Le dimanche 26 février 2023 se sont déroulées les commémorations des fusillades des résistants FTP fusillés en 1943 à l’issue des procès des 42 et des 16.
Le soleil était au rendez-vous, le vent aussi. Malgré un froid glacial les participants se sont d’abord regroupés dans le square Jean Moulin, en bordure de la place des Martyrs de la Résistance. Une gerbe a été déposée au pied de la stèle rendant hommage au fondateur du Conseil national de la Résistance, puis le cortège s’est porté au long des rues de la IVème République, Jean Jaurès puis Aristide Briand vers le Monument Roger-Salengro où une nouvelle gerbe a été déposée. Le cortège a cheminé vers le cimetière Saint-Paul où se trouve le Mémorial. Une centaine de personnes étaient présentes. L’appel des morts a été confié à Laurent et Nicolas Boissard, petits-fils du fusillé rezéen Marcel Boissard. Des gerbes ont été déposées par le Comité d’entente des anciens combattants, la FNDIRP, le PCF, le Comité du souvenir, le PCF et la maire.
Christian Retailleau a pris la parole* au nom du Comité départemental du souvenir. Il a salué « Rezé, qui depuis la Libération a toujours su commémorer ses fusillés, dont les noms ornent les plaques de nombreuses rues » ; il a rappelé le contexte des événements de 1942-43, l’action des résistants FTP, la répression dont ils furent victimes, les procès des 42 et des 16, les exécutions avant de dresser le portrait « de ces résistants dont le plus jeune André Rouault a 17 ans, André Guinoiseau et Jean Greleau de Rezé ont 20 ans (…) Ce sont des ouvriers qui symbolisent le rôle irremplaçable du monde du travail dans ce que fut la Résistance, si bien résumé par François Mauriac : « seule la classe ouvrière dans sa masse est restée fidèle à la France profanée. » (…) C’est notre responsabilité collective de faire connaître aux nouvelles générations l’histoire de la Résistance afin que ne soient pas banalisées les idéologies fascisantes, (…) pour refuser les guerres en Ukraine et ailleurs, pour refuser la misère et construire un monde de paix. »
https://resistance-44.fr/wp-content/uploads/2023/03/REZE-Allocution-C.-Retailleau.pdf
Madame Agnès Bourgeais*, maire conclut la cérémonie : « Nous sommes réunis pour évoquer des faits qui ont marqué l’Histoire. Nous refusons que ces noms gravés sur les plaques de nos rues tombent dans l’oubli.(…) Ce qu’ont vécu ces hommes auxquels nous rendons hommage aujourd’hui est tout sauf abstrait. Derrière ces faits, il y avait des hommes, des femmes et des habitants. Il y avait des Rezéens. (…) Il faut se rendre compte de ce qu’implique d’agir ainsi, de prendre des risques. Il faut prendre la mesure du choix qui est fait par ces hommes, la mesure de leur courage. (…) Ces hommes étaient des résistants (…) Ce mot désigne un engagement : celui d’une lutte pour des valeurs. Ces hommes n’étaient pas des héros, mais ils le sont devenus. »
https://resistance-44.fr/wp-content/uploads/2023/03/Reze-allocution-maire-Copie.pdf
Philippe Audubert, adjoint chargé des Anciens combattants a invité les participants à assister dans l’après-midi au deuxième temps de cette journée au Théâtre municipal.
La déambulation dans Pont-Rousseau a permis de parcourir ou de croiser plusieurs rues portant les noms de résistants rezéens fusillés par les nazis : 12 rues ont ainsi été renommées par délibération du conseil municipal le 28 décembre 1944, sur proposition du Comité local de Libération. Saluons la décision de la municipalité d’habiller chaque plaque d’une courte présentation avec photo et d’éditer pour cette journée du 26 février un dépliant très bien conçu : un plan localise les rues et chaque nom est accompagné d’une brève biographie. Ajoutons que pendant cette période, l’exposition réalisée par les Archives municipales de Nantes a été présentée sur le parvis de l’Hôtel de ville.
Le verre de l’amitié a été partagé à l’invitation de la municipalité salle Jean Jaurès.
Un temps fort a été consacré l’après-midi à une initiative culturelle au Théâtre municipal situé dans la salle qui a servi de chapelle ardente aux fusillés rezéens le jour de leurs obsèques solennelles en 1945. La rue porte aujourd’hui le nom de Guy Le Lan, l’un des jeunes FTP fusillé le 25 août 1943 à l’issue du procès dit des 16, en même temps que Jean Fraix. Plus d’une centaine de personnes ont visionné le documentaire Le procès des 42, réalisé par l’historien-documentariste Marc Grangiens avec ses étudiants de BTS audio-visuel du Lycée Léonard de Vinci de Montaigu(85). Ce film expose clairement le contexte du procès – la guérilla urbaine menée par ces combattants contre l’Occupant nazi, le déroulement de ce « procès » qui n’était en fait qu’une parodie grâce aux explications d’historiens et aux témoignages d’inculpés, condamnés à des peines de déportation Renée Losq et Roger Guédon.
C’est ensuite la pièce Paolo qui a été jouée avec beaucoup de sensibilité par l’autrice et comédienne Anne Rossi, petite-fille de Paolo Rossi, l’un des condamnés du « procès » des 16, déporté à Tübingen en Allemagne où il a été fusillé le 20 novembre 1943, en même temps qu’André Rouesné. L’autrice s’est inspirée de souvenirs familiaux et de La Montagne de kaolin, récit de son oncle, l’écrivain Pierre-Louis Rossi dont le rôle enfant est interprété par Timothée Godineau-Leroy. La mise en scène est sobre, le décor est dépouillé de sorte que les spectatrices et spectateurs peuvent se concentrer sur les paroles/témoignages des artistes. L’ovation et les rappels en fin de séance ont traduit la satisfaction du public.
Un temps d’échanges a suivi. Christian Retailleau, président du Comité départemental du souvenir, Ronan Viaud, responsable des Archives municipales de Rezé et Loïc Le Gac, co-auteur du livre En Vie, En joue, Enjeux ont répondu pendant une heure à un feu roulant de questions sur l’action des résistants, la répression, le rôle de la police française, le poids de la collaboration etc.