Jean De NEYMAN

Au Château d’Heinlex, Samedi 6 Septembre 2014 l’hommage au dernier fusillé de Loire Inférieure, a été pour le Maire de St Nazaire l’opportunité d’annoncer que le boulevard de l’hôpital porterait le nom de Jean de Neyman.

Avant la guerre, étudiant à Strasbourg, Jean de Neyman adhère au PCF. Dans l’Allemagne toute proche, le fascisme règne en maître. C’est « le temps du mépris » de Hitler et des Krupp. Jean connaît le hideux visage du fascisme : l’incendie du Reischtag, les autodafés de livres, les pogromes contre les juifs, les assassinats de communistes, les premiers camps de concentration où sont jetés les militants ouvriers.

Aussi, quand en 1940, les armées nazies campent sur notre sol, Jean, sans hésitation, entre dans la résistance, participe pleinement à « ce combat inégal et périlleux » dont il a mesuré tous les risques. Avec courage et audace, il multiplie les actions contre l’occupant.

Arrêté, alors qu’il s’élance au secours d’un déserteur allemand qu’il héberge et qui est pris par une patrouille, il est interné à Heinlex (Saint-Nazaire). Jugé, il est condamné à mort.

Pendant quelques jours qu’il lui reste à vivre, il rédige un mémoire de 55 pages de réflexions scientifiques et pédagogiques ainsi que la dernière lettre si noble et émouvante à ses parents.

Il va mourir. Les raisins mûrissent à l’approche des vendanges. Il va mourir. Le nazisme agonise sous les coups des alliés. La victoire est proche ; cette victoire dont il a été un des artisans et que, ironie du sort, il ne connaîtra pas.

Le dos au mur du jeu de boules, à Heinlex, le 2 septembre 1944, il regarde, lui le dernier fusillé de la poche, calme, avec le sourire du vainqueur, les vaincus qui, inutilement, vont le fusiller.

L’allocution de Guy TEXIER pour le Comité

70e Anniversaire Jean de Neyman (06/09/2014)
Mr le Maire , Chers amis et camarades ;

70 ans déjà qu’au long de ce mur qui encadre cette propriété ,que Jean de Neyman , notre camarade , Résistant depuis 1940, est tombé sous les balles de soldats de l’armée d’occupation ,alors que plus de la moitié de notre pays était libéré.

Votre présence Monsieur le Maire et la décision que vous avez prise de donner le nom de Jean de Neyman à une grande artère de notre ville honore non seulement le nom de ce courageux résistant , mais aussi de tous ceux et toutes celles qui se sont engagés très tôt dans ce combat contre une idéologie criminelle qu’était le nazisme, mais aussi pour libérer notre pays du joug de l’occupation , c’était un combat pour la liberté qui allait aussi les conduire à un combat pour la démocratie et le progrès social.

Il aura fallu attendre 70 ans pour qu’enfin il y ait une journée nationale de la Résistance fixée le 27 mai , jour de la création du Conseil National de la Résistance.

L’histoire d’une ville ,d’une région , d’un pays est l’accumulation de grands et petits actes ,qu’ils soient individuels ou collectifs ,perpétuer la mémoire de ces actes contribue à forger une culture de combativité , de tolérance et de justice sociale.

L’histoire de la Résistance pendant la 2e guerre mondiale ,le rôle qu’a joué la classe ouvrière au sens large du terme ,est encore trop souvent sous-estimé et méconnu.

La ville de Saint Nazaire a pourtant joué un rôle important dans l’histoire de la Résistance et ceci dès le 17 juin 1940 qui fut sans aucun doute le premier acte de Résistance conjugué de civils et militaires avec le départ du Jean Bart et le mot d’ordre des ouvriers ‘’ils n’auront pas le Jean Bart’’ qui sait ou même se souvient que plusieurs centaines de républicains espagnols internés au camp ‘’Franco’’ ont été contraints de participer à la construction de la base sous-marine, et ont ensuite pour la plupart d’entre eux connu la déportation, et pourtant c’est au risque de leur vie qu’ils ont commis nombre de sabotage pour en retarder la construction.

Avec nos Amis des Combattants de l’Espagne Républicaine , nous pensons qu’il serait juste que notre ville les honore et dans ce sens nous ferons avec eux une proposition.

Alors que Paris, Nantes et beaucoup d’autres villes étaient libérées , St Nazaire et sa région allaient connaitre encore 9 longs mois d’occupation avec la présence dans la poche de 30.000 soldats allemands et la poursuite de l’activité meurtrière des sous-marins abrités dans la base sous-marine.

Pour Jean de Neyman et son groupe ,pour beaucoup d’autres ,le combat devait se poursuivre en sachant aussi que la répression allait s’intensifier et aujourd’hui 70 ans après son exécution ,ce n’est pas seulement pour nous un moment de recueillement et d’hommage à Jean et à tous ceux de la Résistance , c’est aussi se poser la question :

Pourquoi des hommes et des femmes ne se sont pas seulement indignés contre l’occupation de la France par l’armée nazie et l’appel à la collaboration et la servitude par la clique de Vichy ,mais se sont révoltés en résistant y compris les armes à la main contre le fascisme et le nazisme , pour la liberté et la paix , pour le progrès social ?

Il fallait beaucoup de courage à ces hommes et ces femmes pour s’engager dans ce combat dès 1940 ou la France était majoritairement pétainiste et que l’interdit frappait les partis politiques , syndicats et organisations républicaines.

Et c’est dans ces heures les plus noires de notre histoire que des hommes et des femmes décident que l’avenir de la France sera démocratique progressiste et sociale.

C’est en plein chaos qu’ils préparent ce qu’ils ont appelé ‘’les jours heureux’’ le programme du CNR qui se projetait dans la perspective de la libération nationale et la victoire de la démocratie ,ce programme était une perspective de renouvellement ; d’espoir contre les injustices, l’intolérance, le fanatisme, le racisme, tout ce que généra la barbarie nazie au moment même où se produisait en France un déchainement de répression terrible : la traque criminelle des juifs ,des communistes et démocrates avec les exécutions comme celles de Châteaubriant et de Nantes ,les déportations.

Après des mois de contacts clandestins le 27 mai 1943 est créé le CNR sous la haute autorité de Jean Moulin ,représentant le général de Gaulle , mais si l’objectif était de donner à la France une autorité nationale , la participation de la classe ouvrière dans la Résistance à permis d’imposer un programme novateur ,progressiste,social qui fera aussi l’objet d’un an de négociations entre toutes les composantes du CNR.

Le grand patronat évidemment n’y était pas et tout le monde comprendra ici qu’il avait d’autres préoccupations.

Le texte final après des mois d’âpres négociations entre les progressistes ,syndicalistes, et la composante de la droite ,notamment sous la présidence de Louis SAILLANT représentant la CGT unifiée qui impulsera fortement la réflexion sur l’innovation sociale à toujours été combattue par le patronat et la droite.

La finance et le patronat n’ont jamais accepté les conquêtes du CNR et sous la houlette de Kessler et Parisot c’est aujourd’hui Gattaz qui conduit l’ambition de liquider méthodiquement ce qui reste de ce programme.

Il n’est pas possible à la fois de répondre aux exigences légitimes du peuple , du monde du travail créateur des richesses en cédant en même temps aux sirènes du renoncement et de l’abandon et aux exigences de la finance.

Les inégalités de classe s’élargissent au profit des actionnaires et de la finance , ce qui conduit à un recul social qui engendre un recul de société.

Il n’est pas possible d’imaginer qu’il puisse y avoir une relance économique et une adhésion du monde du travail sans qu’il y ait de progrès social en direction des producteurs de richesses ;des salariés et des retraités.

Nous vivons une période de grands dangers ,les conflits dans le monde se succèdent et se multiplient, la guerre économique des grandes puissances dominées par la finance peut conduire à la guerre tout court.

En France ,les récentes élections font apparaitre une extrême droite qui progresse avec des propos identitaires ,racistes et populistes dont le terreau est la crise économique ,sociale ,politique et structurelle.

Appeler au rassemblement quand les inégalités sociales s’élargissent ne peut pas convaincre.

Aujourd’hui les valeurs de la Résistance sont gravement menacées. On voit resurgir de plus en plus de campagnes de dénigrement ,le racisme et l’intolérance au quotidien ,cela signifie que les valeurs humanistes ne sont pas acquises pour toujours et nous devons lutter avec fermeté et sans concession contre ces résurgences , c’est le message de la Résistance.

Une société est en péril lorsque le tissu social se déchire ,quand la fracture entre le’’peu’’qui ont trop et le ‘’reste’’qui à peu , quand la désespérance frappe une large fraction de la population.

Sans justice, sans égalité, sans solidarité, la démocratie devient un mot vide de son sens. La remise en cause de ce que l’on appelle les acquis de la Résistance, notamment sur le plan social, constitue un recul historique qui tend à priver de son sens véritable le combat du peuple français pour sa libération et c’était le combat de Jean de Neyman et de tous les résistants.
Guy Texier

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Hommage aux 19 Rezéens morts pour la France

IMG_0754_modifiee.jpgCe discours, fut l’occasion d’adresser des remerciements à un Rezéen qui fait honneur à la ville de Rezé. Il sagit évidemment de Michel Doisneau, personnalité connue et reconnue de tous pour ses travaux de recherche sur la Résistance, et sa ténacité à faire connaître ce devoir de commémorations célébrés aujourd’hui.
Grâce à son action persévérante depuis tant d’années, il a su donner
une leçon de courage par ses actions, aussi bien au sein de la FNDIRP que par le témoignage qu’ il a su transmettre aux élèves des collèges et lycées dans lesquels il a apporté, et apporte toujours sa contribution bénévole.
Cette attitude responsable fut couronnée de reconnaissance, puisque en récompense à ses actes, il fut décoré des Palmes Académiques.

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Des archives sont dans les familles, veillez à ne pas les voir disparaitre !

attestation_de_resistant-r90.jpg90B1A820.jpgVoici le cas d’un Résistant « ordinaire », resté anonyme, comme beaucoup car militant modeste, Marcel Charrier n’était pas de ceux dont le nombre de décorations exhibées est inversement proportionnel à leur engagement et à la date de celui-ci … Des document retrouvés dans sa famille laisseront une modeste trace, mais combien importante, de son appartenance à La Résistance .

Si vous disposez de tels documents faites nous les connaitre, vous contribuerez à l’Histoire de la Résistance.

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Nantes n’oublie pas ses résistants fusillés

Le 28 janvier 1943, au palais de justice de Nantes, quarante-deux
résistants considérés comme des terroristes font face à un tribunal
militaire allemand. Trente-sept sont condamnés à la peine de mort
par le conseil de guerre. Leur faute : avoir résisté au nazisme en
combattant avec des armes et des explosifs les membres de l’armée
allemande et des collaborateurs. C’est le jugement du « procès des
42 », comme l’appelle la presse vichyste et collaborationniste de
l’époque, qui titre : « La civilisation occidentale épure ».
En effet, au terme des onze audiences, le verdict tombe, implacable :
deux femmes et trois hommes sont déportés, les trente-sept autres
résistants seront fusillés sur le terrain du Bêle près de la Beaujoire.
Neuf, dès le lendemain, vingt-cinq le 13 février et trois le 7 mai.
Présentés comme des assassins et des bandits au cours de cette
parodie de justice, ces ouvriers et intellectuels de la région, ainsi que
cinq républicains espagnols, ont surtout rejoint, dès 1941,
l’Organisation spéciale du PCF puis les FTP.
En un an et demi, ils commettent ainsi de nombreux sabotages et
attentats à Nantes, contre le local du Parti populaire français de
Doriot, dans des hôtels fréquentés par l’armée allemande, dans des
usines tenues par les occupants nazis, contre des installations
ferroviaires, des fils télégraphiques, des ponts roulants…
Un hommage officiel a eu lieu pour la première fois à
l’occasion du 60e anniversaire, le 13 février 2003.!
« II y a eu une guérilla urbaine à Nantes. II n’y a pas cinquante
exemples en France de combats armés en ville. Les résistants
vivaient dans une semi-clandestinité, ils risquaient leur vie en
permanence. Nantes a vraiment été le lieu d’une lutte acharnée. Un
hommage officiel a eu lieu pour la première fois à l’occasion du 60e
anniversaire, le 13 février 2003, avec les autorités sur le terrain du
Bêle », explique Joël Busson, président du comité départemental du
souvenir des fusillés de Châteaubriant et de Nantes et de la
Résistance en Loire-Inférieure.
Depuis, le collectif n’a pas relâché ses efforts, il a produit une
exposition qui retrace la lutte de ces jeunes résistants et un
documentaire de vingt minutes comprenant le témoignage des
derniers survivants du procès, dont Renée Losq, qui a été déportée,
et s’achève sur une lettre d’Auguste Chauvin, l’un des fusillés.
Durant toutes ces années, des cérémonies se sont succédé avec
l’inauguration de rues, l’érection d’un monument sur le carré des
républicains espagnols dans le cimetière de La Chapelle-Basse-Mer,
la tenue de colloques et débats, évocations et soirées ou l’édition de
publications… Le 70e anniversaire, l’année dernière, a été un grand
moment pour cette mémoire, et à la rentrée 2014 un livre de
l’historien Guy Haudebourg sur le « procès des 42 » et celui des « 16
» (1) sortira des presses.

Le 13 février prochain à 17 h 15 à la maison des syndicats à Nantes,
devant les plaques en hommage à plus de 110 militants syndicalistes
tombés dans la lutte contre l’occupant, le samedi 15 à 11 heures, au
terrain du Bêle, et ensuite au cimetière de la Chauvinière, puis
l’aprèsmidi à 15 heures à Sainte-Luce-sur-Loire, et dimanche 16 dès
11 heures au cimetière de La Chapelle-Basse-Mer, le comité
départemental organise avec son collectif « du procès des 42 et des
16 » de nouvelles cérémonies, celles du 71e anniversaire.