Nantes, le 24 Mai 2019
Objet :Présentation de la Bande Dessinée 50 Otages
Madame la Rédactrice,
Monsieur le Rédacteur,
Le Comité départemental du Souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire Inférieure, a l’honneur de vous inviter à la présentation de la Bande dessinée:
« Immortels »
Les 50 otages- Châteaubriant, Nantes,le Mont Valérien
Lors de la rencontre avec la presse qui se déroulera au lendemain de la Journée nationale de la Résistance
En souhaitant vous rencontrer, recevez Madame, Monsieur, nos meilleurs salutations,
Christian Retailleau
Président du Comité départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant et
Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure
Veuillez trouver, ci-joint, le communiqué de presse et le tract d’information du Comité Local d’Indre sur la Journée nationale de la Résistance du 27 mai 2019.
comite_indre_2019.pdf
Les autres cérémonies auxquelles participera le Comité Départemental auront lieu à :
– Nantes à 11h00, au Monument aux 50 Otages où le Comité déposera une gerbe,
– Trignac à 17h30, place de la Mairie où le Comité déposera une gerbe portant la mention « Hommage à la Résistance » et prononcera un discours.
Je vous invite à être présents à ces cérémonies, qui permettent de rappeler l’importance du CNR et de son programme dans la réalisation du modèle social et démocratique français à la Libération.
Très fraternellement,
Christian Retailleau
Président du Comité du Souvenir
Paulette,
Née le 6 juin 1922 à Paris 18eme, résistante, militante communiste, membre du conseil national de l’Union des Jeunes Filles de France, membre de la FNDIRP, ancienne internée du camp de Choisel et donc membre de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt.
Originaires du Morvan, les parents de Paulette Bouchoux s’installent à Paris lorsque son père devint cheminot. Sa mère fait des ménages. Après son certificat d’études, Paulette commence à travailler à quatorze ans comme couturière chez un patron dans le quartier de la Madeleine.
La dissolution des Syndicats par le Gouvernement de Vichy le 16 aout 1940, la fait passer dans le militantisme et la résistance active. Elle distribue donc tracts et papillons et participe à la manifestation du 11 novembre 1940.
Elle est arrêtée le 29 décembre 1940 à Paris 18eme et conduite au Dépôt du Palais de Justice le 30 décembre comme Margot, qu’elle va rencontrer.
Elle va être après transférée à la Prison de la Petite Roquette. Elle a alors 18 ans
Enfin, le 16 septembre, un convoi composé de 48 femmes venant de la Prison de la Petite Roquette va arriver à Châteaubriant, au camp de Choisel en Loire Atlantique. C’est le convoi, qui va unir nos futures Bistouillardes.
Lors de leur arrivée tard la nuit, les femmes sont placées dans la baraque comme elles arrivent. Margot se retrouve sur la même tablée que Jeanine et Evelyne. Odette, Paulette et Dédé sont, elles, à la première tablée en début de baraque. Margot ayant sympathisé à la Petite Roquette avec Paulette et Odette.
C’est ainsi que le noyau des Bistouillardes va se former. Ne me demander pas ce que veut dire Bistouillarde, c’est comme cela que les hommes du camp, les ont surnommées car elles étaient toujours ensemble.
Le 11 mai 1942 ce sont 60 femmes dont nos Bistouillardes qui quittent définitivement le camp de Choisel pour celui d’Aincourt.
Ce sont des détenues politiques résistantes et elles décident donc dans l’heure qui suit de Résister contre ces conditions inhumaines et dégradantes…Voilà nos Bistouillardes rebelles et insoumises.
Ainsi, à la fin août 1944, les Bistouillardes sont dans un état physique déplorable. Leurs défenses immunitaires sont très affaiblies par les privations. Et surtout des cauchemars récurrents reviennent chaque nuit.
Pourtant, toutes ses femmes, à peine le pied hors du camp, vont poursuivre leurs activités de salariées et de militantes.
Toute leur vie, elles ont tenté de maintenir et d’entretenir la flamme de la résistance et du militantisme.
Paulette a été décorée de la Légion d’Honneur en 2002.
Paulette, tu es partie, discrètement, le 20 avril 2019, à peine 2 mois avant tes 97 printemps.
Avec ton indéfectible sourire et toujours un joli chapeau, nous continuerons à penser à toi avec joie et amour, cet amour que tu as su prodiguer à ta famille de sang mais aussi à ta famille de cœur, les Bistouillardes, ces frangines qui se sont trouvées en camp et que seule la mort a séparé. Au revoir.
Sous trois Républiques, la tradition et les préjugés avaient refusé le droit de vote aux femmes.
Une première brèche fut apportée cinq années après le Congrès de Tours et la naissance du Parti communiste français. Aux élections municipales de 1925, il présenta des femmes sur ses listes électorales. Jeune militant, j’ai vécu cette époque dans le Nord, à Halluin. Pour la première fois, la liste du PCF comprenait trois femmes : une ouvrière du textile, une ouvrière de l’industrie chaisière, une ménagère. Grande fut notre joie de constater que sur 1.476 bulletins communistes, sur une dizaine seulement avaient été rayées les noms des candidates.
Un nouveau pas en avant a eu lieu en juillet 1936 quand la Chambre du Front populaire approuva le vote des femmes, mais le Sénat s’y opposa. Trois années plus tard, c’était la Seconde Guerre mondiale et l’occupation.
A Châteaubriant, une soixantaine de femmes ou de jeunes filles furent internées pour leur participation à la Résistance. Parmi elles, Marie Bréchet et Léoncie Kerivel.
Le 7 janvier 1943, sur décision du Parti communiste clandestin dirigé par Jacques Duclos et Benoît Frachon, je partais pour Londres avec le Colonel Rémy, organisateur des groupes gaullistes dans la France occupée. C’est ainsi que je fus amené à poser la question du vote des femmes pour la première fois quand le général De Gaulle me proposa de faire partie d’une commission de réforme de l’Etat que dirigeait le juriste René Cassin. C’était le 23 avril 1943.
Je pensais qu’il serait injuste de continuer alors à considérer les femmes comme incapables de se servir du bulletin de vote et c’est ainsi que la commission décida d’inclure le vote des femmes parmi les nombreuses questions relatives à la France de demain.
Six mois plus tard se constituait, à Alger, l’Assemblée consultative provisoire. Le 21 janvier 1944, elle aborda le premier débat sur «l’organisation des pouvoirs publics après la libération». Elle ne prévoyait pas le vote des femmes.
Le groupe communiste à l’Assemblée fut amené à présenter un contre-projet qui déclarait «la femme de France doit avoir le droit et le devoir de s’occuper de la chose publique. Il serait même de notre désir que l’Assemblée consultative affirmât que la femme française est électrice et éligible, afin que nous lui manifestions notre solidarité et notre volonté de ne pas la traiter en mineure, en inférieure».
Le débat reprit le 22 mars 1944. Un nouveau projet fut présenté par le gouvernement provisoire. Il admettait le vote des femmes pour l’Assemblée nationale provisoire, qui serait élue après la libération, mais ne le prévoyait pas pour les autres élections. L’article 16 qui concernait l’élection des municipalités et des conseils généraux, mentionnait que des femmes pouvaient y figurer mais ceux-ci continueraient, comme par le passé, à être élus uniquement par les hommes.
C’est contre ces subtilités que je proposais, au nom du groupe communiste, un texte net et sans ambiguïté : «Les femmes seront électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes». Le débat fut passionné, puis on vota. Sur 67 votants, 51 se prononcèrent pour l’amendement.
C’est donc ce projet qui servit de base au décret pris à la libération instituant le vote des femmes. Bien qu’il ait porté par la suite la signature du président du gouvernement provisoire, il n’est pas conforme à la vérité historique de présenter le général De Gaulle comme ayant octroyé le vote des femmes, par sa seule initiative et sa seule volonté.
Fernand Grenier
Source
L’origine du droit de vote aux femmes (extrait) L’Humanité 18 avril 1991
Toutes les photographies sont l’œuvre de Monsieur Michel Charrier
Prise de parole de Christian Retailleau – 27 avril 2019 Moisdon-la-Rivière
Monsieur le Sous-Préfet
Monsieur le 1er Ministre Jean-Marc Ayrault
Monsieur le Maire de Moisdon-la-Rivière
Mesdames et Messieurs les représentants de l’ADGVC 44 et de l’ANGVC
Monsieur le Député
Mesdames et Messieurs les élus
Monsieur le président de la Commission consultative des Gens du Voyage
Mesdames et Messieurs
Chers amis, Cher Christophe Sauvé
Le 13 avril 2008, nous avions participé activement à cette émouvante cérémonie, ici même, en hommage aux Républicains Espagnols et aux Gens du Voyage internés dans ce triste camp dit de « La Forge ».
C’est donc tout naturellement que notre Comité du Souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure a répondu favorablement à l’invitation de l’Association Départementale des Gens du Voyage pour rappeler l’internement des Tsiganes et des Républicains Espagnols.
Si vous le permettez, je voudrais m’attarder sur ces derniers et pour bien comprendre ce qui est arrivé, nous devons remonter jusqu’en 1936.
Que s’est-il passé en cette année 1936 et plus précisément le 17 Juillet ? C’est le jour où la rébellion militaire part du Maroc espagnol sous l’impulsion de Général Franco pour gagner la péninsule le 18 juillet.
Ce coup d’état fasciste vise le renversement de la république. Il a été préparé minutieusement en accord avec Hitler et Mussolini qui voient là une opportunité pour tester à grande échelle leurs nouvelles technologies militaires.
Il se dira, non sans raison, que la Seconde Guerre mondiale a débuté en juillet 1936 et non en septembre 1939.
Très rapidement, des centaines puis des milliers de femmes, enfants et vieillards fuient les zones de combats ou de bombardements, comme la tristement célèbre ville de Guernica, et franchissent la frontière franco-espagnole.
Tous les grands ports de la façade atlantique deviennent des centres d’accueil et de transit pour une population désœuvrée et meurtrie.
Un centre d’hébergement est ouvert à Ancenis.
Le gouvernement du Front Populaire en organise l’accueil épaulé par les syndicats, les partis de gauche, le secours populaire et le secours catholique.
12 centres de vacances sont ouverts entre Pornic et Batz-sur-Mer.
Au total, ce sont 1547 hommes, femmes et enfants qui sont accueillis.
Le mot solidarité prend tout son sens. Ils seront plus de 30 000 à transiter par notre département entre 1936 et 1939.
Cependant, avec l’arrivée au pouvoir du gouvernement Daladier en Avril 1938, les choses changent. L’une des premières mesures de ce gouvernement concerne les étrangers et les réfugiés.
Progressivement, l’étranger devient suspect puis indésirable. Un décret est promulgué pour que ces étrangers « indésirables » soient internés dans des centres spéciaux.
C’est pour cette raison que sera ouvert, à la va-vite et sans réelle préparation, le camp d’internement de la Forge à Moisdon-la-Rivière le 27 mai 1939.
620 paillasses sont installées ici même, 600 kilos de paille assurent le couchage. L’eau potable manque ainsi que le chauffage dans ces lieux humides et frais.
Au début, il y a 239 enfants et 192 adultes. Le chiffre culminant est atteint le 21 Juillet 1939 avec 875 internés, Parmi eux, 452 enfants,385 femmes et 38 vieillards. Dans l’autre camp situé à Juigné-des-Moutiers, les effectifs sont moindres.
C’est début novembre 1939 qu’il est décidé d’expulser tous ces réfugiés en direction de l’Espagne. Ils seront reconduits, sous escorte de la gendarmerie, jusqu’à la frontière à Irun où les attend de pied ferme la « guardia civile. »
C’est un nouveau drame qui se jouera alors pour de nombreuses femmes militantes ou dirigeantes du Frente Popular.
Je pense à Soledad Réal condamnée à 30 ans de prison et qui sortira en 1957 en liberté conditionnelle.
Je pense à Maria Salvo Iborra, dirigeante des jeunesses socialistes de Catalogne, emprisonnée et qui sera libérée en 1957 et tant d’autres qui connaitront du régime franquiste la torture, la prison et l’humiliation.
Le poète nous avertit : »si l’écho de leurs voix s’éteint, nous périrons ». L’actualité nous apporte, hélas, régulièrement des exemples de privations de liberté, d’exactions, d’oppressions, de massacres, de crimes racistes, fruits de l’intolérance, de la domination de la loi de l’argent sur les principes de Liberté, d’Egalité et de Fraternité.
C’est pour combattre l’amnésie de certains de nos contemporains que le Comité du Souvenir continue d’entretenir sans relâche la mémoire des internés du camp de la Forge, en organisant la visite du site par des jeunes scolaires comme cela a été fait le 4 mars dernier.
Le sort indigne fait, il y a 80 ans en France, aux Républicains Espagnols et aux Tsiganes ne doit plus jamais se reproduire.
Plus jamais « d’indésirables » dans notre pays.
Je vous remercie.
Prise de parole de Serge Adry
Chers camarades,
Nous sommes réunis aujourd’hui autour de cette tombe pour honorer notre camarade Raymond Laforge, né le 3 avril 1898 à Malesherbes dans le Loiret.
Engagé volontaire en 1916 dans l’artillerie, il devient instituteur une fois la paix revenue.
Il adhère très tôt au Parti communiste, dont il devient un militant très actif.
Après avoir été mobilisé en 1939, il s’installe au début de l’occupation à Montargis dans le Loiret
Il y est arrêté le 8 février 1941 et placé en internement administratif du fait de ses engagements politiques, à la suite de la découverte de papillons communistes sur les murs de la ville.
Il arrive au camp de Choisel à Châteaubriant le 13 juin 1941.
Dans le camp, il participe à l’instruction des autres prisonniers.
Ici, dans ce lieu deux autres camarades ont été inhumés.
Charles Delavaquerie, né le 22 janvier 1922 et Eugène Kérivel, né le 4 septembre 1891.
Ces trois camarades faisaient partis des 27 fusillés de châteaubriant.
Sur les 27 fusillés, Raymond Laforge est le seul, parce qu’il l’avait demandé, à être encore inhumé à Moisdon-la-Rivière, dans l’un des neuf cimetières où les nazis ont enterré nos camarades.
Nous honorons aujourd’hui sa mémoire dans le cadre de notre déplacement au camp de Moisdon-la-Rivière, où un hommage sera rendu aux Républicains espagnols et aux familles Tsiganes qui y ont été internés.
Dans les prochains mois, nous aurons l’occasion de revenir sur ce lieu pour inaugurer une plaque avec les portraits et les biographies de nos trois camarades, dans le cadre des 80 ans des fusillades de châteaubriant.
Je terminerai cette brève intervention.
Vous qui avez laissé votre vie,
Soyons dignes de vous, pour une vie meilleure, pleine d’espoir, de justice et de paix !
Ayons une pensée aujourd’hui pour nos deux camarades qui viennent de nous quitter :
Dominique Crossouard, membre du Conseil d’Administration du Comité départemental du Souvenir ;
Paulette Capliez, membre du bureau de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt.
Merci.