Le programme d’action de la Résistance (adopté par le CNR le 15 mars 1944)

Né de la volonté ardente des Français de refuser la défaite, la Résistance n’a pas d’autre raison d’être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée.
Cette mission de combat ne doit pas prendre fin à la Libération. Ce n’est, en effet, qu’en regroupant toutes ses forces autour des aspirations quasi unanimes de la nation, que la France retrouvera son équilibre normal et social et redonnera au monde l’image de sa grandeur et la preuve de son unité.
Aussi les représentants des organisations de Résistance, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du CNR délibérant en assemblée plénière le 15 mars 1944, ont-ils décidé de s’unir sur le programme suivant, qui comporte à la fois un plan d’action immédiate contre l’oppresseur et les mesures destinées à instaurer, dès la libération du territoire, un ordre social plus juste.

I – Plan d’action immédiate

Les représentants des organisations de Résistance, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du CNR :
Expriment leur angoisse devant la destruction physique de la Nation que l’oppresseur hitlérien poursuit avec l’aide des hommes de Vichy, par le pillage, par la suppression de toute production utile aux Français, par la famine organisée, par le maintien dans les camps d’un million de prisonniers, par la déportation d’ouvriers au nombre de plusieurs centaines de milliers, par l’emprisonnement de 300 000 Français et par l’exécution des patriotes les plus valeureux dont déjà plus de 50 000 sont tombés pour la France.
Ils proclament leur volonté de délivrer la patrie en collaborant étroitement aux opérations militaires que l’armée française et les armées alliées entreprendront sur le continent, mais aussi de hâter cette libération, d’abréger les souffrances de notre peuple, de sauver l’avenir de la France en intensifiant sans cesse et par tous les moyens la lutte contre l’envahisseur et ses agents, commencée dès 1940.
Ils adjurent les gouvernements anglais et américain de ne pas décevoir plus longtemps l’espoir et la confiance que la France, comme tous les peuples opprimés de l’Europe, ont placés dans leur volonté d’abattre l’Allemagne nazie, par le déclenchement d’opérations militaires de grande envergure qui assureront, aussi vite que possible, la libération des territoires envahis et permettront ainsi aux Français qui sont sur notre sol de se joindre aux armées alliées pour l’épreuve décisive.
Ils insistent auprès du Comité français de la Libération nationale pour qu’il mette tout en œuvre afin d’obtenir des armes et de les mettre à la disposition des patriotes. Ils constatent que les Français qui ont su organiser la Résistance ne veulent pas, et d’ailleurs ne peuvent pas, se contenter d’une attitude passive dans l’attente d’une aide extérieure, mais qu’ils veulent faire la guerre, qu’ils veulent et qu’ils doivent développer leur résistance armée contre l’envahisseur et contre l’oppresseur.
Ils constatent, en outre, que la Résistance française doit ou se battre ou disparaître ; qu’après avoir agi de façon défensive, elle a pris maintenant un caractère offensif et que seuls le développement et la génération de l’offensive des Français contre l’ennemi lui permettront de subsister et de vaincre.
Ils constatent enfin que la multiplication des grèves, l’ampleur des arrêts de travail le 11 novembre qui, dans beaucoup de cas, ont été réalisés dans l’union des patrons et des ouvriers, l’échec infligé au plan de déportation des jeunes Français en Allemagne, le magnifique combat que mènent tous les jours, avec l’appui des populations dans les Alpes, dans le Massif Central, dans les Pyrénées et dans les Cévennes, les jeunes Français des maquis, avant-garde de l’armée de la Libération, démontrent avec éclat que notre peuple est tout entier engagé dans la lutte et qu’il doit poursuivre et accroître cette lutte.

En conséquence, les représentants des organisations de résistance, des centrales syndicales et des partis ou tendances politiques groupés au sein du CNR :
Déclarent que c’est seulement par l’organisation, l’intensification de la lutte menée par les forces armées, par les organisations constituées, par les masses, que pourra être réalisée l’union véritable de toutes les forces patriotiques pour la réalisation de la Libération nationale inséparable, comme l’a dit le général de Gaulle, de l’insurrection nationale qui, ainsi préparée, sera dirigée par le CNR sous l’autorité du CFLN, dès que les circonstances politiques et militaires permettront d’assurer, même au prix de lourds sacrifices, son succès.
Ils ont l’espoir que les opérations de libération du pays, prévues par le plan de l’état-major interallié, pourront ainsi être, le cas échéant, avancées grâce à l’aide apportée par les Français dans la lutte engagée contre l’ennemi commun, ainsi que l’a démontré l’exemple glorieux des patriotes corses.
Ils affirment solennellement que la France qui, malgré l’armistice, a poursuivi sans trêve la guerre, entend plus que jamais développer la lutte pour participer à la Libération et à la victoire.

Pour mobiliser les ressources immenses d’énergie du peuple français, pour les diriger vers l’action salvatrice dans l’union de toutes les volontés, le CNR décide :

D’inviter les responsables des organisations déjà existantes à former des comités de villes et de villages, d’entreprises, par la coordination des formations qui existent actuellement, par la formation de comités là où rien n’existe encore et à y enrôler les patriotes non organisés. Tous ces comités seront placés sous la direction des Comités départementaux de la Libération (CDL). Ils seront soumis à l’autorité des CDL, qui leur transmettront, comme directives, la plate-forme d’action et la ligne politique déterminée par le CNR.
Le but de ces comités sera, à l’échelon communal, local et d’entreprise, de faire participer de façon effective tous les Français à la lutte contre l’ennemi et contre ses agents de Vichy, aussi bien par la solidarité et l’assistance active à l’égard des patriotes que par l’impulsion et le soutien donnés aux revendications vitales de notre peuple. Par dessus-tout, leur tâche essentielle sera de mobiliser et d’entraîner les Français, qu’ils auront su grouper, à l’action armée pour la Libération.
Ces comités devront, selon les circonstances et en se conformant aux instructions données par les CDL, appuyer et guider toutes les actions menées par les Français, contre toutes les formes d’oppression et d’exploitation imposées par l’ennemi, de l’extérieur et de l’intérieur.

Ces comités devront :
1°) Développer la lutte contre la déportation et aider les réfractaires à se cacher, à se nourrir, à se vêtir et à se défendre, enlevant ainsi des forces à l’ennemi et augmentant le potentiel humain de la résistance ;
2°) Traquer et punir les agents de la Gestapo et de la Milice de Darnand ainsi que les mouchards et les traîtres ;
3°) Développer l’esprit de lutte effective en vue de la répression des nazis et des fascistes français ;
4°) Développer, d’une part la solidarité envers les emprisonnés et les déportés ; d’autre part, la solidarité envers les familles de toutes les victimes de la terreur hitlérienne et vichyssoise ; 5°) En accord avec les organisations syndicales résistantes, combattre pour la vie et la santé des Français par une lutte quotidienne et incessante, par des pétitions, des manifestations et des grèves, afin d’obtenir l’augmentation des salaires et des traitements, bloqués par Vichy et les Allemands, et des rations alimentaires et attributions de produits de première qualité, de façon à rendre à la population un minimum vital en matière d’alimentation, de chauffage et d’habillement ;
6°) Défendre les conditions de vie des anciens combattants, des prisonniers, des femmes de prisonniers, en organisant la lutte pour toutes leurs revendications particulières ; 7°) Mener la lutte contre les réquisitions de produits agricoles, de matières premières et d’installations industrielles pour le compte de l’ennemi ; saboter et paralyser la production destinée à l’ennemi et ses transports par routes, par fer et par eau ;
8°) Défendre à l’intérieur de la corporation agricole les producteurs contre les prélèvements excessifs, contre les taxes insuffisantes et lutter pour le remplacement des syndics à la solde de Vichy et de l’Allemagne par des paysans dévoués à la cause de la paysannerie française.

Tout en luttant de cette façon et grâce à l’appui de solidarité et de combativité que développe cette lutte, les comités de villes, de villages et d’entreprises devront en outre :

a°) Renforcer les organisations armées des Forces françaises de l’Intérieur par l’accroissement des groupes de patriotes : groupes francs, francs-tireurs et partisans recrutés en particulier parmi les réfractaires ;
b°) En accord avec les états-majors nationaux, régionaux et départementaux des FFI, organiser des milices patriotiques dans les villes, les campagnes et les entreprises, dont l’encadrement sera facilité par des ingénieurs, techniciens, instituteurs, fonctionnaires et cadres de réserve, et qui sont destinés à défendre l’ordre public, la vie et les biens des Français contre la terreur et la provocation, assurer et maintenir l’établissement effectif de l’autorité des Comité départementaux de la Libération sur tout ce qui aura été créé dans ce domaine par le strict rattachement aux FFI dont l’autorité et la discipline doivent être respectées par tous.

Pour assurer la pleine efficacité des mesures énoncées ci-dessus, le CNR prescrit que l’étatmajor national des Forces françaises de l’Intérieur, tout en préparant minutieusement la coopération avec les Alliés en cas de débarquement, doit :
1°) Donner ordre à toutes les formations des FFI de combattre dès maintenant l’ennemi en harcelant ses troupes, en paralysant ses transports, ses communications et ses productions de guerre, en capturant ses dépôts d’armes et de munitions, afin d’en pourvoir les patriotes encore désarmés ;
2°) Faire distribuer les dépôts d’armes encore inutilisés aux formations jugées par lui les plus aptes à se battre utilement, dès à présent, et dans l’avenir immédiat ;
3°) Organiser de façon rationnelle la lutte suivant un plan établi avec les autorités compétentes à l’échelon régional, départemental ou local, pour obtenir le maximum d’efficacité ;
4°) Coordonner l’action militaire avec l’action de résistance de la masse de la nation en proposant pour but aux organisations régionales paramilitaires d’appuyer et de protéger les manifestations patriotiques, les mouvements revendicatifs des femmes de prisonniers, des paysans et des ouvriers contre la police hitlérienne, d’empêcher les réquisitions de vivres et d’installations industrielles, les rafles organisées contre les réfractaires et les ouvriers en grève et défendre la vie et la liberté de tous les Français contre la barbare oppression de l’occupant provisoire.

Ainsi par l’application des décisions du présent programme d’action commune se fera, dans l’action, l’union étroite de tous les patriotes, sans distinction d’opinions politiques, philosophiques ou religieuses. Ainsi se constituera dans la lutte une armée expérimentée, rompue au combat, dirigée par des cadres éprouvés devant le danger, une armée capable de jouer son rôle lorsque les conditions de l’insurrection nationale seront réalisées, armée qui élargira progressivement ses objectifs et son armement.
Ainsi par l’effort et les sacrifices de tous sera avancée l’heure de la Libération du territoire national ; ainsi la vie de milliers de Français pourra être sauvée et d’immenses richesses pourront être préservées.
Ainsi dans le combat se forgera une France plus pure et plus forte, capable d’entreprendre au lendemain de la Libération la plus grande œuvre de reconstruction et de rénovation de la patrie.

II – Mesures à appliquer dès la libération du territoire
Unis quant au but à atteindre, unis quant aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce but qui est la libération rapide du territoire, les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques, groupés au sein du CNR, proclament qu’ils sont décidés à rester unis après la Libération :
1°) Afin d’établir le gouvernement provisoire de la République formé par le général de Gaulle pour défendre l’indépendance politique et économique de la nation, rétablir la France dans sa puissance, dans sa grandeur et dans sa mission universelle ;
2°) Afin de veiller au châtiment des traîtres et à l’éviction dans le domaine de l’administration et de la vie professionnelle de tous ceux qui auront pactisé avec l’ennemi ou qui seront associés activement à la politique des gouvernements de collaboration ;
3°) Afin d’exiger la confiscation des biens des traîtres et des trafiquants de marché noir, l’établissement d’un impôt progressif sur les bénéfices de guerre et plus généralement sur les gains réalisés au détriment du peuple et de la nation pendant la période d’occupation, ainsi que la confiscation de tous les biens ennemis y compris les participations acquises depuis l’armistice par le gouvernement de l’Axe et par leurs ressortissants dans les entreprises françaises et coloniales de tout ordre, avec constitution de ces participations en patrimoine national inaliénable ; 4°) Afin d’assurer :
– l’établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel ;
– la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression ;
– la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent et des influences étrangères ;
– la liberté d’association, de réunion et de manifestation ;
– l’inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance ;
– le respect de la personne humaine ;
– l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi ; 5°) Afin de promouvoir les réformes indispensables :
Sur le plan économique :
– l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ; une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général et affranchie de la dictature professionnelle instaurée à l’image des Etats fascistes;
– l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’Etat après consultation des représentants de tous les éléments de cette production ; le retour à la nation de tous les grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance et des grandes banques ; le développement et le soutien des coopératives de production, d’achats et de ventes, agricoles et artisanales ;
– le droit d’accès, dans le cadre de l’entre prise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie.

Sur le plan social :
– le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail ;
– un réajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ; la garantie du pouvoir d’achat national par une politique tendant à la stabilité de la monnaie ;
– la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ; un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’Etat ;
– la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier ;
– l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs, améliorant et généralisant l’expérience de l’Office du Blé, par une législation sociale accordant aux salariés agricoles les mêmes droits qu’aux salariés de l’industrie, par un système d’assurance contre les calamités agricoles, par l’établissement d’un juste statut du fermage et du métayage, par des facilités d’accession à la propriété pour les jeunes familles paysannes et par la réalisation d’un plan d’équipement rural ;
– une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ;
– le dédommagement des sinistrés et des allocations et pensions pour les victimes de la terreur fasciste ;
– une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales.
La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires.
Ainsi sera fondée une République nouvelle qui balaiera le régime de basse réaction instauré par Vichy et rendra aux institutions démocratiques et populaires l’efficacité que leur avaient fait perdre les entreprises de corruption et de trahison qui ont précédé la capitulation. Ainsi sera rendue possible une démocratie qui unisse au contrôle effectif par les élus du peuple la continuité de l’action gouvernementale.
L’union des représentants de la Résistance pour l’action dans le présent et dans l’avenir, dans l’intérêt supérieur de la patrie, doit être pour tous les Français un gage de confiance et un stimulant. Elle doit les inciter à éliminer tout esprit de particularisme, tout ferment de division qui pourrait freiner leur action et ne servir que l’ennemi.
En avant donc, dans l’union de tous les Français rassemblés autour du CFLN et de son président, le général de Gaulle ! En avant pour le combat, en avant pour la victoire, afin que vive la France !

Le Conseil national de la Résistance
comprenant:
Le mouvement de Libération National (combat, Franc-Tireur, Libération, France au Combat, Défense de la France, Lorraine, Résistance);
Le Front National ou Front National de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. ( Mouvement de la Résistance Française créer par le Parti communiste « PCF » vers mai 1941);
L’Organisation Civile et Militaire (O.C.M);
Libération Zone Nord;
Ceux de la Résistance;
Ceux de la Libération;
La Confédération Générale du Travail;
La Confédération Française des Travailleurs Chrétiens;

Les partis et tendances politiques suivantes
Parti Communiste;
Parti Socialiste reconstitué;
Parti Républicain-radical et radical-socialiste;
Parti Démocrate Populaire;
Alliance Démocratique;
Fédération Républicaine.

L’École et la Résistance

Des jours sombres aux lendemains de la Libération (1940-1945)

Nous mettons à votre disposition de nombreuses ressources sur le thème du Concours de la Résistance et de la Déportation 2022-2023.

Au début des années 1950, d’anciens résistants et déportés souhaitent  renouveler la manière de transmettre aux jeunes générations l’histoire de la Résistance et de la Déportation. L’idée d’un concours émerge. En 1961, l’Education nationale prend en charge le pilotage de ce CNRD qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Il est naturel que le thème retenu cette année concerne l’Ecole.

RESSOURCES

Notre site wwww.resistance-44.fr présente

  • le dossier réalisé par le Musée de la Résistance nationale par Eric Brossard, agrégé d’histoire, professeur relais du MRn avec le concours de Thomas Fontaine, docteur en histoire, directeur des projets du MRn.

MRN-CNRD-2022-2023-ECOLE-Resistance

  • Le MRn a contribué à la réalisation de l’ensemble documentaire disponible sur le portail national du CNRD :  www.reseau-canope.fr/cnrd

De nombreuses ressources sont également disponibles sur notre site.

Bon courage et rendez-vous en juillet pour récompenser les lauréats !

Châteaubriant : Pas de point d’orgue après le 80ème anniversaire, mais un point d’honneur mis à poursuivre le travail de mémoire

Le 80ème anniversaire, qui avait rassemblé l’an dernier 6 à 8 000 personnes dans la carrière de la Sablière à Châteaubriant (Loire-Atlantique), n’était pas un point final. 2000 personnes y étaient de nouveau présentes le dimanche 23 octobre 2021, lors de la cérémonie commémorative.

Il y a 81 ans, le 22 octobre 1941, 27 hommes étaient exécutés par les nazis en ces lieux. Ils étaient internés dans le camp de Choisel, à quelques kilomètres de là depuis le printemps 1941 et y étaient arrivés après un pénible périple  dans diverses prisons. Syndicalistes de la CGT au plus haut niveau  ou élus communistes, nombre d’entre eux avaient été arrêtés lors de la grande rafle organisée en octobre 1940 par la police de Pétain en accord avec les autorités allemandes d’Occupation.

L’octobre sanglant de 1941, un tournant

Leur exécution, en même temps que celle de 16 otages au stand de tir du Bêle à Nantes et 5 otages originaires du département au Mont-Valérien soit 48 otages au total : « Les 50 Otages », a été décidée au plus haut niveau du régime nazi par Hitler lui-même, à la suite de la mort du Feldkommandant Karl Hotz, abattu le 20 octobre 1941 à Nantes par 3  résistants communistes, « trois jeunes et courageux garçons » (Charles de Gaulle).

Cet acte de résistance, après celui du métro Barbès à Paris le 21 août 1941, quand Pierre Georges, futur colonel Fabien, a abattu un officier de la Kriegsmarine, a donné le signal du passage à la lutte armée et « a fait entrer la résistance intérieure dans la guerre » selon l’écrivain allemand Thomas Mann, prix Nobel de littérature. Les représailles ont constitué la première exécution massive de civils à l’ouest, en application d’un Code des otages récemment décrété.

De nombreuses initiatives mémorielles

En préambule, le 7 octobre l’espace Ambroise Croizat, situé en face de la carrière et nommé à l’initiative de l’UL CGT de Châteaubriant a été inauguré en présence du petit-fils du père de la Sécurité sociale Pierre Caillaud-Croizat qui a pris la parole.

A Indre

A Indre, le weekend suivant, trois représentations de la pièce Les 50, ont été données par le Théâtre d’ici et d’ailleurs avec le concours de comédiens amateurs, dont certains issus du comité local du souvenir, en matinée pour les scolaires et deux séances tous publics en soirée les 14 – avec la participation des élèves de CM2 des écoles d’Indre –  puis le 15 octobre ont réuni un public nombreux. A noter que ce spectacle a été inclus dans la programmation culturelle municipale.

©Comité du souvenir Indre

Le dimanche 16 s’ensuivit la commémoration dédiée à Eugène et Léoncie Kérivel ainsi qu’aux résistants indrais devant le Pâlis, en bord de Loire puis au Monument aux morts. Lecture d’un poème, chanson interprétée par Jean-René Kirion, allocution de Jean-Luc Le Drenn, président du Comité ont rythmé ce moment, en présence d’Anthony Berthelot, maire d’Indre et d’élus des collectivités voisines.

A Nantes

A Nantes, le vendredi 21 octobre, la Veillée du souvenir sur l’esplanade du Monument aux 50 Otages et à la Résistance a rassemblé 200 à 250 personnes. Cette cérémonie s’est déroulée  en présence d’Olivier Chateau, adjoint à la maire, Lucienne Nayet, présidente du Musée de la Résistance nationale, d’une délégation de Haute-Savoie, des porte-drapeaux des organisations patriotiques, accueillis par Christian Retailleau, président de notre Comité départemental et le jeune maître de cérémonie Clément Leparoux. Après les dépôts de gerbes – nombreuses – des associations mémorielles et organisations syndicales de la CGT et de la FSU, le jeune Gabriel Augeat, de l’âge de Guy Môquet, a pris la parole au nom de notre Comité départemental du souvenir. Puis l’évocation artistique menée par les comédiennes et comédiens Claudine Merceron, Pascal Gillet, Michel Hermouet et les jeunes Lili et Manolo Retière-Henry ont évoqué les fusillés, souvent oubliés, de 1942, la Rafle du Vel-d’Hiv et le convoi dit des 45 000 parti de Compiègne le 6 juillet 1942, transportant notamment un groupe de résistants nantais vers Auschwitz. Début des déportations de représailles.

©Michel Charrier  Une vue partielle de la cérémonie aux 50 Otages.

Le samedi 22, date anniversaire la commémoration officielle a conduit les participants du Monument des 50 Otages au mémorial du Bêle puis au cimetière de la Chauvinière.

A Châteaubriant

Le samedi, une cinquantaine de personnes, parmi lesquelles des membres de familles de fusillés se sont recueillis à l’emplacement du camp de Choisel. Le parcours d’Henri Gautier, dirigeant CGT des Métaux a été retracé. Arrêté dans la rafle du 5 octobre, interné à Aincourt, Poissy puis Choisel, évadé en novembre1941 pour rejoindre les FTP, de nouveau arrêté en 1942, torturé, détenu à Fresnes avant d’être déporté à Auschwitz, il est mort sur les routes du retour après la libération du camp en 1945.

Cette cérémonie a été suivie d’un dépôt de gerbe dans la cour du château où les corps des fusillés avaient été déposés après leur exécution. Serge Adry, président du Comité local du souvenir a pris la parole.

L’après midi, la pose d’une plaque à l’entrée du  cimetière de Villepot a clos le parcours mémoriel institué entre les 9 cimetières du Castelbriantais dans lesquels les 27 fusillés avaient été répartis le 23 octobre.

Ensuite, l’exposition temporaire a été inaugurée au musée. Son thème est celui du Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD) pour 2022-2023 : L’Ecole et la Résistance. Des jours sombres aux lendemains de la Libération. Cette exposition est visible toute l’année au musée, elle peut être empruntée par les établissements scolaires ou associations. Un  dossier pédagogique a été élaboré par les historiens Thomas Fontaine et Eric Brossard et publié par le Musée de la Résistance nationale.

A la Sablière

La commémoration a débuté par le dépôt d’une gerbe au rond-point Fernand Grenier. Nicolas Bonnefoix a rendu hommage, au nom de l’Amicale à cet ancien interné de Choisel qui présidera ensuite l’Amicale.

©Patrice Morel

La cérémonie officielle s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités : Sarah El Haïry, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées et du ministre de l’Education nationale et de la jeunesse, Pierre Chauleur, sous-préfet de Châteaubriant-Ancenis, les sénateurs Yannick Vaugrenard et Gérard Lahéllec, le député Jean-Claude Raux, Alain Hunault, maire de Châteaubriant et les maires de l’agglomération castelbriantaise, et de nombreux élus, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, accompagné de Fabrice David, secrétaire de l’UD 44, Aymeric Seassau, représentant l’Exécutif national du PCF, accompagné de Véronique Mahé, de la fédération 44, Christian Retailleau, président du Comité départemental du souvenir, Serge Adry, président du Comité local et les représentants de nombreuses associations patriotiques ou mémorielles et organisations syndicales.

©Patrice Morel

« C’est important de connaître le passé pour regarder l’avenir »

Plusieurs dizaines de porte-drapeaux étaient présents, et plusieurs délégations de jeunes, porteurs de terres prélevées dans des lieux de mémoire et qui ont été déposées dans les alvéoles sous le monument de Rohal, qui représente « ces hommes appuyés contre le ciel » qu’évoque René-Guy Cadou dans son célèbre poème. Ce n’est évidemment pas par hasard que de la terre provenant du camp de Rawa-Ruska, en Ukraine a été déposée, symbole fort de la volonté que se taisent les armes, que prenne fin l’agression de la Russie contre l’Ukraine et que les voies de la paix soient recherchées sur le plan diplomatique.

©Patrice Morel    Le dépôt des terres, dont celles de Rawa-Ruska, destinées à être introduites dans les alvéoles

En fin de matinée, lors de la réception à l’Hôtel de Ville, Christian Retailleau a offert au maire de Châteaubriant le livre En vie, en joue, enjeux, dédicacé par les auteurs, présents, Didier Guyvarc’h et Loïc Le Gac  et dont Catherine Ciron, adjointe à la culture a souligné l’intérêt, rappelant que ce livre est présent dans toutes les bibliothèques de l’agglomération.

Après cette première partie, plusieurs prises de parole se sont succédé. Carine Picard-Nilès, présidente de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt a notamment rappelé le sens de l’engagement des otages fusillés, « à l’heure où l’on assiste à la montée de l’extrême-droite dans plusieurs pays d’Europe et ailleurs ». Lui succédant au micro, Philippe Martinez a rappelé que « Châteaubriant fut une rude épreuve pour la CGT (…) En grande partie syndicalistes et communistes, les 27 étaient porteurs d’une visée de transformation sociale. Ils sont morts pour que nous puissions être des femmes et des hommes libres et égaux. » Il a rappelé le courage des Castelbriantais « qui vinrent fleurir les poteaux d’exécution en bravant l’Occupant »  Il a insisté sur l’importance du travail de mémoire « pour éviter que certains réécrivent une histoire qui n’est pas la réalité (…) C’est important de connaître le passé pour regarder l’avenir. »

Une évocation artistique éblouissante

La cérémonie s’est achevée par la représentation émouvante de larges extraits de la pièce Les 50, écrite et représentée par le Théâtre d’ici ou d’ailleurs avec le concours de troupes invitées : Théâtre Messidor, Théâtre Balivernes et d’enfants de l’école publique de Lusanger. Carine Picard-Nilès a chaleureusement félicité les comédiens auxquels le public a offert une longue ovation debout avant d’entonner en chœur la chanson fétiche de la cérémonie L’Age d’Or (Léo Ferré).

© Patrice Morel       Carine Picard-Nilès félicite les comédiennes et comédiens

A La Blisière

Le matin environ 150 personnes se sont retrouvées à La Blisière, au lieu-dit La Jonchère en forêt de Juigné-des-Moutiers, pour rendre hommage aux 9 fusillés, extraits du camp de Choisel et fusillés près de là, en pleine forêt. Yves Quiniou, pour le Comité départemental du souvenir a prononcé une allocution dans laquelle il a placé cette exécution dans le contexte du massacre de 95 otages le 15 décembre 1941 : 69 au Mont-Valérien (dont Gabriel Péri), 13 à Caen et 4 à Fontevrault en plus des 9 de La Blisière.

© DR
Villepot rend hommage à trois fusillés de l’Octobre sanglant 1941

81 ans après leur exécution, une plaque pour commémorer la mémoire de trois des vingt-sept fusillés du 22 octobre 1941 a été inaugurée le 22 octobre 2022 à Villepot (Loire-Atlantique) dans le cadre des cérémonies du 81e anniversaire du massacre d’octobre 41.

Ils s’appelaient Edmond Lefebvre, Henri Pourchasse et Jean Poulmarc’h.(liens vers leurs biographies) Tous trois syndicalistes et communistes, ils avaient été arrêtés lors de la grande rafle d’octobre 1940 opérée par la police de Pétain, en accord avec les autorités allemandes, puis détenus dans différentes prisons avant d’être internés administrativement  dans le camp de Choisel à Châteaubriant.

©Patrice Morel

Vingt-sept otages avaient été désignés par le Commandant militaire allemand en France Otto von Stülpnagel à la suite de l’une des premières actions armées de la Résistance, lorsque le 20 octobre trois jeunes résistants communistes ont abattu le Feldkommandant Hotz à Nantes.

Choisis sur une liste transmise par le ministre de l’intérieur de Pétain, Pierre Pucheu, les 27 fusillés dans la carrière de La Sablière en Châteaubriant dans l’après-midi du 22 octobre 1941 ont été inhumés le lendemain dans neuf communes du castelbriantais dépourvues de moyens de transport afin d’éviter les « pèlerinages ». Ce 22 octobre 2022, 81 ans jour pour jour après leur exécution, un hommage leur a été rendu en présence d’une foule nombreuses estimée à 150 personnes par Philippe Dugravot, maire de Villepot et conseiller départemental, Pierre Chauleur, sous-préfet, Catherine Ciron, adjointe au maire de Châteaubriant et conseillère départementale, Carine Picard-Nilès, présidente de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt, un représentant de la Fédération CGT des industries chimiques, Christian Retailleau, président du Comité départemental du souvenir – Résistance 44, Serge Adry, président du Comité local du souvenir des héros de Châteaubriant et cheville ouvrière du projet, assisté de Denis Fraisse.

©Patrice Morel

Le maire de Villepot, Philippe Dugravot, a d’emblée rappelé ce jour où « l’Histoire a fait une halte sanglante dans notre belle commune ». Cette page d’histoire, les fusillés « l’écrivirent de leur sang » a dit Serge Adry, ajoutant : «  Nous avons un devoir de mémoire envers celles et ceux qui eurent la lucidité de nous léguer, dans les pires conditions, le programme du Conseil national de la Résistance (…) Ils voulaient vivre à en mourir, ils rêvaient de liberté. »   Puis ce fut au tour des petits-enfants de Henri Pourchasse, Brigitte Creton et Pascal Pourchasse, présents pour témoigner : « Nous ne devons pas oublier qu’ils ont sacrifié leur vie pour que nous vivions libres et en paix et parce qu’ils croyaient en un monde sans pauvreté et sans violence ». Il appartenait alors à Pierre Chauleur, sous-préfet de Châteaubriant-Ancenis d’exprimer le sens de cette cérémonie : « Nous sommes réunis aujourd’hui pour crier notre rejet de la barbarie, du terrorisme et de l’intolérance » avant d’appeler à la minute de silence. A noter la présence de 22 porte-drapeaux.

L’émotion était forte lorsque le quatuor de la Compagnie des gars à la remorque a lu les dernières lettres adressées à leurs proches par les trois résistants, écrites dans la baraque 6 quelques instants avant d’être fusillés. Emotion renforcée encore lorsqu’ils ont entonné Le Chant des partisans, de concert avec l’Ensemble vocal du Conservatoire de Châteaubriant-Derval, dirigé par Pierre-Olivier Bigot.

En hommage, le maire a planté trois arbres à l’entrée du cimetière – un noyer, un châtaignier et un chêne – déclarant : « Ceux-là non plus ne plieront pas »  On ne pouvait mieux dire.

Voici un témoignage transmis par Patrick Pérez, ancien adjoint au maire :

Marie Huguette Legobien née Ploteau avait presque 5 ans en 1941, voici son témoignage :

Mon grand-père, François Ploteau, âgé alors de 70 ans, habitait à Villepot. Il s’occupait toujours de l’entretien de l’église, sonnait les cloches, était également fossoyeur. C’est à ce titre qu’il fut réquisitionné pour enterrer trois des fusillés de Châteaubriant.

Mon père, prisonnier en Allemagne, ma mère et moi avions quitté Rennes après les bombardements du 17 juin 1940 pour nous réfugier à Villepot près de la famille. Elle aidait souvent mon grand-père pour l’entretien du cimetière et du haut de mes presque 5 ans, je les accompagnais. Nous étions donc présents tous les trois quand les cercueils sont arrivés.

Ma mère et moi avons alors été conduites dans une baraque à outils comme il y en avait dans les cimetières. Elle était située à proximité des tombes et un soldat armé était posté devant la porte.

J’étais sans cesse derrière la petite fenêtre pour tenter de voir ce qu’il se passait. J’ai toujours la vision de mon grand-père muni de sa pelle, refermant mes tombes.

Ma mère nous a toujours dit qu’il n’avait cessé de maugréer et d’exprimer à haute voix, son horreur, à tel point qu’elle avait craint pour notre vie à tous les trois.

Les cercueils avaient été fabriqués à la hâte et du sang des fusillés avait coulé sur ses sabots. Mon grand-père n’a jamais voulu les remettre et les a brûlés.

Par la suite, mes grands-parents, conservant des liens avec les familles, ont entretenu les tombes jusqu’à ce que les cercueils soient exhumés.

POUR EN SAVOIR PLUS:

Discourt de Mr Dugravot, maire

Serge Adry

Brigitte Creton

P. Chauleur, sous-préfet

Texte des Gars à la remorque

Dernières lettres :

Edmond Lefebvre

Jean Poulmarc’h

Henri Pourchasse

Auguste Chauvin – Résistant FTP  1910 – 1943

Lettres d’un héros ordinaire

Jean Chauvin, le fils d’Auguste, est né à Nantes en 1942. Elevé dans le souvenir de son père, il s’était juré de lui rendre hommage en publiant ses lettres écrites en prison entre son arrestation et son exécution. Ce travail de mémoire, Jean Chauvin y est d’autant plus attaché que la postérité réservée à ces victimes de la répression nazie et vichyste lui paraît quelque peu injuste. Il s’agit cependant de jeunes héros, militants communistes qui ont tout sacrifié en choisissant la lutte armée contre les occupants nazis et les collaborateurs français.

Sollicité, L’Oribus a décidé de reprendre à son compte le projet de Jean Chauvin, de répondre positivement à son souci de mémoire, d’éclairer un aspect souvent mal connu de la Résistance française et de redonner à Auguste Chauvin et à ses compagnons la place qui leur revient dans le souvenir de cette page de l’Histoire de France.

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Une plaque entretient la mémoire des Otages

à Saint-Julien-de-Concelles

Une plaque a été dévoilée le samedi 19 novembre 2022 devant le cimetière de Saint-Julien-de-Concelles (44)  en présence d’une centaine de personnes, du maire Thierry Agasse, du représentant de l’UNC et du conseiller départemental Jean-Pierre Marchais.

La pose de cette plaque s’inscrit dans le parcours de la mémoire initié dans neuf communes du  castelbriantais où avaient été inhumés les 27 de Châteaubriant le 23 octobre 1941 après leur exécution dans la carrière de la Sablière. Ce parcours se prolonge  aujourd’hui dans le vignoble nantais et des plaques seront inaugurées à Basse-Goulaine – dont le maire Alain Vey était présent à la cérémonie- et à Haute-Goulaine.

Cette initiative du Comité départemental du souvenir  a été réalisée grâce au soutien de la municipalité et particulièrement du maire « très attaché au devoir de mémoire ». Ce projet est dans la continuité du travail de la commune pour entretenir le souvenir des fusillés, déjà présent dans le cimetière où une stèle a été édifiée.

A la suite du maire, Christian Retailleau, président du Conseil départemental du souvenir  a rappelé le contexte de l’époque. Le 11 novembre 1940, la première manifestation publique depuis l’entrée des Allemands dans Nantes le 19 juin 1940 est celle de lycéens nantais, bravant l’interdiction. Il a  évoqué l’audace de Christian de Mondragon (16 ans) – dont la fille était présente dans l’assistance – et Michel Dabat (19 ans) qui, la nuit précédente, avaient hissé le drapeau tricolore au sommet de la cathédrale. «  Ces premières manifestations publiques sous l’Occupation ont fait grandir l’esprit de résistance », a -t-il poursuivi  citant les noms de Maurice Allano, Frédéric Creusé, Michel Dabat, Jean-Pierre Glou fusillés le 22 octobre 1941 au stand de tir du Bêle avec 12 autres Nantais, à l’heure où 27 autres otages étaient fusillés à Châteaubriant et 5 au Mont-Valérien. Inhumés anonymement dans la soirée à St Julien-de-Concelles, ils ont été rejoints le 13 novembre 1941par Marin Poirier qui avait été fusillé le 30 août 1941.

Creusé, Dabat, Glou, jeunes catholiques investis dans des activités de renseignement, Allano, jeune ouvrier et Marin Poirier, cheminot lié au groupe des anciens combattants présidés par Léon Jost représentaient la diversité de la Résistance naissante

« 81 ans après, souvenons-nous de leur héroïsme, de leur patriotisme, de leur engagement et contribuons à ce que leurs noms continuent de vivre. Par leur sacrifice, les 48 ont su insuffler le refus de la défaite et de la servitude et cette volonté de résister à tout prix. Ils ont porté l’espoir de jours meilleurs aux pires heures de l’Occupation » a ajouté C. Retailleauavant d’évoquer « la création du Conseil national de la Résistance dont le programme novateur a façonné à la Libération notre modèle démocratique et social » et faisant écho à l’actualité : « Ne laissons pas prospérer les idées nauséabondes (…) continuons d’agir pour un monde en paix. »

Théâtre d’ici ou d’ailleur

Après La Marseillaise et le Chant des partisans interprétés par le groupe Cancelli musique, une évocation artistique et historique très émouvante a été proposée par le Théâtre d’ici ou d’ailleurs. Claudine Merceron, Elodie Retière et Pascal Gillet ont retracé les parcours de vie des fusillés, lu avec sensibilité des extraits de leurs dernières lettres ponctuées de poèmes d’Aragon et Desnos. Les membres du conseil municipal des enfants ont eu le dernier mot et ont interprété la chanson d’Aldebert  Aux âmes citoyens, « Allons enfants de toutes les patries/ Que les armées désertent nos chansons… »

Des membre du conseil municipal des enfants

Les commémorants se sont retrouvés à l’Hôtel de ville à l’invitation de la municipalité autour du verre de l’amitié. Le président du Comité du souvenir a offert à Thierry Agasse le livre En vie, en joue, enjeux. Les 50 Otages écrit par D. Guyvarc’h et L. Le Gac

« 81 ans après, souvenons-nous de leur héroïsme, de leur patriotisme, de leur engagement et contribuons à ce que leurs noms continuent de vivre. Par leur sacrifice, les 48 ont su insuffler le refus de la défaite et de la servitude et cette volonté de résister à tout prix. Ils ont porté l’espoir de jours meilleurs aux pires heures de l’Occupation » a ajouté Christian Retailleauavant d’évoquer « la création du Conseil national de la Résistance dont le programme novateur a façonné à la Libération notre modèle démocratique et social » et faisant écho à l’actualité : « Ne laissons pas prospérer les idées nauséabondes (…) continuons d’agir pour un monde en paix. »

  • Merci au Service Animation de la mairie de Saint-Julien-de-Concelles et à Alexandra Dubois pour le reportage photo.

POUR EN SAVOIR PLUS

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Les cinquante otages

Les 50 otages, fusillés par les nazis

– Les 48 qui furent fusillés par les Allemands le 22 octobre 1941

  • 27 d’entre eux furent fusillés à Châteaubriant,
  • 16 à Nantes
  • et les 5 autres près de Paris vers 16h au Mont Valérien à Suresnes.

La liste fut établie par le Commandant militaire de la Wehrmacht en France Stülpnagel, avec la complicité active de Pucheu ministre de l’Intérieur, son chargé de mission Chassagne … du gouvernement de Pétain.

Ceux de Châteaubriant fusillés le 22 octobre 1941 à la Sablière:

Charles MICHELS, de Paris, communiste, secrétaire général de la Fédération du Cuirs et peaux, député de Paris, 38 ans

Jean POULMARC’H, d’Ivry-sur-Seine, communiste, secrétaire général du syndicat de la chimie de la région parisienne, 31 ans

Jean Pierre TIMBAUD, de Paris, communiste, secrétaire général de la Fédération de la Métallurgie. 38 ans

Jules VERCRUYSSE, de Paris, communiste, secrétaire général de la Fédération des Textiles. 48 ans

Désiré GRANET, de Vitry-sur-Seine, communiste, secrétaire général de la Fédération des Papiers et cartons. 37 ans

Maurice GARDETTE, de Paris, artisan, conseiller municipal communiste de Paris 11ème, 49 ans

Jean GRANDEL, de Gennevilliers, secrétaire de la Fédération postale CGT, maire communiste de Gennevilliers et conseiller général de la Seine, 50 ans

Jules AUFFRET, de Bondy (Originaire de Trignac-44), adjoint au maire de Bondy, conseiller général communiste de la Seine, 39 ans.

Pierre GUEGUIN, professeur, maire communiste de Concarneau, 45 ans

Raymond LAFORGE, de Montargis, communiste, instituteur, 43 ans

Maximilien BASTARD, de Nantes, communiste, chaudronnier, 21 ans

Julien LE PANSE, de Nantes, communiste, peintre en bâtiment, 34 ans

Emile DAVID, de Nantes, communiste, mécanicien-dentiste. 19 ans

Guy MÔQUET, de Paris, lycéen, fils de Prosper Môquet, député communiste de Paris, 17 ans

Henri POURCHASSE, d’Ivry-sur-Seine, communiste, fonctionnaire, 34 ans

Victor RENELLE, de Paris, syndicaliste, ingénieur, 53 ans

Maurice TENINE, d’Antony, élu municipal communiste, médecin, 34 ans

Henri BARTHELEMY, de Thouars, communiste. 58 ans

Raymond TELLIER, d’Amilly, communiste, imprimeur. 44 ans

Marc BOURHIS, de Trégunc, instituteur. 34 ans

Titus BARTOLI, de Digoin, communiste, instituteur. 58 ans

Eugène KERIVEL, de Basse-Indre, communiste, capitaine côtier. 50 ans

AN HOUYNK-KUONG, de Paris, communiste, professeur. 29 ans

Claude LALET, de Paris, communiste, étudiant. 21 ans

Charles DELAVAQUERIE, de Montreuil, communiste, imprimeur. 19 ans

Antoine PESQUE, d’Aubervilliers, communiste, docteur en médecine. 55 ans

Edmond LEFEBVRE, d’Athis-Mons, communiste, métallurgiste. 38 ans

carrière 2021

Ceux de Nantes fusillés le 22 octobre 1941 au Terrain du Bêle:

Léon JOST, de Nantes, 57 ans. Président des anciens combattants. Groupe des ACVG de L. Inf, organisateur des évasions des camps de prisonniers.

Alexandre FOURNY, de Nantes. 43 ans. Avocat et socialiste. Conseiller Général et Municipal de Nantes. Groupe des anciens combattants.

Maurice ALLANO, de Nantes. , 21 ans, violences contre un soldat allemand.

Paul BIRIEN, de Nantes, 50 ans. Groupe des anciens combattants.

Joseph BLOT, de Nantes, 50 ans. Groupe des anciens combattants.

Auguste BLOUIN, de Nantes, 57 ans. Groupe des anciens combattants.

René CARREL, de Nantes. 25 ans, communiste soupçonné de résistance.

Frédéric CREUSE, de Nantes. 20 ans, soupçonné de résistance.

Michel DABAT, de Nantes. 20 ans, a hissé les couleurs nationales avec Christian de Mondragon, le 11 novembre 1940 sur la cathédrale.

José GIL, de Nantes. 19 ans, communiste soupçonné de résistance.

Jean-Pierre GLOU, de Nantes. 19 ans, soupçonné de résistance.

Jean GROLLEAU, de Nantes. 21 ans, soupçonné de résistance.

Robert GRASSINEAU, de Nantes. 34 ans, communiste soupçonné de résistance.

Léon IGNASIAK, de Saint-Herblain. 48 ans, communiste soupçonné de résistance.

André LE MOAL, de Saint Nazaire. 17 ans, violences contre les soldats allemands.

Jean PLATIAU, non résistant, soupçonné de résistance par « action en faveur de l’ennemi ».

Ceux fusillés le 22 octobre 1941 au Mont Valérien. vers 16 h

Emprisonnés au Fort de Romainville

Hubert CALDECOTT, 28 ans, de Nantes.. Résistant

Marcel HEVIN, 35 ans de Nantes. ( chef du groupe Hévin.)

Philippe LABROUSSE, 32 ans, de Saint-Nazaire. Résistant.

Alain RIBOURDOUILLE, 33ans, de Nantes. ( Originaire de Dinard ) Résistant.

Victor SAUNIER, 27 ans de Nantes. ( Originaire de St Suliac 35) Résistant.