Allocution de Christian Retailleau,

au cimetière de Saint-Julien-de-Concelles

                                                           19 novembre 2022

président du Comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant, Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs les élus,

Chères familles des fusillés,

Mesdames et Messieurs les représentants des associations d’anciens combattants et patriotiques, des organisations syndicales et politiques,

Mesdames et Messieurs les porte-drapeaux,

Mesdames et Messieurs, Chers amis,

11 novembre 1940 : Nantes vit à l’heure allemande depuis six mois.

Ce 11 novembre, le premier depuis l’Occupation, n’est pas comme les autres. Ce jour n’est pas férié, tout rassemblement est interdit. Comme à Paris, les lycéens et étudiants nantais désobéissent. Au lycée Clémenceau, plusieurs dizaines se regroupent et déposent une gerbe au Monument aux morts du lycée avant de partir en cortège vers celui de la ville, rejoints par des étudiants de l’Institut polytechnique de l’ouest, de l’école d’Hydro, des élèves de Guisth’au, de l’école professionnelle Launay. Ils sont dispersés par la police « française » et les Feldgendarmes, certains sont arrêtés.

Plus tôt dans la journée, la surprise est venue du ciel : au petit matin, le drapeau tricolore flotte au sommet de la cathédrale. La foule qui se masse sur la place Saint-Pierre grâce au bouche-à-oreille apprécie l’exploit dont les auteurs seront connus plus tard. Ce sont deux jeunes : le lycéen Christian de Mondragon a tout juste 16 ans, Michel Dabat qui en a 19, est un ancien étudiant des Beaux-arts.

Ces premières manifestations publiques de l’occupation vont faire grandir l’esprit de résistance, et encourager un certain nombre des participants à rejoindre les réseaux ou mouvement de résistance.

C’est le cas de Michel Dabat, Frédéric Creusé, Jean-Pierre Glou, honorés aujourd’hui, qui vont agir au péril de leur vie dans des groupes de résistants gaullistes nantais.

Ils sont fusillés le 22 octobre 1941 au champ de tir du Bêle à Nantes parmi les 48 Otages. Avec eux, Maurice Allano, un jeune chaudronnier intervenu contre des soldats allemands pour défendre un vieil homme. Ils vont être inhumés anonymement dans la journée dans ce cimetière de Saint-Julien-de-Concelles, en même temps que les 12 autres fusillés du Bêle inhumés à Basse-Goulaine et Haute-Goulaine.

Marin Poirier a été lui fusillé quelques semaines auparavant, le 30 août 1941, au champ de tir du Bêle à Nantes. Inhumé sur place, il est inhumé à nouveau le 13 novembre ici-même.

Le parcours et l’engagement de ces cinq hommes vont être retracés tout à l’heure par les comédiennes et comédiens du Théâtre d’ici ou d’ailleurs.

81 ans après, souvenons-nous de leur héroïsme, de leur patriotisme, de leur engagement et contribuons à ce que leurs noms continuent de vivre.

Par leur sacrifice, les 48 ont su insuffler le refus de la défaite et de la servitude et cette volonté de résister à tout prix. Ils ont porté l’espoir de jours meilleurs aux pires heures de l’Occupation.

20 octobre 1941 à Nantes, trois jeunes résistants communistes venus de Paris, « trois courageux garçons » a dit le général de Gaulle, accomplissent une des premières actions armées contre l’occupant nazi en abattant le Feldkommandant Hotz.

Les représailles exigées par Hitler, en application d’un « code des otages » récemment promulgué, vont être terribles.

Le 22 octobre, 48 otages sont fusillés : 27 à Châteaubriant, 16 à Nantes et 5 au Mont-Valérien.

Ces exécutions de masse ont été précédées par celles d’Honoré d’Estienne d’Orves, Maurice Barlier et Jan Doornik fusillés au Mont-Valérien le 29 août, et celle le 30 août de Marin Poirier.

Le choix des otages par les nazis, avec la participation active du régime de Vichy, ne doit rien au hasard.

A Châteaubriant, les 27 sont communistes et cégétistes. Leurs noms ont été donnés aux autorités militaires allemandes par le ministre de l’intérieur Pucheu, dans l’intention de faire éliminer des adversaires de classe.

A Nantes, ce sont des anciens combattants de la Première guerre mondiale qui sont désignés, au premier rang desquels Léon Jost, grand mutilé de guerre. Ils animent, comme Alexandre Fourny élu municipal SFIO, le Comité d’entente qui organise des filières d’évasion de prisonniers de guerre vers la zone sud et l’Angleterre. Des jeunes catholiques aussi, investis dans des activités de renseignements. Ils appartiennent aux groupes Bouvron, George-France 31 ou Hévin.

Pourtant, au contraire de ce que les nazis escomptaient, installer la terreur dans la population et annihiler toute volonté de résistance, cet assassinat collectif va constituer un tournant dans la construction en cours de la résistance intérieure.

Les fusillés deviennent un exemple.

Rien ne sera comme avant !

Ces hommes, si divers dans leurs opinions et croyances, dans leurs origines sociales préfigurent l’unité de la Résistance à venir, concrétisée par la création du Conseil National de la Résistance, dont le programme novateur Les jours heureux a façonné à la Libération notre modèle démocratique et social – la Sécurité sociale, le régime général des retraites, les services publics – où la solidarité remplace la vieille loi du « chacun pour soi ».

L’esprit du CNR – le vrai et non la contrefaçon actuelle – doit continuer de nous animer : pour une société humaine, ouverte, tolérante et juste.

Car « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde », comme le montre l’inquiétante progression de l’extrême-droite en France, en Italie, en Suède et dans de nombreuses parties du monde.

Ne laissons pas prospérer les idées les plus nauséabondes : nationalistes, xénophobes, racistes et antisémites.

Et, alors que la guerre fait rage en Ukraine et ailleurs sur la planète, que le réarmement est massif, continuons d’agir pour un monde en paix.

Le Comité du Souvenir – Résistance 44 et les comités locaux de Châteaubriant et d’Indre oeuvrent à ne pas laisser s’effacer la mémoire de la Résistance

La bande dessinée Immortels !, le livre d’histoire sur les 50 Otages En vie, en joue, enjeux et la pièce de théâtre Les 50, déjà jouée une vingtaine de fois depuis un an, participent à ce travail de mémoire et de connaissance de l’histoire de la Résistance.

C’est aussi, bien sûr, le sens de l’inauguration aujourd’hui de cette plaque mémorielle, qui s’inscrit dans un parcours de la mémoire initié dans les neuf communes du castelbriantais où avaient été inhumés les 27 de Châteaubriant, et qui se poursuivra à Basse-Goulaine et Haute Goulaine.

Au début de l’année prochaine, le dimanche 29 janvier c’est à La Chapelle-Basse-Mer que nous honorerons 5 Républicains espagnols inhumés depuis 1943 dans le cimetière communal.

Je tiens à remercier chaleureusement la municipalité de Saint-Julien-de-Concelles, et particulièrement Monsieur le Maire, d’avoir permis la réalisation de ce projet, dans la continuité du travail de la commune pour entretenir le souvenir des fusillés.

Je remercie également le personnel de mairie qui a grandement contribué à la réussite de cette journée.

La stèle dans le cimetière et maintenant la plaque nous le rappellent :

Ne les oublions pas

Je vous remercie de votre attention.

CHARNEAU Raymond, Pierre, Auguste

Fils de Auguste Charneau, cultivateur, et de Raymonde Chavigneau, cultivatrice, Raymond Charneau se maria le 24 octobre 1934 dans sa ville natale avec Georgette Divet, ouvrière.
Domicilié à Nantes, 7 place de la République en 1942, il est dit gardien de la paix mais aussi « gardien d’usine » par sa femme en 1947. Considéré comme membre du Front national et des FTP, il fut arrêté par la SPAC (police anticommuniste) le 7 juillet (ou septembre) 1942 et fut interné politique à la prison de Nantes où il mourut sous la torture le 14 septembre 1942.
Sa veuve, ouvrière à Nantes, demanda en 1947 son inscription sur la Plaque à la mémoire des martyrs nantais de la Résistance. Elle s’appuyait sur le témoignage d’un gardien de la prison de Nantes. Son nom est également inscrit sur le monument aux morts de Mareuil-sur-Lay (Vendée).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19494, notice CHARNEAU Raymond, Pierre, Auguste par Claude Pennetier, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 10 octobre 2021.

SOURCES :
Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J. — Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure, fusillés et exécutés, Nantes, 2001.
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DABAT Michel, André, Gilles

Né le 9 octobre 1921 à Paris (XIVe arr.), fusillé comme otage le 22 octobre 1941 au terrain du Bêle, à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; dessinateur aux Ponts et Chaussées ; résistant gaulliste.

Fils d’Alexis Dabat, médecin militaire aux colonies puis médecin-major de Loire-Inférieure, et de Josèphe Fradin de Linière, sans profession, Michel Dabat fit ses études primaires à l’école catholique Saint-Pierre de Montrouge (Seine), puis à l’école paroissiale de Saint-Gilles-sur-Vie et ses études secondaires au collège Saint-Stanislas de Nantes. En 1936, il entra à l’École des Beaux-Arts de cette ville. Il avait le projet de se présenter à l’École militaire de Saint-Maixent mais ses problèmes de santé et le déclenchement de la guerre mirent fin à sa vocation militaire.


A l’arrivée des soldats allemands dans la ville, il projeta de gagner l’Angleterre en passant par l’Espagne, mais arrivé à Bordeaux il renonça devant la difficulté et revint à Nantes en octobre 1940. Le 11 novembre 1940, avec un camarade lycéen, Christian de Mondragon, il hissa la nuit le drapeau tricolore sur sur le paratonnerre de la cathédrale de Nantes. Les Allemands durent faire appel aux sapeurs pompiers pour le retirer ; la BBC signala cette action.
Il prit contact avec un réseau de résistance, le groupe Vandernotte auquel appartenaient également Frédéric Creusé, Jean-Pierre Glou et Jean Grolleau.
Selon A. Parraud-Charmantier, le rôle de Michel Dabat fut principalement de transporter, de monter et d’entreposer des armes envoyées d’Angleterre par sous-marins et débarquées à La Roche-Bernard (Morbihan). Il était agent de renseignement des services secrets britanniques, membre du groupe Bouvron de Nantes, du réseau Georges-France 31. Peu de temps après son acte de bravoure sur la cathédrale, il entra en qualité de dessinateur aux Ponts-et-Chaussées. Célibataire, il vivait à Lignières (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique)
Il fut arrêté par l’Abwehr le 28 mars 1941 à Nantes, pour « action en faveur de l’ennemi, espionnage et passage de lettres en zone libre ». Incarcéré à la prison Lafayette de Nantes, il fut reconnu « isolé » à son procès, le 18 août 1941, et condamné à quatre mois de prison faute de preuves. À l’expiration de sa peine, il fut maintenu en détention sur ordre de la Geheimfeldpolizei et désigné comme otage par les autorités allemandes.
Il a été fusillé le 22 octobre 1941 à Nantes, au terrain du Bêle, en représailles à l’exécution par des résistants du lieutenant-colonel Karl Hotz, responsable des troupes d’occupation en Loire-Inférieure. Le même jour et pour la même raison, vingt-sept internés furent exécutés à Châteaubriant, seize à Nantes et cinq au Mont-Valérien.
Il fut inhumé au carré militaire du cimetière de la Chauvinière.
Cité à l’Ordre de la Nation, il a reçu la mention « Mort pour la France ».
Son nom figure sur plusieurs plaques commémoratives, à Nantes (plaque des fusillés, monument des cinquante otages, lycée Saint-Stanislas), et à Saint-Julien-de-Concelles.
En 2009, les Archives départementales de Loire-Atlantique ont fait l’acquisition de ses lettres écrites pendant sa captivité, accompagnées d’articles de presse, de photographies et de croquis.

Michel Dabat à sa mère
Prison Lafayette, Nantes (Loire-
Inférieure’
22 octobre 1941
Chère petite maman,
On vient nous chercher. Nous allons vers une destination inconnue. Pour moi, il n’y a pas à se faire d’illusions. Nous sommes otages, nous allons être fusillés.
Je n’ai pas peur, ce n’est pas mon habitude.
Que pourrais-je vous dire, si ce n’est que je suis innocent et que je vous demande pardon de tout le chagrin que je vous ai cause depuis
dés années ?
J’espère que nous aurons un prêtre. Petite maman chérie, priez bien pour moi. Pensez à moi comme je pense à vous en ce moment.
J’aurais bien voulu vous embrasser encore une fois.
Maintenant c’est fait, nous savons que nous allons mourir.
Je vous demande une chose, une seule : vous irez trouver Jeannette et vous lui direz que je l’ai aimée plus que tout, plus que ma vie. Elle avait tout mon cœur et elle sera la dernière à qui je penserai avec vous. Je vous aime toutes les deux autant qu’il est possible à un coeur humain d’aimer.
Maman chérie, pardon de tout le mal que j’ai fait ou pensé dans ma vie.
Je vais mourir en vrai Français, en homme, en chrétien fervent.
Adieu, maman chérie, adieu et pardon pour tout.
Vous pourrez parler de votre Michel avec fierté. Ne me pleurez pas. Priez, priez, priez.
Je vous promets que, du haut du Ciel, je vous protégerai tous, tous, Maman, Papa, Maurice, je vous ai adorés tous. Maintenant, je vais mourir comme le Christ. Dites aussi à Suzanne Le Lostec, la jeune femme qui était avec nous en prison, que je conserverai jusqu’à la fin son souvenir ému.
Votre Michel.
Vive Dieu, vive la France !

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – Arch. dép. Loire-Atlantique. — Guy Krivopissko, La vie à en mourir, Paris, Tallandier, 2003. – A. Perraud-Charmatier, La Guerre en Bretagne. Récits et portraits, t. 1, 1947. — Dominique Bloyet, Étienne Gasche, Jeunes résistants en Loire-Atlantique, Coiffard Libraire éditeur, 2014. — Mémorial GenWeb. – État civil.

Julien Lucchini, Guy Krivopissko, Annie Pennetier

Liste des fusillés du procès des 42

Fusillés le 29 Janvier 1943
CHAUVIN Eugène, 31 ans, tôlier
CLÉRO Valentin, 35 ans, charpentier
DOUINEAU Robert, 20 ans, coiffeur
GUINOISEAU André, 20 ans, plombier
HERVÉ Raymond, 26 ans, chaudronnier
LAGATHU Maurice, 21 ans, magasinier
LE BRIS Eugène, 29 ans, manoeuvre
PÉROCHEAU André, 31 ans, typographe
ROUAULT André, 17 ans, chaudronier

Fusillés le 13 février 1943
ADAM Henri, 58 ans, tourneur
BARBEAU Georges, 28 ans, soudeur
BOISSARD Marcel, 39 ans, traceur
BOUVIER Jean, 45 ans, formeur
BRÉGEON Albert, 24 ans, ajusteur
CHAUVIN Auguste, 33 ans, chaudronnier
DUGUY Marcel, 30 ans, serrurier
FOUGEARD Clément, 40 ans, électricien
GRELEAU Pierre, 20 ans, chaudronnier
GUILLOUX Jacques, 33 ans, fondeur
JOUAUD Maurice,23 ans, chef d’équipe
LE PARC Eugène, 24 ans, dessinateur
LEFIÈVRE Henri, 159966, contremaître
LOSQ Jean, 35 ans, riveur
MICHEL Marcel, 39 ans, charpentier
MILLOT Claude, 31 ans, contrôleur des impôts
SÉROT Joseph, 33 ans, employé de bureau
THOMAZEAU Félicien, 21 ans, serrurier
TURPIN Gaston, 35 ans, traceur
VIAUD Marcel, 34 ans, instituteur

et 5 républicains communistes espagnols
BLANCO DOBARRO Benedicto, 25 ans, manoeuvre
BLASCO MARTIN Basilio, 22 ans, ferrailleur
GOMEZ OLLERO Alfredo, 37 ans, cordier
PRIETO HIDALGO Ernesto, 24 ans, mineur
SANCHEZ TOLOSA Miguel, 22 ans, terrassier.

Fusillés le 7 mai 1943
BRISSON Yves, 21 ans, poissonnier
COIFFÉ Léon, 37 ans, employé
LE PAIH Louis, 31 ans, carreleur

Liste des fusillés suite au procès des 16

500AUBERT Charles, 22 ans, cheminot
501BALE Louis, 33 ans, ajusteur
502BOSQUET Marcel, 23 ans, chaudronnier
503COLAS Joseph, 38 ans, métallurgiste
504DRÉAN Jean, 23 ans, électricien
505FRAIX Jean, 31 ans, soudeur
506GAUTIER Henri, 29 ans, mécanicien
507JAMET Guy, 23 ans, ajusteur
508LACAZETTE Camille, 33 ans, ajusteur
509LE LAN Guy, 28 ans, ajusteur
510MOUGENOT Frenand, 36 ans, électricien.

MOUGENOT Fernand, Émile

fernand_mougenot.jpgFils de Émile Ferdinand Mougenot et de Suzanne Catherine Morel, Fernand Mougenot habitait le quartier Barbin (n°16) avant la Seconde Guerre mondiale et travaillait comme électricien à Nantes. Marié avec Marcelline Josèphe Flatrès, sans profession, il était le père de deux enfants. Il fut alors réputé auprès de certaines familles pauvres, pour les lapins qu’il rapportait de ses sorties à la chasse, pas toujours très légales (ce qui lui valut quelques verbalisations).
Militant communiste connu des services de police, il fut arrêté le 18 octobre 1941 à Nantes pour détention et distribution de tracts communistes. Interné le même jour au camp de Choisel à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), il fut transféré à Voves (Eure-et-Loir) le 7 mai 1942 avant d’en être libéré par décision du 21 août 1942. Il reprit aussitôt ses activités politiques et participa à diverses actions de résistance dans la région nazairienne puis à Nantes.
Après l’arrestation du responsable interrégional de l’OS (Organisation spéciale), Louis Le Paih, il participa à la réorganisation d’un groupe FTP sous la direction de Jean Fraix et Camille Lacazette.
Arrêté le 2 février 1943 par la police française et le Service de police anticommuniste (SPAC) d’Angers pour « actes de franc-tireur et attentats contre les troupes d’occupation », alors qu’il tentait de fuir au Mans (Sarthe) avec Guy Lelan, il fut jugé par le tribunal militaire allemand de Nantes (FK 518) le 13 août 1943 (« Procès des 16 ») et fusillé au terrain militaire du Bêle à Nantes le 25 août 1943 avec dix autres résistants dont Jean Dréan et Guy Lelan.
Il a été reconnu Mort pour la France le 19 février 1945.
Une cellule communiste de Loire-Atlantique porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article159981, notice MOUGENOT Fernand, Émile par Guy Haudebourg, version mise en ligne le 18 juin 2014, dernière modification le 26 février 2019.

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Loire-Atlantique 43W19, 270W485, 270W488, 1694W58, 305 J 3 . – Maxime, Raconte, camarade, Saint-Nazaire, 1974. – Guy Haudebourg, Le PCF en Loire-Inférieure à la Libération (1944-1947), mémoire de maîtrise d’Histoire, université de Nantes, 1987. – Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990.

LELAN Guy , écrit aussi LE LAN Guy

guy_le_lan.jpgFils d’Eugène Le Lan métallurgiste et de Marie Guignard, Guy Lelan habitait Trignac (Loire-Atlantique, Loire-Inférieure) avant la Seconde Guerre mondiale. D’esprit frondeur, en 1933, il fut condamné par le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire pour délit de chasse.
Ajusteur à la future Société nationale des constructions aéronautiques de l’Ouest (SNCAO), il adhéra aux Jeunesses communistes en 1934 et devint le meilleur diffuseur de L’Avant-Garde du petit groupe de sept militants, contribuant au développement du mouvement dans la région nazairienne. Pendant son service militaire en Bretagne (1935-1937), il fit de nombreux séjours en prison pour indiscipline, distribution de tracts, propagande communiste avant d’être envoyé dans un bataillon disciplinaire à Oléron (Charente-Inférieure, Charente-Maritime) puis à Giromagny (Territoire-de-Belfort). En 1938, il se maria avec Paule Biron, institutrice, membre du « groupe des jeunes » de l’Enseignement avec André Lermite.
Il fut mobilisé en septembre 1939 mais revint en affectation spéciale à la SNCAO à Saint-Nazaire dès le mois de novembre 1939. À l’arrivée des Allemands, il fut embauché par les Fonderies de Trignac puis à la base sous-marine de Saint-Nazaire (janvier 1941-juin 1942).
Membre du Parti communiste français (PCF) clandestin, Guy Lelan forma un groupe de l’OS avec Georges Girard et Albert Rocheteau, devenant le spécialiste des explosifs. Recherché activement dans la région nazairienne, il s’installa à Rezé (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), sa femme ayant été nommée en septembre 1942 dans une école de Nantes (Prairie d’Aval, logée alors au château Étienne Vorus, prairie d’Amont). Il fut alors embauché à Château-Bougon mais quitta l’usine dès le mois d’octobre, de peur d’être envoyé en Allemagne. Alors sans travail, il fut contacté par Mougenot qui recherchait des militants susceptibles de prendre la relève des membres de l’OS arrêtés à l’été 1942. Il passa dans l’illégalité (sous le pseudonyme Clément) et entra dans le groupe FTP de Jean Fraix. Il participa à divers attentats dans la région nantaise dont l’exécution de deux collaborateurs et la destruction du pont tournant SNCF du Grand-Blottereau à Nantes le 16 janvier 1943.
Dénoncés par le responsable politique régional du PCF, Lelan et Mougenot cambriolèrent un commerçant pour se procurer de l’argent et fuir au Mans (Sarthe). Arrêté le 2 février 1943, Guy Lelan, après un procès où la défense était assurée par un avocat allemand, fut condamné à mort par le tribunal allemand le 13 août 1943 (« Procès des Seize ») et fusillé au terrain militaire du Bêle le 25 août 1943.
Il fut reconnu Mort pour la France le 19 février 1945.
Une rue de Rezé et une cellule communiste de Loire-Atlantique portent son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article142416, notice LELAN Guy , écrit aussi LE LAN Guy par Guy Haudebourg, version mise en ligne le 16 octobre 2012, dernière modification le 26 février 2019.

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII 4 (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Ille-et-Vilaine 217W15. – Arch. Dép. Loire-Atlantique, 4M1851, 305 J 3 . – Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, Paris, Éd. Sociales, 1972. – Maxime, Raconte, camarade, Saint-Nazaire, 1974. – Guy Haudebourg, Le PCF en Loire-Inférieure à la Libération (1944-1947), mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Nantes, 1987. – Jean Bourgeon (sous la dir.), Journal d’un honnête homme pendant l’Occupation, Thonon-les-Bains, L’Albaron, 1990. – Renseignements communiqués par Pierre Mahé. – Comité d’entente des anciens combattants, Les fusillés rezéens. Procès des 42, 15 au 28 janvier 1943, 2003. — État civil.

TELLIER Raymond, André

tellier_rraymond.jpgFils d’Auguste Tellier, cantonnier, et d’Alphonsine Bardou, sans profession, Raymond Tellier, engagé volontaire en 1916, devint ouvrier imprimeur après la Première Guerre mondiale. Il avait fait son apprentissage à Montargis.
Il était syndiqué depuis 1924 (FFTL).
A la fin des années trente, Tellier s’installa à son compte à Amilly, où il fut élu conseiller municipal communiste en mai 1929 et mai 1935. Son imprimerie était alors installée au 19 de la rue du Loing, à Montargis. Il s’était marié le 3 mars 1923 à Montargis avec Germaine Lioret. Le couple n’eut pas d’enfants et, lorsque éclata la Seconde Guerre mondiale, Raymond Tellier était veuf.
Militant communiste, il était membre d’une organisation communiste clandestine de propagande. Arrêté le 8 février 1941 par la police française à Montargis, à la suite de l’apposition de papillons communistes sur les murs de la ville, Raymond Tellier fut interné jusqu’au 12 juin, avec l’instituteur Raymond Laforge.
Les deux hommes arrivèrent ensemble au camp de Châteaubriant (camp de Choisel) le 13 juin 1941 et firent tous deux partie du groupe des « vingt-sept fusillés de Châteaubriant », qui ont été fusillés, le 22 octobre 1941, comme otages en représailles au meurtre de Karl Hotz, à Nantes.
Son nom figure sur des plaques commémoratives à Montreuil (Seine-Saint-Denis) et à Amilly. Raymond Tellier repose au cimetière d’Amilly.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article132142, notice TELLIER Raymond, André par Claude Pennetier, Julien Lucchini, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 28 novembre 2020.

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier VIII (Notes Thomas Pouty). – P. Chauvet. La Réistance chez les fils de Gutenberg dans la Deuxième Guerre mondiale. Paris : à compte d’auteur, 1979, p. 259. – A. Gernoux, Châteaubriant et ses martyrs, Nantes, Éd. du Fleuve, 1946. – Lettres des fusillés de Châteaubriant, Amicale des anciens internés patriotes de Châteaubriant, 1954 (icon.). – F. Grenier, Ceux de Châteaubriant, Éd. Sociales, 1967 (icon). – Renseignements ministère des Anciens Combattants. – Mémorial GenWeb. – État civil.

ICONOGRAPHIE : Lettres des fusillés de Châteaubriant, Amicale des anciens internés patriotes de Châteaubriant, 1954. — F. Grenier, Ceux de Châteaubriant, Éd. sociales, 1967.
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LEFEBVRE Edmond, Désiré. Écrit parfois LEFEVRE Edmond

lefebvre_edmond.jpgFils de Désiré Lefebvre, teinturier, et de Léonie Bouteman, ménagère, Edmond Lefebvre, ouvrier métallurgiste puis employé communal, s’était marié le 1er septembre 1923 à Viry-Châtillon (Seine-et-Oise, Essonne) avec Marcelle Martin et était père de six enfants. Il habitait à Athis-Mons et militait au Parti communiste.
Il fut arrêté dès le 6 octobre 1940 et interné à Aincourt où il fut l’un des organisateurs de la grève de protestation contre l’insuffisance de nourriture et l’absence de visites en avril 1941. En représailles, il fut envoyé un mois à la centrale de Poissy qu’il quitta le 5 mai 1941 pour le camp de Châteaubriant. C’est là qu’il a été fusillé le 22 octobre 1941 parmi les vingt-sept otages de Châteaubriant, en représailles à l’exécution du Feldcommandant allemand, Holz. Il laissait une femme et quatre enfants vivants dont un en bas âge qu’il ne connut jamais.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article138200, notice LEFEBVRE Edmond, Désiré. Écrit parfois LEFEVRE Edmond par Claude Pennetier, version mise en ligne le 18 novembre 2014, dernière modification le 10 octobre 2018.

ICONOGRAPHIE : Lettres des fusillés de Châteaubriant…, op. cit. – Fernand Grenier, Ceux de Châteaubriant…, op. cit.

SOURCES : DAVCC, Caen, B VIII, dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – Lettres des fusillés de Châteaubriant, éditées par l’Amicale des anciens internés patriotes de Châteaubriant-Voves, 1954. – Fernand Grenier, Ceux de Châteaubriant, préface de Jean Marcenac, 3e éd., Paris, Éd. Sociales, 1967. – État civil en ligne.
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