Procès de Nuremberg

Quand elle entre dans la salle d’audience du procès des dignitaires nazis le 28 janvier 1946, à 10 heures, Marie-Claude Vaillant-Couturier attire tous les regards. Au lieu de s’avancer vers la barre où le président du Tribunal militaire international vient de l’appeler, elle se dirige droit vers les bancs des accusés. Elle plante ses yeux dans ceux des criminels nazis, un à un. « Avant de prendre la parole devant la Cour, je suis passée devant les accusés, très lentement. Je voulais les regarder de près (…) Pendant que je les dévisageais, je me disais : « Regardez-moi car, à travers mes yeux, ce sont des centaines de milliers d’yeux qui vous regardent, par ma voix, ce sont des centaines de milliers de voix qui vous accusent. » La déposition de Marie-Claude Vaillant-Couturier, jeune femme rescapée d’Auschwitz et Ravensbrück, fut un réquisitoire implacable contre la barbarie nazie.

Témoignage de Marie-Claude Vaillant-Couturier (1)
https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjnoaLq7dftAhUi4YUKHUqwCwwQwqsBMAR6BAgCEBA&url=https%3A%2F%2Fwww.humanite.fr%2Fvideos%2Fmarie-claude-vaillant-couturier-au-proces-de-nuremberg-1-563547&usg=AOvVaw1Bw-vp-fEssLF5iN_-D7ZO

Témoignage de Marie-Claude Vaillant-Couturier (2)
https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjnoaLq7dftAhUi4YUKHUqwCwwQwqsBMAN6BAgCEAs&url=https%3A%2F%2Fwww.humanite.fr%2Fvideos%2Fmarie-claude-vaillant-couturier-au-proces-de-nuremberg-2-563548&usg=AOvVaw3PtrULkmXkyTYMva0LYLoD

Elle témoigne en 1975 dans Le Patriote résistant, journal de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés, internés, résistants et prisonniers) dont elle a été la présidente, de son expérience et livre son analyse du procès.

« Je suis revenue de Nuremberg choquée et inquiète. J’ai retrouvé mes notes de l’époque. Déjà durant le voyage j’avais constaté, en traversant la Ruhr, que les hauts fourneaux fonctionnaient alors que les nôtres étaient éteints (…)

Quant au procès lui-même, je ne le trouvais satisfaisant ni sur le fond, ni dans la forme. J’étais indignée de l’absence des dirigeants des grands Konzern allemands, les Krupp, Thiessen, Flick, Siemens, IG Farben etc. qui, premièrement avaient apporté leur soutien actif à la montée d’Hitler au pouvoir et ensuite avaient réalisé des profits monstrueux sur le sang versé et la vie de millions d’hommes, de femmes et d’enfants parmi lesquels les déportés raflés à travers l’Europe.

En ce qui concerne la forme, j’étais exaspérée de la procédure tatillonne. On cherchait la responsabilité de chaque accusé sur des questions de détails alors qu’il était indifférent de savoir si von Papen, Schacht ou Speer avaient personnellement donné des ordres pour les massacres et les tortures. Ceux-ci se faisaient sur une telle échelle, qu’il était impossible qu’ils aient pu les ignorer. Le racisme et la volonté d’exterminer les races dites inférieures faisaient partie de doctrine nationale-socialiste énoncée dans de nombreux écrits officiels, à commencer par Mein Kampf. En tant que dirigeants, ils étaient responsables ensemble de l’application de la politique nazie. A travers ces crimes, il aurait fallu faire le procès du fascisme en montrant qu’ils étaient les conséquences d’une idéologie consistant à transformer les hommes en bêtes féroces, bourreaux et victimes.

J’écrivais à l’époque « on ne peut pas s’empêcher de penser que si les choses traînent en longueur, c’est parce qu’il y a certaines têtes que l’on voulait sauver et qu’il sera plus facile de le faire en endormant l’opinion publique. Il y a quelque chose de choquant dans la forme de ce procès, dans la longueur des débats. On ne semble pas attaquer le fond du problème. Le procès de Nuremberg ne sert pas à éclairer le peuple allemand (…) Dans l’ensemble, les Allemands n’ont pas du tout conscience de leurs fautes. Ils considèrent qu’ils ont eu la malchance de perdre la guerre et que s’ils avaient l’occasion de recommencer, ils le feraient tout de suite. »

Elle n’était pas la seule à partager ce pessimisme parmi les acteurs du procès ou les envoyés spéciaux de la presse française. Plus tard, grâce à son expérience au sein des organisations mémorielles de la résistance et de la déportation, elle reviendra sur ce premier jugement et considérera alors : « Le fait que le Tribunal de Nuremberg ait retenu les notions de génocide, de crime contre l’humanité est un progrès de la conscience humaine. »

Elle–même ouvrira le chemin à l’imprescribilité des crimes contre l’Humanité, ce qui permettra de juger Klaus Barbie et Paul Touvier ainsi que l’adoption dans le droit pénal français des articles 211-2 et 212-2 définissant le « crime de génocide » et » les autres crimes contre l’humanité »

Allo, Londres – Ici, Nantes

La première liaison radiotélégraphique clandestine, en morse, de la France occupée vers Londres est établie par depuis Nantes, plus précisément Chantenay, le 25 décembre 1940. Récit.

1940, la résistance est embryonnaire. Des individus ou des groupes tentent d’établir des liaisons avec Londres. Par bateau ? Les liaisons avec l’Angleterre étaient rares et périlleuses. Il fallait pourtant transmettre quantités d’informations et dans des délais très courts. Il n’existait pas de smartphone, la solution fut le poste émetteur-récepteur.

Jan Doornick (1905 – 1941), est un commerçant hollandais bloqué en France par l’avance allemande. Il gagne Londres et est chargé par le Service de renseignement (SR) de la France Libre d’une mission de reconnaissance des installations de la Kriegsmarine sur la côte française. Il débarque à Plogoff à la fin de septembre 1940 et rejoint Nantes le 10 octobre. Fin octobre, il accueille le lieutenant Maurice Barlier, envoyé d’Angleterre pour le seconder. Barlier, prisonnier de guerre avait réussi à s’évader et à rejoindre l’Angleterre. Il est représentant de commerce pour les conserveries Amieux et a, de ce fait, des contacts nantais, Léon Setout et André Clément, directeur technique et directeur export chez Amieux. Nantes est pour lui une destination naturelle.

Le lieutenant de vaisseau Louis-Henri HONORE, comte d’ESTIENNE d’ORVES, surpris par l’armistice alors qu’il est au mouillage à Alexandrie, à bord du croiseur Duquesne, avait décidé en août 1940, refusant l’armistice, de désobéir et de rejoindre l’Angleterre ; il y était arrivé à la fin du mois de septembre. Affecté au 2ème Bureau des Forces navales françaises libres (FNFL), sa première mission est de constituer un réseau de renseignement en France occupée. Ce sera le réseau Nemrod.

1, rue du Bois Haligan

Le 21 décembre 1940, il est envoyé en France, accompagné du quartier-maître radiotélégraphiste Georges Marty, à bord du chalutier La Marie-Louise, alias Le Louis-Jules qui est rattaché au 2ème Bureau et barré par le Senan François Follic, qui a gagné l’Angleterre depuis le 16 juin 1940. Ils débarquent le 22 à Plogoff où une planque les attend puis rejoignent Nantes le 24 décembre. Ils s’installent à Chantenay chez André et Paule Clément au 1, rue du Bois-Haligan, près de la place Jean Macé, dans leur maison Ty Brao.

Le 25 décembre, après le repas de Noël pris en famille et en présence d’un voisin, Jean Le Gigan, directeur des achats aux chantiers Dubigeon qui doit diriger le groupe pour toute la Bretagne, D’Estienne d’Orves, Barlier et Marty montent l’appareil radio qu’ils ont apporté d’Angleterre. A 13 h 30, ils établissent la première liaison radio entre la France occupée et Londres. D’autres trans-missions suivront au rythme de quatre à cinq par semaine. Les renseignements transmis à Londres comprennent le QG allemands dans les châteaux des environs de Nantes, les emplacements précis des dépôts de carburants, le terrain d’aviation de Château-Bougon, celui de Meucon, les positions des batteries côtières, les plans du réseau de distribution d’énergie électrique de la région Ouest, la liste des sous-marins relevée à l’arsenal de Lorient, la construction de la base sous-marine de Saint-Nazaire. Pour ne pas attirer l’attention, Léon Setout a trouvé pour Marty un emploi de dessinateur auprès de l’architecte de la ville, André Chauvet.plaque_au_1_rue_du_bois-haligan.jpg
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D’Estienne d’Orves repart à Paris pour s’assurer des contacts pris à Paris et à Vichy par Jan Doornick qu’il rencontre pour la première fois dans un café de Montparnasse, le 4 janvier 1941. D’Estienne d’Orves le félicite de l’action accomplie et lui propose de repartir pour Londres avec lui à la fin du mois. Mais de cette expédition qui doit comprendre près de trente hommes, peu nombreux sont ceux qui échapperont aux arrestations. A Paris d’Estienne d’Orves installe un nouveau secteur avec un poste émetteur à Saint-Cloud. Il noue des contacts avec le réseau du musée de l’Homme.

La trahison de Marty
A son retour à Nantes, il est informé du comportement peu discret de Marty qui entretient des relations suspectes, bavarde imprudemment avec des soldats allemands et mène la grande vie dans les bars du port. Menacé de sanction et de renvoi à Londres, transféré dans d’autres hébergements rue de l’Abbaye et rue de la Brianderie, le capitaine lui laisse une deuxième chance. Marty continue à envoyer des messages. Mais en réalité, Marty est un traître. Son vrai nom est Alfred Gaessler. Le 1er janvier 1941, il était allé se présenter 24, boulevard Guisth’au auprès des services de contre – espionnage allemands de l’Abwehr. Là, dans le bureau du capitaine Pussbach, il a rendu compte de tous les renseignements utiles au démantèlement du réseau Nemrod. Il est envoyé à Angers au siège régional de l’Abwehr et répète au colonel Dernbach ce qu’il a dit à Nantes : noms, adresses, planques, codes de la radio. Ce jeune alsacien de 20 ans, qui a grandi auprès d’un père pro-nazi, est en réalité un agent de l’Abwehr. Il sera exfiltré vers l’Autriche par les Allemands.

Dans la nuit du 21 au 22 janvier, après avoir escaladé le mur du jardin, les policiers allemands surprennent dans leur sommeil André Clément, sa femme Paule et sa mère ainsi qu’Honoré d’Estienne d’Orves. Ils sont rapidement menottés ou ligotés. La scène est si violente que Mme Clément mère succombe à une crise cardiaque. Le voisin, Jean Le Gigan, alerté par les cris de Clément, est déjà entre les mains de l’Abwehr ; Léon Setout et André Chauvet sont également arrêtés à leur domicile. Tous sont conduits boulevard Guisth’au pour y subir un interrogatoire.

Le réseau Nemrod est démantelé entre le 20 et le 24 janvier, à la veille de l’embarquement prévu pour l’Angleterre. Le 3 février, Jan Doornick revient à Nantes. Informé du désastre, il retourne immédiatement à Plogoff dans une ferme où il est à son tour surpris par un détachement de cent hommes qui cernent la ferme et le capturent.

Monsieur le Président,
devrais-je exécuter ma peine avant ou après ma mort ?

D’abord emprisonnés à Angers, au Pré-Pigeon, d’Estienne d’Orves et ses compagnons sont transférés à Berlin, prison du Praesidium et reviennent à Paris le 26 février d’abord à la prison du Cherche-Midi dans l’attente de leur procès, puis à Fresnes après leur condamnation et au Fort de Romainville avant leur exécution. Tous comparaissent devant la Cour martiale du Gross Paris du 13 au 25 mai 1941. D’Estienne d’Orves couvre ses hommes et prend sur lui l’entière responsabilité de l’activité du réseau.

Le verdict tombe le 26 mai. Honoré d’Estienne d’Orves, Maurice Barlier, Jan Doornick, Jean Le Gigan, André et Paule Clément, Jean-Jacques Le Prince, un nouveau radio, François Follic, le capitaine du bateau et son second, Pierre Cornel (à partir des renseignements de Gaessler deux patrouilleurs allemands les avaient arraisonnés et arrêtés au large de Brest le 15 février) sont condamnés à mort.
En plus de sa condamnation à mort, Doornick est condamné à trois ans de détention en forteresse, ce qui lui fera poser la question : « Monsieur le Président, devrais-je exécuter ma peine avant ou après ma mort ? » Léon Setout est condamné à quatre ans de travaux forcés, les époux Normant (qui fournissaient la planque à Plogoff), à six mois. Seuls D’Estienne d’Orves, Barlier et Doornick sont exécutés. Les autres peines ont été commuées. Ainsi celle d’André Clément, commuée en 15 ans de réclusion et qui a en fait été déporté.
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Curieusement, les condamnés ne sont pas immédiatement exécutés. Stülpnagel a-t-il voulu garder des otages pour une occasion spectaculaire ? A-t-il cherché à temporiser compte tenu de la forte émotion provoquée dans l’opinion publique par la condamnation d’un officier de marine ? La Cour martiale, impressionnée par l’attitude des accusés, signe leur recours en grâce adressé à Hitler.
Le 21 août 1941, le résistant communiste Pierre George – futur colonel Fabien – secondé par Gilbert Brustlein, abat l’aspirant de la Kriegsmarine Alfonso Moser au métro Barbès à Paris. Cet acte donne le signal de la lutte armée contre l’Occupant. Le lendemain, les Allemands promulguent une ordonnance transformant tous les prisonniers français en otages. Hitler a refusé la grâce. Stülpnagel veut faire un exemple. Le 28 août 1941, d’Estienne d’Orves, Barlier et Doornick obtiennent de passer leur dernière nuit dans la même cellule. Ils obtiennent également que leurs yeux ne soient pas bandés au moment du supplice. Ils sont fusillés au Mont Valérien le lendemain, 29 août 1941, à l’aube, la veille de l’exécution de Marin Poirier au champ de tir du Bêle à Nantes.

Le 30 août, un Avis signé par le commandant militaire allemand en France, paraît en Une des journaux collaborationnistes Le Petit Parisien et Le Matin et est placardée sur les murs. Elle y côtoie celle annonçant l’exécution de cinq résistants communistes. Leur mort courageuse frappe les consciences et beaucoup de jeunes vont s’engager dans la Résistance pour se montrer dignes de leur exemple. Le premier groupe FTPF 1, en 1942, prend le nom d’ Honoré d’Estienne d’Orves, L’Humanité clandestine cite fréquemment son nom. Louis ARAGON lui dédie, ainsi qu’à Guy Môquet, Gabriel Péri et Gilbert Dru, son célèbre poème La Rose et le réséda, publié en 1943

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Qui est Henri Louis HONORE, comte d’Estienne d’Orves (1901-1941) ? Il est le descendant d’une vieille lignée aristocratique, cousin d’Antoine de Saint-Exupéry et Louise de Vilmorin. Son père – qui a obtenu que son prénom, Honoré, soit ajouté au patronyme familial devant le titre nobiliaire – est royaliste légitimiste et à la maison le drapeau blanc est de rigueur. Lycéen, Henri est proche de l’Action française. Il intègre Polytechnique en 1921, puis l’Ecole navale. Lieutenant de vaisseau depuis 1930, l’armistice le surprend en rade d’Alexandrie à bord du croiseur Duquesne. Il est promu capitaine de frégate lorsqu’il devient chef du 2ème Bureau des Forces navales françaises libres.

Sources
Musée de l’Ordre de la Libération
Musée de la Résistance nationale – Champigny
Bloyet Dominique et Etienne Gasche, Les 50 Otages, Editions CMD
Marcot François (dir), Dictionnaire historique de la Résistance, Payot
Maitron, Dictionnaire des fusillés, Editions de l’Atelier
Honoré Rose et Philippe, Honoré d’Estienne d’Orves, pionnier de la Résistance, France-Empire
Aragon, La Diane Française, Seghers

Mémoire

Jan DOORNICK (1905–1941) a été fait Compagnon de la Libération, à titre posthume, le 7 mars 1945. Un square de Paris 16ème porte son nom.
Louis Henri HONORE, comte d’ESTIENNE D’ORVES a été fait Compagnon de la Libération, à titre posthume le 30 octobre 1944.
Le grand hall de l’Ecole Polytechnique, la cour d’honneur de l’Hôtel de la Marine, plusieurs lieux de Paris (place, métro Trinité), portent son nom de même que des rues dans 18 villes des Hauts-de- Seine, 11 en Essonne, 9 en Yvelines, 14 en Seine-Saint-Denis et 15 en Val-de-Marne. Nantes a un cours Honoré d’Estienne d’Orves, comme Marseille (le journal La Marseillaise y a son siège), un lycée de Nice et depuis peu, le lycée de Carquefou portent ce patronyme.
Une plaque est apposée au n°1 rue du Bois-Haligan. A noter qu’au n°7 habitait le résistant FTP Auguste Chauvin qui sera fusillé en février 1943 au champ de tir du Bêle, à l’issue de la parodie de « procès » dit des 42. A proximité, une rue porte le nom de Maurice Barlier. Nantes honore également André Clément dont une rue de Chantenay (près du cinéma Concorde) porte le nom.
Hommage à Daniel CORDIER

Ce grand résistant a eu, très jeune, un engagement pionnier dès juin 1940 et a connu un parcours singulier qui l’a fait évoluer, au fil de ses rencontres et de ses expériences, de l’extrême droite maurassienne à la gauche.

daniel_cordier.jpgFormation militaire, parachutage en France, puis de juillet 1941 à Juin 1943, secrétariat de Jean Moulin qu’il a aidé dans sa mission d’unir les mouvements de résistance : il a été un témoin privilégié de la naissance du CNR, le Conseil national de la Résistance.

Nommé Compagnon de la Libération en novembre 1944, il s’est ensuite illustré comme galeriste, collectionneur et fin connaisseur de l’art contemporain avant de se faire historien, dans une démarche rigoureuse afin de contrer les rumeurs et calomnies concernant Jean Moulin et la Résistance.

Nantes, le 25 novembre 2020

Le 9 novembre 1942, un déluge de feu et d’acier s’abat sur le centre d’apprentissage de Penhoët

Il fait beau ce lundi 9 novembre 1942. Environ 180 apprentis des chantiers de Penhoët poursuivent leur formation. Il est un peu moins de 14 heures, ils viennent de sortir du réfectoire et rejoignent leur atelier. Il y a une alerte et conformément à la consigne les apprentis se rendent aux abris du côté du parc à tôles ou sous la cale du Normandie. Déjà les tirs des 75 batteries de défense antiaérienne allemandes visent les B 17. Les moniteurs pressent leurs apprentis de rejoindre les tranchées creusées en zigzag près des bâtiments. Les premières bombes frappent le parc à tôles. Dans ses mémoires, Ferdinand Michel, sauveteur volontaire de la défense passive, écrit que « par endroits, la tranchée s’est refermée, enterrant vivants ses occupants dans un mélange de terre et de bois de coffrage. » Une seconde vague arrive, puis une troisième : 31 bombardiers B 17 et 12 B 24 ont bombardé la ville.
Les secours sont arrivent très vite. Mais il faut réparer une grue endommagée, indispensable pour soulever les tôles qui emprisonnent les victimes. Le bilan est lourd : 134 apprentis, 10 moniteurs, 19 ouvriers et 22 autres personnes ont perdu la vie, soit 186 vies brisées. Parmi les survivants, on compte de nombreux blessés. Ainsi, Joseph Michel, dans le coma, est extrait des décombres. Grièvement blessé, il sera amputé des deux jambes.
Depuis l’armistice conclu entre Pétain et Hitler, et l’occupation de la zone nord de la France, Saint-Nazaire – occupée depuis le 19 juin – et les autres ports de la façade Atlantique présentaient des enjeux stratégiques. Les Allemands ont construit le Mur de l’Atlantique, forteresse de blockhaus ainsi que la base sous-marine et pour affaiblir l’ennemi les Alliés ont procédé à d’intenses bombarde-ments. Les autorités avaient averti par tracts et radio de l’imminence d’attaques aériennes contre les sites stratégiques. Les bombardements des bases sous-marines ont commencé le 21 octobre 1942 à Lorient et le 7 novembre à Brest. Certes, les bombardiers visaient la base sous-marine et les installations portuaires. De ce point de vue, l’objectif du raid a été atteint : la base sous-marine et la zone portuaire ont été criblées de balles. Mais le centre d’apprentissage n’était pas un objectif militaire ! En novembre, l’évacuation des élèves du primaire avait déjà commencé, mais le centre d’apprentissage continuait de fonctionner à Penhoët.

les_apprentis_de_penhoet.jpgCe fait de guerre a été longtemps occulté, car il mettait en cause les Alliés. Serge Paquet, qui a été apprenti à Penhoët de 1963 à 1966, puis moniteur, se souvient que jusqu’à la fermeture du centre d’apprentissage en 1974, « on demandait aux élèves de déposer des fleurs sur les tombes des victimes. On faisait une vingtaine1 de cimetières ou monuments aux morts, mais on ne nous disait pas pourquoi. »2 C’est la raison pour laquelle il a accepté la présidence du Groupement des parents d’apprentis victimes et des rescapés du bombardement du 9 novembre 1942, afin d’entretenir la mémoire de cet événement « qui a marqué à jamais l’histoire de cette ville » a dit David Samzun, maire lors de l’inauguration d’un Mémorial en 2019, près du chantier naval. Le monument en forme de colonne qui porte l’inscription « Colonne brisée, vies brisées » et les noms des 186 victimes, lus un à un par les élèves du Lycée professionnel André Boulloche lors l’inauguration. Ce mémorial s’ajoute à la stèle dressée dans le cimetière Toutes-Aides.

Notes
1 – Les victimes sont inhumées dans 21 cimetières de 16 communes
2 – Ouest-France, 9 .11.2017
Sources
Archives municipales de Saint-Nazaire

On les aura !

Pour le regarder, cliquer sur le lien ci-dessous:

Il est aussi possible de l’atteindre sur le blog de Jean Perrochaud (vignette entre Equinoxe et Les Misérables) et de profiter ainsi de La Chanson de Craonne en bonus

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11 novembre 1940 : le drapeau tricolore flotte sur la cathédrale de Nantes !

Ce 11 novembre 1940, a une importance toute particulière. Non seulement le souvenir de la Première guerre mondiale est vif mais il s’agit du premier 11 novembre sous l’Occupation. Nantes vit à l’heure allemande depuis six mois. Les vaincus de 1918 décrètent, avec l’appro-bation des autorités « françaises » que ce 11 novembre ne sera pas férié et que tout ras-semblement sera interdit. C’est l’humiliation de trop !

Depuis l’été, différents signes montrent que tout le monde ne se résigne pas à l’Occupation, pas plus qu’à la Collaboration. Des papillons fustigent « le boche et le macaroni », le préfet signale des actes de sabotage de lignes téléphoniques militaires. Ces actes de refus s’inten-sifient à l’automne. Le 1er novembre, le commissaire principal signale au préfet la décou-verte de papillons « Vive de Gaulle » collés sur les devantures de magasins du centre ville. Le même jour des incidents – des sifflets du public – se sont produits au cinéma Olympia pen-dant les actualités allemandes. Le lendemain, il rend compte de « faits qui dénotent l’esprit actuel d’une partie de la population nantaise : « les tombes où reposent des soldats anglais ont reçu la visite, la veille (jour de Toussaint) d’un nombreux public et elles ont été particu-lièrement fleuries. » En outre, une banderole tricolore a été tendue sur toute la longueur du Monument aux morts 1914 – 1918, entrelacée dans une banderole noire. Il annonce qu’il fera surveiller les lycées le 11 novembre. Dans son rapport au Ministre-Secrétaire d’Etat à l’intérieur Peyrouton, le préfet Dupart signale que « la propagande communiste continue clandestinement à s’exercer par la distribution, sous le manteau, de nombreux tracts aux abords des usines. » Il promet de faire procéder à des perquisitions et à des internements.

Les lycéens et étudiants bravent l’interdiction

En effet, les lycéens et étudiants ont commémoré à leur façon la victoire de 1918. Les inspecteurs de police et les Feldgendarmes venus en renfort ont constaté des attroupements devant l’Ecole de commerce (20 à 25 élèves), 70 lycéens du Lycée Clemenceau se sont re-groupés dans le Jardin des plantes avant de déposer une gerbe devant le Monument aux morts dans la cour d’honneur du lycée puis de se rendre au Monument aux morts de la ville et d’y déposer une autre gerbe ; puis le cortège parcourant le centre ville, grossit au passage de lycéennes du Lycée Guisth’au, d’élèves de l’école professionnelle Launay. Au Palais de Justice une centaine d’étudiants ont déserté leur cours de droit. A 10 h 30, 150 étudiants et étudiantes ont tenté de déposer une gerbe, mais ils ont été refoulés par le service d’ordre. Les étudiants de l’IPO (une école d’ingénieur), munis d’une gerbe et suivis de 150 personnes se sont rendus au cimetière de la Bouteillerie. Après l’ordre de dispersion, ils se regroupent place Louis XVI, en face de la Kommandantur, avant d’être de nouveau dispersés par les polices allemande et française et de se reformer dans les rues du quartier, rue d’Argentré, rue Gambetta et rue Lorette de La Refoulais. En fin de matinée, deux étudiants de l’Ecole d’Hydrographie, « coiffés d’un bonnet de l’IPO et gantés de blanc » ont été arrêtés alors qu’ils saluaient le Monument aux morts. Des arrestations sont opérées.

L’appel des lycéens de Clemenceau

Etudiants, étudiantes
Il y a 22 ans, le 11 novembre 1918, la France était dans la joie de l’Armistice et de la Victoire. Chaque année, depuis cette date mémorable, le pays tout entier célébrait le 11 novembre. La France n’évoquait pas seulement, en ce jour, la victoire, mais elle honorait les héros qui avaient donné leur vie pour que ceux qui viendraient derrière eux puissent vivre dans la liberté et dans la paix. Etudiants, étudiantes, il faut, malgré l’interdiction donnée, célébrer cette année aussi le 11 novembre.
N’assistez pas au cours lundi prochain. Ce sera une manifestation qui produira son effet sur l’esprit boche. Il faut que nous résistions passivement ; un jour viendra où nous pourrons changer de méthodes et célébrer à nouveau le 11 novembre. Nous espérons que notre appel sera entendu et nous vous en remercions pour les vrais Français qui n’oublient pas ceux qui ont travaillé et qui ont fait leur devoir pour eux.

L’exploit de Michel Dabat et Christian de Mondragon

Autre souci pour le préfet Philibert Dupart : un drapeau tricolore flotte au sommet de la tour sud de la cathédrale. Le sacristain n’a pas réussi à l’enlever. Un soldat allemand a reçu l’ordre de grimper mais n’a réussi qu’à déchirer la partie rouge du drapeau qui est resté, fixé au paratonnerre. Pendant ce temps, la foule massée sur la place Saint-Pierre apprécie l’exploit. A 10 h 40, le curé de la cathédrale Saint-Pierre avise le préfet qui appelle les pompiers et la grande échelle. Peu avant midi, les couleurs nationales ont disparu.

drapeau_cathedrale.jpgLes auteurs de l’exploit ? Deux jeunes, Christian de Mondragon a tout juste 16 ans, lycéen et Michel Dabat, 19 ans, est élève de l’Ecole des Beaux-Arts. Celui-ci a son Brevet de prépara-tion militaire, il s’est investi pendant la débâcle dans l’aide aux réfugiés, particulièrement nombreux dans la région nantaise. A la veille de l’entrée des Allemands à Nantes, il avait tenté avec un ami de rejoindre l’Angleterre via l’Espagne mais ils avaient dû faire demi-tour à Bordeaux. Il reste déterminé à exprimer son refus de la défaite et concocte avec son ami Christian cette action spectaculaire soigneusement élaborée. Ils ont établi la liste de l’outillage nécessaire, pensé à porter des bleus de travail par-dessus leurs vêtements de ville pour ne pas les salir et éviter de se faire ainsi repérer à leur descente par une éventuelle patrouille. Car le couvre feu est en vigueur. Mais pour un coup d’essai ce fut un coup de maître.

Ces premières manifestations publiques ont encouragé un certain nombre des participants qui rejoindront les différents réseaux ou mouvements de résistance. Ainsi, après ces rassem-blements, plusieurs jeunes se rendent chez les Mahé, à la Morrhonnière, où ils rencontrent Marcel Hévin, dessinateur à la SNCF qui vient de créer un groupe de collecte de renseignements. S’ils prolongent la commémoration en allant déposer des coquelicots en papier sur les tombes de soldats britanniques au cimetière de la Gaudinière, au Pont du Cens, leur rencontre aura des prolongements et nous retrouverons les noms de Frédéric Creusé, lycéen à l’ENP Livet, Jean Grolleau, et Jean-Pierre Glou, étudiants à l’IPO aux côtés de celui de Michel Dabat dans la liste des 50 Otages fusillés le 22 octobre 1941.

1940, l’autre 11 novembre

Le 11 novembre est une date particulière et en 1940, non seulement le souvenir de la Première guerre mondiale est extrêmement vif, mais c’est la première commémoration depuis l’occupation allemande. Malgré l’interdiction des autorités militaires allemandes et de la préfecture de police, 3 000 lycéens et étudiants parisiens remontent les Champs Elysées et se rassemblent devant l’Arc de Triomphe pour commémorer, au nez et à la barbe des Allemands, la victoire de 1918 et défier l’armée d’occupation. Ils y déposent des fleurs, entonnent La Marseillaise. Certains arborent des rubans tricolores, quelques uns brandissent deux gaules. Cet événement symbolique est le premier acte public de résistance.

Faire quelque chose

Après seize semaines de combats, la France est défaite le 14 juin 1940. Les Allemands pénètrent dans Paris déclarée ville ouverte, le surlendemain les troupes paradent sur les Champs-Elysées. Le 17, le maréchal Pétain ordonne la cessation des combats, signe un armistice le 22 juin et le 28 juin, Hitler vient faire le tour du propriétaire. A la fin de l’été les réfugiés reviennent. Les vacances scolaires terminées, les cours reprennent. Mais tout le monde ne se résigne pas. La fronde gronde à l’Univer-sité où la présence de l’occupant suscite un rejet. Beaucoup pensent qu’il « faut faire quelque chose » et tâtonnent. De premiers gestes de résistance s’esquissent. Des « V » comme Victoire sont tracés à la craie sur les murs. Des incidents voire des bagarres éclatent entre jeunes et soldats allemands, notamment au café d’Harcourt. Les étudiants communistes font des lâchers de tracts dans les amphis. Le décret du 3 octobre excluant les Juifs de l’enseignement provoque un mouvement de sympathie envers les enseignants évincés. La rencontre, le 24 octobre à Montoire, de Hitler et Pétain et le discours du 30 octobre où ce dernier appelle à la « collaboration » jettent le trouble.

« Libérez Langevin ! »

11_nov.jpgCe même jour, le professeur Paul Langevin, physicien de renom international et fondateur en 1934 du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes est arrêté dans son laboratoire de l’Ecole de physique et chimie et interné. Le 8 novembre une manifestation a lieu devant le Collège de France à 16 h, « à l’heure où le Professeur Langevin aurait dû faire son cours », à l’initiative du Comité de Défense de Paul Langevin et d’étudiants communistes dont Claude Lalet, qui sera interné et fusillé à Châteaubriant.

Le 1er novembre, à l’occasion de la Toussaint, sans aucune consigne, 20 000 personnes étaient passées sous l’Arc de Triomphe où la police comptabilisa 500 bouquets. Dès les premiers jours de novembre, des papillons circulent dans les lycées parisiens à Janson de Sailly, Carnot (où Guy Môquet est élève), Buffon, Condorcet, Chaptal, Henri IV etc. L’un de ces tracts appelle à manifester le 11 novembre, à l’Etoile à 17 h 30. La radio de Londres invite la population française à commémorer l’armistice de 1918. Le 10 novembre, les journaux publient l’avis de la préfecture de police annulant les cérémonies commémoratives. L’avis est affiché dans les lycées et facultés. Ce qui amplifie la rumeur propagée par le bouche-à-oreille. L’interdiction provoque une réaction spontanée de petits groupes qui veulent défier l’occupant et décident de braver l’interdit. En fin d’après-midi, à la sortie des cours (car ce 11 novembre n’est pas férié), des lycéens surtout, des étudiants, des enseignants, se mêlent aux flâneurs sur les Champs-Elysées et se dirigent vers l’Etoile. De nombreux bouquets s’ajoutent aux gerbes déposées sur la tombe du Soldat inconnu. Les manifestants offrent un certain échantillonnage politique, du royaliste Alain Griotteray (qui fera une carrière politique au communiste Tony Bloncourt (qui sera fusillé en 1942). La foule ne cesse de grossir. Madeleine Riffaud parle d’ « une foule impressionnante ». Elle est estimée entre 3 000 et 5 000 personnes. Alors que la nuit tombe des cortèges défilent, se dispersent à l’arrivée de la police puis se reforment. Vers 18 heures des soldats de la Wehrmacht, armés de fusils, de mitrailleuses et de grenades débouchent sur les Champs-Elysées et la place de l’Etoile. Les uns manient la matraque, d’autres tirent sur la foule, faisant des blessés, des véhicules militaires roulent en zigzag sur les trottoirs. Les fourgons de police et les camions bâchés se remplissent de manifestants arrêtés. Le nombre exact des arrestations est difficile à établir : la préfecture de police énumère 105 noms, le gouvernement en annonce 123, le commandement militaire allemand évoque 143 arrestations et le recteur d’Académie avance le nombre de 150. Beaucoup seront retenus dans les locaux de la police, certains seront incarcérés dans les prisons du Cherche Midi et de la Santé.

manifestation_des_etudiants_le_11_novembre_1940.jpgLa manifestation est perçue comme le premier acte collectif de résistance. La jeunesse a ainsi affirmé sa volonté de combattre pour la liberté et, trois semaines après la poignée de mains de Pétain et Hitler à Montoire, de refuser la collaboration. C’est donc un désaveu de Vichy. En représailles l’Université de Paris est fermée, le recteur Gustave Roussy est limogé. Le Quartier latin est placé sous haute surveillance et des arrestations préventives sont opérées – plus d’un millier le 21 novembre. Les journaux parisiens accordent peu de place à la manifestation, Londres y voit un encouragement pour le général de Gaulle. Des étudiants y auront fait leur premier apprentissage et se rapprocheront des mouvements de résistance.

manif_11.11.1940.jpgDes manifestations ont eu lieu à Dijon, à Rouen et à Nantes. Des opérations collectives avec arrêts de travail sont menées dans le bassin minier du Nord. Chaque année durant l’Occupation, le 11 novembre donnera lieu à des gestes symboliques, dont l’un des plus célèbres reste le défilé des maquisards à Oyonnax dans l’Ain le 11 novembre 1943.

Aragon « Les enfants de France » in Le Crime contre l’esprit, Editions de Minuit (clandestines)
« Dans Paris bâillonné, le 11 novembre 1940, moins de cinq mois après qu’un maréchal de France eut proclamé que la Patrie avait touché la terre des épaules, les étudiants descendirent dans la rue, et leur jeune voix retentit si haut que la France tout entière l’entendit et cessa de croire à la défaite. (…) L’ennemi ne s’y trompa pas. On était au lendemain de Montoire, et cette manifestation des étudiants de Paris, il y vit bien le désaveu national de la politique de soumission instaurée (…) par les capitulards. »

Références :
Raymond Josse, La naissance de la Résistance étudiante à Paris et la manifestation du 11 novembre 1940. Revue d’Histoire de la Deuxième guerre mondiale, PUF, n°47, juillet 1962
Alain Monchablon, La manifestation étudiante à l’Etoile du 11 novembre 1940, revue Vingtième siècle, 2011- n° 110, Presses de Sciences Po
Henri Noguères et alii, Histoire de la Résistance en France, tome 1, Robert Laffont, 1967

Texte en hommage à Samuel Paty

Des milliers de personnes, 5 000 peut-être, rassemblées à Nantes, ce dimanche 18 octobre, devant le Monument aux 50 Otages et à la Résistance à l’initiative de la FSU, rejointe par d’autres organisations ont rendu un bouleversant hommage à Samuel Paty.
Le choix de ce lieu n‘est pas un hasard. Lieu de mémoire, il est aussi devenu au fil des ans, un symbole incarnant les désirs d’émancipation, la défense des valeurs de la République. Les résistants nous ont laissé la liberté en héritage.
Notre Comité du souvenir partage l’émotion, la colère et la détermination de celles et ceux qui ont affirmé : « Nous ne céderons pas à la peur. »
Samuel Paty a été tué, décapité dans l’exercice de son métier parce qu’il était professeur d’histoire et d’éducation civique, parce qu’il éclairait le monde pour ses élèves. Parce qu’il était un passeur de savoirs.
Comme tous les professeurs et les personnels de l’Education nationale, il faisait vivre les valeurs républicaines, la liberté d’expression, la laïcité, en leur donnant sens.
Parmi les Résistants honorés par ce Monument des 50 Otages, plusieurs étaient des enseignants : Titus Bartoli, Marc Bourhis, Pierre Guéguin, An Huynh Khuong, Raymond Laforge, ou imprimeurs clandestins : Raymond Tellier, Charles Delavacquerie. Les obscurantistes ont toujours craint la diffusion de la connaissance, le développement de l’esprit critique.
Cet assassinat abject nous commande de poursuivre le combat pour renforcer les fondements d’une République sociale, laïque et démocratique.

Vu à la télévision en 1971 – 22 octobre 1941, mort à Châteaubriant

https://www.ina.fr/video/CAF93022360/22-octobre-1941-mort-a-chateaubriant-video.html

22 octobre 1941. Sur les photos des victimes et l’avis de recherche de l’auteur de l’attentat contre le colonel HOTZ, le commentateur raconte comment cent otages ont été fusillés par les Allemands en représailles, pour sensibiliser l’opinion. Les 27 premiers ont été choisis dans un camps de prisonniers politiques de CHOISEL près de CHATEAUBRIANT. ITW d’un homme qui se souvient : Visite avec le journaliste : PE les vieux bâtiments du camp de prisonniers. « Jamais on aurait pensé qu’ils étaient capables de fusiller froidement ». Photo de de von Stupnagel :il veut un exemple. Photo de PIERRE PUCHEU, ministre de l’intérieur de Vichy, violemment anti-communiste,qui joue un rôle important dans la création des cours spéciales de justice, qui désignera lui-même les otages. ITW de FERNAND GRENIER, ancien prisonnier du camp de Choisel : ils avaient envisagé de se soulever contre la sentence. Grafittis des condamnés sur un mur. ITW d’un couple de fermiers, proches de la carrière où ont été fusillés les condamnés : après le départ du camion emportant les corps nous avons marché un mois dans le sang ». Défilé de la CGT, en mémoire des fusillés communistes à CHATEAUBRIANT dans la Loire Atlantique.Le monument. ITW de JACQUES DUCLOS : »les raisons pour lesquelles l’auteur de l’attentat ne s’est pas dénoncé…C’est le dénommé Pucheu qui a choisi des jeunes communistes, comme Guy Moquet dont le père était communiste ». Selon un article de l’Humanité du 09/11/1971, ce reportage sur le massacre de Châteaubriand en octobre 1941, a été tronqué : Fernand GRENIER explique dans le journal « On doit déplorer les importantes coupures apportées aux déclarations de Jacques DUCLOS et de moi-même…..Tout cela (le courage des militants communistes fusillés) avait été largement enregistré et a été supprimé. De même que divers autres témoignages ».