LEGENDRE Marcel, Pierre

legendre_marcel.jpgFils d’un employé aux chemins de fer d’Orléans, Pierre Legendre (décédé avant son fils) et de Florentine Chapin, marin, célibataire, Marcel Legendre vivait chez sa mère avenue des Vesprées à Nantes section de Doulon (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). Il est dit boulanger sur son acte de décès.
Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il entra dans la Résistance, rejoignit les Forces françaises de l’intérieur (FFI), et entra au maquis de Saffré. Le 28 juin 1944 au matin, plus de mille cinq cents soldats allemands, aidés d’auxiliaires français, attaquèrent le maquis, tuant treize maquisards, certains blessés étant achevés, et en capturant trente-cinq, parmi lesquels Marcel Legendre. Les captifs furent transférés à la prison Lafayette de Nantes. Ils comparurent le lendemain au château de La Bouvardière, à Saint-Herblain (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), où siégeait le tribunal militaire allemand de Nantes FK 518 qui les condamna tous à mort. Vingt-sept d’entre eux ont été exécutés le soir même dans le parc du château, alors que Marcel Legendre et Jean Templé ont été fusillés le 13 juillet 1944 à la prison Lafayette de Nantes ; enfin les six autres furent déportés (seuls deux d’entre eux revinrent) . Les archives de la DAVCC indiquent que la condamnation de Marcel Legendre fut soumise à l’assentiment des autorités françaises.
Marcel Legendre fut homologué interné résistant (DIR) et FFI ; il reçut la Médaille de la Résistance par décret du 18 novembre 1959, JO du 13 décembre 1959.
Le nom de Marcel Legendre figure sur la plaque commémorative des fusillés 1939-1945 à Nantes et sur la plaque commémorative du maquis à Saffré, dans l’oratoire construit auprès du monument commémoratif.
SAFFRÉ- SAINT-HERBLAIN (Loire-Atlantique) : 28-29 juin 1944
Sources

SOURCES :
DAVCC, Caen, Liste S 1744 (Notes Thomas Pouty), AC 21 P 474 910.— SHD Vincennes GR 16 P 355343. — Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J . — Etienne Gasche, Saffré, 28 juin 1944 : la mémoire des maquisards, pages 125 et 134, Coiffard Édition, 2012. — MémorialGenWeb. — Site Internet Mémoire des Hommes.
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CHARNEAU Raymond, Pierre, Auguste

Fils de Auguste Charneau, cultivateur, et de Raymonde Chavigneau, cultivatrice, Raymond Charneau se maria le 24 octobre 1934 dans sa ville natale avec Georgette Divet, ouvrière.
Domicilié à Nantes, 7 place de la République en 1942, il est dit gardien de la paix mais aussi « gardien d’usine » par sa femme en 1947. Considéré comme membre du Front national et des FTP, il fut arrêté par la SPAC (police anticommuniste) le 7 juillet (ou septembre) 1942 et fut interné politique à la prison de Nantes où il mourut sous la torture le 14 septembre 1942.
Sa veuve, ouvrière à Nantes, demanda en 1947 son inscription sur la Plaque à la mémoire des martyrs nantais de la Résistance. Elle s’appuyait sur le témoignage d’un gardien de la prison de Nantes. Son nom est également inscrit sur le monument aux morts de Mareuil-sur-Lay (Vendée).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19494, notice CHARNEAU Raymond, Pierre, Auguste par Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 10 octobre 2021.

SOURCES :
Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J. — Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure, fusillés et exécutés, Nantes, 2001.
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Liste des fusillés du procès des 42

Fusillés le 29 Janvier 1943
CHAUVIN Eugène, 31 ans, tôlier
CLÉRO Valentin, 35 ans, charpentier
DOUINEAU Robert, 20 ans, coiffeur
GUINOISEAU André, 20 ans, plombier
HERVÉ Raymond, 26 ans, chaudronnier
LAGATHU Maurice, 21 ans, magasinier
LE BRIS Eugène, 29 ans, manoeuvre
PÉROCHEAU André, 31 ans, typographe
ROUAULT André, 17 ans, chaudronier

Fusillés le 13 février 1943
ADAM Henri, 58 ans, tourneur
BARBEAU Georges, 28 ans, soudeur
BOISSARD Marcel, 39 ans, traceur
BOUVIER Jean, 45 ans, formeur
BRÉGEON Albert, 24 ans, ajusteur
CHAUVIN Auguste, 33 ans, chaudronnier
DUGUY Marcel, 30 ans, serrurier
FOUGEARD Clément, 40 ans, électricien
GRELEAU Pierre, 20 ans, chaudronnier
GUILLOUX Jacques, 33 ans, fondeur
JOUAUD Maurice,23 ans, chef d’équipe
LE PARC Eugène, 24 ans, dessinateur
LEFIÈVRE Henri, 159966, contremaître
LOSQ Jean, 35 ans, riveur
MICHEL Marcel, 39 ans, charpentier
MILLOT Claude, 31 ans, contrôleur des impôts
SÉROT Joseph, 33 ans, employé de bureau
THOMAZEAU Félicien, 21 ans, serrurier
TURPIN Gaston, 35 ans, traceur
VIAUD Marcel, 34 ans, instituteur

et 5 républicains communistes espagnols
BLANCO DOBARRO Benedicto, 25 ans, manoeuvre
BLASCO MARTIN Basilio, 22 ans, ferrailleur
GOMEZ OLLERO Alfredo, 37 ans, cordier
PRIETO HIDALGO Ernesto, 24 ans, mineur
SANCHEZ TOLOSA Miguel, 22 ans, terrassier.

Fusillés le 7 mai 1943
BRISSON Yves, 21 ans, poissonnier
COIFFÉ Léon, 37 ans, employé
LE PAIH Louis, 31 ans, carreleur

Liste des fusillés suite au procès des 16

500AUBERT Charles, 22 ans, cheminot
501BALE Louis, 33 ans, ajusteur
502BOSQUET Marcel, 23 ans, chaudronnier
503COLAS Joseph, 38 ans, métallurgiste
504DRÉAN Jean, 23 ans, électricien
505FRAIX Jean, 31 ans, soudeur
506GAUTIER Henri, 29 ans, mécanicien
507JAMET Guy, 23 ans, ajusteur
508LACAZETTE Camille, 33 ans, ajusteur
509LE LAN Guy, 28 ans, ajusteur
510MOUGENOT Frenand, 36 ans, électricien.

MOUGENOT Fernand, Émile

fernand_mougenot.jpgFils de Émile Ferdinand Mougenot et de Suzanne Catherine Morel, Fernand Mougenot habitait le quartier Barbin (n°16) avant la Seconde Guerre mondiale et travaillait comme électricien à Nantes. Marié avec Marcelline Josèphe Flatrès, sans profession, il était le père de deux enfants. Il fut alors réputé auprès de certaines familles pauvres, pour les lapins qu’il rapportait de ses sorties à la chasse, pas toujours très légales (ce qui lui valut quelques verbalisations).
Militant communiste connu des services de police, il fut arrêté le 18 octobre 1941 à Nantes pour détention et distribution de tracts communistes. Interné le même jour au camp de Choisel à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), il fut transféré à Voves (Eure-et-Loir) le 7 mai 1942 avant d’en être libéré par décision du 21 août 1942. Il reprit aussitôt ses activités politiques et participa à diverses actions de résistance dans la région nazairienne puis à Nantes.
Après l’arrestation du responsable interrégional de l’OS (Organisation spéciale), Louis Le Paih, il participa à la réorganisation d’un groupe FTP sous la direction de Jean Fraix et Camille Lacazette.
Arrêté le 2 février 1943 par la police française et le Service de police anticommuniste (SPAC) d’Angers pour « actes de franc-tireur et attentats contre les troupes d’occupation », alors qu’il tentait de fuir au Mans (Sarthe) avec Guy Lelan, il fut jugé par le tribunal militaire allemand de Nantes (FK 518) le 13 août 1943 (« Procès des 16 ») et fusillé au terrain militaire du Bêle à Nantes le 25 août 1943 avec dix autres résistants dont Jean Dréan et Guy Lelan.
Il a été reconnu Mort pour la France le 19 février 1945.
Une cellule communiste de Loire-Atlantique porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159981, notice MOUGENOT Fernand, Émile par Guy Haudebourg, version mise en ligne le 18 juin 2014, dernière modification le 26 février 2019.

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Loire-Atlantique 43W19, 270W485, 270W488, 1694W58, 305 J 3 . – Maxime, Raconte, camarade, Saint-Nazaire, 1974. – Guy Haudebourg, Le PCF en Loire-Inférieure à la Libération (1944-1947), mémoire de maîtrise d’Histoire, université de Nantes, 1987. – Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990.

LELAN Guy , écrit aussi LE LAN Guy

guy_le_lan.jpgFils d’Eugène Le Lan métallurgiste et de Marie Guignard, Guy Lelan habitait Trignac (Loire-Atlantique, Loire-Inférieure) avant la Seconde Guerre mondiale. D’esprit frondeur, en 1933, il fut condamné par le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire pour délit de chasse.
Ajusteur à la future Société nationale des constructions aéronautiques de l’Ouest (SNCAO), il adhéra aux Jeunesses communistes en 1934 et devint le meilleur diffuseur de L’Avant-Garde du petit groupe de sept militants, contribuant au développement du mouvement dans la région nazairienne. Pendant son service militaire en Bretagne (1935-1937), il fit de nombreux séjours en prison pour indiscipline, distribution de tracts, propagande communiste avant d’être envoyé dans un bataillon disciplinaire à Oléron (Charente-Inférieure, Charente-Maritime) puis à Giromagny (Territoire-de-Belfort). En 1938, il se maria avec Paule Biron, institutrice, membre du « groupe des jeunes » de l’Enseignement avec André Lermite.
Il fut mobilisé en septembre 1939 mais revint en affectation spéciale à la SNCAO à Saint-Nazaire dès le mois de novembre 1939. À l’arrivée des Allemands, il fut embauché par les Fonderies de Trignac puis à la base sous-marine de Saint-Nazaire (janvier 1941-juin 1942).
Membre du Parti communiste français (PCF) clandestin, Guy Lelan forma un groupe de l’OS avec Georges Girard et Albert Rocheteau, devenant le spécialiste des explosifs. Recherché activement dans la région nazairienne, il s’installa à Rezé (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), sa femme ayant été nommée en septembre 1942 dans une école de Nantes (Prairie d’Aval, logée alors au château Étienne Vorus, prairie d’Amont). Il fut alors embauché à Château-Bougon mais quitta l’usine dès le mois d’octobre, de peur d’être envoyé en Allemagne. Alors sans travail, il fut contacté par Mougenot qui recherchait des militants susceptibles de prendre la relève des membres de l’OS arrêtés à l’été 1942. Il passa dans l’illégalité (sous le pseudonyme Clément) et entra dans le groupe FTP de Jean Fraix. Il participa à divers attentats dans la région nantaise dont l’exécution de deux collaborateurs et la destruction du pont tournant SNCF du Grand-Blottereau à Nantes le 16 janvier 1943.
Dénoncés par le responsable politique régional du PCF, Lelan et Mougenot cambriolèrent un commerçant pour se procurer de l’argent et fuir au Mans (Sarthe). Arrêté le 2 février 1943, Guy Lelan, après un procès où la défense était assurée par un avocat allemand, fut condamné à mort par le tribunal allemand le 13 août 1943 (« Procès des Seize ») et fusillé au terrain militaire du Bêle le 25 août 1943.
Il fut reconnu Mort pour la France le 19 février 1945.
Une rue de Rezé et une cellule communiste de Loire-Atlantique portent son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article142416, notice LELAN Guy , écrit aussi LE LAN Guy par Guy Haudebourg, version mise en ligne le 16 octobre 2012, dernière modification le 26 février 2019.

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII 4 (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Ille-et-Vilaine 217W15. – Arch. Dép. Loire-Atlantique, 4M1851, 305 J 3 . – Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, Paris, Éd. Sociales, 1972. – Maxime, Raconte, camarade, Saint-Nazaire, 1974. – Guy Haudebourg, Le PCF en Loire-Inférieure à la Libération (1944-1947), mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Nantes, 1987. – Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990. – Renseignements communiqués par Pierre Mahé. – Comité d’entente des anciens combattants, Les fusillés rezéens. Procès des 42, 15 au 28 janvier 1943, 2003. — État civil.

TELLIER Raymond, André

tellier_rraymond.jpgFils d’Auguste Tellier, cantonnier, et d’Alphonsine Bardou, sans profession, Raymond Tellier, engagé volontaire en 1916, devint ouvrier imprimeur après la Première Guerre mondiale. Il avait fait son apprentissage à Montargis.
Il était syndiqué depuis 1924 (FFTL).
A la fin des années trente, Tellier s’installa à son compte à Amilly, où il fut élu conseiller municipal communiste en mai 1929 et mai 1935. Son imprimerie était alors installée au 19 de la rue du Loing, à Montargis. Il s’était marié le 3 mars 1923 à Montargis avec Germaine Lioret. Le couple n’eut pas d’enfants et, lorsque éclata la Seconde Guerre mondiale, Raymond Tellier était veuf.
Militant communiste, il était membre d’une organisation communiste clandestine de propagande. Arrêté le 8 février 1941 par la police française à Montargis, à la suite de l’apposition de papillons communistes sur les murs de la ville, Raymond Tellier fut interné jusqu’au 12 juin, avec l’instituteur Raymond Laforge.
Les deux hommes arrivèrent ensemble au camp de Châteaubriant (camp de Choisel) le 13 juin 1941 et firent tous deux partie du groupe des « vingt-sept fusillés de Châteaubriant », qui ont été fusillés, le 22 octobre 1941, comme otages en représailles au meurtre de Karl Hotz, à Nantes.
Son nom figure sur des plaques commémoratives à Montreuil (Seine-Saint-Denis) et à Amilly. Raymond Tellier repose au cimetière d’Amilly.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132142, notice TELLIER Raymond, André par Claude Pennetier, Julien Lucchini, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 28 novembre 2020.

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier VIII (Notes Thomas Pouty). – P. Chauvet. La Réistance chez les fils de Gutenberg dans la Deuxième Guerre mondiale. Paris : à compte d’auteur, 1979, p. 259. – A. Gernoux, Châteaubriant et ses martyrs, Nantes, Éd. du Fleuve, 1946. – Lettres des fusillés de Châteaubriant, Amicale des anciens internés patriotes de Châteaubriant, 1954 (icon.). – F. Grenier, Ceux de Châteaubriant, Éd. Sociales, 1967 (icon). – Renseignements ministère des Anciens Combattants. – Mémorial GenWeb. – État civil.

ICONOGRAPHIE : Lettres des fusillés de Châteaubriant, Amicale des anciens internés patriotes de Châteaubriant, 1954. — F. Grenier, Ceux de Châteaubriant, Éd. sociales, 1967.
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LEFEBVRE Edmond, Désiré. Écrit parfois LEFEVRE Edmond

lefebvre_edmond.jpgFils de Désiré Lefebvre, teinturier, et de Léonie Bouteman, ménagère, Edmond Lefebvre, ouvrier métallurgiste puis employé communal, s’était marié le 1er septembre 1923 à Viry-Châtillon (Seine-et-Oise, Essonne) avec Marcelle Martin et était père de six enfants. Il habitait à Athis-Mons et militait au Parti communiste.
Il fut arrêté dès le 6 octobre 1940 et interné à Aincourt où il fut l’un des organisateurs de la grève de protestation contre l’insuffisance de nourriture et l’absence de visites en avril 1941. En représailles, il fut envoyé un mois à la centrale de Poissy qu’il quitta le 5 mai 1941 pour le camp de Châteaubriant. C’est là qu’il a été fusillé le 22 octobre 1941 parmi les vingt-sept otages de Châteaubriant, en représailles à l’exécution du Feldcommandant allemand, Holz. Il laissait une femme et quatre enfants vivants dont un en bas âge qu’il ne connut jamais.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138200, notice LEFEBVRE Edmond, Désiré. Écrit parfois LEFEVRE Edmond par Claude Pennetier, version mise en ligne le 18 novembre 2014, dernière modification le 10 octobre 2018.

ICONOGRAPHIE : Lettres des fusillés de Châteaubriant…, op. cit. – Fernand Grenier, Ceux de Châteaubriant…, op. cit.

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII, dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – Lettres des fusillés de Châteaubriant, éditées par l’Amicale des anciens internés patriotes de Châteaubriant-Voves, 1954. – Fernand Grenier, Ceux de Châteaubriant, préface de Jean Marcenac, 3e éd., Paris, Éd. Sociales, 1967. – État civil en ligne.
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TÉNINE Maurice [TÉNINE Moïshé, Eidel, dit]

tenine_maurice.jpgFils d’immigrés juifs de Russie, qui avaient quitté leur pays en 1906 et s’installèrent en 1909 en France faute d’avoir obtenu un visa pour les États-Unis, Maurice Ténine fit de brillantes études secondaires d’abord au lycée Lakanal de Toulouse (Haute-Garonne) pendant la Première Guerre mondiale, puis au lycée Voltaire à Paris (XIe arr.). Il fut présenté en 1923 au concours général en mathématiques, français et histoire. Bachelier l’année suivante, il entreprit des études de médecine et obtint le titre de docteur en 1935. Son père, Aaron, qui, dans son pays, était ouvrier sculpteur sur bois, devint à Paris chauffeur de taxi à la compagnie G7 ; il était domicilié 18 rue René-Wurtz dans le XIIIe arrondissement. Sa mère s’appelait Bronia Borenstein.

La famille Ténine était, dès avant 1917, acquise aux idées bolcheviques et, à l’âge de seize ans, Maurice Ténine fut arrêté au cours d’une manifestation en soutien à Sacco et Vanzetti. Ils furent cependant tous naturalisés le 30 juillet 1926. Maurice Ténine adhéra au Parti communiste et milita très activement durant ses études à l’Union fédérale des étudiants. Il fut chargé pendant l’été 1929 d’une mission en Alsace pour y prendre la parole en allemand devant un auditoire de jeunes. Il gagnait sa vie durant ses études en faisant des traductions de l’allemand ou du russe pour le compte des Éditions Payot et des Éditions Sociales internationales (ESI). Il fut ainsi le premier traducteur de Wilhelm Reich, alors communiste allemand (La Crise sexuelle, ESI, 1934). Il se maria le 8 octobre 1929 à Paris, dans le Ve arrondissement, avec Annette (Etléa) Galaburda, née le 30 novembre 1905 à Baltzi (Russie, aujourd’hui Moldavie), qui était venue faire ses études à Paris. Elle fut employée comme traductrice en 1930 par l’Internationale de l’enseignement, puis par la compagnie Radio-Cinéma et de 1932 à 1935 par Lin et Chanvre, représentant en France de la SA Exportlin de Moscou. En 1932, Maurice Ténine travailla à l’encadrement de la colonie de vacances de Villejuif (Seine, Val-de-Marne). Il participa à l’accueil des réfugiés allemands en 1933.

Accomplissant son service militaire d’avril 1934 à avril 1935 au camp d’Orly (Seine, Val-de-Marne), il fut, peu avant sa libération, mis aux arrêts de rigueur pour « avoir introduit des documents qui, s’ils étaient parvenus à la connaissance de la troupe, auraient été de nature à nuire gravement à son moral » et pour « avoir publié, sans l’autorisation de ses chefs, des traductions d’articles à tendance nettement extremiste ». Il s’agissait de sa collaboration à la Correspondance internationale qui lui permettait, disait-il pour se défendre, d’élever sa famille, sa fille Nadia étant née peu avant son incorporation en novembre 1933. Il fut cassé de son grade de médecin auxiliaire.

Installé comme médecin à Fresnes, 2 avenue de la République, Maurice Ténine y fut élu conseiller municipal communiste le 4 juillet 1937 sur la liste dirigée par Maurice Catinat. Il vint exercer en 1938 à Antony (Seine, Hauts-de-Seine), commune voisine, au 119 avenue Aristide-Briant.

Il fut mobilisé de septembre 1939 à juillet 1940 comme infirmier, à l’hôpital militaire Villemain à Paris, puis dans un hôpital d’évacuation secondaire. Le médecin-colonel Dreneau témoigna après guerre de « son dévouement et de son courage » : « il a opéré sous des bombardements violents à Évreux en juin 1940 ». Maurice Ténine n’obtint pas sa réintégration comme médecin auxiliaire. La préfecture de la Seine l’avait déchu de son mandat le 9 février 1940. À sa démobilisation, il fut victime de la loi du 16 août 1940 excluant les naturalisés de la profession médicale et fit tenir son cabinet par des amis. En janvier 1941, il fut, avec le docteur Jean-Claude Bauer, un des deux fondateurs du journal clandestin Le Médecin français. Ses fonctions consistaient également en l’organisation du service médical pour les membres de l’Organisation spéciale (OS).

Arrêté le 17 février 1941 par la police française, il fut interné à Clairvaux (Aube), puis en mai à Châteaubriant. Il évoquait dans ses lettres les difficultés de la période : « Tout est à nouveau clair, il ne peut y avoir de doutes désormais » (23 juin 1941) ou encore : « même sa douleur [il venait de perdre son fils âgé de quatre ans], il faut la situer dans la douleur universelle qui n’a jamais été aussi grande ». Selon des témoignages (Me Rapaport), il aurait bénéficié d’une permission pour les obsèques et serait revenu au camp sur les conseils d’un dirigeant communiste.

Fusillé le 22 octobre 1941 à Châteaubriant, il fut déclaré « Mort pour la France » le 19 mars 1942, comme les 26 autres otages, en raison de l’émotion suscitée par l’événement. Il fut nommé le 29 août 1945 chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume et reçut la Croix de guerre avec palme en tant qu’un des pionniers de la Résistance médicale. Le grade de sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI) (1951) et le titre d’Interné Politique (avril 1955) lui ont été attribués, mais celui d’Interné Résistant refusé (1955).
Sa femme, également membre du PCF, fut arrêtée près de Nice (Alpes-Maritime) en octobre 1943, internée à Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) et mourut en déportation à Auschwitz (Pologne). Elle fut reconnue « Morte pour la France » et obtint à titre posthume un certificat d’appartenance aux Forces françaises libres (FFL) mais sa famille se vit refuser l’application de l’accord conclu le 15 juillet 1960 entre la France et la République fédérale d’Allemagne (RFA) car l’administration ne lui reconnaissait pas la nationalité française.

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|Dernière lettre

Camp de Choisel, Châteaubriant (Loire-Inférieure)

22 octobre 1941

Chérie ; ma fille adorée ; mes chers parents, ma sœur ;

Je vous avais toujours recommandé le courage. Il vous en .faut désormais beaucoup plus qu’il nous en a jamais fallu. Au moment où vous recevrez cette lettre, je ne serai plus, exécuté par les Allemands pour un crime que je n’ai pas commis. J’irai à la mort bravement, sans rien regretter de ma vie ni de mes actes.. Ce n’est pas à moi que je pense en ces derniers instants, c’est à vous tous, les êtres qui me sont chers.

Chérie,

Encore un mot ; puisqu’on nous fait attendre.

Vis ; il faut que tu vives. Je t’ai toujours vue courageuse.

Il faut que tu le sois. Serre les dents comme tu les as serrées après la mort du petit. Et que la vie continue, ardente, pour l’avenir de ma fillette et de tous les enfants du monde.

Au revoir à jamais.

Ton Maurice

Acceptez ma mort avec courage, sans résignation. Je meurs victime de mon idéal, et cela rend ces derniers instants calmes, extraordinairement calmes.

Je sais aussi que l’histoire s’écrit en.ce moment, et le sang de nous autres ajoutera quelques mots, quelques lignes à cette histoire.

Prenez ma mort comme elle doit être prise. A toi, Antoinette chérie, compagne des bons jours, il te-reste notre fille puisqu’il ne nous pas été donné de garder notre fils.

Ne porte pas mon deuil éternellement. La vie est encore longue devant toi. Remarie-toi si tu trouves un jour un compagnon digne de toi et que mon souvenir reste doux dans ta vie, toi que j’ai aimée.

Mes chers parents, je m’en vais pour notre idéal. Il vous reste ma soeur Claude et Nadia [Nadia Ténine, épouse Michel devenue historienne] à aimer jusqu’à la fin de vos jours, que je souhaite longs, le plus long possible pour voir un avenir, meilleur.

Petite soeur, de moi, il te restera le souvenir d’un frère droit dans la vie comme dans la mort.

Et toi, ma fille adorée, il te reste un nom sans tache que tu pourras porter plus tard avec orgueil.

Annette, chérie, encore une fois, sois brave. Je le serai, moi, jusqu’à la dernière minute.

Avant de clore cette lettre, j’accorde une ultime.pensée à tous mes amis dont j’ai pu voir l’affection autour du cercueil de notre enfant.

Tout à l’heure, au moment de la salve, ma dernière pensée sera pour toi.

Mon dernier baiser, tu le recevras plus long, plus ardent que tous ceux du passé.

Je vous embrasse tous, ma femme, ma fille, mes parents, ma sœur, mes amis.

Votre Maurice.|

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73993, notice TÉNINE Maurice [TÉNINE Moïshé, Eidel, dit] par Nadia Ténine-Michel, Claude Pennetier, version mise en ligne le 13 septembre 2009, dernière modification le 17 novembre 2020.

SOURCES : Arch. PPo., 101. – Arch. Paris, DM3 ; vers. 10451/76/1. – Arch. com. Fresnes. – DAVCC, Caen. – RGASPI, Moscou, 495 270 6988. – Bruno Halioua, Blouses blanches, étoiles jaunes, Paris, Liana Levi, 1999. – Le Médecin français, janvier 1951. – Papiers de la famille Ténine. — Guy Krivopissko La vie à en mourir, Lettres de fusillés (1941-1944) Points Seuil,2006. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 564835 (nc).
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