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Mémoire de Guy Môquet

Respecter la mémoire de Guy Moquet.

Par Joël BUSSON Pré́sident du Comité dé́partemental du souvenir des fusillé́s de Châteaubriant et Nantes, Vice-Président de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé

Les cé́rémonies en hommage aux fusillés d’Octobre 1941, les 19, 21 et 22 octobre, se tiennent alors que le Président de la République instrumentalise la mé́moire de Guy Moquet. Et cela pour mieux justifier les attaques contre des conquêtes sociales issues du Front Populaire, de la Résistance et de la Libération.

Participer aux cérémonies en hommage aux fusillés du 22 octobre 1941, constitue un acte de résistance face à cette manipulation

En 1945, la production ne s’élevait qu’à 29% de celle de 1929, et pourtant ce qui fut possible dans un pays dévasté et ruiné a permis la reconstruction du pays et ”les trente glorieuses”. La création de grands services publics et les réformes inspirées par le programme du Conseil National de la Résistance, ont démontré combien progrès social, démocratie politique, développement des droits à la santé, à l’éducation, à la formation… , investissemments scientifiques et culturels, … se conjuguent au service de la nation et de toute la population.

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Transmettre cette mémoire, ses valeurs, c’est donner face aux problèmes d’aujourd’hui, repères et perspectives. c’est respecter la mémoire de Guy Môquet, celle de ses camarades, celle des Résistants qui luttaient pour la liberté, la paix, la démocratie sociale et politique.

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Pour se rendre aux cérémonies à Châteaubriant

Dimanche 21 octobre 2007

Départ 11h45 Place du 8 Mai à Rezé. Ce car passera ensuite,
-place Pirmil, 11h 50,
-Place du Commerce, 12h 15,
-place Zola,12h30,
-place des Chataigniers 12h 45,
-Beauséjour 12h 55,
-Pont du Cens,13h 05,
-le Cardo 13h 10.
-puis se dirigera vers Châteaubriant – Place Fernand Grenier (départ du cortège vers la Sablière)

Le retour se fera, à l’issue de la cérémonie, par l’itinéraire inverse

Vidéo : Odette Nilès et Guy Môquet : http://www.curiosphere.tv/video-documentaire/0-toutes-les-videos/104813-reportage-guy-moquet-et-odette-niles-a-chateaubriant

Sabotage aux Batignolles

Article publié dans le bulletin de l’ALPAC

Les Batignolles, 1942 : le sabotage du grand pont roulant

L’usine des Batignolles à Nantes construisait des locomotives, et aussi du matériel de guerre, comme les « tourelles » de la Ligne Maginot, de gros cylindres montés sur vérins qui permettaient de camoufler sous terre les canons lorsqu’ils n’étaient pas en service.

Lorsque les Allemands envahirent la France à la suite de la débâcle de 1940, l’établissement, bien sûr, dut travailler pour l’ennemi. Mais tout le monde n’acceptait pas la défaite, et les cités en bois qui entouraient l’usine devinrent vite un des principaux foyers de la Résistance du pays nantais. Il y a quelques années, à l’occasion d’une exposition sur l’histoire de notre quartier, la Commune Libre avait consacré quelques panneaux à trois héroïnes de ces années terribles, Mmes Renée Losq, Marcelle Baron et Paule Vaillant. Aujourd’hui, les Archives de cette période commencent à s’ouvrir et nous livrent quelques-uns des épisodes peu connus, ou oubliés, de la Résistance au nazisme.

L’usine était composée de plusieurs vastes bâtiments disposés en « arêtes de poisson » de part et d’autre du Bâtiment G, « la Cathédrale », comme le nommaient les ouvriers. Une soixantaine de ponts roulants se déplaçaient dans les ateliers. Les conducteurs de ces engins étaient souvent des femmes, les pontonnières. Le plus impressionnant, capable de déplacer une locomotive complète, était le grand pont roulant de 150 tonnes du bâtiment G. L’inspecteur de police judiciaire Jean Poitou, chargé d’une enquête par le juge d’instruction Le Bras, rapporte ….

« Dans la nuit du 23 avril 1942, vers 0 h 30, plusieurs explosions se sont produites dans le bâtiment G de l’usine des Batignolles, spécialisée actuellement dans la fabrication de locomotives pour le compte de l’Allemagne. L’attentat a été commis contre le pont roulant de 150 tonnes servant au transport des locomotives en cours de montage. Quatre charges avaient été posées sur le groupe Léonard du pont de 150 tonnes, l’une sur le moteur de 110 CV, une autre sur l’excitatrice, et les deux dernières sur les deux génératrices. Ces appareils ont subi de gros dégâts et sont hors d’usage pour une période d’au moins six semaines. La fabrication des locomotives n’est cependant pas interrompue par cet attentat, car l’usine dispose de deux ponts de 40 tonnes avec lesquels le travail peut se poursuivre. Les auteurs du sabotage ont pu avoir accès au pont roulant soit par un escalier métallique se trouvant à l’intérieur du bâtiment, soit par une échelle de secours se trouvant à l’extérieur et donnant sur le terrain de l’usine. Cette échelle extérieure a d’ailleurs été supprimée depuis l’attentat.
Le bâtiment dans lequel s’est produit le sabotage abrite la dernière locomotive en cours d’essais avant livraison, elle est gardée en permanence par un surveillant non armé et disposant d’une couchette. Cet homme, un nommé Moreau Valentin, né le 19 septembre 1900 à Nantes, demeurant chemin des Agenêts à Nantes, est un ancien ouvrier de l’usine employé comme gardien
de nuit depuis le 12 janvier 1942. C’est un ancien sous-officier de carrière en retraite dont les notes militaires sont excellentes et sur lequel le Directeur de l’usine m’a donné les meilleurs renseignements.
Le jour de l’attentat, Moreau a été interrogé successivement par la Feldgendarmerie, la Police Française et la Geheimfeldpolizei. Cet individu de caractère faible et timide a été complètement désorienté par ses interrogatoires successifs et a fait aux enquêteurs des déclarations assez étranges. Il prétend que, vers minuit 15, un individu a pénétré dans le bâtiment G par la porte située près de sa couchette au bout de la locomotive en cours d’essais. Il avait pourtant pris la précaution de bloquer le loquet de cette porte avec un coin de bois placé à l’intérieur. L’individu, dont il ne peut donner aucun signalement précis, l’aurait menacé d’un revolver en lui disant : ‘’Ne dis rien et tu auras la vie sauve ‘’. Moreau serait resté la tête tournée vers le mur pendant une dizaine de minutes. Pendant ce temps, il aurait remarqué l’arrivée de trois autres individus également armés de revolvers, ceux-ci seraient ressortis du bâtiment immédiatement pour revenir au bout de dix minutes en disant :’’C’est fait’’. Ils seraient partis aussitôt tous les quatre et Moreau prétend s’être échappé immédiatement pour donner l’alerte à la conciergerie. C’est au cours de ce déplacement qu’il prétend avoir entendu les explosions.
Je n’ai pu entendre Moreau car les policiers de la Geheimfeldpolizei l’ont arrêté et écroué à la maison d’arrêt de Nantes.

Les recherches effectuées m’ont permis d’apprendre que le gardien du passage à niveau de la route de Paris situé à proximité de l’usine des Batignolles aurait remarqué dans la soirée précédant l’attentat trois individus d’allure suspecte qui rôdaient autour de l’usine et qu’il avait remarqués le long de la voie de chemin de fer. Il n’a pu en fournir un signalement précis et les recherches effectuées en collaboration avec les Services de la Sûreté nantaise n’ont pas permis d’identifier ces trois individus.

D’autre part, Monsieur le Directeur de l’usine des Batignolles m’a signalé que parmi les trois mille ouvriers occupés par son établissement, beaucoup avaient des tendances communistes, car son personnel est à peu de choses près celui de 1939. En effet, la plupart des ouvriers sont restés comme affectés spéciaux pendant les hostilités. Les militants communistes les plus notoires ont été envoyés aux armées, mais par suite des décrets intervenus, ils ont été réintégrés dans leur emploi dès leur démobilisation. Les ordres de l’Inspection du Travail étaient formels à cet égard.

Cependant, Monsieur le Directeur des Batignolles n’a pu me nommer aucun individu susceptible d’avoir des idées extrémistes et d’avoir pu commettre cet attentat.

Plusieurs ouvriers ont été interrogés par mes soins ainsi que par la Police Nantaise mais toutes les recherches que nous avons pu effectuer de concert n’ont donné aucun résultat. »

Quelques mois plus tard, les Allemands réussiront à connaître les auteurs de l’attentat : c’étaient les Résistants Louis Le Paih, Raymond Hervé, Gaston Turpin et Auguste Chauvin. Dans un procès-verbal du 19 janvier 1943 du sinistre inspecteur Fourcade de la Police Nantaise, qui dirigeait les interrogatoires de la rue Garde-Dieu sous la torture, on peut lire : « … Le Paih répond ce qui suit : … Une nuit, peu avant minuit, nous sommes entrés dans le bâtiment par le terrain de sport. Hervé a grimpé par dessus la porte et a coupé un câble qui était au-dessus. Il a ensuite ouvert la porte par laquelle nous sommes tous entrés. Nous sommes entrés dans le bâtiment G par une petite porte ; à gauche près de l’entrée, il y avait un dépôt où le gardien était couché. Nous avions tous un revolver, moi un revolver de guerre, avec lequel j’ai menacé le gardien en lui disant de se tenir tranquille. Mes trois camarades sont sortis et je sais que Turpin montait la garde pendant que Hervé et Chauvin posaient les explosifs. Je ne me souviens plus qui avait apporté les bombes, peut-être moi. Je ne sais pas non plus qui avait apporté les pistolets mais j’avais certainement le mien. Mes camarades sont venus me chercher près du gardien en disant que tout était prêt. Nous sommes partis. Nous étions éloignés de 3 ou 400 mètres à vélo quand nous avons entendu deux détonations. Nous nous sommes rendus dans une baraque au bord de la Loire près de Sainte Luce où nous avons passé la nuit tous les quatre. »

L’exécution des Cinquante Otages, en octobre 1941, loin de faire cesser la Résistance, avait tout au contraire contribué à la renforcer. Les attentats s’étaient multipliés. Mais au second semestre 1942, un sinistre organisme créé par le ministre de l’intérieur Pucheu, le S.P.A.C. (service de police anti-communiste), « pire que les Allemands », écrit Michel Doisneau, réussit à démanteler une grande partie des réseaux de Résistance. Après un simulacre de justice, le « procès des 42 », en janvier 1943, 37 résistants F.T.P., parmi lesquels nos quatre héros, sont fusillés au Bèle les 29 janvier, 13 février et 7 mai 1943. Leurs noms sont gravés sur la grande plaque commémorative, dans le vieux stand de tir. L’aviation anglaise viendra continuer le travail des Résistants en bombardant l’usine en mars 1943.

(Texte de L. LE BAIL)

Sources :
-Archives départementales, 1963 W 138, pour le rapport de police (merci à Carlos Fernandez qui nous l’a fait connaître) ;
– le livre : « Auguste Chauvin », cité ci-dessous, pour le procès-verbal de Louis Le Paih.

On retrouvera des épisodes de l’histoire de notre quartier, de la Desnerie aux Batignolles, dans deux ouvrages récents :

-« Auguste Chauvin, résistant F.T.P., 1910-1943 », par Jean Chauvin et le Collectif pour la Mémoire des 42 (2003). Merci à Jean Chauvin qui a bien voulu corriger cet article.
-« Une Nantaise dans la Résistance, Yolaine de Sesmaisons », par Yves de Sesmaisons (2003)

Léon Mauvais, le cousin de Paris

Le cousin de Paris

Nantes, Cité Halvêque 49e rue N°6 – fin juin 1941: Un inconnu a ouvert une fenêtre qui donne sur le jardin à l’arrière de la maison et fait des exercices de gymnastique.
Cela provoque l’étonnement des voisins, et on en parle. Marie Maisonneuve est veuve et habite là avec ses deux fils, Marcel et Robert. Depuis l’armistice elle vit avec Auguste Chauvin, un ouvrier chaudronnier de l’usine. Les cités sont des maisons en bois entourées d’un jardin, qui appartiennent à l’usine et sont louées aux ouvriers. Tout le monde se connait et les commères sont à l’affût du moindre événement. Marie répond donc qu’il s’agit d’un cousin de Paris. Il est en convalescence et l’air de la Halvêque est meilleur pour sa santé que celui de la capitale. Le cousin ne restera que
quelques jours.

Il s’appelle Léon MAUVAIS et s’est évadé du camp de Choisel à Châteaubriant le 19 juin 1941 avec Eugène HENAFF, suivant Fernand GRENIER et Henri RAYNAUD, évadés le 18.
Léon Mauvais ne sait pas faire de bicyclette et il a pris le train à Châteaubriant pour Nantes. Il serait trop dangereux d’aller jusqu’à la Gare Centrale, très surveillée, et il descend donc à la gare de Saint-Joseph de Porterie, juste à coté de l’usine des Batignolles. Marie l’attendait et l’a accueilli quelques jours.

Fernand Grenier a été accueilli d’abord chez TROVALET (boulanger à Treffieux) , et “un jeune gars”, vraisemblablement Raymond HERVE, l’a amené à Nantes à vélo chez le père GAUTIER. Plus tard, il séjournera chez Marcelle BARON, où il rencontrera Venise GOSNAT et Claude MILLOT. Tous font partie de la Résistance Communiste de Loire Inférieure, qui sera démantelée durant l’été 1942.

Auguste Chauvin et Raymond Hervé seront arrêtés ensemble le 13 août 1942 par la police française, Claude Millot quelques jours plus tard. Ils seront condamnés à mort par le tribunal militaire allemand le 28 janvier 1943 au cours du “Procès de 42” et fusillés au stand de tir du Bèle à Nantes, Raymond le 29 janvier et Auguste le 13 février.

Marie sera jugée à Rennes par la cour spéciale et relaxée faute de preuves. Elle continuera ses activités de Résistante et sera membre du CDL à la Libération.

Nous avons revu Léon Mauvais tous les ans à Chateaubriant lors de la commémoration de la fusillade des otages du 22 Octobre. Léon n’est jamais revenu à Nantes – sauf le 21 octobre 1961 où je l’ai ramené cité Halvêque et au cimetière de St. Joseph.
Marie était décédée le 19.

(Témoignage de Jean CHAUVIN – octobre 2006)
– Bibliographie:- Fernand GRENIER “C’était ainsi”
– Auguste CHAUVIN “Lettres d’un héros ordinaire”*

Monument de la Sablière à Châteaubriant
Lieux de mémoire

Monument de la Sablière à Châteaubriant
Monument de la Sablière à Châteaubriant
Le monument des 50 Otages à Nantes
Le monument des 50 Otages à Nantes
Champ de tir du Bèle à Nantes
Champ de tir du Bèle à Nantes

16 otages (parmi les « 50 Otages ») et les résistants de Nantes (Procès des 42, procès des 16, …)
ont été fusillés sur ce site, le stand de tir du Bêle, dont il ne reste que la partie terminale.
La plaque portant le nom des fusillés est visible sur le mur de gauche.

Entre 1941 et 1944 se sont environ 100 Résistants qui furent assassinés en ce lieu dont des hommes de différentes nationalités; des Républicains Espagnols, des anti-fascistes Allemands et Polonais qui organisèrent la Résistance dans la Wermarcht, des anti-fascistes Italiens, un Roumain … ( Prochainement sur ce site de nouvelles informations à ce propos )

Honoré d’Estienne d’Orves
Honoré d’Estienne d’Orves

Parti sur le Marie-Louise, bateau de pêche armé par des pêcheurs bretons, il débarqua le 22 décembre 1940 aux environs de la pointe du Raz, avec le radio Marty, et devint Jean-Pierre dans la Résistance. Leur mission était de constituer un réseau de renseignements dans la région ouest. Elle fut de courte durée. Installé à Nantes chez les époux Clément, le capitaine de corvette d’Estienne d’Orves effectua plusieurs voyages à Paris et en Bretagne (notamment à Lorient où il obtint des renseignements intéressants sur les forces allemandes dans la région). Il est arrêté à Nantes au retour d’un de ses voyages à Paris le 20 janvier 1941, ainsi que ses hôtes, par la Gestapo.

Marty l’avait trahi. Le réseau était démantelé. Des pièges furent tendus à ses membres et à l’équipage de la Marie-Louise. Conduit avec ses deux lieutenants en Allemagne, puis ramené à Paris à la prison du Cherche-Midi, le commandant d’Estienne d’Orves, fervent chrétien, conserva malgré de très dures conditions de détention (en cachot), un excellent moral qu’il sut faire partager à ses codétenus.

Il est fusillé le 29 août 1941.

Honoré d’Estienne d’Orves
Honoré d’Estienne d’Orves
Louis le Paih
Louis le Paih

Louis Le Paih fut, avant-guerre, l’un des responsables nantais du syndicat CGT du bâtiment, dominé par le courant anarcho-syndicaliste (Gabriel Goudy) mais dont le communiste André Forget était aussi un secrétaire permanent.

Louis Le Paih fut l’un des dirigeants de la grève nantaise du bâtiment en 1938. A partir de 1939, il travaille à l’entreprise des Batignolles qui fabrique des locomotives. Cette entreprise où les militants communistes sont nombreux et très actifs passe sous contrôle allemand à partir de l’été 1940.

Dès 1941, la police nantaise est chargée d’arrêter Louis Le Paih en tant que militant communiste. Il passe alors dans l’illégalité et devient rapidement l’adjoint de Jean Vignau-Balous, interrégional militaire de l’OS pour tout l’Ouest de la France. Avec ses camarades des Batignolles (Auguste Chauvin, Raymond Hervé, Gaston Turpin), il participe directement à divers sabotages (pylônes électrique, pont roulant des Batignolles).

Louis le Paih
Louis le Paih
Faux-papiers
Faux-papiers