguenais porte le nom de Louis Bâle et Guy Jamet.
Une cellule du Parti communiste de Loire-Atlantique porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159974, notice BÂLE Louis, Auguste, Léon par Guy Haudebourg, version mise en ligne le 18 juin 2014, dernière modification le 27 novembre 2021.

SOURCES : Arch. Dép. Ille-et-Vilaine 217W15. – Arch. Dép. Loire-Atlantique 305 J 3 . — Arch. PCF Loire-Atlantique. – Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990.
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AUBERT Charles, Gaston, André [Pseudonyme dans la clandestinité : Marc]

Fils d’Armand Aubert, inspecteur principal adjoint à la SNCF, sous-chef de gare, et de Marie Josèphe Carer, sans profession, Charles Aubert, fut élève au lycée Clemenceau à Nantes ; il était titulaire du baccalauréat ès lettres. Il participa à la rédaction, au tirage et à la diffusion du journal clandestin L’Étudiant patriotique, organe du Front national des étudiants, créé en juillet 1941. Il devint responsable régional des Jeunesses communistes,
Charles Aubert faisait partie de l’OS (Organisation spéciale du PCF) et du groupe des FTP de Jean Fraix. Il fut un des réalisateurs du double attentat à l’explosif contre les installations ferroviaires du réseau de Nantes-Blottereau, le 16 janvier 1943.
_Embauché par la SNCF en tant qu’attaché en gare de Sillé-le-Guillaume (Sarthe) le 20 janvier 1943 pour échapper au STO, la gendarmerie française l’arrêta dans cette ville le 21 janvier 1943 , sur ordre du SPAC . Vingt-deux militants dont les principaux dirigeants FTP du département furent arrêtés, dont James Rogier, secrétaire régional du PCF qui avait été retourné par la police de Vichy et qui avait fourni l’organigramme de l’organisation clandestine. Remis à la Sipo-SD, il fut emprisonné à Nantes, puis à Angers et de nouveau à Nantes.
Charles Aubert fut jugé dans le cadre du « procès des 16 » par le tribunal allemand FK 518 de Nantes le 13 août 1943, condamné à mort pour « actes de franc-tireur », « attentats contre les troupes d’occupation » : attentat contre un cinéma allemand, contre une gare de triage, contre deux personnalités. Il était considéré comme membre du réseau Résistance-Fer depuis janvier 1943. Résistance-Fer ou FTP, il apparaît clairement qu’il était communiste et FTPF.

Il a été fusillé au champ de tir du Bêle (Nantes) le 25 août 1943 puis inhumé discrètement au cimetière du Cellier..

Il est enterré au carré militaire du cimetière de la Chauvinière. Son nom a été gravé sur la plaque commémorative des fusillés à Nantes et en gare de Sillé-le-Guillaume.

Son état civil porte la mention « Mort pour la France », en date du 19 février 1945.Il a obtenu le titre d’Interné résistant en 1960.

Selon MémorialGenWeb, il obtint la Légion d’honneur (cette information n’est pas confirmée par la base Léonore), la Croix de guerre et la Médaille de la Résistance.

James Rogier a été condamné à mort le 22 mars 1945 puis fusillé le 22 mai 1945.

Charles Aubert écrivit une dernière lettre adressée à son amie, E. Voillet domiciliée à Saint-Philibert de Grand Lieu.

Ma petite fille chérie
Je pars victime d’une trahison et je tombe pour la France. Ce que je veux te dire aujourd’hui c’est que je t’ai beaucoup aimé garde mon souvenir et soit heureuse avec celui que tu aimeras. Si un jour tu as un garçon, parmi ses noms de baptême donne-lui celui de Charles.
Je t’embrasse mon seul amour.
Charles.

Sa tombe figure au cimetière militaire de la Chauvinière à Nantes

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article10349, notice AUBERT Charles, Gaston, André [Pseudonyme dans la clandestinité : Marc] par Guy Haudebourg, Annie Pennetier, version mise en ligne le 9 juillet 2014, dernière modification le 21 novembre 2021.

SOURCES : AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép Loire-Atlantique 305 J 3 . — Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990. – Mémorial GenWeb. – Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure 1940-1945, 2001. — Notes de Carlos Fernandez (Arch. Dép. Loire-Atlantique, 1693W113, 1126W417, 1668W3). — Thomas Fontaine, Cheminots victimes de la répression, 1940-1945, Mémorial, Perrin/SNCF, 2017. — État civil.
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CREUSÉ Frédéric, Amédée, Louis, Auguste, Marie

Né le 16 décembre 1920 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé comme otage le 22 octobre 1941 à Nantes ; employé municipal ; résistant gaulliste.

Frédéric Creusé était le fils d’Amédée Creusé, commis-voyer à la préfecture de la Loire-Inférieure, mutilé de guerre (perte du bras droit), décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre, et de Marie Louise Meinot, sans profession. Il fit ses études primaires dans les écoles publiques primaires de la rue Jean-Jaurès puis dans celle de la rue Noire à Nantes. Il obtint son certificat d’études en 1933, l’année suivante il entra au cours préparatoire de l’École nationale professionnelle Livet fut admis en 1935 et y suivit quatre années d’études en spécialité électricité.
A l’arrivée de l’armée allemande, il gagna le Midi de la France. Célibataire, à son retour à Nantes, il entra dans le groupe de résistance Vandernotte avec Michel Dabat, Jean-Pierre Glou et Jean Grolleau. Il était membre du groupe Bouvron de Nantes, du réseau Georges-France 31, depuis septembre 1940, et y était radiotélégraphiste et agent de liaison. Il était d’ailleurs le seul « enfant de la laïque » dans ce group plutôt chrétien. Il s’occupait principalement du poste émetteur sous la houlette de M.E. Jézequel son ancien professeur d’électricité à l’École Livet.
Dénoncé par un agent double comme détenteur d’un poste émetteur assurant la liaison avec l’Angleterre, Frédéric Creusé fut arrêté à Nantes le 28 mars 1941 par l’Abwehr, puis incarcéré à la prison Lafayette de Nantes. Transféré à la prison des Rochettes le 27 avril, il demeura seul en cellule durant de nombreux mois, puis comparut le 8 août devant le tribunal militaire allemand FK 518 de Nantes.
Faute de preuves, Frédéric Creusé fut acquitté, mais demeura prisonnier des autorités allemandes qui le désignèrent alors comme otage. Le 22 octobre 1941, à 17 heures, les autorités allemandes le fusillèrent comme tel à Nantes, au champ de tir de Bêle, en représailles à l’exécution, par des résistants, du Feldkommandant Karl Hotz. Ce sont 48 otages, 5 au Mont-Valérien, 27 au camp de Choisel (Châteaubriant) et 16 à Nantes, dont trois membres de son groupe, Michel Dabat, Jean-Pierre Glou , Jean Grolleau qui tombèrent sous les balles allemandes.Les corps des suppliciés furent disséminés anonymement dans divers cimetières suburbains, dont celui de Saint-Julien-de-Concelles pour Frédéric Creusé et ses trois compagnons.
Avant d’être conduit au peloton d’exécution, Frédéric Creusé avait reçu la communion des mains de l’abbé Théon et écrit une dernière lettre à ses parents, dans laquelle il disait : « Je viens d’apprendre que je vais être fusillé. Ma vie a été courte, je n’ai que vingt ans, j’ai défendu une cause, je m’en honore car j’y ai cru. »
Son nom figure sur des plaques commémoratives de Nantes (à l’école Eugène-Livet, et sur le monument des cinquante otages), ainsi qu’à Saint-Julien-de-Concelles (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique).

Chers parents,
Je viens d’apprendre à l’instant que je quitte la prison des Rochettes. Pourquoi ! Je ne le sais nullement. J’ai entendu dire que L. le général Feldkommandant a été assassiné avant-hier matin. Serait-ce rapport à cela ?Je n’y fait aucun doute. Peut-être serai-je fusillé demain matin, personne ne le sait ou tout au moins on ne veut pas nous le dire. Ce que je veux vous dire avant de disparaitre, c’est que je suis innocent de toutes les calomnies dont on m’accuse. je n’ai jamais fait quoi que ce soit qui soit nuisible aux Allemands. Je viens d’apprendre que je vais être fusillé. ma vie a été courte, je n’ai que vingt ans, j’ai défendu une cause, je m’en honore, car j’y ai cru. Je suis avec Michel à faire mes dernières écrits. Je pense à vous, à tout ce que j’ai aimé, à ma petite Nenette, à toute la famille. J’ai aimé Nette. Tu sais comment je pouvais l’aimer, la mort seule m’en séparera. les moments pressent, j’ai fait quelques mémoires qui, comme je l’espère, vous seront rendus. Je vous ai tous aimés. Je vous quitte à vingt ans. C’est bien pénible, jusqu’à la fin, j’ai été courageux. Sachez que mourir ne m’a rien fait. M. l’abbé vous le dira.
Je vous quitte pour toujours. Adieu. Je voudrais être enterré à Miséricorde, si cela est possible. Mettez-moi ma pochette tricolore.
Adieu pour toujours, je vous aime. Adieu.
 
Votre fils,
 
Frédéric.
 
Vive Dieu ! Vive la France !
 
Il écrivit également à sa fiancée (texte conforme à la lettre d’origine).
 
Ma petite Nette chérie,
Je t’écris ces dernières lignes. Je sais combien tu m’aimes je t’aime moi aussi tu sais. Jusqu’à la pointe des fusils j’aurai ton image sous les yeux. Ce que je demande c’est que tu m’oublies après ma mort non pas moralement mais que tu aies un foyer. Je charge Monsieur l’abbé de te rendre ma bague. Mr l’abbé te parlera de moi de mes derniers moments. Je vais mourir bien que je suis innocent du crime qui a été commis.
J’ai eu des sympathies pour l’Angleterre, je l’ai défendue mais j’aime ma France avant tout il me reste peu de temps. Ma vie en prison m’a beaucoup appris à t’aimer. Je te quitte pour toujours, penses toujours à moi. Adieu ma petite chérie. Je meurs pour la France pour une cause juste.
Adieu ma petite Nette Chérie.
Vive la France et Vive l’Angleterre.


SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – La vie à en mourir, Paris, Tallandier, 2003. – A. Perraud-Charmantier, La guerre en Bretagne, Récits et portraits tome I, Aux portes du large, 1947 . — Dominique Bloyet, Étienne Gasche, Jeunes résistants en Loire-Atlantique, Coiffard Libraire éditeur, 2014. — Mémorial GenWeb. – État civil.
Julien Lucchini, Annie Pennetier