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Marcel Brégeon
Marcel Bregeon
Marcel Brégeon devient responsable régional (départemental) de l’Organisation spéciale au début de l’année 1942, Jean Vignau-Balous passant au niveau interrégional (Ouest). Lors de la grande vague d’arrestation en juillet-août 1942, il est envoyé à Rennes où il devient interrégional de l’OS devenue organisation des Francs-tireurs et partisans. Marcel Brégeon
(à droite) et Marcel Thomazeau, responsable politique de Loire-Inférieure de la Jeunesse communiste, en mai 1942.
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Maurice Lagathu
Maurice Lagathu

Né le 28 août 1921 à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine), fusillé le 29 janvier 1943 au terrain du Bêle à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; sténo-dactylo-comptable puis magasinier ; militant communiste ; membre de l’Organisation spéciale (OS) ; Procès des 42.

Maurice Lagathu dirigeant du groupe de Pont-Rousseau (Rezé) de l’OS

Maurice Lagathu
Maurice Lagathu

Fils de Charles Lagathu et d’Eugénie Ferrier, Maurice Lagathu était sténo-dactylo-comptable et travaillait comme magasinier. Au début de l’Occupation, il habitait chez ses parents, dans le quartier de Pont-Rousseau à Nantes
Son domicile fut perquisitionné le 17 février 1941, sans résultat mais, soupçonné de distribution de tracts du Parti communiste français (PCF), d’inscriptions chez Renault au Lion d’or à Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) et de destruction des poteaux indicateurs allemands, il fut arrêté par la police française, incarcéré au Centre de séjour surveillé du Croisic et ne fut libéré que le 16 avril 1941 à la suite d’une déclaration par laquelle il s’engagea à ne plus avoir d’activités politiques.
Il reprit pourtant ses activités clandestines au sein du PCF. C’est à cette époque qu’il épousa la mère de ses deux très jeunes enfants, Odile Joséphine Glais, magasinière domiciliée rue Thiers à Rezé.
En juillet 1941, la police le soupçonna d’avoir peint une large inscription sur la route de Château-Bougon (« Vive l’Armée rouge »). À la fin de l’année 1941 ou au début de l’année 1942, il entra dans l’OS dirigée par Marcel Brégeon et Louis Le Paih et devint le responsable du groupe de Pont-Rousseau qui comprenait André Rouault, André Guinoiseau, Robert Douineau et Maurice Jouaud.
Arrêté au mois d’août 1942 par le Service de police anticommuniste (SPAC), il fut torturé au siège de la police nantaise, rue Garde-Dieu, et emprisonné à la prison Lafayette de Nantes.
Le 28 janvier 1943, avec trente-six autres résistants, il fut condamné à mort par le tribunal allemand de Nantes (« Procès des 42 ») pour avoir participé à onze attentats. Au tribunal, il déclara avoir « agi en patriote français et non en bandit ». Maurice Lagathu a été fusillé au Bêle le 29 janvier 1943.
Dans sa dernière lettre, datée du jour de son exécution, il écrivit : « Je meurs en patriote pour une cause juste, j’ai foi à la victoire future. Vive la France, vive le parti ».
Il fut alors enterré à Sautron.
Maurice Lagathu a été reconnu Mort pour la France le 16 février 1945, et homologué lieutenant FFI.
Une rue de Rezé porte son nom ainsi qu’une cellule du PCF.

Chère petite femme,
Cher papa et chère maman,
Lorsque vous recevrez cette lettre, je ne serai plus, j’aurai quitté cette terre de malheur pour toujours. Hélas, je n’aurai pas le bonheur de vous revoir et de vous serrer dans mes bras une dernière fois. Je porte sur moi les photos de toi. Odile chérie, que j’ai si peu connue et si bien tout de même, ainsi que celles de nos deux petits, Serge et Gérard. Pauvres petits, ils auront à peine vu leur père. Moutir si jeune, cela est terrible tout de mêm ! Laisser pour toujours les joies de la vie, mourir Sali par les journaux, mais je sais bien que tu ne me crois pas un bandit ou un assassin. D’ailleurs, je mourrai en brave, en français et je regarderai les fusils ennemis n face. Je me suis fait à cette idée depuis près de 6 mois.
J’espère que ma mort servira d’exemple à ceux qui viendront derrière moi. Ma dernière pensée sera pour vous tous que j’ai fait souffrir par nos actes. Vous direz à Gérard et à Serge quand ils seront grands, pourquoi et comment je suis mort. Je meurs, malgré tout, content, car j’emporte avec moi la certitude de la victoire. Je sais que vous serez heureux, dans un avenir prochain.Hélas je ne serain pas là, je ne vous reverrai plus jamais. Lorsque je tomberai tout à l’heure sous les balles meurtrières, j’aurai sur mon coeur les photos, chers souvenirs d’une époque où nous étions heureux ensemble. Je sais que tous ensemble, vous vivrez heureux en bonne intelligence. Je me hâte car l’heure approche. Odile, élève bien nos petits et que plus tard, ils n’aient pas à rougir de leur père., tout ce que je te demande, c’est de ne pas porter le deuil de moi. Je sais que vous garderez tout mon souvenir dans votre coeur et vous laisse les soins de toutes les choses.
Adieu cher papa, adieu chère maman qui m’avez tant aimé.
Adieu Odile chérie, adieu Serge et Grard.
Je meurs en patriote pour la juste cause. J’ai foi à la victoire future.
Recevez mes derniers baisers.
Maurice, qui vous a tant aimés.
Vive la France, vive le Parti.
Maurice Lagathu.
 

SOURCES : Arch. Dép. Loire-Atlantique 270W485, 270W499, 270W501, 1694W40, 1694W48, 1694W49, 305 J 3 . – Arch. Dép. Maine-et-Loire 18W70. – Le Phare, janvier 1943. – Clarté, 23 novembre 1946. – Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990. – Guy Haudebourg, Le PCF en Loire-Inférieure à la Libération (1944-1947), mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Nantes, 1987. – Héliette Proust, Gilberte Larignon, Chantal Lamotte d’Incamps, Les Rezéens dans la Seconde Guerre mondiale, Rezé, Office municipal d’information, 1985. — Dominique Bloyet, Étienne Gesche, Jeunes résistants en Loire-Atlantique, Coiffard libraire éditeur, 2014. — Acte de décès.

Renée Losq
Renée Losq

Renée Baudic est née le 4 juillet 191 0 à Nantes. Elle épouse Jean Losq en septembre 1930 et adhère au P.C.F. en 1935 en même temps que son mari. Dès l’invasion nazie, en juin 1940 à Nantes, elle résiste en participant aux collages d’affiches et à la distribution de tracts clandestins contre l’occupant, qu’elle recopie parfois à la main. C’est un ami d’enfance, Louis le Paih, responsable de l’Organisation Spéciale du P.C.F. qui lui confie la mission de planquer des résistants clandestins ce qu’elle fait en hébergeant chez elle des membres des F.T.P.

Le 9 septembre 1942 elle participe à la libération d’un responsable de la résistance nantaise, Raymond Hervé, lors de son interrogatoire au Palais de Justice de Nantes.

Elle entre en clandestinité et se réfugie. avec deux de ses enfants à Trégunc dans le Finistère.

Jean Losq est arrêté le 27 septembre et son épouse le lendemain. Ils comparaîtront tous deux avec 43 accusés devant le tribunal militaire allemand de Nantes en janvier 1943 (« Procès des 42 »). Jean Losq est condamné à mort et fusillé le 13 février 1943 au champ de tir du Bêle à Nantes. Renée Losq bénéficie d’un non lieu mais est emprisonnée à Aix La Chapelle, Prünn et Breslun (Allemagne). Elle est condamnée à 2 ans de travaux forcés et transférée dans les camps de la mort de Ravensbrück et Mauthausen.

Renée Losq
Renée Losq

A son retour de déportation le 4 mai 1945 elle devient une militante active pour la paix dans le monde ne ménageant pas ses forces au sein de la F.N.D.I.R.P.*, de l’A.R.A.C.*, tout en élevant ses 7 enfants. Officier de la Légion d’Honneur, médaillée militaire avec palmes, Renée Losq est décédée le 30 novembre 2003 à Sainte Luce Sur Loire.

Affiche Marin Poirier
Marin Poirier

Né le 9 avril 1903 à Fougères (Ille-et-Vilaine), fusillé, par condamnation, le 30 août 1941 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; cheminot ; militant de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) ; résistant.

Marin Poirier, cheminot socialiste, est le premier Nantais fusillé pour avoir participé à l’évasion de nombreux prisonniers de guerre français et les avoir aidés à passer en zone non-occupée – dans le cadre du groupe des Anciens combattants dirigés par Léon Jost. Il est aussi accusé d’avoir commis des attentats contre l’armée allemande (avec le groupe Bocq-Adam).

Affiche Marin Poirier
Affiche Marin Poirier

Marin Poirier était le fils de Jacques Poirier et de Aline Duchesne (19 ans, née à Rennes). Il travailla comme cuisinier à Paris avant de partir cinq ans dans la Marine. Il entra aux chemins de fer de l’État en décembre 1925 comme cantonnier. Marié le 25 juillet 1924 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) à Eugénie née Fourrage (1902-1982) mécanicienne, sans enfant, il demeurait au 61 Chemin de la Gaudinière à Nantes. Marin Poirier travaillait au service Voie et Bâtiments, il gardait le passage à niveau no 318, place du Commerce à Nantes .
Ancien combattant, il avait adhéré à l’Union des camarades des tranchées en revenant de la guerre du Rif (1925-1926 Maroc) au cours de laquelle il avait été blessé. Militant SFIO, il oeuvra dès le début du conflit, au sein du Comité d’entente des anciens combattants, présidé par Léon Jost dont le rôle était d’aider les pouvoirs publics dans l’application des mesures de défense passive et dans l’assistance apportée aux réfugiés et aux mobilisés. Après la défaite, l’occupant allemand autorisa ce comité devenu Comité d’aide aux prisonniers, à venir en aide aux prisonniers parqués dans des camps de transit à Châteaubriant, Savenay, Nantes.
Dès l’été 1940, il entra dans le mouvement de Résistance Bouvron-Nantes, fondé par Auguste Bouvron, au sein du groupe Paul BocqHenri Adam. Marin Poirier avait été contacté par Henri Adam dont l’adjoint, Roger Astic, était en relation avec le réseau du musée de l’Homme.
Il participa à la filière d’évasion des prisonniers qui se mit en place avec Paul Birien, Joseph Blot, Auguste Blouin, Alexandre Fourny, Léon Jost (membres du réseau Georges-France31 dont Alexandre Fourny était le chef régional), Georges Granjean, Marcelle Littoux et Fernand Ridel. Ce dernier décrit Marin Poirier comme excellent propagandiste, petit, râblé, brun avec des yeux pétillants d’intelligence, indiscipliné et d’un dévouement à toute épreuve.
Marin Poirier convoyait en tant que cheminot des prisonniers évadés vers la la zone libre via Angoulême (Charente) et La Rochefoucauld où ils étaient pris en charge par un garçon de café. Son activité de garde-barrière au centre de Nantes, lui permettait de surveiller le passage des convois allemands, informations transmises à Henri Adam puis à partir de 1941, à Londres. Il avait participé à l’un des premiers attentats contre l’occupant, qui le soir de Noël 1940 visait le Soldatenheim de la place Royale.
Le 15 janvier 1941, la Geheimfeldpolizei (GFP) (police nazie) arrêta une grande partie du réseau, Marin Poirier fut arrêté le lendemain au café du Cycle rue de la Fosse à Nantes, où dans une arrière salle, il recevait les candidats au passage en zone libre.
Interné à la prison des Rochettes, puis jugé le 15 juillet 1941 par le conseil de guerre allemand, Marin Poirier fut condamné à 4 ans et demi de prison, peine plus lourde que celle de ses camarades. Mais le 16 août, le commandant militaire allemand en France (MBF) annula le jugement et Marin Poirier fut renvoyé devant la juridiction du chef de la circonscription militaire B d’Angers (Maine-et-Loire) qui le 27 août 1941, le condamna à la peine de mort pour intelligence avec l’ennemi. La fuite du chef de l’organisation Auguste Bouvron et les déclarations d’un codétenu auquel il avait dit être « un ennemi acharné des Allemands » semblent avoir alourdi la peine. Son avocat le bâtonnier Guinaudeau et l’interprète de la préfecture le professeur Duméril déposèrent en vain un recours en grâce. Marin Poirier fut condamné à mort et fusillé le 30 août, Karl Hotz, commandant militaire allemand de la place de Nantes refusa de le gracier malgré une intervention du maire de la ville Gaëtan Rondeau.
ll a été fusillé le 30 août 1941, à 12h15 au stand de tir du Bêle à Nantes, assisté par l’abbé Fontaine puis enterré sur place. Il avait refusé de se laisser attacher au poteau et bander les yeux et avait crié « Je suis innocent. Vive la France ! », cri relaté par le professeur Duméril.
Après l’exécution des 48 otages (dont 16 à Nantes) du 22 octobre1941, le Tribunal de guerre autorisa le transport de son corps vers le cimetière de Saint-Julien-de-Concelles. Le 13 novembre 1941, la municipalité nantaise en assura la réinhumation avec celle de quatre autres fusillés. Au printemps 1945, les familles reconnurent leurs corps qui reposent désormais dans le cimetière de La Chauvinière à Nantes.

Reconnu « Mort pour la France » par décision du 19 février 1945, il fut décoré : chevalier de la Légion d’honneur par décret du 27 juillet 1946 ; Croix de Guerre avec Palme. Le titre d’Interné résistant lui a été attribué le 14 juin 1961, RIF (résistance intérieur française) et résistant « isolé », non rattaché à une organisation homologuée.

Premier fusillé de Nantes, Marin Poirier est particulièrement honoré dans sa ville : une stèle avec son buste a été inaugurée le 14 novembre 1948 dans la cité de cheminots du Vieux Doulon qui porte son nom ainsi qu’un buste similaire inaugurée en 1991 dans une salle de réunion dénommée Marin-Poirier au triage du Grand Blottereau (Loire-Atlantique). Dans ce département son nom est aussi gravé sur une stèle aux fusillés à Saint-Julien-de-Concelles et sur une plaque en gare de Nantes-Nord. Sa mémoire est également perpétuée par deux noms de rue, à Savenay et à Bouguenais et une place à Couëron.

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Notes Carlos Fernandez (Arch.Dép. Loire-Atlantique 1694 W12 et W16 , Arch. mun. 27 J1, 1205 W3, 1136 W27). — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 483579. — Fernand Ridel, Témoignages, 1939-1945. Une page d’histoire, Édition des Paludiers. — Notes Alain Prigent. – Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure 1940-1945, 2001, p.31 — Thomas Fontaine (dir.) Cheminots victimes de la répression, 1940-1945, Mémorial Stéphane Robine, p.1202, Perrin/SNCF, 2017. — A. Perraud-Charmantier, La Guerre en Bretagne. Récits et portraits, tome 1, Aux Portes du Large, 1947. — Mémorial Genweb . — État civil.

Résistance communiste

L’expression « résistance communiste » pour désigner l’activité des communistes avant le 22 juin 1941, date de l’attaque de l’URSS par l’Allemagne nazie, est toujours sujet de polémique. Nous ne reprendrons pas ici les arguments développés par les meilleurs historiens sur le sujet – que ce soit en faveur de l’expression ou en sa défaveur – mais il nous semble intéressant de reproduire ce qu’écrivait en 1942 un juge d’instruction allemand à propos de la période qui nous intéresse ici. Il nous semble, en effet, que les nazis n’étaient pas les plus mal placés pour savoir ce qu’était la résistance.

L’activité du parti communiste illégal français était déjà très intense à Rennes et aux environs depuis le début de l’année 41. Déjà, avant le début de la guerre avec la Russie, il existait à Rennes une organisation de groupe de résistance terroriste, qui tout d’abord se bornait à chercher des adhérents, à faire et à distribuer des tracts.

Acte d’accusation au procès des 30 francs-tireurs rennais (15-22 décembre 1942). Juge d’instruction, conseiller près du Conseil de guerre allemand

L’expression « résistance terroriste » pour désigner l’activité politique est évidemment exagérée, les nazis utilisant généralement le terme de « terrorisme » pour désigner les sabotages ou attentats contre les personnes. Elle a néanmoins le mérite de montrer que, pour l’occupant, comme pour les autorités vichyssoises d’ailleurs, les actions politiques et les actions militaires ne diffèrent pas dans leur nature.

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Papillons trouvés à Nantes

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Hier
La clique fasciste
mettait les communistes
en prison, en les dénonçant
comme traîtres et agents
de l’Allemagne…

Aujourd’hui

Ces mêmes fascistes
sont ouvertement
les instruments dociles
de l’Allemagne hitlérienne

et. les Communistes
sont toujours traqués
et mis en prison

VIVE LE COMMUNISME
LIBERATEUR SOCIAL ET NATIONAL !|

Papillon
Papillon