DABAT Michel, André, Gilles

Né le 9 octobre 1921 à Paris (XIVe arr.), fusillé comme otage le 22 octobre 1941 au terrain du Bêle, à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; dessinateur aux Ponts et Chaussées ; résistant gaulliste.

Fils d’Alexis Dabat, médecin militaire aux colonies puis médecin-major de Loire-Inférieure, et de Josèphe Fradin de Linière, sans profession, Michel Dabat fit ses études primaires à l’école catholique Saint-Pierre de Montrouge (Seine), puis à l’école paroissiale de Saint-Gilles-sur-Vie et ses études secondaires au collège Saint-Stanislas de Nantes. En 1936, il entra à l’École des Beaux-Arts de cette ville. Il avait le projet de se présenter à l’École militaire de Saint-Maixent mais ses problèmes de santé et le déclenchement de la guerre mirent fin à sa vocation militaire.


A l’arrivée des soldats allemands dans la ville, il projeta de gagner l’Angleterre en passant par l’Espagne, mais arrivé à Bordeaux il renonça devant la difficulté et revint à Nantes en octobre 1940. Le 11 novembre 1940, avec un camarade lycéen, Christian de Mondragon, il hissa la nuit le drapeau tricolore sur sur le paratonnerre de la cathédrale de Nantes. Les Allemands durent faire appel aux sapeurs pompiers pour le retirer ; la BBC signala cette action.
Il prit contact avec un réseau de résistance, le groupe Vandernotte auquel appartenaient également Frédéric Creusé, Jean-Pierre Glou et Jean Grolleau.
Selon A. Parraud-Charmantier, le rôle de Michel Dabat fut principalement de transporter, de monter et d’entreposer des armes envoyées d’Angleterre par sous-marins et débarquées à La Roche-Bernard (Morbihan). Il était agent de renseignement des services secrets britanniques, membre du groupe Bouvron de Nantes, du réseau Georges-France 31. Peu de temps après son acte de bravoure sur la cathédrale, il entra en qualité de dessinateur aux Ponts-et-Chaussées. Célibataire, il vivait à Lignières (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique)
Il fut arrêté par l’Abwehr le 28 mars 1941 à Nantes, pour « action en faveur de l’ennemi, espionnage et passage de lettres en zone libre ». Incarcéré à la prison Lafayette de Nantes, il fut reconnu « isolé » à son procès, le 18 août 1941, et condamné à quatre mois de prison faute de preuves. À l’expiration de sa peine, il fut maintenu en détention sur ordre de la Geheimfeldpolizei et désigné comme otage par les autorités allemandes.
Il a été fusillé le 22 octobre 1941 à Nantes, au terrain du Bêle, en représailles à l’exécution par des résistants du lieutenant-colonel Karl Hotz, responsable des troupes d’occupation en Loire-Inférieure. Le même jour et pour la même raison, vingt-sept internés furent exécutés à Châteaubriant, seize à Nantes et cinq au Mont-Valérien.
Il fut inhumé au carré militaire du cimetière de la Chauvinière.
Cité à l’Ordre de la Nation, il a reçu la mention « Mort pour la France ».
Son nom figure sur plusieurs plaques commémoratives, à Nantes (plaque des fusillés, monument des cinquante otages, lycée Saint-Stanislas), et à Saint-Julien-de-Concelles.
En 2009, les Archives départementales de Loire-Atlantique ont fait l’acquisition de ses lettres écrites pendant sa captivité, accompagnées d’articles de presse, de photographies et de croquis.

Michel Dabat à sa mère
Prison Lafayette, Nantes (Loire-
Inférieure’
22 octobre 1941
Chère petite maman,
On vient nous chercher. Nous allons vers une destination inconnue. Pour moi, il n’y a pas à se faire d’illusions. Nous sommes otages, nous allons être fusillés.
Je n’ai pas peur, ce n’est pas mon habitude.
Que pourrais-je vous dire, si ce n’est que je suis innocent et que je vous demande pardon de tout le chagrin que je vous ai cause depuis
dés années ?
J’espère que nous aurons un prêtre. Petite maman chérie, priez bien pour moi. Pensez à moi comme je pense à vous en ce moment.
J’aurais bien voulu vous embrasser encore une fois.
Maintenant c’est fait, nous savons que nous allons mourir.
Je vous demande une chose, une seule : vous irez trouver Jeannette et vous lui direz que je l’ai aimée plus que tout, plus que ma vie. Elle avait tout mon cœur et elle sera la dernière à qui je penserai avec vous. Je vous aime toutes les deux autant qu’il est possible à un coeur humain d’aimer.
Maman chérie, pardon de tout le mal que j’ai fait ou pensé dans ma vie.
Je vais mourir en vrai Français, en homme, en chrétien fervent.
Adieu, maman chérie, adieu et pardon pour tout.
Vous pourrez parler de votre Michel avec fierté. Ne me pleurez pas. Priez, priez, priez.
Je vous promets que, du haut du Ciel, je vous protégerai tous, tous, Maman, Papa, Maurice, je vous ai adorés tous. Maintenant, je vais mourir comme le Christ. Dites aussi à Suzanne Le Lostec, la jeune femme qui était avec nous en prison, que je conserverai jusqu’à la fin son souvenir ému.
Votre Michel.
Vive Dieu, vive la France !

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – Arch. dép. Loire-Atlantique. — Guy Krivopissko, La vie à en mourir, Paris, Tallandier, 2003. – A. Perraud-Charmatier, La Guerre en Bretagne. Récits et portraits, t. 1, 1947. — Dominique Bloyet, Étienne Gasche, Jeunes résistants en Loire-Atlantique, Coiffard Libraire éditeur, 2014. — Mémorial GenWeb. – État civil.

Julien Lucchini, Guy Krivopissko, Annie Pennetier

Portrait d’une résistante nazairienne: Suzanne Mahé

Suzanne Justamont était fille d’un père petit industriel d’une famille protestante et d’une mère catholique. Des dépôts de bilans successifs entraînèrent une relative prolétarisation de la famille. Son père était indiqué « barman » sur le registre de naissance et en 1940, lors du mariage de sa fille « commerçant ». Sur les conseils d’un enseignant, elle passa le concours d’entrée à l’École normale d’institutrices où elle découvrit les textes de Marx. 

Lors de sa première année d’enseignement en 1933-1934, à une quarantaine de kilomètres de Niort, elle adhéra au Syndicat des instituteurs et se lia avec deux enseignantes avec qui elle effectua, pendant l’été, un voyage de six semaines à bicyclette, en Allemagne, y découvrant l’implantation du nazisme. Revenue en France, nommée à Saint-Martin-de-Mâcon près de Thouars, elle adhéra au Secours Rouge International. Responsable de l’Union des jeunes filles de France à Thouars (Deux-Sèvres), elle adhéra au Parti communiste en 1934 et milita aussi au comité mondial des femmes contre la guerre. En avril 1936, lors d’un meeting du comité thouarsais du Front populaire des jeunes, elle représenta la section de Thouars du comité mondial des jeunes filles. Après juin 1936, elle vérifia régulièrement si les employées des magasins disposaient bien d’un siège qu’elles venaient d’obtenir. Elle consacrait aussi ses moments de liberté à collecter pour l’Espagne républicaine.
Elle participa à la création, dans le SNI des Deux-Sèvres, d’un groupe des jeunes de l’enseignement, dont elle fut secrétaire à partir de 1935, qui, chaque été, voyageait dans différentes régions de France, s’efforçant de nouer le contact avec les populations ouvrières et paysannes. Par ailleurs, aux vacances de Pâques, elle participait à Paris aux écoles du Parti communiste. Enfin, à Noël, les groupes des jeunes de l’enseignement organisaient des rencontres internationales ; en 1939, elle y rencontra Pierre Mahé, son futur mari. Comme lui, elle avait fait grève le 30 novembre 1938, malgré la réquisition des fonctionnaires, par discipline d’organisation et pour montrer l’exemple. Pierre Mahé étant mobilisé, ils décidèrent de se marier pour qu’il bénéficie d’une permission, le 23 mars 1940 à Saint-Nazaire. Il fut fait prisonnier et envoyé en captivité près de Stettin à Rawa Ruska (Allemagne) ; après cinq tentatives infructueuses, il s’évada et gagna la Suède, mais ne réussit à revenir en France qu’en juin 1945.
En février 1940, lors d’une perquisition à son domicile, la police trouva des livres communistes. Elle fut arrêtée peu après son mariage et incarcérée en avril à la prison de Tours (Indre-et-Loire) dont elle fut libérée le 18 juillet 1940. Elle reprit son poste d’institutrice à la Madeleine de Guérande, près de Saint-Nazaire, où existait une cellule communiste clandestine. Elle était chargée d’aller dans les familles pour repérer qui, éventuellement, pourrait aider, cacher un militant. Figurant sur la liste des enseignants(e)s communistes, elle fut révoquée en décembre 1940 et en avril-mai 1941, recherchée par la police française, elle gagna le Morbihan, puis Paris où elle trouva le contact avec le Parti communiste. Elle habita Argenteuil puis Colombes, et dans cette ville, fut responsable du comité des femmes du réseau du Parti communiste clandestin. Elle prit le nom d’Annick pour son travail de liaison. Elle fut arrêtée le 19 novembre 1941 et interrogée par le commissaire David, de la Brigade spéciale 2, quatre jours plus tard. Condamnée à deux ans de prison, elle fut enfermée à la Petite Roquette, où les détenues les plus politisées organisèrent des cours, un journal et réussirent à faire sortir des renseignements par leur avocate. Le jour anniversaire de la victoire de Valmy, suivant le mot d’ordre du PC de manifester, elle participa à une prise de parole dans la cour de la prison. A la suite d’un procès en janvier 1943, condamnée à une peine de prison, envoyée au fort de Romainville, elle fut déportée le 13 mai 1944 et arriva au camp de Ravensbrück (Allemagne) le 16 mai 1944 par le dernier convoi de 750 femmes. Elle fut, de là, envoyée à Hanovre (Allemagne) dans une usine de produits chimiques où, là aussi, les déportées politiques essayèrent de constituer un collectif capable d’actes de résistance dans leur vie quotidienne. Elles furent délivrées par l’armée américaine en mars-avril 1945.
Rapatriée en France, très amaigrie, elle retrouva son mari en juin 1945. Ils furent d’abord réintégrés dans l’enseignement à Pornichet (Loire-Atlantique), où elle commença une intense vie militante de quartier, autour des questions du ravitaillement, et dans le cadre du PCF. De retour en septembre 1947 à Saint-Nazaire où la vie reprenait lentement, ils s’installèrent dans le quartier de Kerlédé, habitant l’un des 210 bungalows provisoires. Elle participa aux nombreuses activités de l’Amicale de quartier, très vite sous influence communiste : lutte pour l’amélioration des conditions de vie quotidienne, accueil d’enfants du Secours populaire, d’enfants des mineurs en grève en 1948, sou du soldat, lutte contre la guerre du Vietnam, puis d’Algérie. En 1954, Suzanne et Pierre Mahé s’installèrent dans le quartier de Plaisance ; elle continua le même type d’activités militantes et prit plusieurs fois la parole contre la guerre d’Algérie, à Saint-Nazaire, et à Rennes, lors de la fête de l’Union des femmes françaises. 



En 1950, elle remplaça, après sa destitution du conseil municipal, Madeleine Gallen*, en tant que conseillère municipale communiste, administratrice du Bureau de bienfaisance ; elle assura ce mandat jusqu’en avril 1953. Elle intervint à plusieurs reprises pour défendre les positions de la minorité communiste (distribution de lait aux enfants des chômeurs, carte sociale municipale pour les économiquement faibles, questions scolaires). 

De 1962 à 1968, la famille Mahé, avec ses deux enfants, vécut à Nantes afin que Suzanne, victime d’une dépression, puisse y être soignée. Ils revinrent à Saint-Nazaire en 1968. Elle mourut dix années après la disparition de son mari.

POUR CITER CET ARTICLE :
https://maitron.fr/spip.php?article119469, notice MAHÉ Suzanne, Lucienne, Alphonsine [née JUSTAMONT Suzanne] par Julian Mischi, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 13 novembre 2019.

SOURCES : Arch. Dép. Deux-Sèvres, 4M 13/4E. — Arch. mun. Saint-Nazaire (Cristel Gravelle). — Entretiens avec S. Mahé et témoignage écrit. — Émission de « Turbulences », radio libre locale, 17 février 1984. — Raconte camarade, par Maxime (pseudonyme de Pierre Mahé), Saint-Nazaire, 1974, 354 p. —MAHE (Pierre), Raconte Pierre, Saint-Nazaire, AREMORS, 1994, 135 p. — Presse locale (quartier de Kerlédé). — Dominique Loizeau, Femmes et militantismes, Paris, L’Harmattan, Logiques sociales, 1996. — Camélia Zegache, Les femmes dans la Résistance en banlieue Nord, 2000, Mémoire de maîtrise, 178 p. (Université de Paris 13). — Julian Mischi, Traditions politiques locales et communismes ouvriers. L’implantation du PCF dans la région de Saint-Nazaire, Saint-Nazaire, AREMORS, 1998, 201 p. — Notes de Jacques Girault, d’Alain Prigent et de Guy Texier. — RGASPI, pas de dossier au Komintern.

Nantes n’oublie pas ses résistants fusillés

2ÈME GUERRE MONDIALERÉSISTANCENANTESJOËL BUSSONRENÉE LOSQAUGUSTE CHAUVINALAIN GARNIER
ALAIN GARNIER
MARDI, 11 FÉVRIER, 2014
L’HUMANITÉ
Le 28 janvier 1943, au palais de justice de Nantes, quarante-deux résistants considérés comme des terroristes font face à un tribunal militaire allemand. Trente-sept sont condamnés à la peine de mort par le conseil de guerre. Leur faute : avoir résisté au nazisme en combattant avec des armes et des explosifs les membres de l’armée allemande et des collaborateurs. C’est le jugement du « procès des 42 », comme l’appelle la presse vichyste et collaborationniste de l’époque, qui titre : « La civilisation occidentale épure ».

En effet, au terme des onze audiences, le verdict tombe, implacable : deux femmes et trois hommes sont déportés, les trente-sept autres résistants seront fusillés sur le terrain du Bêle près de la Beaujoire. Neuf, dès le lendemain, vingt-cinq le 13 février et trois le 7 mai.

Présentés comme des assassins et des bandits au cours de cette parodie de justice, ces ouvriers et intellectuels de la région, ainsi que cinq républicains espagnols, ont surtout rejoint, dès 1941, l’Organisation spéciale du PCF puis les FTP.

En un an et demi, ils commettent ainsi de nombreux sabotages et attentats à Nantes, contre le local du Parti populaire français de Doriot, dans des hôtels fréquentés par l’armée allemande, dans des usines tenues par les occupants nazis, contre des installations ferroviaires, des fils télégraphiques, des ponts roulants…

« II y a eu une guérilla urbaine à Nantes. II n’y a pas cinquante exemples en France de combats armés en ville. Les résistants vivaient dans une semi-clandestinité, ils risquaient leur vie en permanence. Nantes a vraiment été le lieu d’une lutte acharnée. Un hommage officiel a eu lieu pour la première fois à l’occasion du 60e anniversaire, le 13 février 2003, avec les autorités sur le terrain du Bêle », explique Joël Busson, président du comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant et de Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure.

Depuis, le collectif n’a pas relâché ses efforts, il a produit une exposition qui retrace la lutte de ces jeunes résistants et un documentaire de vingt minutes comprenant le témoignage des derniers survivants du procès, dont Renée Losq, qui a été déportée, et s’achève sur une lettre d’Auguste Chauvin, l’un des fusillés.

Durant toutes ces années, des cérémonies se sont succédé avec l’inauguration de rues, l’érection d’un monument sur le carré des républicains espagnols dans le cimetière de La Chapelle-Basse-Mer, la tenue de colloques et débats, évocations et soirées ou l’édition de publications… Le 70e anniversaire, l’année dernière, a été un grand moment pour cette mémoire, et à la rentrée 2014 un livre de l’historien Guy Haudebourg sur le « procès des 42 » et celui des « 16 » (1) sortira des presses.

Le 13 février prochain à 17 h 15 à la maison des syndicats à Nantes, devant les plaques en hommage à plus de 110 militants syndicalistes tombés dans la lutte contre l’occupant, le samedi 15 à 11 heures, au terrain du Bêle, et ensuite au cimetière de la Chauvinière, puis l’après-midi à 15 heures à Sainte-Luce-sur-Loire, et dimanche 16 dès 11 heures au cimetière de La Chapelle-Basse-Mer, le comité départemental organise avec son collectif « du procès des 42 et des 16 » de nouvelles cérémonies, celles du 71e anniversaire.

(1) Un second procès se déroule à huis clos l’été 1943, seize nouveaux FTP sont impliqués, ils seront fusillés le 13 aoûtau Bêle ou déportés et guillotinés en Allemagne.

Maurice Lagathu
Maurice Lagathu

Né le 28 août 1921 à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine), fusillé le 29 janvier 1943 au terrain du Bêle à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; sténo-dactylo-comptable puis magasinier ; militant communiste ; membre de l’Organisation spéciale (OS) ; Procès des 42.

Maurice Lagathu dirigeant du groupe de Pont-Rousseau (Rezé) de l’OS

Maurice Lagathu
Maurice Lagathu

Fils de Charles Lagathu et d’Eugénie Ferrier, Maurice Lagathu était sténo-dactylo-comptable et travaillait comme magasinier. Au début de l’Occupation, il habitait chez ses parents, dans le quartier de Pont-Rousseau à Nantes
Son domicile fut perquisitionné le 17 février 1941, sans résultat mais, soupçonné de distribution de tracts du Parti communiste français (PCF), d’inscriptions chez Renault au Lion d’or à Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) et de destruction des poteaux indicateurs allemands, il fut arrêté par la police française, incarcéré au Centre de séjour surveillé du Croisic et ne fut libéré que le 16 avril 1941 à la suite d’une déclaration par laquelle il s’engagea à ne plus avoir d’activités politiques.
Il reprit pourtant ses activités clandestines au sein du PCF. C’est à cette époque qu’il épousa la mère de ses deux très jeunes enfants, Odile Joséphine Glais, magasinière domiciliée rue Thiers à Rezé.
En juillet 1941, la police le soupçonna d’avoir peint une large inscription sur la route de Château-Bougon (« Vive l’Armée rouge »). À la fin de l’année 1941 ou au début de l’année 1942, il entra dans l’OS dirigée par Marcel Brégeon et Louis Le Paih et devint le responsable du groupe de Pont-Rousseau qui comprenait André Rouault, André Guinoiseau, Robert Douineau et Maurice Jouaud.
Arrêté au mois d’août 1942 par le Service de police anticommuniste (SPAC), il fut torturé au siège de la police nantaise, rue Garde-Dieu, et emprisonné à la prison Lafayette de Nantes.
Le 28 janvier 1943, avec trente-six autres résistants, il fut condamné à mort par le tribunal allemand de Nantes (« Procès des 42 ») pour avoir participé à onze attentats. Au tribunal, il déclara avoir « agi en patriote français et non en bandit ». Maurice Lagathu a été fusillé au Bêle le 29 janvier 1943.
Dans sa dernière lettre, datée du jour de son exécution, il écrivit : « Je meurs en patriote pour une cause juste, j’ai foi à la victoire future. Vive la France, vive le parti ».
Il fut alors enterré à Sautron.
Maurice Lagathu a été reconnu Mort pour la France le 16 février 1945, et homologué lieutenant FFI.
Une rue de Rezé porte son nom ainsi qu’une cellule du PCF.

Chère petite femme,
Cher papa et chère maman,
Lorsque vous recevrez cette lettre, je ne serai plus, j’aurai quitté cette terre de malheur pour toujours. Hélas, je n’aurai pas le bonheur de vous revoir et de vous serrer dans mes bras une dernière fois. Je porte sur moi les photos de toi. Odile chérie, que j’ai si peu connue et si bien tout de même, ainsi que celles de nos deux petits, Serge et Gérard. Pauvres petits, ils auront à peine vu leur père. Moutir si jeune, cela est terrible tout de mêm ! Laisser pour toujours les joies de la vie, mourir Sali par les journaux, mais je sais bien que tu ne me crois pas un bandit ou un assassin. D’ailleurs, je mourrai en brave, en français et je regarderai les fusils ennemis n face. Je me suis fait à cette idée depuis près de 6 mois.
J’espère que ma mort servira d’exemple à ceux qui viendront derrière moi. Ma dernière pensée sera pour vous tous que j’ai fait souffrir par nos actes. Vous direz à Gérard et à Serge quand ils seront grands, pourquoi et comment je suis mort. Je meurs, malgré tout, content, car j’emporte avec moi la certitude de la victoire. Je sais que vous serez heureux, dans un avenir prochain.Hélas je ne serain pas là, je ne vous reverrai plus jamais. Lorsque je tomberai tout à l’heure sous les balles meurtrières, j’aurai sur mon coeur les photos, chers souvenirs d’une époque où nous étions heureux ensemble. Je sais que tous ensemble, vous vivrez heureux en bonne intelligence. Je me hâte car l’heure approche. Odile, élève bien nos petits et que plus tard, ils n’aient pas à rougir de leur père., tout ce que je te demande, c’est de ne pas porter le deuil de moi. Je sais que vous garderez tout mon souvenir dans votre coeur et vous laisse les soins de toutes les choses.
Adieu cher papa, adieu chère maman qui m’avez tant aimé.
Adieu Odile chérie, adieu Serge et Grard.
Je meurs en patriote pour la juste cause. J’ai foi à la victoire future.
Recevez mes derniers baisers.
Maurice, qui vous a tant aimés.
Vive la France, vive le Parti.
Maurice Lagathu.
 

SOURCES : Arch. Dép. Loire-Atlantique 270W485, 270W499, 270W501, 1694W40, 1694W48, 1694W49, 305 J 3 . – Arch. Dép. Maine-et-Loire 18W70. – Le Phare, janvier 1943. – Clarté, 23 novembre 1946. – Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990. – Guy Haudebourg, Le PCF en Loire-Inférieure à la Libération (1944-1947), mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Nantes, 1987. – Héliette Proust, Gilberte Larignon, Chantal Lamotte d’Incamps, Les Rezéens dans la Seconde Guerre mondiale, Rezé, Office municipal d’information, 1985. — Dominique Bloyet, Étienne Gesche, Jeunes résistants en Loire-Atlantique, Coiffard libraire éditeur, 2014. — Acte de décès.

Affiche Marin Poirier
Marin Poirier

Né le 9 avril 1903 à Fougères (Ille-et-Vilaine), fusillé, par condamnation, le 30 août 1941 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; cheminot ; militant de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) ; résistant.

Marin Poirier, cheminot socialiste, est le premier Nantais fusillé pour avoir participé à l’évasion de nombreux prisonniers de guerre français et les avoir aidés à passer en zone non-occupée – dans le cadre du groupe des Anciens combattants dirigés par Léon Jost. Il est aussi accusé d’avoir commis des attentats contre l’armée allemande (avec le groupe Bocq-Adam).

Affiche Marin Poirier
Affiche Marin Poirier

Marin Poirier était le fils de Jacques Poirier et de Aline Duchesne (19 ans, née à Rennes). Il travailla comme cuisinier à Paris avant de partir cinq ans dans la Marine. Il entra aux chemins de fer de l’État en décembre 1925 comme cantonnier. Marié le 25 juillet 1924 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) à Eugénie née Fourrage (1902-1982) mécanicienne, sans enfant, il demeurait au 61 Chemin de la Gaudinière à Nantes. Marin Poirier travaillait au service Voie et Bâtiments, il gardait le passage à niveau no 318, place du Commerce à Nantes .
Ancien combattant, il avait adhéré à l’Union des camarades des tranchées en revenant de la guerre du Rif (1925-1926 Maroc) au cours de laquelle il avait été blessé. Militant SFIO, il oeuvra dès le début du conflit, au sein du Comité d’entente des anciens combattants, présidé par Léon Jost dont le rôle était d’aider les pouvoirs publics dans l’application des mesures de défense passive et dans l’assistance apportée aux réfugiés et aux mobilisés. Après la défaite, l’occupant allemand autorisa ce comité devenu Comité d’aide aux prisonniers, à venir en aide aux prisonniers parqués dans des camps de transit à Châteaubriant, Savenay, Nantes.
Dès l’été 1940, il entra dans le mouvement de Résistance Bouvron-Nantes, fondé par Auguste Bouvron, au sein du groupe Paul BocqHenri Adam. Marin Poirier avait été contacté par Henri Adam dont l’adjoint, Roger Astic, était en relation avec le réseau du musée de l’Homme.
Il participa à la filière d’évasion des prisonniers qui se mit en place avec Paul Birien, Joseph Blot, Auguste Blouin, Alexandre Fourny, Léon Jost (membres du réseau Georges-France31 dont Alexandre Fourny était le chef régional), Georges Granjean, Marcelle Littoux et Fernand Ridel. Ce dernier décrit Marin Poirier comme excellent propagandiste, petit, râblé, brun avec des yeux pétillants d’intelligence, indiscipliné et d’un dévouement à toute épreuve.
Marin Poirier convoyait en tant que cheminot des prisonniers évadés vers la la zone libre via Angoulême (Charente) et La Rochefoucauld où ils étaient pris en charge par un garçon de café. Son activité de garde-barrière au centre de Nantes, lui permettait de surveiller le passage des convois allemands, informations transmises à Henri Adam puis à partir de 1941, à Londres. Il avait participé à l’un des premiers attentats contre l’occupant, qui le soir de Noël 1940 visait le Soldatenheim de la place Royale.
Le 15 janvier 1941, la Geheimfeldpolizei (GFP) (police nazie) arrêta une grande partie du réseau, Marin Poirier fut arrêté le lendemain au café du Cycle rue de la Fosse à Nantes, où dans une arrière salle, il recevait les candidats au passage en zone libre.
Interné à la prison des Rochettes, puis jugé le 15 juillet 1941 par le conseil de guerre allemand, Marin Poirier fut condamné à 4 ans et demi de prison, peine plus lourde que celle de ses camarades. Mais le 16 août, le commandant militaire allemand en France (MBF) annula le jugement et Marin Poirier fut renvoyé devant la juridiction du chef de la circonscription militaire B d’Angers (Maine-et-Loire) qui le 27 août 1941, le condamna à la peine de mort pour intelligence avec l’ennemi. La fuite du chef de l’organisation Auguste Bouvron et les déclarations d’un codétenu auquel il avait dit être « un ennemi acharné des Allemands » semblent avoir alourdi la peine. Son avocat le bâtonnier Guinaudeau et l’interprète de la préfecture le professeur Duméril déposèrent en vain un recours en grâce. Marin Poirier fut condamné à mort et fusillé le 30 août, Karl Hotz, commandant militaire allemand de la place de Nantes refusa de le gracier malgré une intervention du maire de la ville Gaëtan Rondeau.
ll a été fusillé le 30 août 1941, à 12h15 au stand de tir du Bêle à Nantes, assisté par l’abbé Fontaine puis enterré sur place. Il avait refusé de se laisser attacher au poteau et bander les yeux et avait crié « Je suis innocent. Vive la France ! », cri relaté par le professeur Duméril.
Après l’exécution des 48 otages (dont 16 à Nantes) du 22 octobre1941, le Tribunal de guerre autorisa le transport de son corps vers le cimetière de Saint-Julien-de-Concelles. Le 13 novembre 1941, la municipalité nantaise en assura la réinhumation avec celle de quatre autres fusillés. Au printemps 1945, les familles reconnurent leurs corps qui reposent désormais dans le cimetière de La Chauvinière à Nantes.

Reconnu « Mort pour la France » par décision du 19 février 1945, il fut décoré : chevalier de la Légion d’honneur par décret du 27 juillet 1946 ; Croix de Guerre avec Palme. Le titre d’Interné résistant lui a été attribué le 14 juin 1961, RIF (résistance intérieur française) et résistant « isolé », non rattaché à une organisation homologuée.

Premier fusillé de Nantes, Marin Poirier est particulièrement honoré dans sa ville : une stèle avec son buste a été inaugurée le 14 novembre 1948 dans la cité de cheminots du Vieux Doulon qui porte son nom ainsi qu’un buste similaire inaugurée en 1991 dans une salle de réunion dénommée Marin-Poirier au triage du Grand Blottereau (Loire-Atlantique). Dans ce département son nom est aussi gravé sur une stèle aux fusillés à Saint-Julien-de-Concelles et sur une plaque en gare de Nantes-Nord. Sa mémoire est également perpétuée par deux noms de rue, à Savenay et à Bouguenais et une place à Couëron.

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Notes Carlos Fernandez (Arch.Dép. Loire-Atlantique 1694 W12 et W16 , Arch. mun. 27 J1, 1205 W3, 1136 W27). — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 483579. — Fernand Ridel, Témoignages, 1939-1945. Une page d’histoire, Édition des Paludiers. — Notes Alain Prigent. – Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure 1940-1945, 2001, p.31 — Thomas Fontaine (dir.) Cheminots victimes de la répression, 1940-1945, Mémorial Stéphane Robine, p.1202, Perrin/SNCF, 2017. — A. Perraud-Charmantier, La Guerre en Bretagne. Récits et portraits, tome 1, Aux Portes du Large, 1947. — Mémorial Genweb . — État civil.

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Gilbert Brustlein

Né le 20 mars 1919 à Paris (XIIe arr.), mort le 25 février 2009 ; chômeur puis employé ; résistant communiste ; participe aux premiers attentats contre des officiers allemands, à Paris le 21 août 1941 et à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) le 20 octobre 1941.

Les auteurs de l’attentat contre le Feldkommandant Hotz, le 20 octobre 1941, sont Gilbert Brustlein, Marcel Bourdarias et Spartaco Guisco. Seul Gilbert Brustlein échappe aux arrestations.

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La presse se déchaîne contre les résistants, systématiquement traités de « terroristes ».

Orphelin de père – celui-ci, d’origine alsacienne lointaine, décéda peu après sa naissance des suites de blessures de guerre -, Gilbert Brustlein fut élevé par sa mère, une tapissière à façon installée faubourg Saint-Antoine (XIe arr.). Interne à l’école professionnelle Dorian de sept à seize ans, il apprit le métier de souffleur de verre. Doué pour les études, il passa le brevet élémentaire pour pouvoir préparer à l’école Arago le concours d’entrée à l’École normale. Mais recalé, déçu dans ses ambitions, il entra dans la vie active à l’automne 1936. Ballotté entre chômage et petits boulots, il courut d’échecs en désillusions : à dix-huit ans, il tenta de mettre fin à ses jours. Il noua des amitiés avec des lycéens de son quartier qu’il retrouva aux Auberges de jeunesse. Ce fut à l’occasion des nombreuses parties de camping organisées le week-end qu’il s’initia au communisme.

En 1939, appelé sous les drapeaux, il suivit les cours de l’école des officiers de réserve avant d’être muté dans l’intendance en raison d’une forte myopie. Replié à Angoulême, il a été fait prisonnier par les Allemands après le 24 juin. Quelques jours plus tard, grâce à la complicité de camarades ajistes, il s’évada de la gendarmerie où il était retenu prisonnier et revint à Paris en vélo. Il retrouva son quartier et se fit démobiliser officiellement fin juillet. Cherchant à adhérer au Parti communiste, il fut mis en relation en août 1940 avec des membres des Jeunesses communistes par l’intermédiaire de l’Union sportive ouvrière du XIe, arr. club omnisport affilié à la FSGT, qui camouflait leurs activités. Il adhéra à l’organisation clandestine, ce qui, affirmait-il dans ses mémoires, donna alors sens à sa vie : « Depuis mon adhésion au communisme, je combats pour construire, je ne suis plus un chômeur inutile. »
Tout en vendant de la bonneterie sur les marchés, il se livra à l’action clandestine, distribua des tracts, inscrivit des slogans, participa à des réunions, fit preuve d’allant et de courage, qualités qui lui valurent d’être responsable de quartier à l’automne 1940. Arrêté le 12 janvier 1941 en possession d’une brochure communiste, il fut, faute de preuves, relaxé deux jours plus tard et reprit sa place au sein des Jeunesses clandestines. À l’été 1941, il participa aux prises de parole organisées par les JC puis rejoignit les « Bataillons de la jeunesse », leur bras armé. Il fut d’emblée nommé responsable de l’Est parisien et, à ce titre, dirigea sept combattants. Inexpérimenté, ne sachant rien ou presque du maniement des armes, son groupe perpétra une vingtaine d’attentats dont la plupart se soldèrent par des échecs. Le 21 août 1941, pourtant, les Bataillons de la jeunesse signèrent leur première action d’éclat lorsque leur responsable militaire national, [Pierre Georges, futur [colonel Fabien<-50415], assisté de G. Brustlein, tua à la station de métro Barbès l’aspirant de marine Alfons Moser. Un second attentat revêtit une importance capitale dans le parcours résistant de G. Brustlein. Dépêché à Nantes en compagnie de deux autres combattants parisiens, il remplit sa mission en exécutant le Feldkommandant de Loire-Inférieure, Karl Hotz, le 20 octobre 1941. L’attentat fit grand bruit en raison de l’ampleur des représailles ordonnées par Hitler : le 22 octobre 1941, 48 otages furent passés par les armes à Nantes, Paris et Châteaubriant. Conjointement, la traque s’organisa. Suite à une dénonciation, la brigade criminelle de la Préfecture de police de Paris parvint rapidement à démanteler le groupe Brustlein. Dès le 30 octobre 1941, ses plus proches compagnons furent appréhendés puis, après avoir été interrogés, furent livrés aux Allemands. Ces derniers les fusillèrent, après jugement, le 9 mars 1942. G. Brustlein échappa à la curée. Pris en charge par Conrado Miret-Must, premier responsable de l’OS unifiée (organisation spéciale regroupant les bras armés de la MOI, du Parti et des JC), il fut caché avenue Debidour (XIXe) dans un appartement servant de dépôt d’armes à l’OS. Activement recherché, sa tête était mise à prix tant par les Allemands (quinze millions de francs) que par les autorités françaises. Une somme exorbitante qui témoigna du rôle capital qu’à tort lui prêtèrent les forces de l’ordre et la presse qui le qualifia de « juif de Suisse » et en fit un « agent direct du Komintern » et un « dignitaire du Parti ». Suite à une imprudence, le dépôt tomba et, avec lui, des dizaines de militants mais G. Brustlein avait déjà pris la poudre d’escampette. Tenu responsable de la perte du dépôt, il semble que Gilbert Brustlein ait été condamné à mort par le Parti communiste ; du moins, l’affirme-t-il dans ses mémoires et ses propos sont corroborés par le témoignage de Maroussia Naïtchenko. Seul, il parvint en zone libre, franchit les Pyrénées, fut interné en Espagne avant de gagner l’Angleterre à l’été 1942 où il s’engagea dans les Français Libres, non sans avoir fait son rapport à l’ambassade d’URSS. Après un séjour de plusieurs mois, il fut envoyé en Algérie. De retour à Paris en novembre 1944, il apprit que sa mère était morte à Auschwitz.

Sa mère, Suzanne Momon, suite à l’identification de son fils, fut arrêtée et incarcérée à la prison de la Petite-Roquette, au fort de Romainville en août 1942 puis au camp de Compiègne et déportée par le convoi du 24 janvier 1943 à Auschwitz où elle décéda, du typhus ou assassinée, en février 1943.

G. Brustlein reprit contact avec les JC du XIe, entreprit des études de comptabilité, milita dans sa cellule et diffusa la presse communiste sur les marchés. Il sortit de l’anonymat lorsque le 20 avril 1950, l’Humanité dimanche évoqua pour la première fois sa participation aux attentats de Barbès et de Nantes puis il retomba dans l’oubli jusqu’à ce qu’ Albert Ouzoulias  dix-sept ans plus tard, le sollicite pour la rédaction de son ouvrage sur les Bataillons de la jeunesse. Entre-temps, en 1952, dénonçant le sectarisme du Parti, G. Brustlein avait déchiré sa carte. Vint le temps des calomnies : il fut accusé à la fois d’avoir donné son groupe, d’avoir fait tomber le dépôt, d’avoir été retourné par la Gestapo et de ne s’être pas dénoncé aux Allemands, évitant ainsi aux otages d’être fusillés. À Nantes, régulièrement, chacune de ses déclarations dans la presse déclencha une avalanche de courriers hostiles. Ces accusations, injustifiées, restaient toujours vivaces lorsque le 22 octobre 1991, il fut jeté à terre par le service d’ordre de Georges Marchais alors qu’il tentait de prendre la parole pendant la cérémonie commémorant la fusillade des otages à Châteaubriant. En 1994, le procès en diffamation qu’il gagna contre un auteur nantais qui sous-entendait qu’il était un agent allemand semble avoir mis fin provisoirement à la polémique.

Retraité, marié en mars 1956 à Paris (Xe arr.), G. Brustlein résidait toujours dans le XIe. Ce pionnier de la résistance armée n’a jamais reçu la médaille de la Résistance.

Un quartier et un lycée professionnel portent son nom à Mulhouse, ville alsacienne, dont sa famille est originaire.
Une salle du musée de Nantes est consacrée pour partie à son action de résistance.

SOURCES : Entretiens de l’intéressé avec les auteurs. — Archives : APP GB49.0151 — Paris-Midi, Le Matin, Les Temps nouveaux, 5 au 7 mars 1942. — Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier ; Éditions de Minuit, 1965. — Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, Éditions sociales, 1967. — Maroussia Naïtchenko, Une jeune fille en guerre, Éditions Imago, 2003. — Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, Le sang des communistes, Fayard, 2004. — http://fr.wikipedia.org/wiki/Gilbert_Brustlein.