Lorsqu’arrivent, à Châteaubriant, les premiers réfugiés espagnols fuyant le régime franquiste, au tout début du mois d’avril 1939, la Guerre d’Espagne retentit jusqu’à la cité de Françoise de Foix . « Je me souviens de leur arrivée, en train, à la gare de Châteaubriant, en cohortes lamentables » dit Yves Cosson.
« Aussitôt, la cité devient vibrante, elle se penche vers toute cette misère humaine, elle ravitaille cette foule qui a faim, elle réchauffe ceux qui ont froid et met de la tendresse au cœur de ces épaves » raconte Alfred Gernoux, enjolivant les faits, dans son livre « Châteaubriant et ses martyrs ».
Les quelque 110 Espagnols sont regroupés en hâte au rez-de-chaussée de la mairie transformé en centre d’hébergement pour un mois, puis dans la salle Lutétia (ancienne salle de bal) et en divers entrepôts de la ville où sont installées les cuisines et les couchettes. Le Maire Ernest BREANT fait acheter des couvertures, cuisinières, batteries de cuisine. Le Sous-Préfet Raymond ARNAUD, avec son épouse, gère les denrées alimentaires que la concierge de la sous-préfecture, Madame CASSIN, va porter aux Espagnols dans sa brouette.
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http://www.chateaubriant.org/505-livre-les-premiers-refugies
Lire aussi : http://www.chateaubriant.org/76-les-refugies-espagnols
et http://www.chateaubriant.org/1252-un-etranger-les-espagnols
Allocution d’Alain Bergerat au nom du Comité du Souvenir
En acceptant la tâche d’assurer le discours de cette cérémonie en hommage aux cinq résistants espagnols fusillés le 13 février 1943 et inhumés au cimetière de La Chapelle-Basse-Mer, j’ai ressenti à la fois fierté et émotion.
L’évocation de cette histoire remue chez moi des souvenirs propres à ma génération qui a l’Espagne au cœur . Nous avons forgé notre conscience politique dans notre opposition à un franquisme qui semblait alors bien anachronique dans une Europe qu’on aurait pu espérer réconciliée par le triomphe de la démocratie sur le fascisme en 1945.
Mais elle remue aussi des souvenirs plus personnels, familiaux, puisque j’ai eu la chance de rencontrer et d’épouser une Française née Espagnole, naturalisée à l’âge de deux ans, en même temps d’ailleurs que ses parents qui n’auraient pu de toute façon retourner dans une péninsule où mon beau-père, émigré à Bordeaux avec sa famille au début du siècle, était retourné pour combattre dans les rangs des brigades internationales.
Malgré cela, ce n’est que très tardivement que j’ai appris l’histoire de ces républicains chassés de leur pays en 1939. Comme beaucoup de jeunes Français, j’ai dû camper à proximité des plages d’Argelès ou de Saint-Cyprien en ignorant tout du sort des rescapés de la Retirada.
Mes études d’histoire ne m’ont pas fait savoir que ce sont des Espagnols qui conduisaient le premier char de la division Leclerc entré dans Paris libéré le 24 août 1944.
Et c’est bien après mon arrivée à Nantes, en 1970, que j’ai commencé à entendre parler du procès des 42 et plus encore de la présence de cinq résistants espagnols parmi les 37 fusillés, les 37 victimes de la barbarie de l’occupant nazi et de ses complices français.
Aujourd’hui encore l’histoire de ces héros n’a pas l’écho qu’elle mérite, malgré les efforts remarquables du Comité du Souvenir, malgré le soutien de la municipalité de La Chapelle-Basse-Mer et malgré les cérémonies commémoratives comme celle d’aujourd’hui.
Pourtant c’est à des hommes comme eux que nous devons notre liberté, des hommes qui ont donné six ans de leur jeunesse à combattre le fascisme et qui ont payé cet engagement de leur vie, des hommes qui ont été oubliés et dont même leurs familles n’ont jamais connu le sacrifice, jusqu’à une date très récente.
Je ne reviendrai pas ici sur leur histoire espagnole, d’abord parce qu’elle est plus connue, ensuite parce que nous ignorons les conditions dans lesquelles ces jeunes gens, Basilio Blasco Martin et Miguel Sanchez Tolosa, seize ans chacun en 1936, au moment du putsch des factieux, Ernesto Prieto Hidalgo, dix-huit ans, Benedicto Blanco Dobarro, vingt-et-un ans et Alfredo Gomez Ollero, le plus âgé, trente-et-un ans, se sont levés pour défendre leur république. Ils ont fait la guerre, ils ont été vaincus du fait de l’appui des dictatures hitlérienne et mussolinienne à la rébellion franquiste et du fait aussi de la lâcheté des démocraties européennes, ils ont dû s’exiler et se sont retrouvés au-delà des Pyrénées, parqués dans des camps de fortune indignes de notre République, enrôlés ensuite dans les Compagnies de Travailleurs Etrangers, déportés loin de leurs frontières.
C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés dans la région nantaise où ils rejoindront plus tard les rangs du Parti Communiste Espagnol ainsi que ceux de la Résistance.
Leur expérience de la lutte armée leur donnait une place importante et c’est pourquoi la police française les a particulièrement traqués ; du fait de leur qualité d’étrangers, ils étaient plus facilement repérés et c’est pourquoi, sur les quelque 300 arrestations opérées dans le département (Nantes, Saint-Nazaire, Blain, …) de juin à décembre 1942, 88 concernent des ressortissants espagnols dont nos cinq futures victimes.
Ils sont jugés en compagnie de leurs frères d’armes français lors de l’inique procès des 42 qui se tient en janvier 1943. A l’exception de Gomez Ollero, parqué dans une autre cellule, ils se retrouvent emprisonnés ensemble, dans une geôle qu’ils partagent avec Jean Bouvier et avec Auguste Chauvin.
Et c’est grâce à l’initiative du Comité du souvenir, en créant le collectif du procès des 42, qu’ils sont sortis de l’oubli. Condamnés à mort le 28 janvier 1943, ils sont fusillés au terrain du Bêle, en compagnie de 32 autres résistants, et leurs corps sont inhumés au cimetière de La Chapelle-Basse-Mer aux côtés de ceux de 12 Français.
Si les dépouilles de ces derniers ont été rendues à leurs familles à la Libération, nos cinq Espagnols sont demeurés ici, dans une sorte d’oubli plutôt d’ailleurs que d’indifférence. A l’exception cependant de Madame Giraudet qui a fleuri ce lieu pendant des décennies et de la municipalité de La Chapelle qui a pris soin de son « carré des Espagnols ». Les associations qui entretiennent la mémoire de la Résistance ont longtemps commémoré les Français, en compagnie de leurs familles, alors qu’au-delà des Pyrénées personne ne connaissait le sort de ces exilés. A l’exception des deux filles d’Alfredo Gomez-Ollero qui avaient appris la disparition de leur père, mais ceci très tardivement et sans connaître la cause du décès, toutes les autres familles restaient dans l’ignorance totale du sort de ces disparus.
Il a fallu attendre l’initiative de notre ami Carlos Fernandez et du Collectif du procès des 42 pour que se mette en place la procédure qui a enfin permis de nouer le lien entre les deux rives des Pyrénées. Il est vrai que le moment de cette mise en place était favorable, du fait d’abord de l’arrivée aux commandes à Madrid en 2004 de Zapatero, lui-même petit-fils d’un républicain fusillé par les franquistes, du fait aussi du mouvement de la recherche impulsé par les petits-enfants des républicains disparus.
La suite est une belle histoire, même s’il a fallu attendre 2010 pour en voir l’épilogue.
Sans entrer dans tous les détails, il me paraît important d’en rappeler les divers épisodes, au moins pour ceux qui en ignorent la chronologie. C’est grâce à l’aide des autorités espagnoles que nous avons pu prendre contact avec les familles d’Alfredo Gomez-Ollero et de Miguel Sanchez-Tolosa qui ont tout de suite répondu présent et qui ont fait le déplacement de La Chapelle en février 2006. Beaucoup d’entre nous se souviennent avec émotion des grands moments qu’ont été la réfection du carré du cimetière avec l’érection de ce superbe monument dû au ciseau d’Ekkehart Rautenstrauch, les prises de parole de ces familles ainsi que le banquet amical qui a rassemblé Français et Espagnols, anciens résistants, enfants et petits-enfants de résistants, et même une ancienne voisine d’Alfredo à Doulon, Madeleine Farge, qui a pu évoquer le temps où il travaillait à la construction de la gare de triage du Grand-Blottereau.
Autre souvenir très fort de cette journée, l’affirmation par Miguela, la sœur de Miguel Sanchez-Tolosa, de sa volonté de laisser reposer en terre française les cendres de son frère plutôt que de les rapatrier en pays valencien où la droite nationaliste venait de reprendre les rênes de la province.
Cette histoire a ensuite participé en Espagne au processus d’activation de la mémoire des combattants de la guerre civile. Alors que la génération précédente souhaitait avant tout l’oubli, aujourd’hui ce sont les petits-enfants qui veulent savoir. C’est ainsi que les Galiciens ont pris le relais ; les « Amis de la République » ont posé une plaque sur la maison natale de Gomez-Ollero, à Paderne, en présence de la télévision, puis organisé un colloque sur la vie de Blanco-Dobarro à Ribadavia, près d’Orense, en présence du collectif nantais.
Suite à des articles de la presse espagnole, des témoignages ont été recueillis, comme celui de cet homme de 86 ans qui avait appartenu au même commando qu’Ollero sur le front de Madrid.
Mais si nous avions pu entrer en relation avec quatre familles, restait le problème de la famille d’Ernesto Prieto Hidalgo que nous n’arrivions pas à identifier. Et là encore c’est une belle histoire que je vais vous conter, sans vous relater toutes les péripéties de cette recherche menée avec persévérance par Gérard et Annie, nos deux interprètes, deux défenseurs de cette mémoire des combattants républicains. Une recherche qui leur a pris quatre ans, même si elle a été circonscrite à la seule province d’Andalousie grâce à l’indication donnée par une lettre d’Auguste Chauvin.
Le premier obstacle venait de la fréquence des deux noms de famille, Prieto-Hidalgo, deux noms presque aussi fréquents que Martin ou Dupont chez les Français. Le second obstacle découlait de la difficulté de déchiffrer le lieu de naissance relevé dans les archives de la police française : Vialonesa, Bialonova, Bialoneva, Lanueve, Nueva… Des noms mal compris par des oreilles françaises ou allemandes et sans doute mal transcrits, des noms introuvables dans les annuaires ou sur les cartes géographiques. Partant de l’hypothèse « Vialonesa », nos deux Sherlock Holmes allèrent d’abord à la rencontre du maire de Villalones, dans la province de Malaga, puis d’un député, de militants de la « memoria historica », sans grand succès. Ils élargirent ensuite leur investigation à toute l’Andalousie, écrivant, le 4 avril 2007, à 31 communes dont le nom semblait assez proche, en particulier aux 17 « Villanueva de.. », pensant, avec raison, que Bialonova pouvait être une déformation de « Villanueva ». 17 réponses leur parvinrent, dont celle de Villanueva del Duque qui était accompagnée de l’acte de naissance d’Ernesto.
Premier succès. Il fallait désormais retrouver la famille. A Villenueva del Duque, pas de contact. Une Maria Prieto, décédée. Les occupants actuels de la maison natale d’Ernesto, aucun souvenir. Une voisine les met sur la piste d’une dame des environs de Valence (à 700 km de là), mais refus de répondre au téléphone comme par écrit. De retour à Villanueva en avril 2008, Gérard et Annie rencontrent des responsables du PSOE qui leur apprennent que beaucoup de familles sont parties depuis la fermeture des mines vers 1970. Mais aucun souvenir de la famille. Nouvelles démarches, contacts infructueux avec les 15 familles Prieto recensées à Puertollano et Penarroya, deux cités minières très proches, rencontre avec des militants de la « récupération de la mémoire historique », publication d’un article dans El Pais, nouvelle série de lettres aux 21 Prieto de Manresa (en Catalogne) après l’information délivrée par l’ambassade d’Espagne qu’un frère d’Ernesto vivait dans cette ville en 1972. Plusieurs avis de recherche sur des sites internet dédiés à la mémoire des victimes du franquisme. Tous ces efforts sans succès.
Et finalement, surprise et soulagement quand, le 29 septembre 2009, un appel est venu de la part d’Isabel Hidalgo, dont le père était le cousin germain d’Ernesto, et qui, dans ses recherches généalogiques menées sur internet, butait sur l’impossibilité de retrouver la trace d’Ernesto. Emotion aussi quand Isabel est venue à Nantes se recueillir sur la tombe de son cousin le 17 octobre dernier. Grâce à elle, ici présente aujourd’hui en compagnie de son mari, un contact a pu être établi avec la lignée paternelle d’Ernesto, neveux et nièces : d’abord Ernesto Prieto, présent lui aussi aujourd’hui, avec son épouse, puis Pilar, Natividad, Mercedès, accompagnée de son mari et de leur fille, Véronique.
Désormais, les cinq familles sont réunies dans notre souvenir. Le travail de mémoire peut continuer et nous aiderons nos amis espagnols à faire en sorte que cette histoire soit également évoquée de l’autre côté des Pyrénées. Mais il faut aussi que ce travail de mémoire soit doublé d’un véritable travail d’histoire
. Nous devons mieux connaître le parcours de ces combattants de la Liberté, savoir dans quelles conditions ils ont sacrifié leur jeunesse et donné leur vie pour faire en sorte que leurs enfants, leurs petits-enfants, ne connaissent plus l’horreur et l’inhumanité du fascisme et puissent goûter au bonheur de vivre enfin dans une Espagne, dans un monde, démocratique, fraternel et solidaire.
Le Comité du Souvenir des fusillés de Châteaubriant et Nantes et de La Résistance en Loire-Inférieure et son collectif des «procès des 42 et des 16» recevaient cette année la famille d’un des quatre républicains espagnols fusillés avec leurs camarades français.
Cette famille retrouvée en octobre après huit ans de recherches menées par Annie Buraud et Gérard Roulic pour le Comité se retrouvait elle-même concrétisant ainsi ses propres investigations demeurées infructueuses. Elle apprenait ainsi le destin d’Ernesto Prieto Hidalgo dont l’un de ses neveu venu des Canaries porte le nom en hommage au disparu.
Les cérémonies s’ouvraient cette année en présence de G Frappier, Adjoint représentant le Député-Maire de Nantes, par un hommage aux syndicalistes tombés dans la lutte pour la libération contre les nazis et la dictature du régime de Pétain. Les plaques qui portent les noms de 181 d’entre-eux sont aujourd’hui apposées dans la Maison des syndicats de l’ancienne gare de l’Etat à Nantes après leur transfert de l’ancienne Bourse du travail.
La jeune secrétaire de l’union locale des syndicats CGT de Nantes rappelait que la Résistance devait beaucoup aux travailleurs et leurs organisations, elle notait sur ces plaques le nom du grand-père de l’un des actuels secrétaires de l’UL CGT nantaise. Elle démontrait comment résister restait d’actualité comment des luttes des années 30 à aujourd’hui, nous sommes confrontés à un choix de société.
Le samedi 13 février 2010, soixante sept ans jour pour jour après l’exécution de 25 des 42 sur le lieu même du champ de tirs du Bêle une cérémonie officielle se déroulait en présence des autorités civiles et militaires avec les organisations issues de la Résistance et les familles venues d’Espagne, du sud de La France comme Claudine et Michel Coiffard-Millot ou de notre région.
L’après-midi, Saint Luce à son tour par la voix de Mme Morinière, adjoint au Maire rendait hommage aux Résistants et particulièrement à jean et Renée Losq.
Le dimanche matin le cimetière de la Chapelle Basse-Mer où s’élève depuis 2006 sur le carré des cinq Républicains Espagnols l’oeuvre commandée par le Comité du Souvenir, était une nouvelle fois le théâtre d’une émouvante cérémonie. Au nom du Comité l’Historien A Bergerat retraça le travail initié en 2003 qui à permis aujourd’hui de retrouver les familles des cinq en Espagne. Evoquant leur mémoire: «Ils sont jugés en compagnie de leurs frères d’armes français lors de l’inique procès des 42 qui se tient en janvier 1943. A l’exception de Gomez Ollero, parqué dans une autre cellule, ils se retrouvent emprisonnés ensemble, dans une geôle qu’ils partagent avec Jean Bouvier et avec Auguste Chauvin. Et c’est grâce à l’initiative du Comité du souvenir, en créant le collectif du procès des 42, qu’ils sont sortis de l’oubli. Condamnés à mort le 28 janvier 1943, ils sont fusillés au terrain du Bêle, en compagnie de 32 autres résistants, et leurs corps sont inhumés au cimetière de La Chapelle-Basse-Mer aux côtés de ceux de 12 Français…»
Jean Chauvin lors de la réception en mairie de Nantes faisait découvrir à la famille d’Ernesto Prieto Hidalgo, les fins manuscrits passés clandestinement à sa mère dans les ourlets de son linge, messages où il donne des informations si précieuses sur ses camarades espagnols que nous avons pu les exploiter dans la recherche de leurs familles, des décennies plus tard. FR 3 région à produit un beau reportage en interviewant Annie Buraud, Isabelle Hidalgo et son cousin Ernesto Prieto Rodriguez.
Le Comité du Souvenir édite fin mars un ouvrage de Carlos Fernandez sur le parcours de Républicains Espagnols dans la Résistance de Loire Inférieure aux camps de Rouillé et des initiatives autour de la mémoire du camp Franco à Montoir de Bretagne sont prévues pour avril.
JB
Au nom de l’Union Locale Cgt de Nantes, je vous remercie de votre présence.
Nous sommes rassemblés ce soir à l’occasion d’un triste anniversaire, celui du Procès dit « des 42 ».
Il y a 67 ans, le 15 janvier 1943 s’ouvre à Nantes le procès qui sera probablement le plus meurtrier de toute l’occupation nazie de la seconde guerre mondiale au vu du nombre de condamnations à mort prononcées.
L’enjeu, alors, pour l’occupant nazi (avec la complicité de Vichy) est de terroriser la population, frapper les esprits, disqualifier les hommes et les femmes de la résistance et surtout réprimer sévèrement les Francs tireurs et partisans nantais qui avaient fait le choix de la lutte armée et de la guérilla contre l’occupant.
On se souvient d’ailleurs des fortes représailles allemandes de 1941 qui suivirent après l’exécution d’un colonel allemand à Nantes par un commando de la Résistance. L’ordre de fusiller 50 otages immédiatement s’était soldé par l’exécution de 48 résistants et notamment des militants syndicaux.
C’est dans ce contexte de forte répression que le 15 Janvier 1943, le tribunal militaire de la Feldkommandantur inculpe 45 hommes et femmes pour assassinat, complicité d’assassinat, activité communiste, intelligence avec l’ennemi de l’Allemagne, …
Le 28 janvier , 37 de ces résistants sont condamnés à mort : ils seront fusillés les jours qui suivirent 9 seront exécutés le 30 janvier, 25 tombèrent sous les balles nazis le 13 février 1943 et «les 3 derniers furent exécutés le 7 mai.
La répression impitoyable s’abat sur le département avec ses fusillés : ce sont près de 900 déportés de répression dont à peine la moitié reviendra des camps.
Derrière moi, 2 plaques, initialement posées en 1948 sur les murs de la Bourse du Travail, viennent de trouver leur place logique sur les murs de l’actuelle Maison des Syndicats.
On peut y lire sur ces plaques: L’Union Locale des syndicats confédérés de Nantes en hommage à ses martyrs victimes de la barbarie nazie.
181 noms d’hommes et femme sont ici rassemblés.
Est inscrit parmi eux : Vincent MAZAN, grand-père de Jean-Philippe MAZAN, notre camarade secrétaire de l’Union Locale de Nantes.
Qui étaient ces résistants : Des hommes et des femmes de tous âges mais souvent jeunes voire très jeunes, la grande majorité sont mariés, ont un métier, une qualification et une vie de famille.
D’une façon générale, en tant que syndicalistes ils sont souvent bien placés pour créer des réseaux de renseignement ou de sabotage dans les nombreuses usines qui travaillent pour l’armement allemand. Leurs réseaux relationnels servent à drainer un certain nombre de militants vers les mouvements de résistance.
Souvent, La prison, la torture par la Gestapo, l’exécution par fusillade ou décapitation, ou la déportation souvent sans retour dans les camps de concentration nazis sont le terme de leur action de résistant.
Certains se suicident pour ne pas parler sous la torture.
Gageons que leur lutte n’a pas été vaine.
L’héritage de leur Résistance marquera durablement la vie politique française. Le programme du Conseil National de la Résistance se réalisera notamment par le vote des femmes, la nationalisation des secteurs clés de l’économie et la création de la Sécurité sociale.
A la Libération, la Résistance qui devait beaucoup aux salariés et à leurs organisations, permet l’application de l’essentiel du programme du Conseil National de la Résistance :
Tout cela fut possible dans une France ruinée en pleine reconstruction. Aujourd’hui alors que les profits n’ont jamais été aussi importants, nos gouvernants répondent aux exigences du patronat « en défaisant méthodiquement le programme du Conseil National de la résistance ».
Que la bourse flambe ou chute, nous faisons la terrible expérience que ce sont toujours les mêmes qui trinquent.
Les déréglementations du travail et la privatisation des services publics ont fait flamber les bourses. C’est le cœur même du système capitaliste qui est en cause.
Comme dans les années 30 qui a vu la montée du fascisme en Europe, le monde étouffe d’un excès de spéculation et d’une insuffisance de rémunération du travail, d’insécurité de l’emploi, terrain fertile du nationalisme.
Nous sommes aujourd’hui confrontés, comme à la reconstruction en 1945, à un choix de société.
Oui résister se conjugue au présent
A l’image des luttes des sans papiers, et tant d’autres actuelles et à venir. Luttes légitimes pour que dans le pays des droits de l’homme, ceux-ci soient appliqués.
Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat
Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays
Tout individu a droit à une nationalité
Tout individu à droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou des traitements cruels, inhumains ou dégradants
Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu, ni exilé
Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage »« Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.
Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la Sécurité Sociale
Ce combat d’hier dans la résistance est celui de la Liberté, des Droits de l’homme, de la dignité. Aujourd’hui nous y puisons bien des raisons de continuer l’action pour rassembler notre peuple, afin que la France reste la France : libre, solidaire, terre d’accueil et de fraternité..
Le Musée de la Sablière, à Châteaubriant, est un Musée de la Résistance. Il se développe dans trois directions :
– les 50 Otages et notamment les 27 de Châteaubriant
– Les Camps d’internement sous Vichy, à commencer par Choisel, Moisdon, Compiègne, Voves, Rouillé, Aincourt
– La Résistance à Châteaubriant et dans les environs.
… fusillé le 20 octobre 1941 au mont Valérien avec quatre autres Résistants Nantais.
Le 8 Mai au nom de l’Amicale, Joël Busson: Vice Président de l’Amicale Châteaubriant – Voves – Rouillé et Président du Comité départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire Inférieure, déclarait devant la plaque rappelant le martyr de Victor Saunier :
Monsieur Le Maire
Monsieur Le Conseiller Général
Mesdames Messieurs les représentants de la Famille de Victor Saunier
Mesdames Messieurs les élus
Mesdames Messieurs
La Commune de St SULIAC en rendant hommage à Victor SAUNIER s’honore. Acte symbolique, elle le fait en ce jour anniversaire du 8 MAI 1945 marquant la victoire des forces alliées et des peuples sur le fascisme hitlérien.
Victor Saunier était de ceux qui se levèrent les premiers, courageusement dans les heures les plus sombres de l’Occupation, pour organiser la Résistance.
Cette cérémonie constitue un moment important, elle permet aux nouvelles générations de connaître l’Histoire, de comprendre que la lutte pour les libertés, la paix, la démocratie est nécessaire pour éviter le retour à de telles périodes.
La crise qui atteint le monde est porteuse de dangers que Victor Saunier et ses Camarades Résistants ont combattus pour que nous puissions vivre libres. Pour cela, ils ont mis leur sécurité, leurs vies en jeux, nous devons nous souvenir, passer le témoin de leur mémoire à nos enfants et petits enfants afin de les préserver « de la bête immonde » qui pourrait resurgir.
Victor Saunier, extrait des geôles du fort de Romainville, anti-chambre des camps d’extermination et réserve d’otages, promis des poteaux d’exécution, tombe au Mont Valérien sous les balles nazies le 20 octobre 1941 aux côtés de Marcel Hévin, Hubert Caldecott, Philippe Labrousse, André Ribourdouille.
Nous savons que Victor SAUNIER est interné depuis le 5 avril 1941, fusillé pour « Action en faveur de l’ennemi », il partage ce 20 octobre, le martyre des Nantais incarcérés au fort de Romainville. Depuis août 1941, une ordonnance transforme les Français arrêtés en otages.
Tous les cinq sont assassinés le jour même de l’exécution à Nantes du Feldkommandant Holtz par un groupe de jeunes résistants de l’OS organisation armée du PCF.
Les cinq compteront parmi les 48 otages dont 27 tomberont dans la sablière à Châteaubriant et 16 au terrain du Bêle à Nantes, le 22 octobre 1941.
Certes, les 27 de Châteaubriant avec Guy Moquet sont plus connus du grand public, mais notre Amicale oeuvre à mieux faire connaître l’histoire de chacun des fusillés. Travail important de recherches, de collecte d’archives, de témoignages… mais combien nécessaire pour l’avenir, pour comprendre la réalité de la Résistance dans sa diversité et son unité contre l’occupant le ses complices de Vichy.
Il importe de faire connaître la réalité de cette période dramatique et complexe, de refuser la falsification de celle-ci, de combattre les négationnismes et amalgames qui ne visent qu’à banaliser la nature du nazisme, la responsabilité de ceux qui menèrent la collaboration, l’horreur de cette idéologie fondée sur la haine, le racisme, la xénophobie…
Contre l’oubli, il ne faut pas réduire ou supprimer des programme scolaires l’enseignement de l’Histoire comme le fait le gouvernement de Mr Sarkozy.
Au contraire, nous disons avec Ferrat « s’il le fallait, je twisterai ces mots, pour que les enfants sachent qui vous étiez »
Tous les 20 octobre en venant vous recueillir et fleurir cette plaque avec les enfants de St Suliac, vous œuvrerez à l’indispensable travail de mémoire, vous rappellerez que des Victor Saunier nous ont léguer cet héritage dont le programme du Conseil National de la Résistance qui permit au Pays de se libérer et de bâtir des jours plus heureux, souvenons-nous-en.