Allocution de Loïc LE GAC
Madame Meyer, conseillère municipale, représentant Madame le Maire, Madame et Monsieur les député-e-s Valérie Oppelt et Mounir Belhamiti, Mesdames et Messieurs les élus,
Chères familles des Otages,
Mesdames et Messieurs les représentants d’associations et organisations patriotiques, politiques et syndicales,
Madame et Messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
77 années nous séparent des événements tragiques d’octobre 1941. L’attentat, le 20 octobre, contre le Feldkommandant Hotz par un groupe de trois jeunes résistants communistes des Bataillons de la jeunesse : Marcel Bourdarias, Gilbert Brustlein et Spartaco Guisco – « trois courageux garçons » a dit le général De Gaulle – est l’un des premiers faits d’armes de la Résistance contre l’occupant nazi. C’est le plus haut gradé allemand tué en France depuis l’armistice. Des représailles s’ensuivirent : le 22 octobre, 48 otages tombaient sous les balles de la Wehrmacht, 27 à Châteaubriant, 16 au Bêle et 5 au Mont Valérien.
Et n’oublions pas ceux – ils étaient 9 – qui ont été fusillés le 15 décembre suivant à la Blisière, au fond de la forêt de Juigné, 2 encore le 7 mars au Bêle, puis de nouveau 2 autres le 29 avril, 61 au total.
En leur rendant hommage, c’est à toutes celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, formèrent la Résistance que nous rendons hommage, quelles que soient leurs convictions philosophiques, politiques ou religieuses, leurs modes d’actions, leur nationalité et qui trop souvent donnèrent leur vie pour que nous vivions dans un monde meilleur.
Qui étaient-ils ces 48 hommes ?
Les plus nombreux étaient des communistes, et notamment des dirigeants, car en choisissant des responsables connus, l’Occupant et Vichy voulaient dissuader d’autres militants de s’engager dans l’action directe et la lutte armée naissante.
Plusieurs étaient des élus du peuple comme le député Charles Michels, le maire de Gennevilliers Jean Grandel, d’autres étaient conseillers généraux ou élus municipaux. Tous déchus de leur mandat. On comptait parmi eux des dirigeants de Fédérations syndicales de la CGT comme Jean-Pierre Timbaud. Les deux-tiers étaient des ouvriers, mais il y avait aussi parmi eux des enseignants, des médecins et des jeunes dont le plus connu est Guy Môquet.
Pour la plupart ils ont été arrêtés lors des grandes rafles d’octobre 1940, organisées par la police de Vichy et ont été internés administrativement, souvent sans jugement dans le camp de Choisel après avoir fait le circuit des prisons : Fresnes, Clairvaux, Fontevrault et d’autres.
Le groupe des Nantais fusillés au Bêle et au Mont Valérien comprend comme Alexandre Fourny, par ailleurs élu municipal SFIO, des animateurs du Comité d’entente des anciens combattants qui combinaient l’action légale d’entraide, soutenue par les autorités, envers les prisonniers de guerre et l’organisation d’une filière d’évasions vers la zone Sud et l’Angleterre. Ils appartenaient aux groupes Bouvron, Georges-France 31 ou Hévin. S’étaient joints à eux des jeunes catholiques investis dans des activités de renseignement dont Michel Dabat, qui avait hissé le drapeau tricolore sur la cathédrale dans la nuit du 10 au 11 novembre 1940.
Une singularité qui ne peut pas nous échapper en cette année du centenaire de 1918, c’est que plusieurs des otages fusillés étaient des combattants de la Première Guerre Mondiale, sortis meurtris de cette boucherie, dont ils espéraient qu’elle serait la « der des ders ». Certains y ont été distingués de la Croix de guerre, plusieurs comme Jules Vercruysse et Léon Jost étaient de grands blessés.
Qui les a choisis ? L’ordre est venu de Hitler lui-même, qui avait exigé la promulgation d’un « Code des otages ». Et il est établi que la constitution de la liste est le fruit d’une étroite collaboration entre le commandant militaire en France Otto von Stülpnagel et le ministre de l’intérieur de Vichy Pucheu, qui avait missionné à Châteaubriant Georges Chassagne, un jaune, ancien adhérent de la CGT, retourné par Vichy, pour préparer préventivement une liste de communistes et les isoler dès le 13 octobre dans une baraque spéciale.
Granet, Poulmarc’h, Chassagne les connaissait bien, et Pucheu aussi. Il faut revenir cinq années en arrière, le Front populaire avec ses élus comme Charles Michels, ses syndicalistes comme Timbaud, les usines occupées, les 40 heures, les congés payés, les hausses de salaires. En face Pucheu, Croix de feu puis doriotiste, banque Worms, Comité des Forges. » Plutôt Hitler que le Front populaire ». C’est la revanche du Comité des Forges. Les fusils de la Wehrmacht ont rayé du monde des vivants ces leaders cégétistes qui ont fait reculer le patronat en 1936. C’est un crime de classe.
Pucheu souhaitait que seuls des communistes soient fusillés. Stülpnagel voulait y mêler d’autres tendances et des jeunes pour accroître l’effet de terreur, intimider d’autres mouvements et les dissuader de rejoindre les communistes.
Mais l’assassinat des otages n’a pas eu l’effet dissuasif recherché. Certes, dans l’immédiat, les attentats n’ont pas été populaires. Mais l’horreur de ce massacre de masse a provoqué un effet de sidération. Le mythe de « l’allemand correct » et celui de Pétain, vainqueur de Verdun en ont pris un coup. Les fusillades du 22 octobre ont eu un impact considérable, non seulement dans notre région, mais dans tout le pays et dans le monde. Les jours suivants, des milliers de personnes se sont recueillies dans la carrière de la Sablière. Le 31 octobre, un
garde-à-vous national auquel a appelé le général De Gaulle, a été accompagné de débrayages dans les usines, par exemple à l’arsenal de Brest ou chez Peugeot à Sochaux et ailleurs. Des tracts reproduisant les prises de position de Roosevelt et Churchill ont été largués sur la France par les avions de la R.A.F., le grand écrivain Thomas Mann dans une célèbre intervention à la BBC a qualifié les auteurs de l’exécution de Hotz de « jeunes et ardents patriotes qui font entrer la Résistance intérieure dans la guerre ». A partir de documents qui lui ont été transmis dans la clandestinité, Aragon a écrit un texte sobre mais percutant: Les Martyrs et dont le retentissement a été très important : recopié, édité en tracts, il a fait « boule de neige ». Lu à Radio-Londres, Radio-Moscou, Radio-Brazzaville, à Boston et à New York, le texte touche au coeur un vaste public. Les fusillades d’octobre 1941 contribuent au tournant politique de la fin de 1941.
Ainsi, l’année 1942 a connu un développement de l’action, pas seulement dans notre département et marque le passage de la période de refus, de la résistance avec un petit r à la Résistance, R majuscule, mieux organisée, plus structurée.
Les otages fusillés, ceux qui croyaient au ciel , ceux qui n’y croyaient pas – La rose et le réséda – leurs lettres en témoignent, étaient tous animés d’une foi, que ce soit dans la récompense d’un paradis ou dans l’avènement sur terre d’une société heureuse. Comme l’a dit le philosophe Georges Politzer, « Les barbares voulaient les tuer. Ils les ont rendu immortels ». Parce que leur mort a été un moment dans un combat universel.
Et contrairement au voeu de Stülpnagel, qui voulait les diviser, ils ont préfiguré l’unité de la Résistance, laquelle s’est consolidée plus tard avec les Accords du Perreux de réunification syndicale, puis la constitution du Conseil National de la Résistance autour de Jean Moulin et les combats de la Libération.
Les résistants ne cherchaient ni la gloire, ni les larmes. Ils nous ont donné la liberté en héritage. Et cela nous oblige.
Pour maintenir en vie le souvenir des combats des résistants contre les assauts du temps, il faut sans cesse transmettre leurs valeurs, en particulier aux jeunes générations. Notre Comité du Souvenir s’y emploie, car nous ne voulons pas que nos enfants soient des « enfants du vide ». Le devoir de mémoire, tel que nous le concevons, repose nécessairement sur un travail d’histoire sans tabous, sans masquer les zones d’ombre, un travail d’histoire sereine.
Mais il ne s’agit pas seulement de se souvenir.
« Le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent » disait Lucie Aubrac dans l’appel de plusieurs personnalités marquantes de la Résistance en 2004. Appel adressé aux jeunes générations afin qu’elles réagissent face à la destruction du « socle de conquêtes sociales de la Libération « , et dans lequel ces grands résistants dénonçaient « dans une société pourtant si riche, le repli sur soi, la peur et le mépris de l’autre, le déni de l’intérêt général au bénéfice de quelques particuliers, bref le recul de la démocratie »
Cet appel, lancé à l’occasion du 60ème anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance, résonne aujourd’hui avec une acuité qui n’a pas faiblit.
Destruction du modèle social issu du CNR, prise de pouvoir de la finance, atteintes au pluralisme de la presse quand 9 milliardaires possèdent la quasi-totalité des médias, explosion des inégalités, montée des populismes : cela, ce n’est pas la société qu’ont voulue les résistants.
Cette situation offre un terreau fertile aux forces d’extrême-droite. Elles ont le vent en poupe, partout en Europe, aux Etats-Unis et les bruits de bottes se font de nouveau entendre au Brésil. Si elles continuaient de renforcer leurs positions de pouvoir, mesurons le désastre possible pour l’humanité. Nous devons nous prémunir d’un retour du fascisme.
Le désordre du monde est tel que la déstabilisation touche de nombreuses régions du globe, le Yemen connait les bombes, la famine et le choléra, notre pays étant impliqué dans les ventes d’armes, la Méditerranée se transforme en cimetière, et la menace que représente l’arme nucléaire est plus inquiétante que jamais.
Oui, il y matière à s’indigner, mais s’indigner ne suffit pas. Face aux grands défis économiques et sociaux, démocratiques, climatiques, il faut agir, s’engager!
« On ne fera pas un monde différent avec des gens indifférents » a dit l’écrivaine indienne Arundhati ROY.
Aujourd’hui comme hier, il faut une insurrection des consciences pour conjurer les périls. Je vous remercie de votre attention.
Je vous invite à visiter le site www.resistance-44.fr
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> Bonjour,
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> Je vous propose pour la rubrique Nantes-Forum le texte joint. Il concerne votre couverture des commémorations des fusillades des 50 otages à Châteaubriant, Nantes et Paris le 22 octobre 1941.
> J’ai déjà envoyé plusieurs contributions à votre Forum sur ce sujet. La dernière été refusée car écrite trop tardivement. Le texte que je vous envoie ici colle exactement à l’actualité locale.
> Depuis ce matin, je reçois de nombreux appels téléphoniques de membres de l’ Association du Musée de la Résistance de Châteaubriant et du Comité départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant de Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure. Ils sont choqués
> de la rédaction de plusieurs de vos articles depuis le 18 août.
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> J’attire votre attention sur le fait que, depuis ce mois d’Août, l’utilisation, par trois fois par Ouest-France, du verbe assassiner ou du substantif assassinat pour qualifier l’exécution du lieutenant-colonel Hotz, le 20 octobre 41, par de jeunes résistants, apparait aujourd’hui totalement inadapté, pour ne pas en dire davantage, aux yeux des historiens professionnels, enseignants aux universités. Quelque soit leur position sur l’exécution de Hotz, tous considèrent qu’il s’agit d’un acte de guerre contre l’occupant allemand et d’une exécution. Ce matin même, Madame Le Maire de Nantes a déclaré au mémorial du Bêle que Karl Hotz avait été abattu par la Résistance. Elle s’est bien gardée de parler d’assassinat.
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> Il ne d’agit pas d’une question de sémantique ou d’une maladresse de rédaction mais bien d’un problème d’écriture de l’Histoire et d’analyse des constructions mémorielles portant sur la Résistance nantaise, qui fut une des plus importantes résistance urbaine de France avec Paris et Lyon : Nantes étant par ailleurs et en même temps une ville phare de la collaboration. 800 personnes sont à jour de leur cotisation au groupe « Collaboration » en janvier 42 (à Rennes moins de 50).
> L’analyse de la construction mémorielle de la Résistance y est donc un sujet majeur et citoyen que la presse ne peut ignorer.
> Je ne veux pas dans votre journal faire un cours d’histoire, mais donner à vos lecteurs, les éléments d’analyse que le choix d’un verbe et d’un substantif , qu’on pourrait seulement qualifier à tort de maladroit, masque ou oblitère.
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> J’espère qu’en ces jours d’anniversaire de l’affaire des 50 otages, vous comprendrez ma demande de participation à Nantes-Forum.
> Bien à vous.
> Marc Grangiens
1939 — printemps 1941
La politique d’agression de l’Allemagne nazie aboutit en septembre 1939 au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en Europe. La Pologne est le premier pays à subir l’occupation nazie, à l’ouest, et l’invasion son territoire par l’URSS, à l’est. L’offensive allemande à l’Ouest se traduit par des exactions contre des civils et des militaires prisonniers, notamment coloniaux. Le régime d’occupation varie selon les territoires conquis : à l’Est, la brutalité est de rigueur, notamment contre tous ceux qui sont considérés comme des ennemis potentiels par les nazis (en particulier l’enfermement des juifs dans des ghettos) ; à l’Ouest, la priorité est au maintien de l’ordre nazi, mais la répression peut sanctionner durement ceux qui le refusent.
Été 1941 — fin 1943
L’extension du conflit avec l’attaque contre l’URSS puis l’entrée en guerre des Etats-Unis engage l’Allemagne nazie dans une guerre totale. La répression s’intensifie dans les anciens et les nouveaux territoires occupés. De nouvelles procédures et de nouvelles formes sont mises en place pour tenter de contenir les mouvements de résistance qui se renforcent en Europe occupée. Les déportations à finalité répressive vers les camps de concentration du Reich permettent de fournir un complément de main-d’œuvre pour l’effort de guerre allemand. Parallèlement, les nazis déclenchent et étendent l’extermination de la population juive d’Europe. Ils substituent aux tueries perpétrées par les Einsatzgruppen en Europe de l’Est et du Sud des déportations massives depuis l’ensemble du continent vers les centres de mise à mort construits en Pologne occupée ou annexée.
1944 — printemps 1945
En 1944, le conflit tourne à l’avantage des adversaires de l’Allemagne nazie. Pour tenter de changer la donne, l’effort de guerre allemand atteint son maximum et mobilise toute la main-d’œuvre disponible, y compris dans les camps de concentration. Les nazis multiplient les opérations de répression contre toutes les formes de résistance et appliquent une politique de terreur contre les habitants accusés de les soutenir. Ils continuent à déporter les juifs européens vers Auschwitz jusqu’au démantèlement des chambres à gaz.
La violence nazie s’exacerbe encore lorsque les forces alliées approchent puis atteignent le territoire du Reich. Les évacuations de camps, ou marches de la mort, déciment les déportés qui ont réussi à survivre. Partout en Europe, dans les territoires libérés, on découvre les traces des crimes commis par les nazis, sans en comprendre immédiatement ni la nature ni l’ampleur exactes. Les enquêtes dans la perspective des procès amorcent le travail à venir des historiens.
Le Comité du souvenir local d’Indre sera heureux de vous accueillir à une rencontre avec les auteurs du livre
HISTOIRE POPULAIRE DE NANTES
Organisé par la Bibliothèque d’Indre en partenariat avec le collectif Plus jamais ça
Le Mardi 9 octobre 2018
A 18 heures 30
Bibliothèque municipale d’INDRE
2, rue du stade 44610 Indre
Cérémonie de Châteaubriant – 21 octobre 2018
Transport par car gratuit au départ de Nantes
Arrêts et horaires
11h00 Départ place du Vieux Doulon – arrêt bus TAN
11h10 Bd de Sarrebruck – arrêt Haubans
11h20 Place Pirmil – station tram/bus
11h30 Chantiers Navals – station tram/bus
11h35 Place Zola – arrêt côté Renardières
11h40 Place des Châtaigniers (Abel Durand) – arrêt face Carrefour
11h55 Eglise du Pont du Cens – arrêt bus TAN
12h00 Le Cardo – station bus/tram
le retour se fera par l’itinéraire inverse départ de la sablière vers 16 h 45
AMICALE D’ORANIENBURG-SACHSENHAUSEN
Par l’un de ces paradoxes dont l’Histoire est coutumière, le camp d’Oranienburg – Sachsenhausen est sans doute moins connu en France que d’autres bagnes hitlériens, alors qu’il était au cœur du système concentrationnaire nazi. A trente kilomètres de Berlin, Himmler en avait fait le quartier général de l’inspection centrale SS qui dirigeait, administrait et surveillait tous les camps. Les nazis y expérimentaient les méthodes d’extermination massive avant de les appliquer dans les autres camps ; ils y entassaient le fruit des rapines de la SS dans toute l’Europe occupée ; ils se servaient odieusement des Déportés – cobayes pour des études pseudo–médicales ; ils y camouflaient les ateliers de fabrication de fausse-monnaie et de faux-papiers pour les agents secrets d’Hitler, etc.
Les quelques 9 350 Français déportés à Oranienburg – Sachsenhausen, camp dans lequel 200 000 détenus de vingt nationalités différentes ont été soumis à la barbarie nazie et dont 60 000 ne sont pas revenus, ne constituent pas le contingent de déportés le plus important de notre pays. Ceci explique peut-être la discrétion observée à leur égard.
A l’occasion du CONGRES NATIONAL DE L’AMICALE qui aura lieu à Nantes
du 21 au 23 septembre 2018
Mireille CADIOU Présidente de l’Amicale, Fille de Déporté ,
André LASSAGUE Secrétaire général, Fils de Déporté
Marie-Claude MÉLAT Organisatrice du Congrès, Fille de Déporté
Vous prient de bien vouloir honorer de votre présence les évènements suivants :
Vendredi 21 Septembre à 16 h
La Cérémonie devant le Monument Résistance-Fer de la gare SNCF
Vendredi 21 Septembre à 18 h 30
La Cérémonie devant le Monument des 50 Otages
Samedi 22 septembre à 9h30 Recueillement au champ de BELE
à 10h30 Cimetière de la CHAUVINIERE devant la Stèle des Déportés